Lettre aux parents, amis et bienfaiteurs
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Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste
L’amour
Rares sont les mots plus mystérieux que celui-là. Il définit Dieu, il est la synthèse de toute la vie chrétienne. « Dieu est amour ». « La plénitude de la loi, c’est l’amour ». De ce mot, le singe de Dieu, Satan, a fait la négation de toute noblesse, le mot le plus plat, le plus vide, le plus galvaudé qui soit. D’où la nécessité pour nous, parents ou éducateurs, d’y voir clair pour apprendre aux adolescents à aimer d’une façon vraiment humaine.
Est-il possible de distinguer l’amour vrai de sa parodie ? Quand je dis : j’aime le poulet, estce que j’entends exprimer mon affection et ma bienveillance pour cet aliment ? Non puisque je le sacrifie à mon plaisir. Ce n’est pas le poulet, mais moi, que j’aime en réalité. Il n’y a dans ce prétendu amour qu’un désir sensible que je veux satisfaire.
Rien de plus. Au contraire, quand je dis : j’aime ma mère, mes amis, mes enfants, le même mot aimer prend un sens nouveau, un sens humain, spirituel. Ce n’est plus mon plaisir égoïste que je cherche. Parents, amis, ne sont pas des objets, des moyens dont je me sers, que je rejette ensuite. La gloire de cet amour, c’est son désintéressement. Appliquons cette idée aux relations de l’homme et de la femme. Le jouisseur aime une femme comme un objet. Il s’en sert puis le jette après usage. Le véritable amour est ici totalement absent. On ne voit que concupiscence, désir charnel, instinct bestial à satisfaire. Un homme d’honneur, un époux chrétien, en disant à sa femme, à ses enfants, je vous aime, signifie : je veux votre bien, votre bonheur, quoi qu’il m’en coûte. C’est l’écho de l’exhortation de saint Paul : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise. Il s’est livré pour elle ». Un tel désintéressement, loin de rendre malheureux, est au contraire la source d’un bonheur plus profond. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir », disait Jésus.
Nous avons la joie d’observer, autour de nous, grâce à Dieu, des époux chrétiens profondément unis dans un don réciproque et sans partage.. Puissent ces exemples éclairer ces faussaires et ces faux-monnayeurs de l’amour. Ces humbles foyers chrétiens nous rappellent que l’amour vrai est une conquête quotidienne, qu’il se nourrit de sacrifice, comme l’amour de la patrie et l’amour de Dieu. Il faut s’être sacrifié à l’être aimé pour être sûr d’aimer, pour connaître le bonheur d’aimer. Comme l’écrit G. Thibon, « l’homme vil cherche des êtres en qui se satisfaire ; l’homme noble des êtres à qui se sacrifier. Il aime sa femme et ses enfants moins pour ce qu’ils lui donnent que pour ce qu’ils lui coûtent. Le Christ aime ainsi son épouse, l’Eglise ».
Le tollé qu’ont suscité les propos du pape Benoît-XVI en Afrique est bien révélateur de l’état d’esprit de nos contemporains. Surtout, ne nous parlez pas de fidélité conjugale, de maîtrise de soi ni de sacrifice. Ce que nous voulons, c’est jouir comme des bêtes sans aucune contrainte morale ! Pourtant, lorsque l’Eglise rappelle que la contraception est un péché mortel, elle ne fait que répéter la loi divine qui n’est autre que la loi naturelle.
Lorsque l’amour n’est pas créateur, il est destructeur. On ne peut pas dissocier l’amour du sacrifice. Le chemin de l’amour est un chemin de montagne, long et rude, aux obstacles toujours renaissants. Mais, la joie, la fierté des sommets gravis, des larges horizons conquis, du ciel plus proche, récompense ceux-là seuls qui eurent le courage des dures ascensions.
C’est dire combien faussent le sens de l’amour toutes ces images impures qui couvrent les écrans d’ordinateurs, de télévision et de cinéma ainsi que les affiches publicitaires de nos rues. En méprisant les lois élémentaires de l’amour humain, ces sollicitations poussent au plus facile, à ce qui demande le moins d’effort, au moins beau, au plus avilissant et plus dégradant.
« La jeunesse n’est pas faite pour le plaisir. Elle est faite pour l’héroïsme » écrivait Claudel.
Quelle différence entre un jeune livré au plaisir avilissant et un jeune prêt à se sacrifier pour atteindre un idéal de sainteté. Le vice est triste, la vertu, joyeuse. Le visage lui-même porte les stigmates du péché. A 18 ans, Charles de Foucauld, celui que ses camarades nomment « le pourceau », non seulement est triste jusqu’à songer au suicide, mais son visage même, lourd, épais, sans lumière, trahit les hontes et les détresses de son âme. Les années passent. L’ascète de Tamanrasset, l’homme donné, sacrifié à ses frères, est là, transfiguré. Visage émacié mais lumineux, rayonnant de paix et de joie intérieure. « C’est le miracle de l’âme qui sculpte la carcasse et met sa signature » dira R. Bazin.
Il est ensuite nécessaire, tout en fortifiant la volonté de l’enfant, de protéger son cœur. Choisir une école mixte, c’est exposer l’adolescent à des périls que, souvent, il ne peut surmonter à cause de sa fragilité. Le Pape Pie XI écrivait en 1929 :
« Le Créateur a ordonné, et disposé la parfaite communauté de vie entre les deux sexes seulement dans l’unité du mariage ; ensuite, elle les sépare graduellement dans la famille et dans la société. Il n’y a d’ailleurs dans la nature elle-même, qui a fait les sexes différents par leur organisme, par leurs inclinations, par leurs aptitudes, aucune raison qui montre que la promiscuité, et encore moins une égalité de formation, puissent ou doivent exister. Les sexes, suivant les admirables desseins du Créateur, sont appelés à se compléter réciproquement dans la famille et dans la société, et justement par leur diversité même. Cette diversité est donc à maintenir et à favoriser dans la formation et dans l’éducation, en sauvegardant la distinction nécessaire, avec une séparation correspondante, en rapport avec les âges différents et les différentes circonstances. Ces principes sont à appliquer en temps et lieu, suivant les règles de la prudence chrétienne, à toutes les écoles, mais principalement durant l’adolescence, la période la plus délicate et la plus décisive de la formation ».
Quant à l’éducation sexuelle enseignée dans la plupart des collèges, elle ne vise qu’à préserver les jeunes des maladies sexuellement transmissibles. Notre idéal est infiniment plus élevé. A l’école Saint-Bernard, un tel cours n’est pas dispensé. Par contre, dans le cadre de l’instruction religieuse en lycée, les prêtres s’efforcent de compléter les connaissances reçues en famille dans ce domaine en montrant la grandeur et les exigences du mariage chrétien.
Chers amis et bienfaiteurs, après ces réflexions sur un sujet si délicat et pourtant si important, je fais de nouveau appel à votre générosité. Nous avons toujours besoin de votre aide pour la poursuite de notre œuvre d’éducation : vos prières d’abord, votre soutien financier ensuite. Soyez-en vivement remerciés par avance. Les prêtres et les élèves de l’école vous assurent de leurs prières reconnaissantes.
Abbé Bernard de Lacoste, Directeur