« Voici donc qu’au terme de ces vingt deux années de présence au Gabon, la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X s’organise en « District Afrique ». Le Supérieur Général de la Fraternité St Pie X, Monseigneur Bernard FELLAY et son Conseil en ont ainsi décidé pour le plus grand bien de la Mission Catholique en Afrique, et afin de mieux répondre aux nombreux appels de fidèles qui, provenant de pays de plus en plus nombreux aussi, sollicitent nos services. » [Abbé Patrick Groche – Extrait du Saint Pie n° 164 de juin 2008]
Mgr Marcel lefebvre, Mgr Ndong et l’abbé Jean-Marie, curé de de N’Djolé
22 ans de travail : hommage au « Père groche »
Le Père GROCHE nous annonce son départ de la Mission St Pie X. Cette importante nouvelle nous touche tous, prêtres, religieux, religieuses et fidèles. Les plus anciens se souviennent des premières années évoquées dans l’éditorial. C’est aussi l’occasion d’observer l’œuvre accomplie depuis vingt deux ans : en toute vérité, une œuvre de géant.
« S’ils se taisent, les pierres crieront » (Lc 19,40)
Ce qui frappe d’abord le regard, ce sont les constructions. Le Père Groche a été tout ensemble, maître d’ouvrage, architecte, entrepreneur, ouvrier ; combien de fois ne l’avons-nous pas vu mettre lui-même la main. Combien de fidèles ont cherché le Supérieur de la Mission en interrogeant ce prêtre aux manches retroussées, sans savoir qu’ils avaient devant eux le Supérieur !
Évoquons la Mission avec ses trois maisons : L’église du Cœur Immaculée de Marie et son cloître St Joseph, la maison St Pie X, la maison St Joseph et celle des Saints Anges. Continuons par le Juvénat du Sacré Cœur sur lequel il a veillé comme sur la prunelle de ses yeux car là est l’école, avenir de la Mission !
Regardons Four Place : la chapelle St Patrick et le Prieuré Saint-Jacques qui a connu encore récemment de bonnes améliorations. N’oublions pas la maison de Mebba, prêtée par des fidèles, entretenue et améliorée par les soins attentifs du Père Groche : que de grâces dans cette maison des retraites spirituelles et des camps d’enfants !
Finissons par le Domaine Saint Joseph d’Andem, futur internat des garçons, pour lequel le Père a dépensé beaucoup d’énergie ; après le forage du puits et l’ouverture de la piste qui lui a donné quelques sueurs froides tant le financement a été lourd, déjà il a tracé des ébauches de plans et d’études. On a dit que le Père René Lefebvre a laissé au Gabon le souvenir d’un organisateur et d’un bâtisseur (Les Rois Mages, et Ste Jeanne d’Arc de Likouala). Il me semble que cet éloge convient au Père Groche. Nous, ses subordonnés et collaborateurs, avons eu quelquefois de la peine à suivre son rythme ! Le résultat de vingt deux ans de travail acharné est là : une belle œuvre, un admirable instrument d’apostolat. Le Gabon est béni de Dieu !
« Toute la gloire est au-dedans » (Ps 44,14)
Nous venons d’évoquer la façade. Elle est magnifique, à l’image du cœur magnanime qui en a été l’artisan. Ne restons pas à l’extérieur ; pénétrons au dedans pour découvrir que derrière cette façade, un travail extraordinaire a été fait. C’est le travail de la Grâce de Dieu, bien vivante et vivifiante dans la Tradition de l’Église. Les limites de ces lignes ne permettront pas un tour complet et détaillé. Quant à tout dire c’est impossible ; Dieu seul sait les « magnalia Dei », merveilles de Dieu, réalisées dans le secret des cœurs depuis 1986.
Puisque la Fraternité a pour but le sacerdoce catholique et tout ce qui s’y rattache immédiatement, restons en, au bouquet des vocations gabonaises qui se sont épanouies durant ce temps : sept religieux (trois frères, quatre sœurs), quatre prêtres, un séminariste et deux pré séminaristes. Je ne parle pas des jeunes gens et jeunes filles qui, au cours de ces vingt deux ans, se sont offerts généreusement et sérieusement au service de Dieu, sans pour autant aboutir ; j’en compte cinq et en oublie certainement. Je pense qu’ils font partie de ce bouquet, plus discrètement. Voilà la plus profonde réussite en vingt deux ans : donner à l’Église, onze vocations accomplies et trois en préparation. Nous sommes témoins de l’abnégation, des renoncements et des sacrifices consentis pour « payer » le prix de ce divin succès. En effet, le Gabon, si attachant qu’il soit, est une jeune terre chrétienne où l’ivraie du modernisme stérilisant et du matérialisme jouisseur a été efficacement semé pour étouffer la bonne graine.
La bonne graine a quand même poussé et porte déjà du fruit. Parce que dans ce champ d’apostolat de la Mission Saint Pie X, toute action a été enracinée dans le Saint Sacrifice de la Messe et la sainte Liturgie. C’est pourquoi le Père Groche, en terminant l’éditorial mentionne expressément les servants de messe.
Ces vingt deux ans sont une réussite parce que la Messe et sa Liturgie ont été le foyer d’où l’Apostolat a rayonné. Et c’est si vrai que l’exemple de la Mission a fait école dans des paroisses du diocèse, aujourd’hui encore prisonnières du modernisme ; ici et là, pourtant, depuis une bonne dizaine d’années des cérémonies longtemps oubliées ont reparu : la processions des rameaux, de la Fête Dieu, pèlerinage à Melen, etc… Les Évêques du Gabon, en visita ad limina, n’avaient-ils pas expliqué, à ce qu’on dit, au Pape Jean Paul II que l’Église du Gabon rencontrait trois problèmes principaux : l’Islam, les sectes pentecôtistes et la Mission Saint Pie X. « Petit pays, grands problèmes » avait répondu le Saint Père !
La Mission St Pie X est-elle donc un problème parce qu’elle prêche la Tradition catholique sans mélange de modernisme et sans compromission tactique avec l’église conciliaire ? A l’épreuve des faits, tout le contraire est prouvé !
Une action de grâce
S’il est inconvenant de prétendre à un bilan après ces années héroïques de fondation, n’est-il pas bon d’évoquer ce que
nous constatons avec admiration. Prêtres, religieux, religieuses et fidèles de la Mission St Pie, nous avons eu la grâce d’avoir comme fondateur de cette Mission et de ses œuvres, un prêtre qui, bien des fois, fut le confident de Monseigneur Lefebvre, tout au long de plusieurs voyages et dont le Père Groche fut l’accompagnateur.
Notre belle Mission St Pie X a donc été d’autant mieux fondée qu’elle l’a été par un de ceux qui ont bu à la source du vénéré Fondateur, au plus près. L’heure est donc à l’action de grâce et à la reconnaissance pour tant de bienfaits. Tandis qu’une page se tourne, dans l’histoire de notre Mission, son avenir s’enracine plus que jamais dans ce prestigieux passé. « La gloire du passé est une obligation pour l’avenir…» (Pie XII).
Un précieux témoignage
Récemment, un paroissien a recueilli un beau témoignage d’un prêtre gabonais aujourd’hui très âgé. Ce témoignage vaut mieux qu’une médaille d’or, il servira de conclusion :
« Mais il y a encore la Mission St Pie à Libreville, là-bas, vers Rio, la Mission de Monseigneur Lefebvre avec le Père Groche… Lui, on voit, il a été formé par Monseigneur Lefebvre, il est pareil… c’est comme Monseigneur Lefebvre… Ah oui ! »
conclut le prêtre avec un sourire qui se perdait dans la satisfaction d’évoquer un grand et bon souvenir.
Père Patrick C. DUVERGER .