D’un seul mot, les hommes s’efforcent de caractériser les siècles qui passent les uns après les autres. C’est ainsi que l’on parle du Xe siècle comme du « siècle de fer » en raison des guerres et des invasions permanentes qui s’y succédèrent dans une Europe très morcelée.
Notre XVIIe mérite d’être appelé « le grand siècle » car il correspond à l’une des périodes les plus riches de notre histoire, alors que le XVIIIe aurait dû être appelé « le siècle des ténèbres ». Malheureusement, les manuels de l’idéologie révolutionnaire en ont fait « le siècle des Lumières ». Léon Daudet a eu une heureuse intuition, quand il a écrit son « exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans », de titrer son livre le « stupide XIXe siècle ».
En ce qui concerne le XXe, le titre du livre de Gustave Corçao : Le siècle de l’enfer ne semble pas excessif pour évoquer, non pas seulement les guerres mondiales qui ont jalonné la terre de charniers tels qu’on n’en avait encore jamais vu, mais surtout l’asservissement universel de l’esprit des hommes aux nuées mortifères du communisme.
Il est évidemment plus prudent d’attendre qu’un siècle soit terminé et même que l’on possède un peu de recul sur les cent années qui se sont écoulées pour en avoir une vue d’ensemble. Ce n’est qu’après qu’on peut se risquer à le qualifier. Cependant, une phrase prophétique, attribuée à Malraux, circule : « Le XXIe sera religieux ou ne sera pas. » Il est vrai que cet écrivain s’est défendu de l’avoir dite… Dommage, car, au moins dans sa première partie, elle pourrait finir par être juste, étant donné que le triomphe de l’inversion ne pourra pas durer.
En attendant, le XXIe siècle, bien qu’il n’ait encore que treize ans, pourrait bien mériter d’être appelé « le siècle de l’inversion ». En exergue, on pourrait alors citer les propos récemment tenus par le président américain Barack Obama, qui juge que la Russie et d’autres pays violent la moralité de base en interdisant la propagande homosexuelle. L’homosexualité est déclarée morale pendant que l’homophobie est dite immorale. Nous assistons peu à peu au triomphe progressif de l’inversion sexuelle à l’échelon de la planète.
La seule puissance capable de s’opposer victorieusement à l’inversion morale est et demeure l’Église catholique. Mais encore faut-il pour cela que le pape et les évêques tiennent un discours qui soit clair et courageux pour condamner le péché de Sodome et de Gomorrhe. Or nous constatons, à mesure que la pression du monde se fait plus menaçante contre ceux qui disent la gravité de ce péché, que la hiérarchie catholique courbe l’échine, adapte son discours et se fait complice du mal. Nous pourrions multiplier les exemples de prêches épiscopaux lamentables par leur lâcheté, leurs compromissions et leurs inversions.
Malheureusement, le pape François, de retour de son voyage calamiteux pour présider les JMJ de Rio, a fait chorus. Il a, à son tour, tenu des propos ambigus et scandaleux qui ouvrent de nouveaux boulevards pour que s’épanouisse paisiblement le vice contre-nature chez les catholiques. Interrogé dans l’avion du retour, sur la question des homosexuels, le pape a répondu à la question que les journalistes lui posaient par une autre question :
« Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? »
Le triomphe de l’inversion morale n’est pourtant que la pointe la plus visible et la plus symbolique d’un iceberg terrifiant qui semble s’imposer dans tous les domaines au début de ce XXIe siècle. Mais nous ne devons pas nous laisser impressionner par ce déchaînement des forces de l’enfer. Nous devons nous attacher à notre devoir d’état, à nos prières et résister courageusement à la montée de la dictature de l’inversion.
Nous ne devons certes pas agir sans avoir d’abord prié, sans continuer à nous former en même temps, et sans avoir réfléchi sur les actions prudentes que nous devons mener pour l’avènement du règne du Christ-Roi. Ce serait là un activisme stérile qui ne porterait pas de fruits. Mais nous ne devons pas non plus nous penser délivrés de devoir agir ou d’être au moins prêts à l’action pour le motif que nous avons prié et que la prière nous dispenserait d’agir.
Vive le Christ-Roi dont la victoire nous viendra par la victoire du Cœur Douloureux et Immaculé de Marie !
Abbé Régis de Cacqueray †, Supérieur du District de France
Source : Fideliter n° 215