La Reja, le 25 août 2007
Le débat sur le récent Motu proprio du pape Benoît XVI continue – je ne dirai pas à faire rage – mais certainement à soulever les passions. Le Motu proprio reconnaissait que le rite tridentin n’avait jamais été abrogé et donnait à tout prêtre catholique une certaine latitude pour le célébrer.
Certains ont condamné le document à cause de son double langage et ont affirmé que ce n’était là qu’un leurre pour attirer les catholiques traditionalistes dans les sables mouvants de l’Église conciliaire.
Pour ce qui est du double langage, parfois en faveur du catholicisme, parfois en faveur du conciliarisme, il est hélas indéniable. Mais à quoi pouvions-nous nous attendre de la part de ce que nous pourions qualifier de « pape dual » ? Benoît XVI, comme Paul VI et Jean-Paul II avant lui, ne s’aperçoit pas qu’il croit en deux religions contradictoires simultanément. À moins d’un miracle, Benoît XVI pensera ainsi jusqu’à sa mort. Voilà qui est assez affligeant, mais pour autant que le Motu proprio soit concerné, tout cela est de peu de rapport.
Ce qui importe plutôt, à mon avis, c’est que le diable porte Pierre comme le dit si bien l’adage. Dans de nombreux pays, nous voyons que de nombreux prêtres catholiques et des laïcs – mais en général pas les évêques – redécouvrir le véritable rite de la messe , commander des missels, des DVD didactiques sur la sainte messe, des ornements liturgiques, etc … J’entends déjà les objections des purs et durs ! Bien sûr, tout ne sera pas parfait du premier coup. Il y aura des fautes de latin, les rubriques ne seront pas parfaites et tout ça, mais pourquoi ne pas donner sa chance à la grâce de Dieu ?
Avec Dieu, le moindre bien va loin – et un prêtre catholique ne se refait pas en un jour !
Laissez-moi vous présenter un scénario ; ce n’est pas infaillible, vous y croirez si bon vous semble. L’époque actuelle peut être comparée à celle de Noé, juste avant le déluge. Notre monde « idiot-visuel », maintenant répandu sur toute la planète, court à l’abîme. Dieu ne peut plus le laisser mener des millions d’âmes endormies en enfer.
Quand il s’effondrera, les catholiques en seront réduits à courir en tous sens à la recherche d’un prêtre pour la confession de leurs péchés. Il n’y aura pas assez de prêtres « liturgiquement parfaits » de la FSSPX disponibles. Donc, il est permis de penser que Dieu prépare un certain nombre de prêtres – connus de Lui seul – hors de la FSSPX pour ces jours dramatiques. Le Motu proprio, qui leur permet de renouer avec le rite véritable de la messe – au moins en privé – est une étape importante de cette préparation.
De tout notre cœur, prions pour de tels prêtres, et pour le pape. Kyrie Eleison.
Monseigneur Richard Williamson
Version originale en anglais
Rebuilding
The argument continues to – I will not say, rage – but certainly go back and forth over Pope Benedict XVI’s recent « Motu Proprio », recognizing that the Tridentine rite of Mass was never abrogated, and granting to priests anywhere in the Church a certain measure of freedom to celebrate it.
Serious heads condemn the document for its doubletalk, and see in it no better than a decoy to lure Traditional Catholics back into the quicksands of the Conciliar church.
As to the doubletalk, now favouring Catholicism, now favoring Conciliarism, there is no doubt about it. Yet what else can one expect from what one might call a double-pope ? Benedict XVI, like Paul VI and John-Paul II before him, surely cannot see that he is believing in two contradictory religions at once. So he goes on promoting both at once. Short of a miracle, Benedict XVI will follow this line to his grave. That is a mighty crooked line, but as far as the Motu Proprio is concerned, surely that is not the main point.
The point as it seems to me is that, in the words of the proverb, « God writes straight with crooked lines. » In many countries we hear of the Catholic laity and individual priests – not as a rule their bishops ! – re-awakening to the true rite of the Mass, ordering Missals, ordering Mass-kits, vestments, etc… I hear a hard-liner protest !… I say, go easy, go easy. indeed not everything will be perfect all at once. There will be fumbling with the Latin, fumbling with the rubrics and so on, and so on, but let us give God’s grace a chance !
With God a little good will goes a long way – A Catholic priest is not rebuilt in a day !
Let me give you a controversial scenario. You do not have to believe in it, but here it is. Mankind’s present desperate situation can be compared only to that of Noah’s time, just before the Flood. Our televidiot civilization, now worldwide, can only crash. God cannot allow it to go on sleep-walking millions of souls into Hell.
When it crashes, Catholics are going to be running through the streets, screaming for a priest to confess their sins. There are not going to be enough liturgically perfect priests of the SSPX to go round. Therefore God is preparing a number of priests – known only to himself – outside the SSPX for those dramatic days. The « Motu Proprio », enabling them to pick up the true rite of the Mass at least in private, is an important step in that preparation.
Let us pray with all our hearts for all such priests, and for the Pope ! Kyrie Eleison.
Bishop Richard Williamson