[Le sermon a été transcrit en respectant le langage parlé et les intonations ]
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
« Tout pouvoir m’a été donné du Père au Ciel et sur la Terre. Allez donc enseigner toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »
Voilà la mission de l’Eglise, la mission de la Fraternité Saint-Pie‑X et la foi que nous avons dans le pouvoir de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans le pouvoir du Christ-Roi, du Christ-Prêtre qui nous anime depuis notre fondation. Nous avons mené ce combat pour le Christ-Prêtre, pour Son Sacerdoce, pour Ses Prêtres et pour le Christ-Roi c’est-à-dire pour une Cité catholique, pour un Etat catholique. Et nous continuerons à lutter, bien chers fidèles. Comme l’ont fait les Saints des premiers siècles de l’Eglise confrontés aux hérésies qui minaient la foi catholique, comme aujourd’hui. Il y a une comparaison à faire entre les hérésies ariennes, etc. contre la Sainte Trinité, et l’hérésie actuelle contre le Sacerdoce et la Royauté de Jésus-Christ.
Eh bien je commencerai cette comparaison simplement en vous exposant trois hérésies de l’Antiquité qui ont été vaincues par les Saints et par les prêtres.
Alors tout d’abord l’arianisme.
Arius, prêtre d’Alexandrie en Egypte, se dresse contre le dogme catholique en déclarant : « Non, le Verbe de Dieu, le Fils, n’est pas égal au Père. Il n’est pas Dieu. Le Verbe de Dieu est une créature. » Et il cite saint Paul à tort et à travers en disant, oui c’est le Premier-Né de toutes créatures. Saint Paul a écrit cela : Jésus, le Verbe, est le Premier-Né de toutes les créatures, c’est-à-dire dans le Plan de Dieu. Dieu L’a vu en premier dans Son Plan de Création. Il a vu Son Fils incarné, etc. Arius dit : « Non, c’est indigne que Dieu devienne chair. Moi, j’ai trouvé une nouvelle doctrine. Non, Dieu ne s’est pas… Non le Verbe n’est pas Dieu. Le Verbe n’est pas Dieu. » Et alors, on va réunir un concile, un vrai concile, le Concile de Nicée, pour condamner Arius et déclarer que le Verbe de Dieu est en tout égal à Son Père, que le Verbe est consubstantiel au Père. Et nous le confessons chaque dimanche dans le Credo. Consubstantialem patri. Le Verbe, Dieu le Fils, est consubstantiel à Son Père. Ils forment une seule substance, un seul Dieu. Et c’était un mot philosophique, qui n’était pas dans la Bible. Et les Pères du Concile ont hésité à prendre ce mot qui était un mot philosophique, qui venait des païens et qui pouvait signifier des choses tout à fait étranges comme dire que, eh bien, finalement, Dieu le Père et Dieu le Fils sont deux masques d’une seule personne. En Dieu il y aurait une seule personne qui prendrait tour à tour le masque du Père ou le masque du Fils. Et saint Athanase lui-même a eu de la difficulté à adopter ce vocable « consubstantiel », mais finalement, il l’a pris. Et saint Athanase a appliqué le Concile de Nicée. A lutté et a combattu et a souffert, a été envoyé en exil, s’est réfugié dans le désert, etc. A cause de la foi dans la Sainte-Trinité. Pour défendre l’égalité absolue du Père et du Fils. Pour défendre la Divinité du Verbe de Dieu.
N’est-ce pas cela que nous devons imiter, chers fidèles, en combattant sans pitié les hérétiques ariens ? Et c’est l’énergie de saint Athanase qui en grande partie a pu vaincre l’hérésie arienne. Donc ne cessons point le combat qui va durer encore à mon avis vingt ans. Car la crise que nous subissons actuellement est une crise grave, donc une crise longue, et l’Histoire de l’Eglise nous montre que toutes les crises longues ont duré soixante-dix ans. L’Arianisme, le Grand Schisme, etc. Et donc la crise conciliaire durera soixante-dix ans. Nous avons encore trente ans à attendre. Ne croyons pas trop vite à la victoire. Nous l’aurons parce que Jésus a donné tout pouvoir à Son Eglise. Nous en sommes.
Deuxième hérésie qui a surgi après, c’est l’hérésie nestorienne.
Nestorius, évêque, patriarche de Constantinople, déclare que le « Verbe soit devenu Chair », et verbum caro factum est, c’est un scandale. Comme je vous le disais tout à l’heure, c’est un scandale que Dieu s’unisse à une chair, c’est-à-dire le Corps de Jésus, c’est un scandale. Dieu est pur Esprit, Il ne peut pas s’unir à un corps. Cela répugne à la philosophie de l’époque, et moi, Nestorius, je vais trouver une autre chose. Non, c’est Jésus, l’homme Jésus qui, par ses mérites, a mérité la divinité. Donc Jésus est devenu Dieu. Donc Jésus est Dieu. Jésus est Dieu, c’est parfait, voilà. Donc il professait la foi catholique, n’est-ce pas ? Jésus est Dieu, oui mais attention, comment ? Ce n’est pas Dieu qui est devenu l’homme, c’est l’homme qui devient Dieu. L’homme Jésus qui devient Dieu ! Est-ce que c’est catholique ça ? Que l’homme Jésus est devenu Dieu ? Mais non, c’est hérétique ! Et malheureusement c’est ce qu’un certain professeur de Ratisbonne, il y a quarante ans, professait dans ses cours, en disant que Jésus sort tellement de lui-même, Jésus sort de lui-même par sa charité, qu’il s’étend lui-même en dehors de lui et qu’il s’unit à l’Un, c’est-à-dire à Dieu. C’était une hérésie qui ressemblait à l’hérésie nestorienne. Donc soyons bien sur nos gardes, chers fidèles, de professer la foi catholique, comme il faut. Il ne suffit pas de dire que Jésus est Dieu, il faut dire que c’est Dieu qui S’est incarné. Dieu s’est fait Homme, c’est le Mystère de l’Incarnation. Et alors il y a eu des Saints comme saint Cyrille d’Alexandrie qui ont lutté pour cela, parce qu’il a dit : « Si Jésus n’est pas Dieu, si c’est un homme, alors la Sainte Vierge a mis au monde un homme. » Donc la Sainte Vierge n’est pas Mère de Dieu. Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, non, non. La Sainte Vierge est mère de l’homme Jésus-Christ. Ah ! Hérésie ! Offense à Notre-Dame ! Comment nier Sa Maternité Divine ? Et saint Cyrille se dresse et, avec lui, le Concile d’Ephèse, en disant : « Non, la Très Sainte Vierge est vraiment Mère de Dieu. Elle a mis au monde un Dieu, qui était déjà Dieu. L’Homme-Dieu, Jésus-Christ ». Si Elle est la Mère de l’Homme-Dieu, Elle est la Mère de Dieu, Son enfant est Dieu. Dieu le Fils. Voilà. Un Saint, qui n’a pas hésité à réfuter les hérésies, et pour cela il a été persécuté.
Réfuter les hérésies et expliquer la foi catholique, comme nous devons le faire aujourd’hui, bien chers fidèles, en réfutant la liberté religieuse et en expliquant la foi catholique. La liberté religieuse qui veut que l’on respecte tous ceux qui professent les erreurs religieuses, que l’Etat laisse la liberté à toutes les erreurs, à toutes les fausses religions, au nom de la liberté humaine. Et nous disons non, c’est Jésus-Christ qui doit régner, c’est Jésus-Christ qui doit régner dans les cœurs, qui doit régner publiquement dans la Cité. La Cité doit être catholique. Vous voyez, nous voulons réfuter l’erreur de cette fausse dignité humaine, de la liberté, que l’Etat devrait tolérer, respecter la liberté de tout le monde. Ce qui est impossible, et faux, toujours faux. Et puis, affirmons au contraire la vérité. C’est Jésus qui a droit de régner publiquement dans la Cité, dans l’Etat.
Voilà ce que nous devons faire, à l’exemple de saint Cyrille d’Alexandrie. Et ne croyons pas aujourd’hui parce que Rome nous propose un accord, une situation officielle dans l’Eglise, eh bien nous devions renoncer à proclamer ces vérités évidemment fortes qui contredisent le concile. Nous ne devons pas renoncer à combattre le concile et les erreurs du concile.
Troisièmement, un autre exemple que je vous donnerai, c’est l’hérésie des Pneumatomaques. Après le Concile d’Ephèse, des gens sont venus pour dire : « Le Saint-Esprit n’est pas Dieu ». Voyez, troisième hérésie. Dieu est le Père, oui, Dieu le Fils, mais pas Dieu le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit est une créature. La preuve, c’est que Jésus-Christ l’envoie. Le Paraclet, l’Esprit de Vérité que je vous enverrai d’auprès du père, alors si Jésus envoie quelqu’un, c’est une créature. Les Pneumatomaques.
Alors, mes chers enfants, est-ce que c’est vrai que le Saint-Esprit n’est pas Dieu ? J’espère que vous êtes prêts à protester, à professer votre foi ! Oui, le Saint-Esprit est Dieu, comme le Père et le Fils est Dieu […] de croire : Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit pour montrer que les Trois Personnes Divines sont toutes les trois Dieu. Au Nom du Père, il y a un seul Nom, du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Un seul Dieu en trois personnes. Le Saint-Esprit est Dieu. Et alors, saint Basile, de Césarée dans le Pô, s’est levé pour protester contre cette erreur et dire non, le Saint-Esprit est vraiment Dieu. Nous devons adorer le Saint-Esprit comme le Père et le Fils. Il a lutté pour cela, il a triomphé de l’erreur.
Et approchant de la résolution de la crise, après peut-être vingt ou trente ans, eh bien, saint Basile s’est dit maintenant que les hérétiques, s’ils commencent à se convertir ça serait beau. Si seulement les conciliaires commençaient à se convertir, mais ce n’est pas le cas. Aucun, ni à Rome, ni dans les diocèses. Aucun !
Alors, sant Basile voyant que les hérétiques, les pneumatomaques comme on disait, commençaient à se convertir, à revenir à la foi catholique, a décidé de ne pas les brusquer en les obligeant à dire : « Le Saint-Esprit est Dieu », parce que ça ils auraient hésité à le professer. Alors il a usé d’une formule douce en disant : « Le Saint-Esprit est à adorer avec le Père et le Fils. Et Il reçoit même gloire comme le Père et le Fils. Voilà, nous devons adorer le Saint-Esprit comme le Père et Fils. Et nous devons donner même gloire au Saint-Esprit comme au Père et au Fils. » Une formule douce mais qui professe la foi catholique unéquivoque. Si nous devons adorer le Saint-Esprit, c’est qu’Il est Dieu. Si nous devons donner la même gloire au Saint-Esprit comme au Père et au Fils, c’est que le Saint-Esprit est Dieu. Donc saint Basile n’a pas usé de parole équivoque à l’égard des hérétiques qui revenaient à l’Eglise. Il a exigé qu’ils professent, eux, la foi catholique intégrale, mais avec une formule douce. Il a usé de prudence, c’est très bien, mais en professant la foi véritable, en n’acceptant pas de signer des équivoques, chers fidèles.
Voilà ce que nous allons faire aujourd’hui. Refuser les formules équivoques et ne pas cesser de condamner l’erreur et de professer correctement la foi catholique et quand les conciliaires, dans vingt ans, vingt-cinq ans, reviendront, se repentiront du concile, quand ils verront la catastrophe continuer, les séminaires complètement vides, les églises en ruines, l’apostasie partout, l’immoralité partout, ils voudront bien faire pénitence, des repentances. Alors oui, quand les conciliaires dans l’Eglise feront repentance, quand ils commenceront à faire repentance, nous pourrons utiliser des formules douces pour les aider à revenir, mais pas maintenant, alors que la crise fait rage, actuellement en plein. Maintenant, nous devons affirmer et condamner les erreurs du concile, spécialement la négation du Christ-Roi, le refus du Christ-Roi.
Voilà, chers fidèles, notre programme de combat. Ne nous faisons pas d’illusion, la crise n’est pas loin de cesser… la crise n’est pas près de cesser. Il va falloir combattre encore longtemps et donc nous organiser pour durer et pour continuer à professer la foi catholique intégrale. Dans une totale confiance dans le Pouvoir de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la Terre. Allez donc dans le monde entier. Prêchez la Vérité, prêchez la Sainte Trinité, prêchez le Christ-Roi, prêchez le Christ-Prêtre. Faites aussi confiance à ma Divine Mère, à Ma Mère Divine qui a toutes les grâces, qui distribue toutes les grâces. C’est par Elle aussi que je triompherai de mes ennemis. C’est par Elle que je ramènerai dans Mon Eglise la foi catholique intègre. Faites confiance à Ma Mère, Vierge Immaculée dans sa foi.
Qu’Elle nous garde, la Très Sainte Vierge, la foi immaculée.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Mgr Bernard Tissier de Mallerais
Ce sermon du 3 juin 2012 est disponible en version audio