Sermon de Mgr Tissier au Moulin du Pin, le 12 octobre 2004 : Le programme de Mgr Lefebvre face à celui de la Révolution

Au nom du Père et du Fils, Ainsi soit-il.

Mes bien chers fidèles,

e ne vous com­men­te­rai pas l’é­van­gile d’au­jourd’­hui, mais je m’at­tar­de­rai un petit peu sur des sujets fondamentaux.
La scho­la vient de chan­ter l’Introït dans lequel Dieu nous dit « Je suis le salut du peuple, [c’est‑à¬dire le salut de l’Église], dans leur tri­bu­la­tion ils m’ap­pel­le­ront au secours, je les exau­ce­rai et je serai à jamais leur Seigneur. » Et l’o­rai­son de ce dimanche nous dit : « Ils m’of­fri­ront des prières et le culte sans obstacle. »

Ces paroles me semblent bien adap­tées à la situa­tion de l’Église où les vrais chré­tiens crient vers le Seigneur : « Mais, Seigneur, que faites-​vous ? » Et ils appellent au secours le Seigneur dans la tri­bu­la­tion. Et le Seigneur répond : « Je vien­drai à leur secours, je les exau­ce­rai et je serai à jamais leur Seigneur. » Cette tri­bu­la­tion, c’est la crise dans l’Église, c’est l’Église occu­pée par un venin d’er­reur, comme disait saint Pie X dans son ency­clique Pascendi ; erreur qui est au sein même et jus­qu’aux veines de l’Église. Et alors, les chré­tiens crient au secours vers le Seigneur.

Quand ils voient l’Église occu­pée, le sanc­tuaire dévas­té, les autels retour­nés et pro­fa­nés, les familles dis­per­sées ou anéan­ties, les chré­tiens qui ne se marient plus mais qui vivent comme des païens, alors que disent les vrais chré­tiens ? Ils crient au secours. Quand ils voient aus­si la vie reli­gieuse anéan­tie, et le sacer­doce pro­fa­né, dis­pa­ru ou en voie de dis­pa­ri­tion, ils disent : « Qu’allons¬nous faire, Seigneur ? Au secours ! »

C’est ce que nous avons fait il y a trente ans et alors Dieu, dans sa misé­ri­corde, nous a envoyé le secours, le salut. « Je vous exau­ce­rai. » Il a fait deux choses. Premièrement Il nous a dit : Je vous don­ne­rai un chef, et vous le sui­vrez et vous com­bat­trez der­rière lui. Chef pro­vi­den­tiel, notre véné­ré Mgr Lefebvre. Deuxièmement, Dieu a dit : Vous com­bat­trez avec lui, sous sa direc­tion et vous recons­trui­rez les choses comme elles étaient aupa­ra­vant, avant la révo­lu­tion conciliaire.

D’abord : Je vous don­ne­rai un chef que vous pour­rez dis­cer­ner faci­le­ment et ensuite, avec lui, vous recons­trui­rez ce qui était démo­li. N’est-​ce pas mer­veilleux, ce que le Bon Dieu a fait pour nous ? C’est toute notre his­toire, chers fidèles, votre his­toire, mes chers enfants, celle de vos parents et vos grands-​parents qui ont lut­té et ont recon­nu cet évêque que le Bon Dieu leur don­nait, Mgr Lefebvre, pour tout reconstruire.

Voyons d’a­bord, si vous le vou­lez bien, un exemple his­to­rique dans la sainte Écriture et ensuite l’ap­pli­ca­tion à l’actualité.

Un exemple historique

xemple his­to­rique : les Maccabées dont les prêtres lisent le récit aujourd’­hui dans le bré­viaire. Dans l’Ancien Testament, face à la des­truc­tion du Temple par les païens grecs qui avaient enva­hi Jérusalem et rava­gé le Temple, les Maccabées ont recons­truit les choses. (I Mach. 4,36)

Les Maccabées étaient les vrais juifs, c’est-​à-​dire les vrais chré­tiens de ce temps-​là, qui s’é­taient réunis pour com­battre et résis­ter au paga­nisme. Ils montent à la mon­tagne de Sion et que voient-​ils ? Le Temple, hélas, le Temple de Dieu, dont le sanc­tuaire est déser­té, l’au­tel pro­fa­né, les portes arra­chées, les cours inté­rieures ‑les cloîtres, dirions¬nous, la vie religieuse- où poussent des ronces, des épines et des arbres, les can­dé­labres ren­ver­sés, la lampe du sanc­tuaire éteinte. Ils voient le triste état de l’Église de ce temps-​là. Et alors, Judas Maccabée, l’un d’eux, prend deux déci­sions. Premièrement, dit-​il, les laïcs vont com­battre contre les païens, pen­dant que nous, les prêtres, nous recons­trui­rons le Temple. À cha­cun sa place ! Les laïcs vont com­battre dans la cité contre les païens et leurs lois païennes [1] ; et nous les prêtres, nous recons­trui­rons le sanc­tuaire. La Bible déve­loppe alors ce que les prêtres de l’Ancien Testament ont fait pour le temple de Jérusalem. Voici.
Ils ont choi­si des prêtres sans tache pour puri­fier le Temple et rebâ­tir l’au­tel. » Ce sont les paroles mêmes de la sainte Écriture.

Des prêtres sans tache, c’est‑à¬dire un sacer­doce authen­tique, pour puri­fier le temple et l’au­tel. Quel exemple ! Alors, obser­vons le tra­vail de ces prêtres sans tache, de ce sacer­doce renou­ve­lé, res­tau­ré dans son inté­gri­té, dans l’Ancien Testament. Que firent-ils ?

« Ils prirent des pierres et construi­sirent un autel nou­veau sur le modèle de celui qui avait exis­té autre­fois avant la dévas­ta­tion. » Cela ne nous parle-​t-​il pas ? Ce sont des paroles extra­or­di­naires et pro­phé­tiques ! Ensuite, ils réta­blirent le sanc­tuaire, ils lui redon­nèrent ses vases sacrés, ils puri­fièrent les cours inté­rieures ‑les cloîtres‑, ils repo­sèrent les chan­de­liers, ils réta­blirent l’au­tel de l’en­cens et firent brû­ler de l’en­cens des­sus, ils allu­mèrent les cierges, comme nous dirions qu’ils ral­lu­mèrent la lampe du sanc­tuaire. Ensuite ils posèrent les pains de pro­po­si­tion ‑qui étaient la figure de l’Eucharistie‑, ils sus­pen­dirent des rideaux, et ils menèrent l’œuvre entre­prise à bonne fin, ils accom­plirent tout comme Dieu vou­lait. Ils réta­blirent entiè­re­ment le culte authen­tique et véritable.

Voilà la résur­rec­tion du vrai culte sous les Maccabées pour res­ti­tuer le véri­table culte agréable à Dieu et res­tau­rer l’au­tel du sacri­fice. N’est-​ce pas une pro­phé­tie de ce qui allait se pas­ser un jour dans l’Église ?

Mgr Lefebvre, nouveau Judas Maccabée

“en arrive à notre deuxième par­tie, à notre petite couvre à nous, couvre de res­tau­ra­tion éga­le­ment, grâce à ce nou­veau Judas Maccabée sus­ci­té par Dieu, Marcel Lefebvre.

L’événement du pas­sé, véri­table pro­phé­tie en action, est en même temps évé­ne­ment de l’ac­tua­li­té ce qui montre que, devant une socié­té laï­ci­sée dont on a arra­ché le Christ Roi, Dieu a long­temps, long­temps à l’a­vance, pré­pa­ré cet évêque, Mgr Lefebvre, pour le don­ner à l’Église au moment vou­lu, à la sup­pli­ca­tion des catho­liques fidèles, non pas seul, mais avec d’autres prêtres vaillants et cou­ra­geux, eux-​aussi sus­ci­tés par Dieu, comme M. l’ab­bé Coache et le R.P. André et bien d’autres.

Et alors, cet évêque et ces prêtres déci­dèrent que les laïcs com­bat­traient dans la cité, tan­dis que les prêtres, eux, com­bat­traient dans l’Église. C’est simple : à cha­cun sa place [2] ! Et que vont faire ces prêtres et ces laïcs ? Le pro­gramme que Mgr Lefebvre va leur don­ner est l’in­verse du pro­gramme de la Révolution. Pour com­prendre le pro­gramme catho­lique, expo­sons d’a­bord le pro­gramme révo­lu­tion­naire, le pro­gramme libéral.

Le programme libéral et révolutionnaire

Quel est ce pro­gramme ? Vous devez le savoir ! Il tient en trois points [3]. Premier point, exclure le gou­ver­ne­ment du Christ Roi : qu’on ne parle plus de Jésus Christ dans l’État, qu’on arrache les croix des écoles et des hôpi­taux, qu’il n’y ait plus de signes catho­liques. Laïcisation, laï­ci­té ! Deuxième point : à la faveur de cette laï­ci­sa­tion, sup­pri­mer la messe. Ils l’ont fait, au Concile, avec la nou­velle messe, messe laï­ci­sée. Et, troi­sième point, tout cela dans le but de sup­pri­mer fina­le­ment la vie sur­na­tu­relle des âmes, de la leur arra­cher pour en faire des âmes natu­relles, pro­fanes, laïques. Voilà le pro­gramme libé­ral, celui de la Révolution. Et vous ne trou­vez pas cela dans les livres ! Mgr Lefebvre va prendre ce pro­gramme en le retour­nant à l’en­droit pour en faire son pro­gramme catho­lique de recons­truc­tion en trois points.

Le programme de Mgr Lefebvre

Premier point : redon­ner la messe aux catho­liques, la vraie messe, réac­tua­li­sa­tion du sacri­fice de la Croix sur l’au­tel de façon non san­glante. Mystère, mais réa­li­té fruc­tueuse pour nos âmes, source d’eau vive. Se battre pour rendre à nos âmes la vraie messe pour des rai­sons doc­tri­nales et pas seule­ment sen­ti­men­tales. Ce n’est pas qu’on la pré­fère, c’est parce qu’elle est la messe catho­lique qui exprime le dogme catho­lique et ne nous oblige pas, comme la messe nou­velle, à tordre le cou, à agir au rebours de la véri­té et à contre­dire les prin­cipes ! Parce que tout découle de la messe, redon­ner la vraie messe était le pre­mier point du pro­gramme de Mgr Lefebvre et, pour cela, bien sûr, don­ner des prêtres et faire des séminaires.

Deuxième point : avec cette vraie messe, recons­ti­tuer une élite catho­lique, une élite de fidèles catho­liques, et donc des familles, des ins­ti­tu­tions chré­tiennes, des écoles catholiques.

Troisième point : avec cette élite catho­lique, rendre à Notre Seigneur sa cou­ronne, c’est-​à-​dire son règne social.

Vous le voyez, Mgr Lefebvre a pris le pro­gramme libé­ral, mais l’a remis à l’en­droit, comme il faut. D’abord la messe, de là une élite catho­lique vivant de la grâce, c’est¬à‑dire en état de grâce car beau­coup de chré­tiens aujourd’­hui ne vivent plus en état de grâce mais en état de péché mor­tel, et, troi­sième point, avec cette élite rendre sa cou­ronne au Christ Roi. Voilà ce que Mgr Lefebvre a prê­ché et a fait, réalisa¬tion de cette pro­phé­tie de Judas Maccabée.

De quoi S’agit ? La messe et la Rédemption

Au centre de tout, il y a l’au­tel, la messe, le rachat, la Rédemption, mys­tère qui se pro­longe et se renou­velle sur l’au­tel. Pensons-​nous à cela ? Y réfléchissons-​nous ? Qu’est-​ce que la Rédemption ? Il ne suf­fit pas d’é­non­cer qu’on croit à trois mys­tères, la Trinité, l’Incarnation et la Rédemption. Ce n’est pas tout, il faut com­prendre les choses ! Tâchons de péné­trer un peu ces mys­tères et de les méditer !
Qu’est-​ce donc que la Rédemption ? Pour les moder­nistes, c’est prendre conscience de la digni­té de la per­sonne humaine grâce au Père céleste qui livre son Fils à la mort par amour et par res­pect envers la digni­té humaine ! C’est ce qu’on trouve dans le nou­veau caté­chisme, dans le lan­gage des évêques et du pape aujourd’­hui. C’est la nou­velle reli­gion. Pouvons-​nous accep­ter cela ? Pouvons-​nous dire que Dieu le Père livre son Fils à la mort pour prou­ver à l’homme que Dieu estime la digni­té de la per­sonne humaine, pour nous faire prendre conscience de notre digni­té humaine, un point c’est tout ? Vous voyez bien que c’est une reli­gion natu­ra­li­sée, pro­fa­née, com­plè­te­ment faus­sée. La véri­té, au contraire, c’est que Jésus Christ s’est livré sur la Croix, volon­tai­re­ment, par amour pour nous, par obéis­sance envers son Père, certes, mais pour offrir à son Père une satis­fac­tion, une répa­ra­tion à cause de nos péchés et pour nos péchés. Il ne s’a­git pas de l’es­time que Dieu a pour la digni­té humaine, mais du péché ! Le péché, voi­là pour­quoi Dieu le Fils s’offre lui-​même en sacri­fice à son Père, sacri­fice infi­ni­ment agréable puis­qu’il est offert par la per­sonne divine du Fils de Dieu deve­nu homme par l’Incarnation. Alors, nous péné­trons un peu le mys­tère de l’Incarnation et nous com­men­çons à le com­prendre un peu, tout en res­tant dans les ombres de la foi.
Comprenons qu’il s’a­git d’une œuvre de répa­ra­tion, de jus­tice envers Dieu à cause du péché. Jésus réta­blit la jus­tice par­faite envers son Père, il réta­blit l’ordre par son sacri­fice et, ain­si il ramène les âmes à Dieu et les récon­ci­lie avec Dieu par son sacri­fice en souf­frant pour elles ; et il nous invite à nous joindre à son sacri­fice, il nous invite à joindre nos souf­frances et nos sacri­fices au sien. Faisons atten­tion à ne pas oublier cela ! Le Christ n’a pas tout fait, il faut que nous aus­si nous y parti¬cipions. Nous venons à la messe pour rece­voir le fruit de ses mérites de la Croix, et pour joindre nos petites satis­fac­tions et nos petits sacri­fices au sien. Voilà notre reli­gion catho­lique ! C’est tout à fait dif­fé­rent de cette nou­velle reli­gion intel­lec­tua­liste dans laquelle le Père livre son Fils pour nous faire prendre conscience de notre digni­té ! Incroyable, inacceptable !

La rédemption moderniste : une religion gnostique

Je l’ai dit plu­sieurs fois, cette nou­velle reli­gion est une gnose. Qu’est-​ce qu’une gnose ? C’est une reli­gion qui se veut plus éthé­rée, supé­rieure, en lais­sant la reli­gion catho­lique au vul­gaire. La reli­gion catho­lique, ce serait bon pour les simples fidèles, mais les moder­nistes auraient une concep­tion plus éthé­rée, plus éle­vée de la reli­gion : la digni­té humaine ! Et cela sans effort, sans sacri­fice, sans péni­tence parce que sans péché, sans répa­ra­tion. Telle est la nou­velle reli­gion, gnos­tique et intel­lec­tua­liste. Nous n’en vou­lons pas ! Nous la dénon­çons et nous la reje­tons. Voilà notre com­bat, car voi­là l’er­reur actuelle. Ce n’est pas seule­ment le libé­ra­lisme, le socia­lisme, le moder­nisme ; cette gnose est l’er­reur actuelle aujourd’­hui, c’est pour­quoi il faut la dénon­cer. C’est un faus­se­ment radi­cal et natu­ra­liste de la reli­gion catholique.

Alors, qu’allons-​nous faire ? Mgr Lefebvre a réagi contre cette fausse reli­gion. Il a dit : je don­ne­rai d’a­bord de vrais prêtres avec les­quels je for­me­rai une élite de catho­liques, et avec cette élite nous mène­rons une action poli­tique publique dans l’État par de nou­velles ins­ti­tu­tions publiques chrétiennes.

La réalisation du programme

“en arrive à la troi­sième par­tie qui concerne l’œuvre de la Fraternité pour que vous la com­pre­niez bien. En pre­mier, qui sont les prêtres que nous vous donnons ?

Des prêtres bien formés

Tout d’a­bord, ces prêtres sont for­més à Écône et dans les autres sémi­naires. Là, ils reçoivent la for­ma­tion de la tête et du cœur. La for­ma­tion de la tête se fait avec saint Thomas d’Aquin, ce grand saint qui a don­né les prin­cipes de la phi­lo­so­phie et de la théo­lo­gie, les prin­cipes réa­listes qui se marient tel­le­ment bien avec la vraie révé­la­tion divine pour for­mer la vraie théo­lo­gie catho­lique. Formation éga­le­ment des cœurs, c’est-​à-​dire des volon­tés, et donc for­ma­tion virile et non pas sen­ti­men­tale, adap­tée à la jeu­nesse d’au­jourd’­hui qui, hélas, est sou­vent émo­tive, pas très équi­li­brée, qui a besoin de cette for­ma­tion virile et solide des tempéraments.

Des prêtres organisés

Et alors, que deviennent ces jeunes prêtres quand ils vous sont don­nés ? Partent-​ils dans la nature per­dus au milieu du cler­gé moder­niste ? Non, ils sont en prieu­rés, ils vivent une vie de com­mu­nau­té dans des prieu­rés. L’avez-​vous remar­qué, chers Fidèles ? Vous le savez, c’est très impor­tant, nos prêtres ne sont pas des hommes iso­lés. Nos prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X ne sont pas for­cé­ment des génies, ni des hommes cha­ris­ma­tiques qui œuvrent par leurs propres talents en cava­liers seuls. Non, ce sont des gens for­més, mais simples, qui œuvrent en com­mu­nau­té sacer­do­tale, à plu­sieurs, pour réa­li­ser un tra­vail qui, grâce à cela, pro­duit des fruits. Un tra­vail sous l’au­to­ri­té d’un prieur, lui-​même sous l’au­to­ri­té d’un supé­rieur de dis­trict, lui-​même sou­mis au supé­rieur géné­ral. Voilà une hié­rar­chie comme il faut, afin que le tra­vail sacer­do­tal porte des fruits. Pour que ce soit un tra­vail d’Église, il faut qu’il y ait une hié­rar­chie. C’est ce que Mgr Lefebvre a conçu, idée géniale et toute simple parce que toute tra­di­tion­nelle. C’est très impor­tant – et très actuel si vous avez sui­vi les évé­ne­ments de cet été. Mais je n’in­siste pas davan­tage sur ce point.

Donc pre­miè­re­ment les sémi­naires pour for­mer de vrais prêtres catho­liques, deuxiè­me­ment les prieu­rés, cel­lules de base de la Fraternité, ensuite troi­siè­me­ment les écoles, nécessairement.

Des jeunes formés pour le Christ-Roi

Dans beau­coup de nos prieu­rés, nous avons une école pri­maire et, un peu plus loin, des écoles secon­daires de gar­çons et des écoles secon­daires de filles grâce aux congré­ga­tions ensei­gnantes. Conception totale de la recons­truc­tion catho­lique. Il faut des écoles : les familles ne suf­fisent pas. L’école catho­lique est le pro­lon­ge­ment de la famille catho­lique et forme avec elle un seul sanc­tuaire, comme le disait le pape Pie XI l’é­cole forme un seul temple divin de l’é­du­ca­tion chré­tienne avec la famille. Dans les écoles on ne va pas se conten­ter de don­ner un cours de caté­chisme pour le prin­cipe, sans trop se pré­oc­cu­per du reste. Non, il s’a­git que toutes les matières, depuis les mathé­ma­tiques jus­qu’à la phi­lo­so­phie, depuis l’a­rith­mé­tique, le cal­cul, jus­qu’à la gram­maire, jus­qu’au latin, et même la phy­sique et la chi­mie, soient péné­trées par la doc­trine chré­tienne c’est-​à-​dire par la pré­sence de Jésus Christ.

Voilà ce qu’est une édu­ca­tion inté­gra­le­ment catho­lique. Des bas­tions, certes, qui pro­tègent les enfants, mais aus­si qui les forment.

Nos écoles sont des bas­tions qui pro­tègent les enfants de la cor­rup­tion du monde, mais aus­si qui forment leur intel­li­gence. Ces écoles ont une véri­té, une cohé­rence, une véri­té convain­cante et enthou­sias­mante : le Christ, Roi et Prêtre. Cela est vrai de toutes les matières ensei­gnées, mais spé­cia­le­ment des matières comme l’his­toire, la géo­gra­phie ou la lit­té­ra­ture, qui se prêtent tel­le­ment à faire com­prendre que la chré­tien­té c’est le rayonne¬ment du sacer­doce de Jésus Christ. Voilà des écoles catholiques !

Des laïcs sanctifiés

Et enfin, der­nière œuvre, après les sémi­naires, les prieu­rés et les écoles, ce sont les retraites, les exer­cices spi­ri­tuels, ceux de saint Ignace ou d’autres types de retraites que l’on prêche jus­te­ment ici en cette mai­son et que vous connais­sez si bien, chers Fidèles, et je vous en félicite.

Ces retraites ont pour but de nous conver­tir et, ensuite, de nous faire mon­ter dans la vie spi­ri­tuelle, de nous faire gran­dir dans la sain­te­té, c’est-​à-​dire de nous faire vivre dans les ver­tus chré­tiennes. Et cela concerne aus­si bien les adultes que les jeunes gens.

Conclusion : Tout ramener au Christ

Voilà une couvre de for­ma­tion catho­lique inté­grale. Et de ces adultes, de ces jeunes gens, catho­liques, ain­si for­més et sanc­ti­fiés, va naître une nou­velle élite de catho­liques prêts à agir plus tard dans leur métier, dans leur famille pour recons­truire la cité catho­lique, pour faire régner à nou­veau Notre Seigneur Jésus-​Christ publi­que­ment afin de réa­li­ser la devise de notre saint patron de la Fraternité Saint-​Pie X : Omnia ins­tau­rare in Christo, Tout res­tau­rer dans le Christ. Tout, c’est-​à-​dire non seule­ment à l’in­té­rieur de l’Église, mais éga­le­ment dans la cité ter­restre. Tout res­tau­rer dans le Christ, tout rame­ner sous un seul chef [4] , Notre Seigneur Jésus-​Christ, par l’in­ter­ces­sion du Cœur Immaculé de Marie.

Ainsi soit-​il.

† Bernard Tissier de Mallerais

Notes de bas de page

  1. Il y a manière et manière de com­battre contre les païens et contre leurs lois. Il ne s’a­git pas essen­tiel­le­ment d’un com­bat mili­taire, mais d’un com­bat reli­gieux, fon­dé sur l’œuvre des prêtres. Judas Maccabée le rap­pelle expres­sé­ment : « la vic­toire guer­rière n’est pas dans le grand nombre des com­bat­tants, mais c’est du Ciel que vient la force. » C’est pour nous faire com­prendre la nature et l’ob­jet de ce com­bat, que Mgr Tissier de Mallerais a pro­non­cé ce ser­mon.[]
  2. Il serait abu­sif de croire que com­bat­tant dans la cité, les laïcs seraient, dans cette action, indé­pen­dants des prêtres pour mener une couvre d’une autre nature et qui leur serait propre. Mgr Tissier de Mallerais va au contraire mon­trer que le pro­gramme de Mgr Lefebvre met les prêtres à la tête des laïcs pour une œuvre com­mune et unique, qu’ils réa­lisent ensemble, cha­cun à sa place. Faisons bien atten­tion à la nature de cette œuvre, de cette action. Dans sa sim­pli­ci­té elle pour­rait nous échap­per et nous serions alors ten­tés d’in­ven­ter quelque chose plus à notre goût et donc de très humain.[]
  3. Mgr Tissier de Mallerais reprend ici l’a­na­lyse du pro­gramme révo­lu­tion­naire que le R.P. Le Floc’h, direc­teur du Séminaire Français à Rome, où fut for­mé Mgr Lefebvre, avait dénon­cé à ses sémi­na­ristes avec une clair­voyance admi­rable dès 1925.[]
  4. Sous un seul chef, le Christ. C’est en effet ce que signi­fie le mot « res­tau­rer » uti­li­sé par saint Paul dans ce pas­sage de l’Épître aux Éphésiens (1, 10). Mgr Lefebvre l’a plu­sieurs fois expli­qué pour qu’on ne se trompe pas sur cette res­tau­ra­tion et qu’on ne la conçoive pas de façon humaine, voire acti­viste.[]

FSSPX Évêque auxliaire

Mgr Bernard Tissier de Mallerais, né en 1945, titu­laire d’une maî­trise de bio­lo­gie, a rejoint Mgr Marcel Lefebvre dès octobre 1969 à Fribourg et a par­ti­ci­pé à la fon­da­tion de la Fraternité Saint-​Pie X. Il a assu­mé d’im­por­tantes res­pon­sa­bi­li­tés, notam­ment comme direc­teur du sémi­naire d’Ecône. Sacré le 30 juin 1988, il est évêque auxi­liaire et fut char­gé de pré­pa­rer l’ou­vrage Marcel Lefebvre, une vie, bio­gra­phie de réfé­rence du fon­da­teur de la Fraternité.