Angleterre – Le cardinal O’Connor signe une charte œcuménique avec les Anglicans – 02 juin 2002

Le 2 juin, en plein jubi­lé royal, devant Sa Majesté la Reine Elizabeth II d’Angleterre, chef de l’é­glise angli­cane, une « Alliance per­son­nelle » fut conclue et signée entre le car­di­nal arche­vêque de Westminster, Cormac Murphy-​O’Connor, l’ar­che­vêque pro­tes­tant de Canterbury, le doc­teur George Carey et d’autre repré­sen­tants reli­gieux de la Grande-Bretagne

Cette alliance com­mune n’est pas sim­ple­ment une pro­messe faite par chaque par­tie de concou­rir au bien com­mun du royaume. Elle est une véri­table décla­ra­tion com­mune. Plus encore, elle est une pro­fes­sion de foi. Commençant comme cette der­nière, la décla­ra­tion s’annonce comme un nou­veau Credo.

La décla­ra­tion atteste que les mul­tiples sectes pro­tes­tantes, tout comme les catho­liques, sont mues par l’Esprit-Saint, sans dis­tinc­tion aucune ; elle atteste que l’unité de l’Eglise du Christ est encore à faire ; elle sou­haite déve­lop­per une dis­ci­pline et une litur­gie com­munes à toutes les églises chré­tiennes du royaume ; elle déclare que l’Eglise catho­lique a beau­coup à apprendre des Anglicans… Affirmation étrange si l’on consi­dère que l’Eglise angli­cane n’existerait pas sans l’Eglise catholique.

Bien que deve­nue une pra­tique cou­rante dans plu­sieurs dio­cèses bri­tan­niques depuis le concile Vatican II, cette décla­ra­tion revêt une impor­tance par­ti­cu­liè­re­ment grave à cause de la haute digni­té des signa­taires. La signa­ture qu’Henri VIII, Cromwell et Cranmer, évêque concu­bi­naire et héré­siarque de Canterbury, n’ont pas réus­si à extor­quer du Cardinal John Fisher et de saint Thomas More, le car­di­nal Murphy‑O’Connor l’a volon­tai­re­ment apposée.

Les saints refu­saient d’acquiescer à l’acte de supré­ma­tie par lequel Henri VIII s’imposait comme chef unique de l’Eglise de Dieu en Angleterre.

Par son enga­ge­ment « à tra­vailler en vue de réa­li­ser l’unité visible de l’Eglise de Jésus-​Christ », le Cardinal Murphy‑O’Connor recon­naît que cette église d’Elizabeth est une par­tie inté­grante de l’unique Eglise de Dieu. Elizabeth est donc réel­le­ment chef reli­gieux, à la tête d’une église mue par le Saint Esprit, tout comme l’Eglise catholique.

Cette décla­ra­tion du pri­mat de l’Eglise catho­lique anglaise est une capi­tu­la­tion spec­ta­cu­laire face aux forces de l’hérésie. Pour une Eglise catho­lique qui a subi 200 ans de per­sé­cu­tions san­glantes, 200 ans pen­dant les­quels un catho­lique n’avait droit à aucune recon­nais­sance de ses droits civiques, la tra­hi­son de son chef n’a d’égale que la per­ver­si­té de son pré­dé­ces­seur, Cranmer.

Lors de la messe d’action de grâce pour le jubi­lé de la reine, le car­di­nal témoi­gnait sa joie d’avoir prié ensemble avec les pro­tes­tants : « J’ai par­ti­ci­pé aujourd’hui à un ser­vice œcu­mé­nique d’action de grâce à la cha­pelle St-​George de Westminster. (…) Je suis fier du pro­grès œcu­mé­nique de ces der­nières années, qui nous per­met de prier et rendre grâce ensemble comme des chré­tiens, comme j’ai fait avec mes frères chré­tiens ce matin. »

Quelque 400 ans aupa­ra­vant, en l’an 1581, saint Edmond Campion fut sau­va­ge­ment mar­ty­ri­sé pour son refus de recon­naître la nou­velle église angli­cane et la sou­ve­rai­ne­té spi­ri­tuelle de l’aïeule d’Elizabeth II, Elizabeth I de triste mémoire.

Alors que « Campion, debout sur l’échafaud se tenait en prière, un clerc angli­can essaya de diri­ger ses prières, mais Campion répon­dit dou­ce­ment : « Monsieur, vous et moi ne sommes pas de la même reli­gion. Je n’empêche per­sonne de prier, mais je désire que seuls ceux qui sont de la même foi prient avec moi, et dans mon ago­nie, récitent un Credo avec moi ». » (Evelyn Waugh, Edmund Campion)

Sans doute le cardinal-​primat est-​il de la famille de ceux avec les­quels il prie aujourd’hui.

Source : MG/​FSSPX