27 novembre 570

Saint Siffrein

Né à à Albano,
et mort un 27 novembre 570 à Venasque.

Saint Siffrein[1] naquit à Albano. Ergastulus, son père, fut ins­pi­ré de se consa­crer à Dieu, avec l’accord de son épouse, et entra avec son fils unique, âgé d’environ dix ans, au monas­tère de Lérins vers 490 sous l’abbatiat de saint Césaire. Là, Siffrein brilla par ses ver­tus, aus­si Dieu le gra­ti­fia du cha­risme d’exorciste : les habi­tants du Fréjurès envoyaient les éner­gu­mènes sur l’île, où Siffrein les libé­raient du démon en réci­tant un Pater. Son père eut la conso­la­tion de voir son fils si proche de Dieu, et mou­rut entre ses bras le 26 août 520. Nommé infir­mier, il gué­ris­sait les frères malades rien qu’en les visi­tant. Siffrein fut nom­mé ensuite Maître des novices, et eut à for­mer notam­ment saint Quinide[2].

Cette répu­ta­tion de sain­te­té ame­na le cler­gé et le peuple venais­sin, qui venait de perdre son évêque Castissimus, à le deman­der pour évêque à saint Césaire, deve­nu métro­po­li­tain d’Arles. Césaire envoya la délé­ga­tion au Père-​Abbé de Lérins, devant qui saint Siffrein refu­sa une telle charge. Mais les délé­gués furent tel­le­ment mar­ris que le Père-​Abbé obli­gea Siffrein par l’obéissance. Siffrein se ren­dit à Arles où saint Césaire l’ordonna prêtre et évêque de Venasque vers 530. Lors du bai­ser de paix, un aveugle vou­lut qu’on le condui­sît à Siffrein qui, en le tou­chant, lui fit recou­vrer la vue.

Etant évêque, il gar­da son aus­té­ri­té, ne man­geant que du pain, quelques légumes comme des len­tilles, et ne buvant que de l’eau. Il visi­tait les pauvres, et ses exhor­ta­tions conver­tis­saient les cœurs endurcis.

Un clerc qu’il affec­tion­nait étant mort, il pria à la cha­pelle et pria ain­si : « Seigneur Jésus-​Christ, exaucez-​moi qui suis votre indigne ser­vi­teur et pécheur ; car vous avez dit : Je ne veux point la mort du pécheur mais qu’il se conver­tisse et qu’il vive ; et que tout ce que vous deman­de­rez à mon Père en mon nom, vous sera octroyé. Je vous prie donc que l’âme que vous avez reti­rée de ce corps lui soit ren­due, afin que tout le monde connaisse que vous êtes celui qui vivi­fiez et res­sus­ci­tez tous les morts », puis alla aux obsèques, prit la main du mort et lui ordon­na de se lever, lequel se leva.

En 536, lors des der­niers com­bats entre Francs et Ostrogoths, un bar­bare pour­suit Siffrein qui s’enfuit à che­val et humi­lie son poursuivant.

A Venasque, il fit construire les églises de la Sainte-​Trinité, de Sainte-​Marie, et de Saint-​Jean-​Baptiste. Entretemps, en 542, il assiste au sacre d’Auxonius, suc­ces­seur de saint Césaire d’Arles.

Un jour qu’il pria dans un hameau au sud de Venasque, il fut déran­gé par le coas­se­ment des gre­nouilles, et il com­man­da qu’elles firent silence, et depuis les pay­sans disent qu’on ne les entend plus au loin. Une autre fois, on vola des reliques de l’église Ste-​Marie : Siffrein recon­nais­sant le voleur dans une foule, lui dit d’aller cher­cher les reliques à tel endroit ; se voyant recon­nu, le voleur appor­ta les reliques, confes­sa être le voleur, et obtint le par­don de l’évêque.

Après le décès de Clématius, évêque de Carpentras, en 557, le pape Pélage 1er réunit les évê­chés trop proches de Venasque et de Carpentras. Siffrein, der­nier évêque de Venasque, et nou­vel évêque de Carpentras, y fait bâtir une église en l’honneur de St-​Antoine[3]. Une riche veuve de Marseille ayant un fils pos­sé­dé du démon, le condui­sit à Siffrein qui l’en délivra.

Dieu lui ayant révé­lé sa fin pro­chaine, il se fit construire une petite mai­son près de l’église de la Mère de Dieu de Venasque, où il don­na ses der­nières recom­man­da­tions à son cler­gé. Saint Siffrein y décé­da en odeur de sain­te­té le 27 novembre 570 [4]. Son corps fut ense­ve­li en l’église de la Ste-​Trinité, don­nant lieu à de nom­breux miracles.

Cependant quelques zélés dévots de Carpentras s’emparèrent nui­tam­ment du corps du saint, et étant arri­vés près de Carpentras, ils furent atteints de céci­té et recon­nus pour leur sacri­lège par des pay­sans à qui de bon matin ils deman­daient de les gui­der… Ils avouèrent leur lar­cin aux magis­trats de Carpentras, et durent à un second miracle le recou­vre­ment de la vue qu’un pre­mier leur avait fait perdre. Mais pour autant Carpentras gar­da le corps du saint et le dépo­sa dans sa cathé­drale ! C’est pour­quoi St Siffrein est le prin­ci­pal patron de Carpentras, sa cathé­drale est sous le patro­nage de Saint-​Siffrein, et conserve les reliques de ce saint évêque. Son culte était éten­du à Sisteron, dans le Gapençais et dans l’ancien évê­ché d’Uzès.

Son nom figure dans un mar­ty­ro­loge du XIe siècle.

Ses reliques furent pro­té­gées de la pro­fa­na­tion en 1793.

Abbé L. Serres-Ponthieu

Notes de bas de page
  1. Ou encore Siffroy ou Siffret, d’où le vil­lage de Saint-​Siffret, dans le dio­cèse de Nîmes (en latin Siffredus, Sifredus ou Sisfredus). A ne pas confondre avec saint Sifroy, variante fran­çaise de Sigefridus ou Siegfried, l’Apôtre de la Suède décé­dé vers l’an 1002.[]
  2. L’Etoile de la Mer a tra­cé sa vie en février 2013.[]
  3. Ou Antonin, Evêque de Carpentras (463- 473).[]
  4. Au dio­cèse de Fréjus-​Toulon, sa fête est dépla­cée au 28 novembre en rai­son de la fête de saint Maxime de Riez, décé­dé le 27 novembre 460, et dont nous avons don­né la bio­gra­phie l’an der­nier dans l’Etoile de la Mer. Ces deux saints évêques sont décé­dés au même jour après avoir été for­més au même monas­tère de Lérins..[]