Rome et la FSSPX : les principes de notre action
Chers fidèles,
Nous allons essayer de voir pendant quelques instants les relations entre Rome et la Fraternité, entre la Fraternité et Rome, en considérant les principes qui nous guident dans ces relations. Il y tant de choses qui se disent. Il y a toutes sortes de rumeurs qui font qu’on nous attribue beaucoup d’intentions. Il me semble qu’il n’est pas inutile de rappeler un certain nombre de principes qui nous ont guidés, qui nous guident toujours et qui sont ceux de Mgr Lefebvre. Et ce d’autant plus que nous vivons des temps difficiles, souvent confus où tous les moyens de communication modernes qui devraient apporter davantage de clarté servent la plupart du temps à augmenter la confusion.
Nous sommes catholiques et nous voulons le rester
Le tout premier principe qui nous a guidés et qui nous guide, c’est tout simplement que nous sommes catholiques et que nous voulons le rester. Si nous sommes ici, si la Fraternité existe, cela s’inscrit certainement dans un certain moment de l’histoire et de l’histoire de l’Église. En effet, l’on voit très clairement que Mgr Lefebvre a été poussé – on peut dire contre son gré – à fonder la Fraternité. Il a été poussé par les séminaristes de Rome, car c’est à Rome que cela commence. Ce sont des étudiants des séminaires romains, déçus par l’enseignement qui devait leur être donné, qui vont voir Mgr Lefebvre et lui demandent de faire quelque chose. C’est une réaction contre ce qui est en train de se passer dans l’Église. Monseigneur commence par ne pas vouloir. Mais l’insistance de ces séminaristes : « Faites quelque chose pour nous », va finalement pousser Monseigneur à ouvrir une maison.
Cela débute par un séminaire à Fribourg, parce qu’à ce moment-là l’université de Fribourg semblait être un peu plus préservée que les autres. Cependant, assez rapidement, Monseigneur se rend compte qu’il ne suffira pas de bien former des séminaristes. En effet, une fois ordonnés, ils vont arriver dans des diocèses qui sont à peu près dans le même état que les séminaires qu’ils viennent de quitter. Ils auront alors une vie impossible, sinon infernale. Apparaît donc la nécessité de donner à ces futurs prêtres une structure apostolique, c’est-à-dire une structure de vie sacerdotale et d’apostolat. Et de nouveau, Monseigneur ne veut pas précéder la Providence. Il envisage la chose, il la voit, mais il la soumet au sceau de la Providence qu’il relie à l’approbation de l’ordinaire local, c’est-à-dire l’évêque de Fribourg. Il dit lui-même « On y verra le sceau de la providence ». C’est ainsi que naît la Fraternité, comme poussée de toutes parts. Poussée par les séminaristes, poussée par les autorités locales, poussée par l’évêque, Mgr Charrière, qui invite Monseigneur à réaliser cette ouvre, à la continuer. C’est le début d’une crise qui n’en finit pas. Et pourquoi cette fondation ? Encore une fois, pour rester catholiques.
Rester catholiques, cela veut tout d’abord dire, avoir un attachement total, absolu à la foi catholique. Il y a un symbole, appelé Symbole de saint Athanase – un symbole c’est un credo -, qui autrefois était récité tous les dimanches par tous les prêtres et par tous ceux qui étaient tenus au bréviaire, et par la suite récité seulement le jour de la fête de la Sainte Trinité. Ce symbole aussi connu que les autres – le Symbole Quicumque – enseigne que quiconque veut être sauvé doit garder la foi intégrale, intègre totalement. Celui qui nie une seule vérité de la foi, un seul dogme déchoit et perd la foi par là même. Perdant la foi, il se ferme les portes du Ciel. Le premier fondement du catholicisme, c’est la foi. Saint Paul le dit d’une manière saisissante : Tous ceux qui veulent s’approcher de Dieu, avant toute chose, doivent croire que Dieu est, que Dieu existe. Cela semble logique, cela semble être évident. Si l’on veut s’approcher de Dieu, il faut croire qu’Il existe. C’est une affirmation très profonde. Il y a beaucoup d’autres paroles du saint Evangile, de la sainte Ecriture qui nous montrent que sans la foi il est impossible d’être agréable à Dieu.
La foi est objective
Le concile Vatican I construira, précisément à partir de cette phrase de l’Apôtre des Gentils, tout le développement sur la foi qui expliquera la raison d’être de l’Église. La première raison d’être de l’Église c’est cette transmission de la foi qui sauve. Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu, il est impossible d’aller au Ciel, il est impossible de recevoir la grâce, il est impossible de vivre en état de grâce, de vivre avec Dieu de cette vie surnaturelle. C’est vraiment le fondement. On le trouve au baptême, dans la première question posée : Que demandez-vous à l’Église ? La foi. Que vous procure la foi ? La vie éternelle. Nous voulons aller au ciel. Eh bien ! il n’y a pas trente-six moyens. Le Bon Dieu nous a donné un seul moyen pour aller au ciel, c’est l’Église, et donc Notre Seigneur. Afin de nous obtenir l’incorporation à Notre Seigneur, l’Église commence par nous donner la foi. Vous avez remarqué que nous vivons dans un temps très étonnant où la foi est attaquée pas seulement du dehors par ses ennemis habituels, les mécréants, les athées et les autres, mais la foi est attaquée aujourd’hui jusque dans l’Église, d’une manière habile, insidieuse. Saint Pie X dénoncera cet ennemi du dedans – l’ennemi est à l’intérieur, dira-t-il – c’est le modernisme.
Le modernisme très habile qui va utiliser les mots foi, croire et qui va les transformer, qui va en changer le sens profondément. Ce modernisme est lié à une philosophie nouvelle, la philosophie moderne qu’on appelle subjective, idéaliste, tandis que la philosophie normale, pérenne est objective. Et la foi est objective. Nous croyons non pas parce que nous avons inventé quelque chose qui nous plairait, non pas parce que nous nous serions inventé un dieu ou une religion. Non ! c’est Dieu qui est un être en dehors de nous, qui est le créateur, qui est notre créateur, c’est Dieu qui a parlé. Il a parlé par les prophètes, Il a parlé par son Fils Notre Seigneur. C’est ce qu’on appelle une foi objective. Elle est en dehors de nous, et pour avoir la foi il faut la recevoir. Recevoir cette révélation. C’est Dieu qui parle, Dieu ne peut pas se tromper et ne peut pas nous tromper. C’est le fondement même de l’acceptation de cette révélation. Cependant, tout n’est pas simple dans la révélation. Il y a des vérités compliquées. C’est pourquoi on les appelle des mystères. Ces vérités nous dépassent. Nous n’avons pas de preuve, nous ne pouvons pas en faire des démonstrations, nous sommes obligés d’accepter tel que, parce que Dieu l’a dit. L’exemple le plus saisissant est la sainte hostie. Nous voyons avec nos yeux une forme ronde, nous pouvons sentir, nous pouvons goûter, les sens nous disent que c’est du pain. La foi nous dit que les paroles de la consécration prononcées – ceci est mon corps -, cela n’est plus du pain, c’est le corps sacré de Notre Seigneur. On se soumet, il n’y a aucune preuve humaine, aucune démonstration humaine, il n’y a que cette soumission de notre intelligence à l’Intelligence de Dieu qui a parlé. C’est un exemple qu’il faut étendre à toute la foi. Cette soumission est faite à Dieu et elle se prolonge dans l’Église, parce que cette révélation doit être transmise d’âge en âge, de génération en génération par des créatures. Or, les créatures de par leur nature humaine sont déficientes, aussi Dieu pour empêcher cette déficience a‑t-il donné un privilège extraordinaire à l’Église.
Son Église qu’Il a fondée unique, l’Église catholique a le privilège extraordinaire de l’infaillibilité afin que cette révélation soit transmise aux autres générations sans erreur et sans déviation. Il est évident que cette garantie doit être vérifiable, elle est liée à des actions humaines. Et il est aussi évident que le Bon Dieu ne va pas se lier n’importe comment à des actions humaines, il y aura des conditions. Ainsi Il va lier sa Toute Puissance à des paroles prononcées par le prêtre pendant la messe. Ce seront les paroles de la consécration – et aucune autre – qui engageront cette Toute Puissance et qui vont produire un effet extraordinaire. Lorsque Dieu parle ce qu’Il dit produit son effet. C’est la différence entre la parole de Dieu et celle de l’homme. Lorsque Dieu dit : ceci est mon corps, cette parole réalise, rend réel ce qu’elle signifie. De la même manière que Dieu a dit « Que la lumière soit » et il y a eu la lumière, de la même manière que Notre Seigneur a dit à un aveugle Vois, et il a vu, ou à un lépreux Je le veux, sois guéri, et il a été guéri, à Lazare qui était mort et entouré de bandelettes Sors d’ici, et il est sorti. Voilà la puissance de Dieu ! De la même manière, Dieu va pour ainsi dire s’obliger à empêcher toute déficience possible par une infaillibilité à certaines conditions. Ces conditions ont été exposées par l’Église et sont au nombre de quatre : il faut dire les chose clairement et donner une définition sur les vérités qui concernent la foi et les mours, il faut que le pape parle en tant que tête de l’Église et il faut qu’il oblige les consciences. Si l’un de ces éléments fait défaut, l’infaillibilité ne sera pas engagée. On voit très bien, dans les difficultés d’aujourd’hui, alors que les papes connaissent ces conditions presque jamais ils ne veulent en faire usage.
Nous adhérons à la Rome catholique
L’un des évènements les plus spectaculaires de ce non-usage de l’infaillibilité, c’est le concile Vatican II. De tous les conciles ocuméniques – ocuménique veut dire catholique, universel, c’est-à-dire qui réunit les évêques du monde entier – de tous les conciles ocuméniques Vatican II est le seul qui n’a pas voulu être dogmatique, qui n’a pas voulu traiter du dogme. Il sort du lot, il a voulu être pastoral. Et plusieurs pères conciliaires dont Mgr Lefebvre sont intervenus pendant le concile pour dire avec insistance :
« Mais définissons les termes, ne laissons pas des ambiguïtés ».
Et la réponse a été à chaque fois :
« Non pas de définition, nous voulons que ce concile puisse être pastoral ».
En soi l’infaillibilité est une chose qui nous est très chère, à nous catholiques, et qui rend la vie particulièrement facile. Il n’y a plus qu’à croire. Le pape a parlé, causa finita, c’est réglé. C’est très simple, il n’y a qu’à croire. Et voilà pourquoi lorsque cette infaillibilité ne veut plus s’engager, l’on aborde toutes sortes de problèmes.
Ce premier principe d’attachement à la foi catholique, Mgr Lefebvre l’exprimera d’une manière admirable le 21 novembre 1974, et l’on peut dire que c’est notre charte encore aujourd’hui, :
« Nous adhérons de tout cour, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité ».
Ce texte nous y adhérons de tout notre cour. « A la Rome catholique » veut dire quelque chose. Cette Rome catholique n’est pas une abstraction, faisons très attention ! Cela n’est pas une abstraction, c’est une réalité. Lorsque Monseigneur dit : Nous adhérons à la Rome catholique, cela veut dire à la Rome catholique aujourd’hui. Cela n’est pas l’adhésion simplement à la Rome de Michel Ange ou la Rome de Saint Pierre. C’est la Rome qui existe aujourd’hui, avec les caractéristiques suivantes : celle qui est catholique, celle qui est gardienne de la foi, celle qui maintient cette foi, cette Rome éternelle. Pourquoi parler ainsi ? C’est un deuxième principe de notre action que nous avons commencé à voir en parlant de l’infaillibilité.
Au sujet du concile, nous abordons quelque chose d’inouï, de jamais vu. De ces autorités auxquelles tout catholique est habitué à reconnaître précisément l’infaillibilité, de cette Église enseignante, de cette maîtresse de sagesse et de vérité, brutalement nous sont arrivés des enseignements, des réformes, des pratiques qui sonnaient mal. Dissonantes, et pire que cela. Tout d’un coup, on se rend compte que ce qui est dit ce sont des erreurs que l’Église a condamnées. Tout d’un coup, on constate qu’arrive au concile une armée d’experts – les théologiens de référence – parmi lesquels nous trouvons une pléthore de condamnés.
Ainsi ceux qui feront le concile dans les années 60 sont grosso modo ceux qui ont été condamnés dans les années 50. Chose tout à fait étonnante et vraiment inouïe ! Non seulement ils seront experts, mais après le concile certains d’entre eux recevront même le chapeau cardinalice en récompense de leur éminente théologie. C’est ce qu’on a vu du cardinal de Lubac condamné en 1950, obligé de quitter sa chaire d’enseignement à cause de ses erreurs, à cause de son livre sur le surnaturel. Yves Congar, lui aussi, créé cardinal pour sa théologie éminente, qui condamné en 1952 s’était exilé. Et il y en a d’autres. Aux Etats-Unis, le père de la liberté religieuse Courtney Murray. En Allemagne, le très fameux Rahner, à moitié condamné ; il est suspect et doit présenter à Rome tout ouvrage avant publication. Et c’est ainsi que de cette bouche qui devrait être la bouche de vérité sortent toutes sortes de choses habiles, très habilement présentées, car la plupart du temps ce ne sont pas des erreurs facilement discernables. S’il y en a tout de même, ce sont en général des ambiguïtés, des mots à double sens. Mgr Weiss, un dominicain, ira se plaindre pendant le concile :
« Mais pourquoi vous ne dites pas les choses plus clairement ? ».
Mgr Weiss est moderniste et son interlocuteur, un expert, lui répondra :
« Nous nous employons à mettre un maximum d’ambiguïtés dans les textes. Nous tirerons les conséquences après ».
C’est ainsi que l’on a pu parler de « bombes à retardement ».
Aucune autorité ne peut nous contraindre à diminuer notre foi
Aussi, portant jugement après le concile, Monseigneur pourra-t-il déclarer :
« Nous refusons par contre et nous avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. Toutes ces réformes, en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l’Église, à la ruine du sacerdoce, à l’anéantissement du sacrifice et des sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans les universités, les séminaires, la catéchèse, – enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamnés maintes fois par le magistère solennel de l’Église. Aucune autorité même la plus élevée dans la hiérarchie ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique clairement exprimée et professée par le magistère de l’Église depuis dix-neuf siècles ».
Aucune autorité même la plus élevée dans la hiérarchie ne peut nous contraindre à abandonner ou à diminuer notre foi catholique ! Beaucoup d’entre vous ont vécu cela directement, certains avec la liturgie, d’autres avec une prédication, un livre, un enseignement épiscopal qui heurtaient la foi. Et vous vous êtes retrouvés devant ce choix : soit rester dans ce à quoi vous étiez habitué, la vie de la paroisse, soit quitter pour rejoindre autre chose, rejoindre une équipe de bannis, de honnis, de condamnés. C’est un drame formidable !
Et ce drame encore tout récemment nous l’avons exposé à Rome en disant :
« Écoutez, nous ne vous faisons pas confiance. Si vous voulez un accord, fort bien ! Mais il faudra commencer avant de faire un accord à regagner cette confiance. Encore aujourd’hui il y a des fidèles, des religieux, des religieuses, des prêtres qui nous rejoignent à cause de ce scandale, parce que dans leur foi, dans leur vie catholique, ils ont été choqués, heurtés, blessés. Ils savent qui nous sommes lorsqu’ils s’approchent de nous. Nous leur disons « faites attention ! vous risquez l’excommunication, la sécularisation., à vous de voir, à vous de choisir ! »
Mais néanmoins ils préfèrent ces censures plutôt que de rester dans la situation où on est en train de les mettre. J’ai conclu auprès des autorités romaines en disant :
« Si vous voulez regagner notre confiance des paroles ne suffiront pas, il faut des actes. Il faut une reprise en main. Il faut condamner ce qu’il faut condamner, les hérésies, les erreurs. Qu’il s’agisse de la foi, qu’il s’agisse de la morale, de la discipline, qu’il s’agisse de la liturgie, il faut que ces actes de condamnation soient connus. Cela dit, il faut aussi des actes positifs. Il faut que la vie catholique qui actuellement est rendue impossible dans l’Église officielle, que la vie normale, traditionnelle soit rendue possible de nouveau. Et cela ne peut se faire qu’en favorisant la Tradition ».
J’ai aussi dit que s’ils voulaient, s’ils espéraient quelque chose de nous il faudrait travailler à enlever cette auréole de pestiférés dont on nous entoure. Nous sommes pires que le diable, a‑t-on parfois l’impression, pour les autorités officielles. Eh bien ! il faut que cela change !
Le mystère des deux Rome
Nous touchons là vraiment à un immense mystère. Cette obligation de discerner, de distinguer entre une Rome et une autre. C’est un cauchemar, et pourtant c’est une réalité. Il ne s’agit pas là de dire que nous rejetons l’Église, que nous renions la foi. Non ! Y aurait-il des images, des comparaisons qui puissent nous aider ? Je pense que oui avec certaines maladies, comme le cancer. Que fait cette maladie ? Le cancer va utiliser les fonctions vitales, les fonctions organiques de l’être vivant pour produire autre chose, et cette autre production se fait au-dedans même de l’organisme. Il est difficile de dire qu’une tumeur est un corps étranger puisqu’elle se développe à l’intérieur et pourtant elle n’a pas sa place dans un corps sain. On pourrait dire que la crise de l’Église est à cette image : une sorte de cancer qui a profité, qui profite des forces, de l’énergie de l’Église, de ses fonctions pour produire un corps étranger. S’il n’y avait qu’une tumeur on pourrait prendre un bistouri et l’extraire assez facilement, mais c’est une sorte de cancer généralisé qui se trouve partout. Dans ce cas on laisse le bistouri et on essaie d’autres méthodes avec succès peut-être, sans quoi on abandonne le malade à sa maladie.
L’Église ne peut pas mourir, elle a les promesses de la vie éternelle. C’est pour cela qu’il ne faut pas la lâcher et qu’il ne faut pas l’abandonner, bien que le cancer soit partout. Et même si ce cancer a défiguré Rome, la Rome éternelle, la Rome catholique, même si on ne la voit plus, il faut la chercher. Certes celle que l’on voit est celle qui s’égare. Si on l’écoute, si on lit les textes officiels, on ne trouve pas souvent cette Rome éternelle, catholique. La distinction n’est pas simple. Encore une fois, ce serait si simple de prendre le bistouri. Eh bien non ! elles sont entremêlées, cette vraie, cette fausse – on peut dire cette fausse – Église qui a comme supplanté la vraie sans pouvoir la faire disparaître. La vraie Rome reste là mais comme par dessous.
C’est le mystère d’une maladie invraisemblable qui a été reconnue par les papes qui ont eux-mêmes causé cette maladie. Oui, ceux qui l’ont causée l’ont dénoncée. Paul VI se lamente sur cette « auto-démolition de l’Église », et pointe du doigt « la fumée de Satan » qui a pénétré dans le Temple saint par quelques fissures. Ce ne sont pas de petites phrases. Ce sont des énormités. Satan dans l’Église ! l’Église que nous professons sainte. Paul VI l’a dit, dans des textes officiels ! En privé, il se demande si nous ne sommes pas arrivés à la fin des temps. Il le déclare à Jean Guitton. Il se demande si ce n’est pas l’Apocalypse. Il va aller jusqu’à dire qu’il est bien possible qu’une pensée qui n’est pas catholique triomphe un jour dans l’Église, tout en gardant assez d’espérance pour affirmer : Mais ce n’est pas l’Église, il restera toujours quelque chose aussi infinitésimal que ce soit, aussi infime que ce soit. Il restera quelque chose. L’Église va survivre. Et c’est Paul VI qui dit tout cela. Jean Paul II, à sa suite, en 1982 dans un texte public va se lamenter sur le fait que dans l’Église les hérésies sont répandues à pleines mains. Les hérésies répandues à pleines mains ! Voyez-vous nous ne sommes pas les seuls à dénoncer un problème, et pas un petit problème, dans l’Église.
Il est évident que devant cet état de fait nous sommes obligés, et tout catholique est obligé de prendre des mesures. Des mesures protectrices de toutes sortes pour garder la foi, pour garder la foi de sa famille, de ses enfants. Ici je parle du fidèle, mais on peut également parler du prêtre, et de l’évêque. Chacun à sa place se trouve devant un problème de conscience inouï, jamais vu. Chacun est comme laissé tout seul devant ce choix qui sera un choix personnel. Il doit se décider : ou continuer avec le risque de l’erreur ou rejeter ce risque et donner l’impression de se détacher de l’Église. Bien sûr, jamais nous ne voulons quitter l’Église ! Et pourtant toutes les apparences disent que nous n’avons plus grand chose à faire avec ce qui se présente encore comme l’Église. Où est la vraie, où est la fausse ? Encore une fois, problème tragique, énorme.
La Fraternité Saint Pie X est une roue de secours.
Transmission de la foi, école, catéchisme des enfants, formation des nouveaux prêtres, liturgie, discipline, morale . face à tout cela, on peut dire devant tout ce qui normalement était reçu sans difficulté, chacun est laissé seul et doit faire un choix. Nous avons des exemples, nous pourrions les multiplier, je vous en donne un qui montre comment les pasteurs dispersent leurs brebis. L’histoire que je vous rapporte se passe au Danemark, mais je suis sûr que c’est l’histoire d’à peu près tout le monde. Un docteur, médecin catholique, met ses enfants dans la seule école catholique du Danemark, parce qu’il tient à l’éducation catholique de ses enfants. C’est si important. C’est même un devoir, une obligation tellement grave qu’autrefois l’ancien droit canon excommuniait les parents qui n’auraient pas donné cette éducation catholique dans le cadre d’un mariage mixte, un mariage avec une personne d’une autre religion. Explicitement, le droit canonique prévoyait l’excommunication pour la partie catholique qui ne prendrait pas les mesures nécessaires pour que ses enfants soient éduqués d’une manière catholique. Ce médecin danois met donc ses enfants à l’école catholique. Et dans cette école catholique, que se passe-t-il ? eh bien ! tout le contraire de ce qui devrait se passer : éducation immorale, éducation sexuelle. Ce bon père de famille se démène. Il va voir d’abord les autorités de l’école, le maître bien sûr, le directeur, le prêtre, l’évêque. Rien n’y fait. Il constitue un dossier. Il l’envoie à Rome. Après quelques mois vient la réponse de Rome. Le cardinal président du Conseil pontifical pour la famille donne raison à ce père de famille : Oui, ces documents que vous m’avez adressés sont scandaleux. Il est absolument inadmissible que dans une école catholique on puisse donner un tel enseignement. Et la lettre du cardinal conclut : Mais je ne peux rien faire. Alors voici ce que je vous conseille unissez-vous à d’autres fidèles, trouvez-les autour de vous et continuez le combat. Ce médecin m’a dit : C’est comme la brebis qui va voir le pasteur en lui disant qu’il y a un loup, et le pasteur lui répond : Moi je ne peux rien faire. Alors vous, les brebis, unissez-vous entre vous et sus au loup ! Allez attaquer le loup !
Parmi ces regroupements de fortune, on peut compter l’ouvre de Mgr Lefebvre. C’est un de ces regroupements de fortune devant cette faillite générale. On peut dire en regardant les fruits de cette ouvre que cela semble être une réponse proportionnée à la crise. Des âmes au moins pourront être préservées, pourront continuer à vivre cette vie catholique dans un monde en déroute.
Évidemment cela peut donner une impression de concurrence avec la hiérarchie romaine, mais en même temps nous sommes tenus par notre foi qui nous fait reconnaître que Rome existe. Nous reconnaissons qu’il y a un pape. Et par là même nous sommes obligés de reconnaître l’ordre établi par Dieu. Car c’est Dieu qui a fait son Église. C’est Dieu qui lui a donné sa constitution et nous ne pouvons pas faire tout ce que nous voulons. Je connais un prêtre – c’est lui qui me l’a dit – qui est allé voir le Bon Dieu en lui disant : Mon Dieu, ce n’est pas juste, nous on n’a pas le droit de taper en dessous de la ceinture, tandis que les ennemis eux ont tous les coups permis ! C’est un peu cela.
Nous ne pouvons pas tout faire. Nous sommes limités dans notre action. Par exemple, nous disons que nous n’avons pas de juridiction ordinaire. Car cela reste dans les mains du pape, dans les mains des évêques. Ce que nous pouvons faire et ce que nous faisons, c’est du secours, c’est le travail du bon Samaritain. C’est à dire que l’on va là où on a laissé les âmes sans secours, les âmes qui ont droit à ce qu’on s’occupe d’elles, au moins au nom de la charité. L’Église heureusement transcende les hommes qui la composent. Il y a dans ses principes qu’elle est faite pour sauver. Dieu a fait l’Église pour sauver les âmes. Et ainsi à côté des lois, disons habituelles, il y a les grands principes de l’Église. Ces grands principes nous disent que s’il peut arriver que certaines dispositions des lois deviennent nuisibles en raison de certaines circonstances, il ne faut pas se laisser contraindre par ces dispositions nuisibles. Il faut recourir aux principes supérieurs. Et dans ces cas là, l’Église supplée. Un exemple extrêmement touchant de cette suppléance de l’Église, c’est celle du danger de mort. Lorsque l’on s’en tient aux lois habituelles, normales de l’Église, si un prêtre a commis des fautes graves, le Droit canon nous dit qu’il est excommunié, mais ce prêtre garde son caractère sacerdotal, il est prêtre pour toujours, toutefois étant excommunié il n’a pas le droit d’exercer son sacerdoce. Par exemple un prêtre orthodoxe, donc non catholique, mais dont l’Église catholique reconnaît la validité du sacerdoce, un prêtre orthodoxe est un vrai prêtre. Mais évidemment, on n’aurait pas l’idée d’aller voir un prêtre orthodoxe pour recevoir les sacrements. Il est excommunié, il est en dehors de la communion de l’Église. Il n’est pas catholique. On ne va pas s’adresser à lui. Mais l’Église nous dit : si vous êtes en danger de mort, ce sont là vos derniers instants sur terre, ce qui compte avant tout et plus que tout c’est que vous soyez sauvé. A cet instant-là l’Église oublie toutes les censures, toutes les excommunications et nous dit : si vous ne trouvez personne d’autre que ce prêtre orthodoxe, eh bien ! appelez-le. Il vous donnera l’absolution, les derniers sacrements non seulement d’une manière parfaitement valide, mais aussi licite. Vous êtes en ordre devant Dieu et l’Église. Pourquoi ? parce que la première loi, celle qui compte avant toutes les autres, c’est que cette âme soit sauvée.
. ..dans un état de nécessité spirituelle
Et c’est sur ce principe que nous basons notre action. Des morts il y en a de plusieurs sortes. Il y a bien sûr la mort physique, celle-là n’est pas trop difficile à comprendre. Il y en a une autre, la mort morale. Les âmes aujourd’hui sont tellement désemparées, elles ne trouvent plus de prêtre, et pourtant elles ont besoin de ce soutien de la grâce, de la foi. C’est pourquoi sans hésiter, malgré toutes les condamnations, nous nous approchons des âmes. Et l’Église, je dis bien l’Église, la vraie, daigne utiliser ces roues de secours que nous sommes pour vous apporter la grâce, pour vous sanctifier, pour vous sauver. Lors de l’audience avec le Saint Père, le 29 août dernier, Benoît XVI a fait la liste des problèmes que, selon lui, la Fraternité pose. Et le premier problème qu’il a évoqué a été ce qu’il appelait l’obéissance, la soumission, la reconnaissance du pouvoir du pape. Il a continué en précisant : « Vous n’avez pas le droit de justifier votre action au nom de l’état de nécessité ». Parce qu’effectivement ce que je viens de vous décrire, cet état de risque de mort spirituelle, c’est ce que l’on appelle l’état de nécessité. Les membres du clergé officiel, ceux qui devraient faire leur travail ne le font plus, alors nous venons au secours des âmes. C’est bien un état de nécessité. Et le pape de nous dire : Vous n’avez pas le droit de baser votre action sur un état de nécessité. La raison qu’il donne à cette interdiction d’utiliser le cas de la nécessité est la suivante : J’essaie, me dit-il, de résoudre les problèmes. Nous nous en réjouissons, mais dans le même temps ces paroles justifient parfaitement ce que nous faisons, parce que d’une part le reconnaît ainsi qu’il y a des problèmes, et d’autre part puisqu’il essaie de les résoudre c’est qu’il ne les a pas encore résolu. Donc il y a vraiment état de nécessité.
Et de fait, dans la suite de l’entretien, à un certain moment, le pape lui-même me dira sur un mode dubitatif, il est vrai, mais c’est lui qui en parlera : Il faudrait voir s’il n’y a pas état de nécessité en France et en Allemagne. Pourquoi ces deux pays ? Pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? Pour moi qui fais le tour du monde, je vous avoue que je ne voie pas grande différence entre la France, l’Allemagne, l’Argentine, la Russie, la Chine, le Japon, les Philippines ou l’Australie. Si l’on peut se poser la question de l’état de nécessité à propos de ces deux pays, nous sommes prêts à étendre le débat et à aller plus loin. C’est fort intéressant parce que cela montre que le pape actuel reconnaît qu’il y a des problèmes gravissimes dans l’Église. Il reconnaît qu’il y a une crise dans l’Église. Ceux qui l’ont précédé ont dit la même chose, c’est vrai, puisqu’ils ont parlé de la fumée de Satan, et d’hérésies répandues à pleines mains. Mais Benoît XVI nous dit que il fait des efforts pour résoudre les problèmes. Nous nous en réjouissons, mais encore une fois nous attendons les actes.
Un autre principe qui guide notre action à propos de cette difficulté que nous avons à distinguer entre la vraie et la fausse Rome, c’est la nécessité d’une connaissance du terrain humain, et – je vais plus loin – c’est la nécessité d’appréhender le réel tel qu’il est. Lorsqu’on observe la psychologie humaine, on sait bien que l’homme a une tendance assez poussée à colorer ses jugements en fonction de ses sentiments. Quand on aime quelqu’un on lui pardonne facilement à peu près tout, mais quand on en a contre quelqu’un on ne lui laisse pas passer une virgule. C’est un petit exemple, mais que l’on peut appliquer ici. Ainsi donc nous qui nourrissons une méfiance extrême envers les autorités aujourd’hui, nous allons tout scruter avec cette tendance ; c’est normal et compréhensible. Le danger est qu’au moment où des actes sont posés et parce qu’ils ne sont pas suffisamment clairs, on les interprète dans un sens plutôt que dans l’autre. Et on peut alors faire des erreurs. Il nous faut donc beaucoup de lumière car il n’est pas évident de voir clair dans ce jeu. Ainsi on voit des fidèles qui aimeraient tout simplement tourner la page, tirer le rideau sur la Rome d’aujourd’hui : on place tout le monde dans l’hérésie, on met tout le monde hors de l’Église, et comme cela c’est beaucoup plus facile, il n’y a plus que nous ! Manifestement cela n’est pas la réalité. Manifestement il y a encore des âmes catholiques dans l’Église officielle et à Rome. Cette solution qui consiste à dire qu’il n’y a plus de pape, qu’il n’y a plus d’évêque, et tout le monde au panier, ce n’est pas la solution. D’ailleurs ceux qui ont adopté cette ligne de conduite ont maintenant à peu près une vingtaine de papes. Cela ne résout absolument pas la crise de l’Église, et ce n’est pas ce chemin que nous suivons. Notre ligne est celle-ci : à cause d’une expérience quotidienne, nous sommes obligés d’observer une réserve extrême envers la hiérarchie, car nous ne voulons pas courir le risque de périr spirituellement, sur ce plan nous n’avons pas le droit à l’erreur. Ce qui explique un retrait, un retrait nécessaire de nos ouvres par rapport à la vie de l’Église officielle. C’est une question de prudence, mais une prudence qui doit doser deux éléments : la foi qui réclame que nous reconnaissions l’Église, l’Église qui n’est pas morte parce qu’elle a les promesses de la vie éternelle ; cette foi qui nous oblige à reconnaître que le pape est vraiment pape, que l’Église sera visible jusqu’à la fin des temps. Ainsi le concile Vatican I dans un de ses canons nous oblige à croire qu’il y aura un successeur de Pierre jusqu’à la fin des temps. Et l’autre élément, cette méfiance. – D’un côté, à cause de la foi, l’espérance de voir l’Église se relever et, de l’autre côté, cette méfiance.
Qu’est-ce qui a changé avec Benoît XVI ?
C’est dans cette situation-là qu’arrive un nouveau pape. Est-ce que l’avènement de Benoît XVI a changé quelque chose ? oui et non. Qu’est-ce qui a changé ? du côté des hommes ? du côté du concile ? du côté des directives ? – Rien. Mais alors qu’est-ce qui a changé ? – Un état d’esprit. Il y a, avec l’avènement de ce nouveau pape, un peu partout dans l’Église une attente. C’est très clair. Il y a comme une espérance. On attend. On attend un mieux. Et cet état d’esprit se manifeste, si je regarde Rome, par le fait que les conservateurs dans la curie reprennent courage, se réjouissent, sont pleins d’espérance, et qu’au contraire les progressistes grincent des dents. Le climat – mais ce n’est pas facile à décrire un climat – a changé à Rome : on regarde la Tradition avec un oil plus favorable. Mais il n’y a jusqu’ici aucun acte clairement posé, beaucoup de bruits, d’annonces. Je vous en donne quelques-uns en précisant bien qu’il ne s’agit que de bruits provenant de la curie, qui ne sont jusqu’à présent que des plans, des idées qui verront ou ne verront jamais leur réalisation. Dieu seul le sait. A propos de la libéralisation de la messe, même partielle, je peux vous assurer, avec les éléments qui sont en notre possession, que des personnes très bien placées dans la curie s’attendaient à un décret à la fin du synode des évêques, mais il y a eu une action des progressistes assez violente qui en a empêché la publication. Cette action a été conduite par les bugninistes – les disciples de Bugnini, celui qui a fait la nouvelle messe -, elle a été menée par l’ancien secrétaire de la Congrégation du culte divin qui a passé son été à rédiger une note. Cette note de sept pages a été signée aussi par le préfet de la Congrégation du culte, le cardinal Arinze. Il s’agit d’une note privée, mais avec numéro protocolaire de la Congrégation, qui a été remise au pape. Et ce document disait : Vous n’avez pas le droit de libérer la messe parce qu’elle a été abolie. Devant cette manouvre, manifestement le pape a reculé et a retardé son décret. Nous en sommes toujours là. Pas tout à fait, parce que l’auteur de la note, entre temps, a sauté. Il se retrouve maintenant archevêque d’Assise. Pauvres gens d’Assise !
Nous en avons parlé de cette note avec le cardinal Castrillon Hoyos, et la manière dont il réagissait montrait très clairement qu’il y a quelque chose en voie et qu’il est tenu au secret. C’est une des grandes lignes de conduite du pape actuel : personne ne sait rien et tout le monde est frustré , les cardinaux les premiers. C’est le mode de faire du pape actuel. Il ne dit rien, et c’est probablement mieux. Dans ces conditions nous sommes réduit à des conjectures. Nous avons cependant quelques éléments. A quoi faut-il s’attendre ? qu’est-ce qui va venir ? qu’est-ce qui ne va pas venir ? qu’est-ce qu’il va faire ? qu’est-ce qu’il ne fera pas ? Beaucoup, beaucoup de questions ouvertes. Une chose est sûre, et c’est déjà un point très intéressant, c’est que les progressistes sont contre. Une manière de juger une situation, c’est de voir ce que pense l’ennemi. Eh bien ! l’ennemi est contre, et actuellement il a mis au point sa stratégie par rapport au pape actuel. Elle consiste à dire que le pape est vieux, qu’il ne durera pas longtemps et qu’on attend le prochain. En attendant, on bloque les dossiers importants, on freine et on fait de l’obstruction. Résistance passive. Voilà la manière de faire, la manière adoptée par les progressistes devant le pape actuel.
Donc « quelque chose » au sujet de la messe est en préparation. Vous en dire plus ? il y a beaucoup d’inconnus. Qu’est-ce qui va réellement être fait ? mystère ! Un bruit assez sérieux nous dit qu’il n’y aura pas de libération totale de la messe au moins pour l’instant. A la longue on pourrait y arriver, mais avant le pape veut créer un climat, parce que libérer la messe comme cela provoquerait trop d’opposition et n’aboutirait à rien.
Vers une discussion doctrinale ?
A propos des communautés Ecclesia Dei, Fraternité Saint Pierre, Christ Roi et autres., il y a également une idée en gestation qu’on nous annonce depuis assez longtemps, mais rien ne se passe. L’idée existe bien, mais je subodore que jusqu’ici on n’est pas encore passé ou ne va pas encore passer à l’action, car on veut d’abord renforcer ces sociétés. Déjà avant ce pontificat, depuis au moins une année, on réfléchit sérieusement c’est-à-dire concrètement à l’élaboration d’une structure qui permette un développement plus facile aux communautés et donc aux fidèles qui veulent l’ancienne messe. Je ne parle pas ici de la Fraternité Saint Pie X, mais des autres sociétés qui dépendent de la Commission Ecclesia Dei. Et cela parce qu’on se rend bien compte que les livrer simplement au bon vouloir des évêques ne produit à peu près aucun fruit. Même à Rome on est passablement déçu de voir comment les évêques obéissent et surtout n’obéissent pas au pape. Donc on a sérieusement l’intention de donner un peu plus de liberté à ces fidèles et aux sociétés Ecclesia Dei. La structure préconisée serait du genre de celle de Campos, c’est-à-dire probablement plusieurs administrations apostoliques à travers le monde, avec à Rome même un renforcement de la Commission Ecclesia Dei pour donner plus de poids à cette structure. C’est compréhensible lorsqu’on sait que Benoît XVI a une certaine sympathie pour l’ancienne messe et n’aime pas trop la nouvelle. Donc on peut comprendre, il l’a déjà suffisamment exprimé avant d’être pape, on peut comprendre qu’il veuille laisser plus de champ d’action à l’ancienne messe. Et ce n’est pas une utopie de penser qu’à un certain moment cela sera réalisé. Être plus précis, je ne peux pas. Je n’en sais rien.
Il y aura aussi des changements à Rome, et si le pape veut vraiment faire quelque chose, il doit commencer par là. Il doit mettre en place dans la curie aux postes clés un certain nombre de personnes qui soutiennent sa volonté de réforme. Si vous voulez, c’est un peu schématique, mais on pourrait définir ainsi notre pape Benoît XVI : une tête mal formée par une philosophie moderne, libérale, parfois moderniste, et un cour conservateur. Ce qui fait que lorsqu’il s’agit de poser des actes concrets, on aura quelqu’un de relativement proche de nous, lorsqu’il s’agira de proclamer, d’expliquer, de déclarer on aura quelqu’un d’assez loin de nous. Pendant l’audience, par exemple, il était très clair que le grand point d’achoppement ce sera le concile. Benoît XVI est vraiment un pape du concile. Je vais plus loin, pendant la discussion ce n’était pas explicite, mais c’était clair, on avait vraiment l’impression que le pape actuel ne conçoit pas un catholique qui ne soit imbu de l’esprit de Vatican II. C’était impressionnant, et je crois que ce sera vraiment le grand point de discorde. Sur le plan de la liturgie, j’ai l’impression que nous arriverons à quelque chose, mais il restera cette discorde doctrinale. Est-ce que nous arriverons jamais à discuter ? jusqu’ici Rome a pratiquement toujours refusé la discussion. Il y a eu certes la présentation des dubia sur la liberté religieuse du temps de Mgr Lefebvre, mais depuis il n’y a pas eu d’entrée en matière. Nous avons toujours essayé d’amener le débat. Actuellement nous en sommes à un point où je pense qu’un tel débat pourrait être bientôt possible. Je n’exclus pas dans les mois qui viennent qu’on arrive à cette discussion. Il faut comprendre, et c’est très important, que Rome en fait ne nous traite pas comme des gens qui seraient en dehors de l’Église. Elle ne nous traite pas comme elle traite, dans le cadre de l’ocuménisme, ceux qui sont en dehors, schismatiques ou hérétiques. A ceux-là on propose le dialogue, mais pas de dialogue avec nous. La discussion ne peut être, aux yeux des autorité romaines, que celle de l’élève avec son professeur, de l’enseigné avec l’enseignant ; Rome étant l’Église enseignante, et nous les enseignés. Un prêtre est allé voir certains cardinaux pour leur dire : Mais pourquoi ne discutez-vous pas avec la Fraternité ? La réponse a été : Mais parce que ce serait une discussion d’égal à égal, cela ne va pas. – Et, en soi, c’est vrai que cela ne va pas, pourtant les problèmes sont là et il faudra bien les traiter.
« Ni hérétiques, ni schismatiques » selon le cardinal Castrillon Hoyos
Récemment le cardinal Castrillon Hoyos, celui qui a été mandaté explicitement par le pape pour s’occuper de la Fraternité, son délégué officiel, a déclaré publiquement au cours d’une interview à la télévision italienne Canal 5, le dimanche 13 novembre à 9 heures du matin : « La Fraternité n’est pas hérétique ». Et il a continué : « En prenant les mots au sens strict et précisément, on ne peut pas dire que la Fraternité est schismatique ». Donc la Fraternité n’est ni hérétique ni schismatique. Voilà ce qui est dit non pas dans un document officiel, mais au moins publiquement par le représentant du pape sur notre situation. Il a poursuivi en disant de nous : « Ils sont dedans ». Si nous ne sommes pas schismatiques, nous sommes dans l’Église, et donc on ne peut pas parler de communion imparfaite parce que la communion existe. Alors il faudrait plutôt parler, dit-il, de recherche d’une communion plus parfaite. C’est relativement récent. C’est un langage, je crois, un peu nouveau. Nous verrons comment les choses vont se poursuivre. A l’audience, pour la résumer, le pape a commencé par poser la question au cardinal Castrillon qui était présent : Où en sommes-nous ? quel est l’état des choses ? Et la cardinal a répondu
: « Très Saint Père, tout est en ordre. Il n’y a plus de problème, vous n’avez plus qu’à régler, faire la sanatio, et tout est en ordre ».
Ensuite le pape m’a posé la même question et j’ai dû freiner un peu en disant : Très Saint Père, je partage totalement votre perception de la situation de l’Église lorsque vous dites que c’est une tragédie, et l’une des manifestations de cette tragédie est que la vie traditionnelle est impossible dans l’Église officielle. On ne peut plus vivre catholiquement, ceux qui essaient se font couper la tête. Bien sûr, je ne l’ai pas dit comme cela au pape, mais je lui ai expliqué comment un prêtre nous avait rejoint en Argentine, un jeune curé qui ne pouvait plus vivre sa vie de prêtre dans sa paroisse entre les paroissiens et l’évêque qui lui rendaient la vie tellement impossible qu’il ne pouvait plus. Il s’est trouvé devant des problèmes de conscience, tout comme une religieuse du couvent à côté de Menzingen à qui il était devenu impossible de vivre sa vie religieuse. Je n’avais pas besoin d’aller chercher trop loin des exemples pour expliquer au saint père que cette simple vie catholique n’est plus possible. Il faut d’abord la rendre possible avant d’arriver à un quelconque accord. Et c’est à ce moment que j’ai proposé l’idée de procéder par étapes. Évidemment notre perception des choses est un peu différente de celle de Rome. Lorsque nous disons qu’il faut procéder par étapes cela veut dire : pour que l’Église revienne à la Tradition, pour que l’Église redevienne ce qu’elle était, tout simplement. Ce serait bien beau si tout se faisait en un instant, mais en général, quand il y a des hommes, cela met plus longtemps, cela passe précisément par un certain nombre d’étapes. Du côté de Rome on est d’accord pour parler d’étapes, mais dans un autre sens : Que la Fraternité réintègre par étapes l’Église. Cela n’est pas exactement la même chose, il est vrai, mais il y a un certain terrain commun où l’on peut dire à Rome : Réintroduisez la messe, laissez cette liberté à la messe, enlevez-nous cette auréole de pestiférés, car cela pourra faire du bien à l’Église. Nous avions proposé dès le début, je ne sais pas si vous vous souvenez, dès le début en 2000. Nous avions dit à Rome : Avant de discuter, avant d’aller plus loin, il faut des préalables.
Ces préalables, nous en avions donné deux : c’était la liberté de la messe, la liberté pour tous les prêtres, nous l’avons déjà nous, ce n’est pas pour nous. Et, puisque l’on utilise toujours cette excommunication comme un épouvantail pour faire peur aux gens et pour limiter le bien que l’on pourrait faire, que l’on enlève cet épouvantail. Jusqu’ici Rome avait toujours refusé. Je pense qu’avec le nouveau pape on est en train d’y réfléchir. Je crois que Rome n’exclut plus l’idée que nous avions proposé au départ qui était celle de créer une nouvelle situation pour la Fraternité où elle ne serait engagée absolument en rien envers les nouveautés. Nous restons tels que nous sommes mais, si on peut dire, débarrassées de ces quolibets, de ces étiquettes qui font peur. Tout en disant à Rome : Pendant ce temps-là, tout simplement, vous nous regardez faire. Vous ne vous engagez à rien vous non plus, vous regardez et vous laissez cette liberté de la messe. Pourquoi ? Parce que c’est un droit de l’Église. A Rome, ce droit de la messe est reconnu sauf par l’archevêque Sorrentino qui vient de sauter. C’est vraiment l’avis commun que l’ancienne messe n’a jamais été interdite ou abrogée. Le cardinal Medina l’a dit plusieurs fois dans certains entretiens ces derniers temps, depuis quelques mois. Mais nous avons plusieurs textes, plusieurs témoignages qui montrent que c’est vraiment la thèse commune.
A Rome on reconnaît que l’ancienne messe n’a jamais été interdite. Et si elle n’a jamais été interdite, pourquoi n’est-elle pas permise ? En fait, elle n’a même pas besoin d’être permise. Si elle n’a jamais été interdite, elle est. Elle est de plein droit. Rite de l’Église, tout prêtre a le droit de la dire. Mais voilà les progressistes ont réussi à créer une ambiance de terreur autour de la messe. Et d’ailleurs ils savent très bien, les progressistes, que si on lâche un peu trop la messe, ce sont toutes les réformes qui sont remises en cause. Pourquoi ? parce qu’il y a dans l’ancienne messe une force, une puissance de grâces qui réclame la foi, qui réclame la morale, la discipline chrétienne. Cela les progressistes le savent et ils en ont peur. Ils ont une peur bleue de perdre leurs réformes si on lâchait la messe. Raison de plus pour nous d’y travailler ! Tout n’est pas dans la messe bien évidemment, mais ce serait un pas important.
Des évêques, des prêtres demandent la liberté de la messe tridentine
Il faut ajouter à tout cela, à côté de ce travail difficile auprès des autorités romaines, qu’il y a des fruits plus évidents et plus consolants, à un autre niveau, qui montrent bien que notre action n’est pas stérile. C’est au niveau des évêques, au niveau des prêtres. Nous essayons de rencontrer plusieurs évêques, de leur donner des documents pour les faire réfléchir. Et au niveau des prêtres, je ne serais pas étonné si tout d’un coup, au moins localement, on assistait à des sortes d’avalanches. On n’en est pas encore là et je sais bien qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, néanmoins nous assistons à des phénomènes assez étonnants. Je ne vous donne pas de noms de lieux, cela risque d’être trop dangereux pour ceux qui peuvent être reconnus, mais je peux vous assurer que dans pas mal de pays nous avons des relations avec des prêtres, surtout de jeunes prêtres qui commencent à s’organiser entre eux. Dans certains lieux ils essaient d’influencer l’évêque, dans d’autres, à l’insu de l’évêque, ils réapprennent l’ancienne messe. Dans certains lieux ce sont les évêques eux-mêmes qui cherchent cette évolution. J’ai le témoignage du cardinal Castrillon lui-même, responsable d’Ecclesia Dei, pour qui que le nombre d’évêques demandant l’ancienne messe croît de plus en plus. C’est un mouvement qui augmente. Je l’ai entendu récemment de cinq évêques espagnols qui ont demandé au pape la liberté de la messe. Il y en a aussi en Italie. Il commence aussi en France à y en avoir. Ce sont des mouvements extrêmement discrets justement à cause de cette terreur qui règne encore. Sommes-nous proches d’un déclic qui pourrait provoquer une avalanche ? Ces jours-ci je vais recevoir une pétition de deux cents prêtres qui me demandent de porter leurs souhaits, leurs demandes à Rome. Deux cents prêtres.
Tout cela nous montre qu’il faut continuer. Cela montre aussi que la fermeté paie, et que ce n’est pas le moment – si je puis dire ainsi- de lâcher bêtement. Il ne s’agit pas d’un jeu humain ou machiavélique. Ce n’est pas cela, c’est beaucoup plus sérieux, plus grave. Il y va du bien de l’Église. Après l’audience j’ai écrit une lettre au pape pour lui dire que je le remerciais de sa bienveillance. De fait, il était bienveillant pendant l’audience et je voyais qu’il cherchait une solution, mais en même temps je voyais cette pierre d’achoppement qu’est le concile et qui probablement demeurera pendant tout ce pontificat. J’ai donc estimé devoir lui exprimer clairement que je n’étais pas d’accord sur ce point. Il l’a mal pris. C’est presque normal. Néanmoins il m’a fait demander par le cardinal Hoyos pourquoi j’avais dit cela. J’ai répondu que je ne voulais pas me trouver avec les problèmes de conscience qu’avaient la majorité des prêtres de la Fraternité Saint Pierre et les trois quarts des prêtres de Campos. Il semble que cela ait touché Rome.
Dans une réunion suivante, la dernière que j’ai eue avec le cardinal qui a duré assez longtemps et qui a été, je pense, fructueuse, nous avons précisément indiqué cette méfiance et cette nécessité pour Rome – en pensant ou sans penser à la Fraternité, mais simplement pour sortir de la crise – nécessité de poser des actes qui vont contre les causes de cette crise et à tous les niveaux. Et pour cela j’ai aussi demandé et insisté sur la messe en disant que donner une ouverture sur la messe serait permettre à l’Église de se recentrer sur NSJC, sur la Croix, sur le Sacrifice. Cette parole a été retenue, c’est immense quand on y pense. Nous avons aussi proposé de présenter une liste de nos objections sur le concile et les réformes. Ce qui évidemment est un travail énorme. Au moins on a accepté la liste. Nous espérons que cela débouchera sur une discussion, nous verrons bien. Donc plus d’espérances que de mécontentements, mais sans illusion. Les difficultés sont grandes parce que jusqu’ici on voit que le concile reste un sujet tabou qu’on essaie de placer hors de toute discussion. Il s’agit – c’est vraiment l’impression dominante – il s’agit pour le pape de sauver le concile, de le sauver en disant qu’il n’y a qu’une interprétation permise ; c’est pourquoi il essaie d’éliminer tout une série de déviations qui sont peut-être, en partie, cause de la crise. Mais on ne touche pas au concile ! Et nous de dire : Mais le problème se trouve dans le concile, pas ailleurs ; en partie seulement ailleurs.
Le monde y est pour quelque chose, certes, mais toutes ces ambiguïtés dans les textes ont été voulues. Le simple fait de dire qu’il faille lire le concile à la lumière d’une interprétation, cela veut dire qu’il n’est pas clair en soi. Si le concile était clair, on n’aurait pas besoin d’interprétation. Et puis, lorsqu’on parle de tradition vivante, qu’est-ce que c’est que cela signifie ? Cette tradition vivante est très vraisemblablement le pape lui-même. Le pape qui lit l’enseignement du passé et qui le redit aujourd’hui. Voilà ce que c’est que la tradition vivante. Mais je crois que nous ne sommes pas d’accord sur cette définition de la tradition. Car pour nous la tradition c’est ce que l’Église a toujours donné comme définition : ce qui a été cru et enseigné toujours, partout et par tous. Quod ab omnibus, quod ubique, quod semper. La définition de saint Vincent de Lérins, la définition classique de la tradition est beaucoup plus simple ; tout le monde comprend.
Ainsi donc, d’un côté, espoir qu’un jour cela ira mieux, espoir que le pape fera quelque chose. Jusqu’où ? nous n’en savons rien ! Et de l’autre côté, nécessité absolue et impossibilité d’un quelconque compromis qui mettrait en jeu notre foi : nous sommes catholiques et nous tenons à le rester. Advienne que pourra !
Prions ! C’est le temps de la Sainte Vierge
Nous prions, il faut prier pour le pape. Il faut le faire sérieusement. Si nous le reconnaissons, reconnaissons que sa tâche est immense et d’une certaine manière impossible.
Pour qu’il fasse du bien, il a besoin du Saint-Esprit, besoin de toute la grâce, de la force, de la sagesse et de toute la lumière du Saint-Esprit. Et si le Bon Dieu avait liées ces grâces à notre prière, mes biens chers frères ! Si, au moment de paraître devant le Bon Dieu, il nous était révélé que cela aurait dépendu de notre prière, je crois qu’on s’en mordrait les doigts, n’est-ce pas ? Alors ! faisons tout le bien que nous pouvons. Il faut prier pour le pape de la même manière qu’il faut prier pour les autorités, c’est saint Paul qui nous le dit. Les autorités ecclésiastiques, les autorités civiles, même quand on n’en est pas content, il faut prier pour elles. Elles ont des responsabilités, des responsabilités sur nos âmes.
Et surtout il faut vaincre le mal par le bien. Nous voulons, nous espérons que la tradition triomphe un jour. C’est notre prière intime, c’est notre espérance. Travaillons pour cela. Partout cherchons à faire le maximum de bien, chacun à sa place, chacun selon son pouvoir et ses grâces. Nous sommes tellement certains que Dieu, N.S. Jésus-Christ est le chef de l’Église. Il a promis que les portes de l’enfer ne prévaudront pas. Nous sommes certains de la victoire doublée, si on peut dire, de celle de la sainte Vierge. Alors accrochons-nous ! Nous souvenant toujours que Dieu reste Dieu, divine providence infaillible.
A aucun moment de cette crise de l’Église, Dieu n’a perdu le contrôle, Il reste le maître de tout ce qui se passe. Et pour tout ce qui est mauvais, Dieu le permet en en fixant la limite. Aucun de ces maux n’a pu franchir la limite que Dieu leur a imposée. De la même manière que dans la barque où Il dormait, il n’y a pas eu une goutte de plus qui n’est entrée que ce que Dieu avait permis. Un Dieu tellement puissant qu’Il est capable de permettre un tel mal, parce qu’Il est encore bien plus capable d’en tirer un bien plus grand ! Souvent nous l’ignorons et nous avons bien du mal à le comprendre, néanmoins Dieu a tout disposé dans sa sagesse infinie pour sa gloire et pour notre salut. « Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu », même la crise de l’Église !
Il nous faut nous accrocher à ces vérités qui nous donnent force et espérance. Dieu a promis, et Il s’oblige. C’est son honneur qui est en jeu. Il a promis que ceux qui le cherchent le trouveront, qu’Il n’abandonnera jamais ceux qui veulent, plus précisément ceux qui mettent le prix pour vouloir l’honorer, pour le servir et ainsi être sauvés. Demandons donc à Notre Dame qu’elle soit notre protection, notre refuge, car c’est le temps de Marie. On le voit bien à Fatima, on le voit bien à Lourdes, à la Salette. C’est le temps de la Sainte Vierge. Un temps de troubles, certes, mais qui finira par la victoire de la Sainte Vierge.
Aussi travaillons beaucoup à renforcer notre foi, à vivre de la foi, à ne pas se laisser décourager par les évènements, j’allais dire, simplement humains. Il faut aller beaucoup plus haut. Dieu premier servi ! « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ».
Que la Sainte Vierge nous aide à acquérir cette détermination à servir Dieu, à l’honorer, à le louer comme l’Église l’a toujours fait.
† Bernard Fellay
Cette conférence du 11 décembre 2005 est disponible en version audio