LAB de l’école Saint-​benard de Courbevoie (92) – Octobre 2010

Lettre aux parents, amis et bienfaiteurs


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Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste

Les bienfaits de Facebook

Il est indis­pen­sable d’avoir des amis. L’homme est un être social. Il n’est pas fait pour vivre seul. A tout moment, mais sur­tout dans les périodes dif­fi­ciles, une ami­tié solide est un sou­tien et un récon­fort qui n’ont pas de prix. Dès lors, ce qui peut contri­buer à tis­ser des liens étroits d’amitié doit être encou­ra­gé. On pense alors immé­dia­te­ment aux réseaux sociaux d’internet. Il y a trois ans, Facebook était incon­nu. Aujourd’hui, très rares sont les jeunes qui n’utilisent pas ce réseau social. Ils savent que ce n’est pas sans dan­ger, mais pensent qu’une uti­li­sa­tion pru­dente et mesu­rée du site est une garan­tie sure. Cet engoue­ment mérite quelques réflexions.

Dieu voit tout. Dieu sait tout. Rien ne lui est incon­nu, pas même les pho­tos ou les conver­sa­tions pro­té­gées par un mot de passe et réser­vées aux amis intimes. Mon pro­fil sur Facebook plaît-​il à Dieu ? Voilà la vraie ques­tion à laquelle tous les uti­li­sa­teurs doivent répondre, en toute sin­cé­ri­té. Lorsque mon pèle­ri­nage ter­restre sera ache­vé et que je paraî­trai devant le sou­ve­rain Juge, serai-​je fier des heures que j’aurai pas­sées sur ce site ?

J’ai inter­ro­gé plu­sieurs jeunes, gar­çons ou filles, sur la qua­li­té des dis­cus­sions pré­sentes sur le site : Etaient-​elles inté­res­santes ? Avaient-​elles un conte­nu valable ? Tous m’ont répon­du que la plu­part du temps, les sujets abor­dés étaient idiots, stu­pides et même par­fois mau­vais. Peut-​être est-​ce l’absence phy­sique de l’interlocuteur qui dimi­nue la rete­nue. Toujours est-​il que, de fait, le niveau des conver­sa­tions se dégrade très rapi­de­ment, sur­tout chez les plus jeunes : col­lé­giens et lycéens.

Analysons les péchés com­mis fré­quem­ment par les uti­li­sa­teurs de Facebook.

D’abord, la curio­si­té est un vilain défaut, dit l’adage. Nous ne sommes pas des concierges. Occupons-​nous de ce qui nous regarde. Il y a assez à faire. S’informer des faits et gestes du pro­chain, c’est une œuvre louable si elle contri­bue à notre édi­fi­ca­tion ou à la pra­tique de la cha­ri­té. Mais sou­vent, les per­sonnes dont on s’informe sont l’objet de juge­ments témé­raires, de médi­sance ou de calom­nies. Que de répu­ta­tions abî­mées sot­te­ment par de vaines conver­sa­tions ! Et le caté­chisme nous enseigne que c’est une faute qu’il faut répa­rer. Quant à la dis­cré­tion, elle semble avoir dis­pa­ru. Elle est une qua­li­té qui consiste prin­ci­pa­le­ment à savoir gar­der les secrets d’autrui. Comme le dit un autre adage, toute véri­té n’est pas bonne à dire. On pour­rait ajou­ter : toute pho­to ne mérite pas d’être publiée.

En plus, le temps est pré­cieux. Il est un don de Dieu. Nous n’avons pas le droit de le gas­piller. Quelle tris­tesse de voir des lycéens ou des étu­diants échouer lamen­ta­ble­ment à leurs exa­mens tan­dis qu’ils passent trente minutes tous les soirs sur Facebook, en toute séré­ni­té ! Interrogés par leur confes­seur sur leur vie de prière, ils affir­me­ront avec aplomb n’avoir pas le temps de réci­ter chaque jour leur cha­pe­let ! En réa­li­té, le temps ne manque à per­sonne. Ce qui manque, c’est l’esprit de foi et le cou­rage pour mettre un ordre dans ses acti­vi­tés et don­ner la prio­ri­té à celles qui le méritent. Il y a quelques semaines, le Figaro titrait un article sur la ques­tion : « Une acti­vi­té chro­no­phage ». C’est en effet une acti­vi­té qui « mange le temps ». Chez la plu­part des uti­li­sa­teurs, Facebook a le même effet qu’une drogue : quand on l’a goû­té, on en devient dépen­dant. Il est très dif­fi­cile de fer­mer défi­ni­ti­ve­ment son compte. Celui qui a plu­sieurs « amis » rece­vra tous les jours de mul­tiples mes­sages. Il sera ten­té d’y répondre, d’ajouter des com­men­taires, de se lier à de nou­velles connais­sances, de décou­vrir de nou­velles fonc­tion­na­li­tés, etc. Plusieurs jeunes lucides recon­naissent que Facebook leur fait perdre un temps pré­cieux. Pourtant, leur lien de dépen­dance est tel qu’ils n’ont pas la force de fer­mer leur compte. N’est-ce pas le signe d’une pas­sion non maîtrisée ?

Ajoutons que c’est par­fois la pudeur qui est atteinte par les pho­tos. Certains jeunes s’affichent publi­que­ment dans des tenues telles qu’ils semblent avoir per­du toute digni­té. Quant aux publi­ci­tés qui appa­raissent auto­ma­ti­que­ment, elles sont rare­ment des exhor­ta­tions à la vertu…

Enfin, la ver­tu de pru­dence est elle aus­si concer­née par l’usage de ce site. Les infor­ma­tions sur la vie pri­vée publiées sur Facebook peuvent être lues et uti­li­sées par des per­sonnes à qui elles n’étaient pas ini­tia­le­ment des­ti­nées. Certaines entre­prises uti­lisent Facebook pour col­lec­ter des infor­ma­tions sur leurs employés tan­dis que des recru­teurs s’en servent pour leur sélec­tion de can­di­dats. En plus, le logi­ciel uti­lise les infor­ma­tions per­son­nelles des uti­li­sa­teurs afin d’introduire des publi­ci­tés adap­tées à leur pro­fil et vend les infor­ma­tions livrées par les uti­li­sa­teurs à des entre­prises pri­vées, comme c’est indi­qué dans sa charte. Certains se croient à l’abri en réglant avec pré­ci­sion les para­mètres de confi­den­tia­li­té. Ils risquent d’avoir des mau­vaises sur­prises par la suite. Imaginons qu’une per­sonne mal­veillante conserve les pho­to­gra­phies ou les pro­pos légers d’un ado­les­cent, et les publie cinq ans plus tard alors que l’individu concer­né, deve­nu plus sérieux, vient de se fiancer…

Je ne vous conseille pas pour autant de vous iso­ler du monde, ni de refu­ser le pro­grès. Mais les vraies ami­tiés ne se construisent pas devant un écran. Elles se fondent sur la ver­tu et sur un idéal com­mun, et sup­posent une bonne connais­sance réci­proque. Celle-​ci sup­pose à son tour des conver­sa­tions sérieuses et des acti­vi­tés com­munes construc­tives. Remarquons enfin que les vrais amis sont aus­si pré­cieux que rares. « Qu’un véri­table ami est une douce chose ! », disait Montaigne. Qui ose­ra pré­tendre que les contacts via Facebook ren­forcent de vrais liens d’amitié ? Le simple fait d’étaler sa vie pri­vée au grand jour est un obs­tacle à l’amitié. Notre Seigneur disait à ses apôtres : « Je ne vous appelle plus mes ser­vi­teurs, parce que le ser­vi­teur ignore ce que fait le maître. Je vous ai appe­lés amis, parce que tout ce que j’ai enten­du de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Un ami est en effet celui à qui l’on confie ses secrets. C’est un confi­dent. On le sait suf­fi­sam­ment dis­cret pour conser­ver les secrets, suf­fi­sam­ment proche de nous pour nous com­prendre, suf­fi­sam­ment rai­son­nable pour nous don­ner de bons conseils, suf­fi­sam­ment géné­reux pour nous aider en toute occa­sion. Combien d’« amis » de Facebook pos­sèdent ces qualités ?

Ayons donc des amis, mais de vrais amis. Gardons avec eux des contacts, mais des contacts réels.

Abbé Bernard de Lacoste, Directeur