L’apostolat de la Militia Mariae

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Vidéo de pré­sen­ta­tion de la Milice de Marie – Militia Mariae

Depuis quelques temps à Lanvallay (fin 2009), on entend par­ler de « milice de Marie » (Militia Mariae en latin), par­fois de « légion ». Que font-​ils, de quoi s’agit-il ? Voici dans un pre­mier temps une pré­sen­ta­tion sans doute incom­plète de cette œuvre d’apostolat par les laïcs.

La « Militia Mariae », relan­cée dans le dis­trict de France de la Fraternité par M. l’abbé de Cacqueray en 2008, s’inspire lar­ge­ment de la « Légion de Marie », ce grand mou­ve­ment mon­dial d’apostolat marial, fon­dé à l’origine en Irlande en 1921.

Un laïc, Frank Duff, tou­ché par la grâce au tom­beau du Père de Montfort à Saint-​Laurent-​sur-​Sèvres, se lance dans l’apostolat, avec, au cœur de cet apos­to­lat, la Vierge Marie. Voici com­ment il exprime le but de l’œuvre :

« la sanc­ti­fi­ca­tion per­son­nelle de ses membres par la prière et leur coopé­ra­tion active, sous la direc­tion des supé­rieurs ecclé­sias­tiques, à l’œuvre de Marie et de l’Eglise : l’écrasement de la tête du ser­pent et l’extension du règne de Jésus-Christ ».

Chez Duff, il ne s’agissait pas de jolis mots mys­tiques mais sans por­tée pra­tique. Il mit au point une méthode rigou­reuse et avec les pre­miers apôtres recru­tés, il qua­drilla la ville de Dublin. Les quar­tiers les plus mal famés, igno­rés de la Police et dans les­quels on péné­trait au péril de sa vie furent métho­di­que­ment « atta­qués » par une jeune fille auda­cieuse, incar­nant par­fai­te­ment ces pro­pos du « manuel » de la Légion : la Légion « porte avec une inex­pri­mable fier­té le nom de Marie. Organisation mariale, elle est fon­dée sur une confiance illi­mi­tée d’enfant envers cette bonne Mère, confiance qu’elle for­ti­fie en l’implantant pro­fon­dé­ment au cœur de cha­cun, pos­sé­dant ain­si des membres qui tra­vaillent ensemble dans la plus par­faite har­mo­nie de fidé­li­té et de dis­ci­pline. »

En peu de temps, la ville de Dublin fut trans­for­mée. Dès lors les conquêtes de la Légion de Marie n’auront plus de bornes. En 1942, 230 dio­cèses ont fait appel à elle, 1300 en 1961, année qui recense l’existence dans le monde de 50 000 groupes.

La Fraternité, dans le contexte de la crise de la Foi qui a fait perdre son âme à cette œuvre comme à tant d’autres choses, se fait une joie et un hon­neur de reprendre le flam­beau, fon­dée sur l’enthousiasme de son fondateur :

« devant la dégra­da­tion pro­gres­sive de l’idéal sacer­do­tal, trans­mettre, dans toute sa pure­té doc­tri­nale, dans toute sa cha­ri­té mis­sion­naire, le sacer­doce catho­lique de Notre Seigneur Jésus-​Christ, tel qu’Il l’a trans­mis à ses apôtres et tel que l’Eglise romaine l’a trans­mis jusqu’au milieu du 20ème siècle. »

Le pre­mier « pre­si­dium » (nom du groupe local dans le lan­gage de la Militia) démar­ra à Gastines fin 2008. Presidium pilote, il tra­ça la voie aux nom­breux groupes qui existent main­te­nant en France, dont Lanvallay (pre­si­dium Notre-​Dame de Pontmain). Tractage dans la rue, dans les cime­tières le 2 novembre, visites à domi­cile (porte-​à-​porte), les actions vont se mettre en place avec méthode. Car la Militia Mariae est orga­ni­sée sur le modèle d’une armée, spé­cia­le­ment celle de l’ancienne Rome dont elle a adop­té la ter­mi­no­lo­gie ; un pré­sident, un bureau, un aumô­nier et des sol­dats de Marie qui agissent sur le ter­rain ; avec l’assistance essen­tielle de troupes auxi­liaires char­gées de prier pour ceux qui sont sur le ter­rain (on peut ain­si être soit membre « actif » soit membre « priant »). Les réunions des membres actifs se font en prin­cipe tous les 15 jours dans un décor immuable : une sta­tue de l’Immaculée Conception entou­rée de deux cierges allu­més au centre du groupe. L’ordre du jour ne change pas non plus : cha­pe­let, compte-​rendu des actions menées, lec­ture et ins­truc­tion de la part du prêtre, prière au milieu de la réunion, déci­sion des actions des semaines à venir, prière finale. Du prag­ma­tisme anglo-saxon !

La méthode, si elle est bien sui­vie, donne tout son souffle sur­na­tu­rel au groupe local et à ses membres, l’enthousiasme et le cou­rage aus­si ; il faut vaincre sa timi­di­té, ses peurs, les rebuf­fades par­fois des per­sonnes que l’on tente d’attirer à Jésus-​Christ par Marie, les échecs, ou sim­ple­ment le froid ou la pluie. Mais il faut dire aus­si que ce n’est pas si dif­fi­cile. La prière et le zèle com­muns sont un encou­ra­ge­ment constant à se dépas­ser ; les fruits bien visibles aus­si aident beau­coup : retours à la pra­tique reli­gieuse, grâces d’une bonne mort, caté­chismes pour les enfants, retraites spi­ri­tuelles de cinq jours…

Témoignage d’un membre quelque part en France au sujet du porte-à-porte :

« au début, je pen­sais qu’on nous jet­te­rait des seaux d’eau, qu’on nous insul­te­rait, qu’on nous pren­drait pour une secte ! C’est cer­tain que tout le monde ne nous ouvre pas la porte dans la joie et la bonne humeur, mais c’est loin d’être dif­fi­cile. Il faut juste regar­der les gens avec amour, les voir comme ce qu’ils sont, des enfants de Dieu, et leur sou­rire de tout cœur. Cela, même une âme fer­mée, bles­sée et souf­frante, le per­çoit tout de suite. C’est comme un par­fum qui se dégage de vous… C’est le par­fum de Marie ! Et si ça ne marche pas dans l’instant, peu importe, il en reste tou­jours quelque chose…»

Pour ma part, j’aime à dire que la Milice de Marie, c’est « l’avenir ». L’apostolat n’est pas l’œuvre exclu­sive des prêtres mais le rayon­ne­ment de la cha­ri­té. Dans un monde qui s’éloigne tou­jours plus de Dieu, où la cha­ri­té se refroi­dit de jour en jour, les fidèles doivent faire une cou­ronne et un SAS de cha­ri­té aux prêtres, pour entraî­ner les âmes dans la véri­té, qui est Notre Seigneur Lui-​même ; témoi­gner le règne de Dieu, redon­ner le sens de Dieu et du sacer­doce catho­lique autour d’eux, sens per­du par les papes depuis Vatican II. L’apostolat de l’Eglise, autre­ment dit le pro­lon­ge­ment de la venue du Christ, c’est de conduire les hommes dans les voies du Ciel (direc­te­ment par l’apostolat, indi­rec­te­ment par les acti­vi­tés tem­po­relles des catho­liques). La mis­sion directe de l’Eglise, l’apostolat des âmes, consiste à unir les âmes au grand élan de cha­ri­té de Jésus-​Christ, tel qu’il s’est expri­mé prin­ci­pa­le­ment dans son sacri­fice. La vierge Marie est l’école néces­saire où l’on apprend cette union. Aussi, la cha­ri­té est néces­sai­re­ment mis­sion­naire, comme la Messe, et comme Notre-​Seigneur et Notre Dame sont les grands apôtres de nos âmes. La cha­ri­té de soi rayonne, et la Milice de Marie donne un cadre remar­quable à ce rayon­ne­ment. La défi­ni­tion du but de l’apostolat par Mgr Lefebvre donne bien le but de la Militia Mariae et son rayon­ne­ment sur­na­tu­rel : le but de l’apostolat c’est : « aimer le Christ pour le por­ter aux autres, afin que cet amour se dif­fuse et chante la gloire de Dieu. »

Les moyens offerts pour ce but dans la Milice de Marie sont à la hau­teur. Ce sont : une doc­trine mariale solide (celle du Père de Montfort) ; un idéal éle­vé joint à une méthode rigou­reuse et effi­cace (car sou­vent, dans les œuvres, il manque soit l’idéal soit la méthode) ; une fécon­di­té apos­to­lique fon­dée sur un renon­ce­ment à soi-​même dans la dépen­dance de Marie ; l’autorité et l’influence constante de l’aumônier, dont l’un des rôles essen­tiels, explique le manuel de la Milice, est « d’infuser à tous les membres un amour éclai­ré et ardent pour la mère de Dieu, et par­ti­cu­liè­re­ment pour ceux de ses pri­vi­lèges que la Légion honore d’une façon spé­ciale » ; un esprit de prière com­mune très conso­lant : « Avec tous les détails de la réunion ne for­mant qu’un tout, les affaires trai­tées reçoivent une sin­gu­lière empreinte de prière, féconde en fruits remar­quables d’héroïsme et d’efforts » (manuel) ; un esprit de conquête : « dans chaque cas il faut se pro­po­ser d’accomplir un bien pré­cis et consi­dé­rable » (manuel) ; un grand esprit de cha­ri­té, pre­mière qua­li­té requise pour être membre : « pra­ti­quée entre eux, la cha­ri­té le sera bien­tôt dans le public. Des abîmes qu’ils auront com­blés entre eux-​mêmes en tant que membres ne tar­de­ront pas à dis­pa­raître aus­si par­mi leurs frères du dehors » (manuel) ; enfin un grand dés­in­té­res­se­ment sur­na­tu­rel : « le but direct de leur acti­vi­té n’est pas d’obtenir des résul­tats mais bien de tra­vailler pour Marie » (manuel).

Quelques citations pour terminer et en guise d’invitation !

- M. l’abbé de Cacqueray :

« C’est vrai qu’il y a la crise de l’Eglise, que le pro­sé­ly­tisme est mal vu, que nous ne sommes qu’un petit nombre de catho­liques, que nous man­quons de for­ma­tion doc­tri­nale, d’expérience et que, par-​dessus tout, nous sommes timides. Mais si nous ne le fai­sons pas, qui va le faire ? Plus que jamais, nous devons faire preuve d’audace apostolique ».

- Un membre de la Militia Mariae :

J’ai tout reçu de la Tradition et il fau­drait que je reste chez moi à tout gar­der pour moi ? Aujourd’hui, les gens n’ont plus rien, même plus la pos­si­bi­li­té d’une belle messe dans l’église d’à‑côté et nous, nous res­te­rions bien plan­qués, dans nos prieu­rés ? Non, c’est impossible… »

- Le manuel de la Militia Mariae :

« les sys­tèmes maté­ria­listes déclarent aimer les hommes et les ser­vir. Ils prêchent un évan­gile vide de fra­ter­ni­té. Des mil­lions d’hommes ont cru à cet évan­gile ; pour l’embrasser, ils ont aban­don­né une reli­gion qu’ils croyaient sans vie, et se sont sou­mis avec enthou­siasme à toutes les tyran­nies. Convaincus que leurs nou­veaux chefs les aimaient davan­tage, ils les ont sui­vis, et dès lors ils s’appliquent avec ardeur à entraî­ner à leur suite le genre humain tout entier. Ils semblent bien triom­pher. La situa­tion n’est pour­tant pas déses­pé­rée. Car il est un moyen de rame­ner à la foi ces mil­lions d’obstinés et d’en sau­ver une mul­ti­tude d’autres : c’est sim­ple­ment d’appliquer le grand prin­cipe qui gou­verne le monde, ce prin­cipe que le saint Curé d’Ars for­mu­lait ain­si : Le monde appar­tient à celui qui l’aime le plus et lui prouve cet amour. Ces mil­lions d’infortunés n’écouteront pas, sans doute, l’exposé des véri­tés de la foi ; mais ils ne pour­ront pas s’empêcher de remar­quer l’amour héroïque du pro­chain qu’inspire notre foi, et d’en être pro­fon­dé­ment tou­chés. Persuadez-​les que l’Eglise les aime plus, et ils tour­ne­ront bien­tôt le dos à ceux qui les égarent. En dépit de tout ils revien­dront à la foi ; ils iront même jusqu’à don­ner leur vie pour la foi. Pour sub­ju­guer ain­si les hommes, un amour ordi­naire ne sau­rait suf­fire, pas plus qu’un catho­li­cisme médiocre, à peine capable de se main­te­nir lui-​même. Seul peut y réus­sir un catho­li­cisme pro­fond, qui aime de toute son âme Jésus-​Christ, son Seigneur, et qui sait le voir et l’aimer dans tous les hommes sans dis­tinc­tion. Mais cette sublime cha­ri­té du Christ doit être tel­le­ment concré­tée dans l’action que tout obser­va­teur soit contraint d’admettre qu’elle est vrai­ment la carac­té­ris­tique de toute l’Eglise, et non pas sim­ple­ment le fait de ses membres de choix. Il faut donc qu’elle se mani­feste dans la vie de l’ensemble des catho­liques laïques. »

Abbé Jacques Mérel, prieur-​doyen de Lanvallay

Source : Sainte Anne n° 253 d’août-​septembre 2013