Né en 781 à Lambesc, et mort le 13 mars 875.
Alors que Lambesc, au nord-ouest d’Aix-en-Provence, était gouvernée par un leude, y naquit son fils saint Heldrad en 781. Les parents d’Heldrad venant à décéder, Charlemagne le fit succéder à son père.
Heldrad, ou Eldrad, établit au sud de son territoire une église dédiée à St Pierre, San-Peyré, et un dispensaire pour les voyageurs et les migrants. Ces édifices furent détruits par les sarrasins au dixième siècle, puis reconstitués en une chapelle romane.
Se destinant à la vie religieuse, il distribue ses richesses en aumônes aux pauvres et au chorévèque local pour les œuvres de l’Eglise. Il se revête désormais de l’habit des paysans et part avec des provisions pour deux ou trois jours à la recherche d’un monastère jusqu’à la Marche d’Espagne sans satisfaction. De retour à Lambesc, il repart au bout de peu de jours, et traverse la Provence du ponant au levant, passant par Tourves, Brignoles, Cabasse, Le Luc, Vidauban et Fréjus. Il persévère jusqu’à Rome sans se plaire en aucun monastère. De retour, il atteint les Alpes Cottiennes[1], et entend du bien de l’abbaye bénédictine de Novalaise[2], dans le Piémont, dans le val de Suse, où les cinq cents cénobites bénédictins tenaient une hôtellerie pour les voyageurs, les pèlerins et les migrants, ainsi qu’une maison de secours au col du Mont-Cenis, établie par les archevêques de Lyon.
Mais une autre thèse prétend que saint Heldrad est né en 781 du seigneur Aldradus, lui-même fils de Bysardon, à Ambel[3], dans le Trièvres, au sud du Dauphiné, près du Gapençais. Ambel appartenait néanmoins à la Provence jusqu’en 1209 : saint Eldrad est de toute façon provençal.
Heldrad atteint le monastère de Novalaise vers la fin de l’hiver 814 sous l’abbé Amblulfe, d’origine provençale, qui, divinement inspiré, le reconnut malgré ses habits pauvres. L’Abbé éprouva le novice notamment en l’envoyant travailler aux vignes, puis lui donna l’habit bénédictin, et le fit ordonner prêtre.
Elu Abbé à l’unanimité, Eldrad réclama contre ce choix, mais ses électeurs le sommèrent d’accepter.
Il exhortait ses cénobites ainsi : « Je vous affirme que nous n’avons rien à attendre dans une autre vie, si ce n’est la juste proportion de ce que nous aurons fait pour le prochain, en vue de plaire à Dieu ».
Plusieurs fois, par ses prières, il arrêta des maladies contagieuses ; il guérit un muet, un boiteux et un lépreux, une femme malade abandonnée des médecins, et ressuscita quelques morts. Il lisait dans les consciences de sorte que des pécheurs étaient ramenés à la grâce.
Il fit respecter les contrats de ceux qui étaient redevables à l’abbaye. Il y fit édifier une tour et enrichit la bibliothèque ; il érigea un hospice au col du Lautaret où il eut le don d’en chasser tous les serpents qui y séjournaient.
Saint Heldrad, sut, quatre jours avant, le jour de son décès, reçut les derniers sacrements et exhorta ses religieux réunis et émus à la concorde, puis ayant communié il lève les bras au ciel au moment de décéder[4].
Peu d’années après, à la demande des fidèles, son corps fut exhumé pour être honoré au titre de bienheureux.
A l’approche des sarrasins, les religieux exhumèrent son corps pour le mettre en sûreté, et quittèrent l’abbaye en 906. Les sarrasins détruisent le monastère en 910. La cache étant oubliée et le monastère reconstruit, il fallut attendre l’an 1021 pour qu’un jeune aveugle signale l’existence des reliques dans une caverne d’où les religieux les en retirèrent pour les insérer dans une châsse en argent. Un office fut composé vers l’an 1040. Le corps de saint Heldrad fut transféré à Ferrare en 1042, puis fut porté en 1114 en Savoie, notamment à Aiguebelle où il guérit un estropié.
Ses reliques occasionnèrent la guérison de plusieurs aveugles et autres infirmes. Rome approuva son culte en 1702.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu
- De Cottius, roi puis préfet de Suse sous Auguste.[↩]
- Ou Novalèse, aujourd’hui Novalesa. Cette abbaye fut fondée sur l’ordre d’Abbon, recteur de Maurienne et de Suse, le 30 janvier 726 sous Charles Martel ; Abbon sera patrice de Provence jusqu’à sa mort sous Pépin le Bref.[↩]
- On vénère dans le chœur de l’église une statue de saint Eldrad Des pèlerinages annuels se déroulaient vers Ambel en l’honneur de saint Eldrad. Le calendrier du diocèse de Grenoble comprend la fête de saint Eldrad.[↩]
- En 875 selon quelques auteurs, en 842 selon d’autres.[↩]