Les fidèles gardiens de Vatican II

Cardinal Sarah. Crédit photo : Carolus / wikipedia CC BY-SA 3.0

Le National Catholic Register a récem­ment (23 sep­tembre 2019) don­né une longue inter­view du car­di­nal Sarah, connu pour ses posi­tions conser­va­trices, pour son amour de la fameuse « forme extra­or­di­naire » de la messe.

Cet inter­view illustre très bien la décla­ra­tion récente de M. l’abbé Pagliarani (« une Eglise qui marche sur la tête, LPL, 17 sep­tembre 2019). Notre Supérieur Général, au sujet de ces pré­lats qui vont dans le bon sens en dénon­çant cer­taines erreurs ou réaf­fir­mant cer­taines véri­tés, affirme que tout en se réjouis­sant de cela, « la Fraternité a le devoir d’être très atten­tive à ces réac­tions, et en même temps d’essayer de leur évi­ter de se four­voyer et de n’aboutir à rien ».

Une critique des conservateurs qui épargne toujours Vatican II

Et l’abbé Pagliarani de four­nir la clé essen­tielle : ces pré­lats doivent aus­si recon­naître la « conti­nui­té entre les ensei­gne­ments du Concile, des papes de l’époque post­con­ci­liaire et le pon­ti­fi­cat actuel ». Car ces mêmes pré­lats ne manquent pas, dans le même temps, de vou­loir nous faire ava­ler le Concile Vatican II et les réformes post­con­ci­liaires. Exemple : le car­di­nal Müller, le plus viru­lent de tous contre Amoris lae­ti­tia et l’Instrumentum labo­ris (pro­jet de réforme de la Curie), qui n’hésite pas à par­ler de « rup­ture avec la tra­di­tion ». Mais le même car­di­nal Müller est celui qui « a vou­lu impo­ser à la Fraternité Saint-​Pie‑X − en conti­nui­té avec ses pré­dé­ces­seurs et ses suc­ces­seurs à la Congrégation pour la Doctrine de la foi − l’acceptation de tout le Concile et du magis­tère postconciliaire. »

Comment ce diag­nos­tic du Supérieur Général de la Fraternité concerne le car­di­nal Sarah, quelques lignes de l’interview de celui-​ci suf­fi­ront à le montrer !

Lorsque la forme extra­or­di­naire est célé­brée dans l’es­prit du Concile Vatican II, elle révèle toute sa fécon­di­té, dit le car­di­nal. L’idéal qu’il sou­haite est-​il donc d’aimer la litur­gie tra­di­tion­nelle à la lumière du Concile ?

Et quand la litur­gie tra­di­tion­nelle est célé­brée (comme nous le fai­sons dans la Fraternité) non comme forme extra­or­di­naire, mais sim­ple­ment en tant qu’elle-même, comme seule forme latine de messe qui soit légi­time et fruc­tueuse pour les âmes, sera-​t-​elle féconde ? A cet égard le car­di­nal dit ceci : Il serait donc faux d’opposer le Concile à la Tradition de l’Église. En ce sens, il est néces­saire que ceux qui célèbrent la forme extra­or­di­naire le fassent sans esprit d’opposition et donc dans l’esprit de Sacrosanctum Concilium.

Heureusement, nous ne sommes pas concer­nés, nous qui ne célé­brons pas la forme extraordinaire !

Cardinal Sarah : aucune opposition entre la messe traditionnelle et la messe de Paul VI

Forme ordi­naire (messe de Paul VI) et forme extra­or­di­naire se valent tout-​à-​fait selon le car­di­nal : Les deux formes ont la même foi et la même théo­lo­gie. Les oppo­ser est une erreur ecclé­sio­lo­gique pro­fonde. On est bien obli­gé d’être atter­ré par cette affir­ma­tion d’un homme si bien pla­cé pour connaître ces juge­ments bien connus du Bref exa­men cri­tique du Novus Ordo Missae : « le nou­vel ORDO MISSAE, si l’on consi­dère les élé­ments nou­veaux, sus­cep­tibles d’ap­pré­cia­tions fort diverses, qui y paraissent sous-​entendus ou impli­qués, s’é­loigne de façon impres­sion­nante, dans l’en­semble comme dans le détail, de la théo­lo­gie catho­lique de la Sainte Messe » et « la pro­mul­ga­tion du nou­vel ORDO MISSAE met chaque catho­lique dans la tra­gique néces­si­té de choisir »

Le car­di­nal Sarah admet cepen­dant impli­ci­te­ment comme une faille dans la messe de Paul VI, puisque « nous avons besoin de la forme extra­or­di­naire pour savoir dans quel esprit célé­brer la forme ordi­naire ». Il est vrai que le diag­nos­tic est fait depuis long­temps : cette messe de Paul VI est d’esprit pro­tes­tant, favo­rise l’hérésie et est dan­ge­reuse à terme pour la foi des fidèles et des clercs. Il est mal­hon­nête de vou­loir faire reve­nir en arrière ain­si les fidèles catho­liques. L’avenir est la dénon­cia­tion claire et publique de cette messe de Paul VI, n’en déplaise à tous les Instituts ral­liés (ou alliés) à Rome.

D’autant que le car­di­nal Sarah admet aus­si cette suc­cu­lente réci­proque : Inversement, célé­brer la forme extra­or­di­naire sans tenir compte des indi­ca­tions de Sacrosanctum Concilium risque de réduire cette forme à un ves­tige archéo­lo­gique sans vie et sans ave­nir. Voilà l’avenir pré­dit pour ceux qui veulent dire l’ancienne Messe dans l’obéissance à Rome tout en pré­ten­dant com­battre le Concile.

La Fraternité Saint-​Pie X : la seule à dénoncer les vraies causes du cataclysme

Donc… nous gar­dons l’exclusivité de dénon­cer le Concile et de ne pas célé­brer cette « forme extra­or­di­naire » (belle insulte à la litur­gie tra­di­tion­nelle que ce nivel­le­ment avec la messe de Paul VI) pour l’honneur de Dieu, celui de la sainte Messe et pour le bien des âmes.

Abbé Jacques Mérel

Source : La Porte Latine du 7 octobre 2019