Annonce d’une possible scission dans l’Eglise : Mgr Athanasius Schneider

mariaVoici l’en­tre­vue inté­grale de Mgr Athanasius Schneider [Photo ci-​dessus] avec Mme Sarah Atkinson, jour­na­liste indé­pen­dante et édi­trice du maga­sine Mass of Ages. L’intégrale de l’en­tre­vue, qui est une trans­crip­tion, a été publiée ori­gi­nel­le­ment de la Latin Mass Society of England and Wales (Société pour la messe tra­di­tion­nelle d’Angleterre et du Pays de Galles).

Mgr Schneider (MS): « À ma connais­sance et selon mon expé­rience, la bles­sure la plus pro­fonde de la crise actuelle de l’Église est la bles­sure eucha­ris­tique, les abus au Saint-Sacrement.

Plusieurs gens reçoivent la Sainte Communion dans un état de péché mor­tel objectif…Ceci se répand dans l’Église sur­tout dans le monde occi­den­tal. Là-​bas, les gens vont rare­ment à la Sainte Communion avec une pré­pa­ra­tion suffisante.

Certains gens qui vont à la Sainte Communion vivent dans des situa­tions morales irré­gu­lières qui ne cor­res­pondent pas à l’Évangile. Sans être mariés, ils vont à la Sainte Communion. Ils peuvent être divor­cés et vivent dans un nou­veau mariage, un mariage civil et ils vont néan­moins à la Sainte Communion. Je crois que cela est une situa­tion, très, très grave.

Il y a aus­si la ques­tion de la récep­tion objec­ti­ve­ment irré­vé­rente de la Sainte Communion. La soi-​disant manière nou­velle et moderne de rece­voir la Sainte Communion direc­te­ment dans la main est très sérieuse, car cela expose le Christ à une énorme banalité.

Il y a le fait grave de perdre des frag­ments eucha­ris­tiques. Personne ne peut le nier. Et les frag­ments de l’hostie consa­crée sont écra­sés par des pieds. Cela est hor­rible ! Notre Dieu, dans nos églises, est fou­lé par des pieds ! Personne ne peut nier cela.

Et cela ce pro­duit à grande échelle. Cela doit être, pour une per­sonne qui a la foi et qui aime Dieu, un phé­no­mène très grave.

Nous ne pou­vons pas conti­nuer comme si, Jésus comme Dieu n’existait pas ; comme si seule­ment le pain exis­tait. Cette pra­tique moderne de Communion dans la main n’a rien a voir avec la pra­tique de l’Église pri­mi­tive. La pra­tique moderne de rece­voir la Communion dans la main contri­bue gra­duel­le­ment à une perte de la foi catho­lique en la pré­sence réelle et en la transsubstantiation.

Un prêtre et un évêque ne peuvent pas dire que cette pra­tique est « okay ». Ce qui est en jeu ici est le très saint, le très divin et le très concret sur Terre. »

Q : Sur ce sujet, vous vous démar­quez comme étant tout seul [à tenir une telle position]?

MS :«Je suis très attris­té de me sen­tir comme quelqu’un qui crie dans le désert. La crise eucha­ris­tique due à l’usage moderne de la Communion dans la main est si évi­dente. Ce n’est pas une exa­gé­ra­tion. Il est temps que les évêques élèvent leurs voix pour le Jésus eucha­ris­tique qui n’a pas de voix pour ce défendre lui-​même. Ici nous avons une attaque sur le Très Saint, une attaque sur la foi eucharistique.

Bien sûr, il y a des gens qui reçoivent la Communion dans la main avec beau­coup de dévo­tion et de foi, mais ils sont une mino­ri­té. La vaste mul­ti­tude elle perd la foi par l’intermédiaire de cette manière très banale de prendre la Sainte Communion comme si l’on pre­nait de la simple nour­ri­ture comme une frite ou du gâteau. Une telle manière de rece­voir le Très Saint ici sur Terre n’est pas sacrée et avec le temps, elle détruit la pro­fonde conscience et la foi catho­lique en la pré­sence réelle et en la transsubstantiation. »

Q : L’Église ne se dirige-​t-​elle pas dans la direc­tion oppo­sée à celle que vous proposez ?

MS : « Il semble que la majo­ri­té du cler­gé et des évêques sont satis­faits de cette pra­tique moderne de la Communion dans la main et ne réa­lisent pas les vrais dan­gers reliés à une telle pra­tique. Pour moi, c’est incroyable. Comment cela est-​il pos­sible, alors que Jésus est pré­sent dans les petites hos­ties ? Un prêtre et un évêque devraient dire : »Je dois faire quelque chose, au moins pour gra­duel­le­ment réduire ceci. Tout ce que je peux faire, je dois le faire. » Malheureusement, il y a des membres du cler­gé qui font de la pro­pa­gande pour l’usage moderne de la Communion dans la main et par­fois inter­disent la récep­tion de la Communion sur la langue et à genoux. Il y a même des prêtres qui dis­cri­minent ceux qui s’agenouillent pour la Sainte Communion. Cela est très, très triste.

Il y a aus­si le nombre crois­sant de vols d’hosties à cause de la dis­tri­bu­tion de la Communion direc­te­ment dans la main. Il y a un réseau, un com­merce de vol de Saintes Hosties et ceci est gran­de­ment faci­li­té par la Communion dans la main.

Pourquoi voudrais-​je comme prêtre et évêque, expo­ser Notre Seigneur à un tel dan­ger, à un tel risque ? Quand ces évêques et ces prêtres [qui sont favo­rables à la Communion dans la main] ont quelque objet de valeur, ils ne l’exposerait jamais à un si grand dan­ger d’être per­du ou volé. Ils pro­tègent leurs mai­sons, mais ils ne pro­tègent pas Jésus et le per­mettre d’être volé très facilement. »

Q : En ce qui concerne le ques­tion­naire sur la ques­tion de la famille, les gens attendent de grands changements.

MS : « Il y a sur cette ques­tion beau­coup de pro­pa­gande de la part des médias de masse. Nous devons être très pru­dents. Il y a les médias anti-​chrétiens offi­ciels à tra­vers le monde. Dans presque tous les pays, c’est le même conte­nu de nou­velles à l’exception peut-​être des pays d’Afrique, d’Asie et d’Europe de l’Est.

Seulement sur l’internet peut-​on répandre ses propres idées. Rendons grâces à Dieu, l’internet existe.

L’idée de chan­ge­ment du mariage et des lois morales lors du pro­chain synode des évêques à Rome pro­vient en majeure par­tie des médias anti-​chrétiens. Et cer­tains membres du cler­gé et des catho­liques col­la­borent avec eux en répan­dant les attentes du monde anti-​chrétien de chan­ge­ment de la loi de Dieu concer­nant le mariage et la sexualité.

Ceci est une attaque par le monde anti-​chrétien et il est vrai­ment tra­gique et triste que cer­tains membres du cler­gé col­la­borent avec eux. Pour plai­der en faveur d’un chan­ge­ment de la loi de Dieu, ils uti­lisent une espèce de sophisme, le concept de misé­ri­corde. Mais en réa­li­té, ce n’est pas de la misé­ri­corde, c’est être cruel.

Ce n’est pas de la misé­ri­corde, si par exemple, quelqu’un a une mala­die et qu’on le laisse dans son état misé­rable. C’est être cruel.

Je ne don­ne­rais pas, par exemple, du sucre à un dia­bé­tique ; cela serait cruel de ma part. J’essaierais de sor­tir cette per­sonne de cette situa­tion et lui don­ne­rais un autre repas. Peut-​être ne l’aimera-t-il pas au début, mais ce sera mieux pour lui.

Ceux par­mi le cler­gé qui veulent admettre les divorcés-​remariés à la Sainte Communion opèrent avec une fausse concep­tion de la misé­ri­corde. Cela est com­pa­rable à un doc­teur qui donne du sucre à un patient, bien qu’il sache que cela le tue­ra. Mais l’âme est plus impor­tante que le corps.

Si les évêques admettent les divorcés-​remariés à la Sainte Communion, alors ils les confir­me­ront dans leur erreur aux yeux de Dieu. Les évêques fer­me­ront même la voix de leur conscience. Ils les pous­se­ront encore plus pro­fon­dé­ment dans leur situa­tion irré­gu­lière avec seule pers­pec­tive que cette vie tem­po­relle ; oubliant qu’après cette vie, il y a le juge­ment de Dieu.

Cette ques­tion sera dis­cu­tée lors du Synode. C’est à l’agenda. Mais j’espère qu’une majo­ri­té des évêques ait encore assez d’esprit catho­lique et de foi pour reje­ter la pro­po­si­tion men­tion­née plus haut et ne pas l’accepter. »

Q : Quelle est la crise que vous mentionnez ?

MS : « Il y a une crise plus large que celle de la récep­tion du Saint-​Sacrement. Je crois que la ques­tion de la récep­tion de la Sainte Communion par les rema­riés explo­se­ra et elle expo­se­ra la vraie crise au sein de l’Église.

La vraie crise de l’Église est l’anthropocentrisme et l’oubli du chris­to­cen­trisme. En effet, ceci est le mal le plus pro­fond ; quand l’homme ou le cler­gé se mettent de l’avant lors de la célé­bra­tion de la litur­gie et quand ils changent les véri­tés révé­lées par Dieu, ex. concer­nant le VIe com­man­de­ment et la sexua­li­té humaine.

La crise se révèle aus­si de la manière dont le Seigneur eucha­ris­tique est trai­té. L’Eucharistie est au cœur de l’Église. Quand le cœur est faible, le corps entier est faible. Alors quand la pra­tique entou­rant l’Eucharistie est faible de même le cœur et la vie de l’Église sont faibles. Et quand les gens n’ont plus de vision sur­na­tu­relle de Dieu dans l’Eucharistie, alors ils com­men­ce­ront à rendre un culte à l’homme et la doc­trine chan­ge­ra aus­si selon les dési­rs des hommes.

Cette crise est quand nous nous pla­çons, incluant les prêtres, au centre et quand Dieu est remi­sé dans un coin et cela se pro­duit même maté­riel­le­ment. Le Saint-​Sacrement est par­fois dans une armoire éloi­gnée du centre et la chaise du prêtre est au centre. Nous sommes déjà dans cette situa­tion depuis plus de 40 ou 50 ans et il y a un réel dan­ger que Dieu et ses Commandements et lois seront remi­sés sur le côté et les dési­rs natu­rels des hommes seront mis au centre. Il y a un lien cau­sal entre la crise eucha­ris­tique et la crise doctrinale.

Notre pre­mier devoir comme êtres humains est d’adorer Dieu, pas nous, mais Lui. Malheureusement, la pra­tique litur­gique des 40 der­nières années a été très anthropocentrique.

Premièrement, par­ti­ci­per à la litur­gie n’est pas de faire des choses, mais bien de prier et de rendre un culte ; d’aimer Dieu avec toute son âme. Ceci est la vraie par­ti­ci­pa­tion, être uni à Dieu dans votre âme. La par­ti­ci­pa­tion exté­rieure n’est pas essentielle.

La crise est vrai­ment ceci : nous n’avons pas pla­cé le Christ ou Dieu au centre. Et le Christ est Dieu incar­né. Notre pro­blème aujourd’hui est que nous avons mis de côté l’incarnation. Nous l’avons éclip­sée. Si dans mon esprit, Dieu reste seule­ment comme une idée, alors c’est gnos­tique. Dans d’autres reli­gions, ex. les Juifs, les Musulmans, Dieu n’est pas incar­né. Pour eux, Dieu est dans le livre, mais il n’est pas concret. Seulement au sein du chris­tia­nisme, et en fait seule­ment au sein de l’Église catho­lique, avons-​nous l’incarnation plei­ne­ment réa­li­sée et cela doit être mis de l’avant à chaque moment de la litur­gie. Dieu est ici et vrai­ment pré­sent. Alors chaque détail a un sens.

Nous vivons dans un socié­té non-​chrétienne, dans un nou­veau paga­nisme. Aujourd’hui, la ten­ta­tion pour le cler­gé est de s’adapter au nou­veau monde, au nou­veau paga­nisme, d’être des col­la­bo­ra­teurs. Nous sommes dans une situa­tion simi­laire aux pre­miers siècles de l’Église, alors que la majo­ri­té de la socié­té était païenne et que le chris­tia­nisme était discriminé. »

Q : Croyez-​vous voir cela de par votre expé­rience dans l’Union soviétique ?

MS : « Oui, [je sais ce que c’est que d”]être per­sé­cu­té, de don­ner un témoi­gnage que vous êtes chrétien.

Nous sommes une mino­ri­té. Nous sommes entou­rés par un monde païen très cruel. La ten­ta­tion et les défis d’aujourd’hui peuvent être com­pa­rés avec les pre­miers siècles. On deman­dait aux chré­tiens d’accepter le monde païen et de le démon­trer en met­tant un grain d’encens dans un feu en avant de la sta­tue de l’Empereur ou d’une idole païenne. Mais ceci était de l’idolâtrie et aucun bon chré­tien n’y a mis de grain d’encens. Ils pré­fé­rèrent don­ner leurs vies ; même des enfants, des laïques qui étaient per­sé­cu­tés don­nèrent leurs vies. Malheureusement, il y eut des membres du cler­gé et des évêques qui mirent des grains d’encens devant la sta­tue de l’Empereur ou d’une idole païenne ou qui remirent les livres des Saintes Écritures pour être brû­lés. De tels chré­tiens et clercs col­la­bo­ra­teurs étaient appe­lés dans ces temps-​là »thu­ri­fi­ca­ti » ou »tra­di­tores ».

Maintenant, de nos jours la per­sé­cu­tion est plus sophis­ti­quée. On ne demande pas aux catho­liques ou au cler­gé de mettre un peu d’encens devant une idole. Ce ne serait que maté­riel. Maintenant, le monde néo-​païen veut que nous adop­tions leurs idées telle la dis­so­lu­tion du VIe com­man­de­ment de Dieu sous le pré­texte de la misé­ri­corde. Si cer­tains membres du cler­gé et des évêques com­mencent à col­la­bo­rer avec le monde païen d’aujourd’hui dans cette dis­so­lu­tion du VIe com­man­de­ment et dans la révi­sion de la manière dont Dieu créa l’homme et la femme, alors ils sont des traîtres de la Foi, ulti­me­ment ils par­ti­cipent à ce sacri­fice païen. »

Q : Entrevoyez-​vous une scis­sion au sein de l’Église ?

Mgr Schneider (MS): « Malheureusement, depuis quelques décen­nies, cer­tains membres du cler­gé ont accep­té ces idées du monde. Toutefois, ils les suivent main­te­nant publi­que­ment. Alors que ces choses conti­nuent, je crois qu’il y aura une scis­sion inté­rieure au sein de l’Église de ceux qui sont fidèles à la foi de leur bap­tême et de l’intégrité de la foi catho­lique. Il y aura une scis­sion avec ceux qui endossent l’esprit de ce monde et il y aura une scis­sion claire, je crois. On peut ima­gi­ner que les catho­liques, ceux qui res­tent fidèles à la véri­té catho­lique immuable, pour­raient faire l’objet, pour un temps, de per­sé­cu­tion ou de dis­cri­mi­na­tion même de la part de ceux qui ont du pou­voir dans les struc­tures exté­rieures de l’Église. Mais les portes de l’enfer, i.e. l’hérésie, ne pré­vau­dront pas contre l’Église et le Magistère suprême pro­mul­gue­ra cer­tai­ne­ment une décla­ra­tion doc­tri­nale sans équi­voque, reje­tant toute col­la­bo­ra­tion avec les idées néo-​païennes de chan­ger le VIe com­man­de­ment, le sens de la sexua­li­té et de la famille. Alors cer­tains »libé­raux » et plu­sieurs col­la­bo­ra­teurs avec l’esprit du monde, plu­sieurs »thu­ri­fi­ca­ti et tra­di­tores » modernes quit­te­ront l’Église. Car la Vérité divine appor­te­ra irré­sis­ti­ble­ment la cla­ri­fi­ca­tion et elle nous ren­dra libres et sépa­re­ra au sein de l’Église les fils de la Lumière divine et les fils de la pseudo-​lumière du monde païen et anti-​chrétien. Je peux pré­su­mer qu’une telle sépa­ra­tion affec­te­ra chaque niveau de catho­liques : laïques et sans exclure même des membres de haut rang au sein du cler­gé. Ces membres du cler­gé qui acceptent aujourd’hui l’esprit du monde païen sur les ques­tions morales et de la famille se déclarent catho­liques et même fidèles au Pape. Ils déclarent même comme extré­mistes ceux qui sont fidèles à la foi catho­lique ou ceux qui pro­meuvent la gloire du Christ dans la liturgie. »

Q : Sentez-​vous que vous avez été décla­ré comme extrémiste ?

MS : « On ne m’a pas décla­ré ain­si for­mel­le­ment. Je vous dirai que de tels membres du cler­gé ne sont pas de la majo­ri­té, mais ils ont acquis beau­coup d’influence dans l’Église. Ils réus­sirent à occu­per quelques postes clés dans l’administration de l’Église. Toutefois, cela ne repré­sente pas du pou­voir aux yeux de Dieu. Vraiment puis­sants sont-​ils les petits qui conservent la foi au sein de l’Église.

Ces petits dans l’Église ont été aban­don­nés et négli­gés. Ils ont gar­dé la pure­té de leur foi et ils repré­sentent le vrai pou­voir de l’Église aux yeux de Dieu et non ceux qui sont dans l’administration. Rendons grâces à Dieu, le nombre de ces petits est en croissance.

Par exemple, j’ai dis­cu­té avec de jeunes étu­diants d’Oxford et je fus si impres­sion­né par ces étu­diants. J’étais si content de voir la pure­té de leur foi et de leurs convic­tions et leur esprit catho­lique clair. De tels exemples et groupes sont en crois­sance dans l’Église et cela est le tra­vail de l’Esprit-Saint. Ceci va renou­ve­ler l’Église. Alors je suis confiant et opti­miste en ce qui concerne la crise dans l’Église. L’Esprit-Saint va gagner cette crise avec cette petite armée.

Je ne suis pas inquiet à pro­pos du futur. L’Église est l’Église du Christ et Il est la vraie Tête de l’Église, le Pape n’est seule­ment que le vicaire du Christ. L’âme de l’Église est l’Esprit-Saint et Il est puis­sant. Toutefois, nous fai­sons l’expérience d’une pro­fonde crise dans l’Église comme cela se pro­dui­sit à plu­sieurs reprises en deux mille ans. »

Q : La situa­tion va-​t-​elle empi­rer avant de s’améliorer ?

MS : « C’est mon impres­sion que la situa­tion va empi­rer. Parfois, les choses doivent aller dans l’abîme et alors vous ver­rez l’effondrement de ce sys­tème clé­ri­cal anthro­po­cen­trique qui abuse de l’administration de l’Église, abuse de la litur­gie, abuse des concepts de Dieu, abuse de la foi et de la pié­té des petits au sein de l’Église.

Alors nous ver­rons l’ascension d’une Église renou­ve­lée. Ceci est déjà en pré­pa­ra­tion. Alors cet édi­fice clé­ri­cal libé­ral s’écrasera, car ils n’ont pas de racines ni de fruits. »

Q : Certaines per­sonnes disent que vous vous inquié­tez de choses non-​importantes. Qu’en est-​il des pauvres ?

MS : « Cela est erro­né. Le pre­mier com­man­de­ment que le Christ nous don­na était d’adorer Dieu seul. La litur­gie n’est pas une réunion entre amis. C’est notre tâche pre­mière que d’adorer et glo­ri­fier Dieu dans la litur­gie et aus­si avec notre manière de vivre. D’un vrai amour et d’une vraie ado­ra­tion de Dieu gran­dissent un amour pour les pauvres et notre pro­chain. Cela en est une consé­quence. Les saints en deux mille ans d’histoire de l’Église, tous ces saints qui étaient si priants et pieux, ils étaient tous extrê­me­ment misé­ri­cor­dieux avec les pauvres et se pré­oc­cu­paient d’eux.

Dans ces deux com­man­de­ments sont [conte­nus] tous les autres. Mais le pre­mier com­man­de­ment est d’aimer et d’adorer Dieu et cela est réa­li­sé suprê­me­ment dans la litur­gie sacrée. Quand vous négli­gez le pre­mier com­man­de­ment, vous ne faîtes pas la volon­té de Dieu, vous vous plai­sez. Le bon­heur est de réa­li­ser la volon­té de Dieu, pas de réa­li­ser notre volonté. »

Q : Combien de temps avant que l’Église ne soit renouvelée ?

MS : « Je ne suis pas pro­phète. On ne peut que pré­su­mer. Mais si vous regar­dez l’histoire de l’Église, la crise la plus pro­fonde était celle du IVe siècle ; c’était l’arianisme. Ce fut une ter­rible crise ; tout l’épiscopat, ou presque, col­la­bo­ra avec l’hérésie. Seulement quelques évêques res­tèrent fidèles ; vous pou­vez les comp­ter sur les doigts d’une main. Cette crise dura envi­ron 60 ans.

Ensuite la ter­rible crise du soi-​disant siècle obs­cure, le Xe siècle, quand la papau­té était occu­pée par des familles romaines très mau­vaises et immo­rales. Ils occu­pèrent la chaire papale avec leurs fils cor­rom­pus et ce fut une ter­rible crise.

La pro­chaine période de dom­mages fut le soi-​disant exile d’Avignon, très dom­ma­geable pour l’Église, cau­sant le Grand schisme d’Occident. Toutes ces crises durèrent 70–80 ans et furent très mau­vaises pour l’Église.

Maintenant, nous sommes, je dirais, dans la qua­trième grande crise, dans une ter­rible confu­sion sur la doc­trine et la litur­gie. Nous sommes dans cette crise depuis 50 ans. Peut-​être Dieu nous sera-​t-​il misé­ri­cor­dieux dans 20 ou 30 ans ? Néanmoins, nous avons toute la beau­té des véri­tés divines, de l’amour et de la grâce divins dans l’Église. Personne ne peut nous enle­ver cela, aucun synode, aucun évêque, même un Pape ne peut nous enle­ver le tré­sor et la beau­té de la foi catho­lique, du Jésus Eucharistique, des Sacrements. La doc­trine immuable, les prin­cipes litur­giques immuables et la sain­te­té de vie consti­tuent le vrai pou­voir de l’Église. »

Q : Notre période contem­po­raine est per­çue comme une ère très libé­rale dans l’Église.

MS : « Nous devons prier Dieu de gui­der son Église loin de cette crise et de don­ner à son Église des apôtres qui soient cou­ra­geux et saints. Nous avons besoin de défen­seurs de la véri­té et de défen­seurs du Jésus Eucharistique. Quand un évêque défend son trou­peau et défend Jésus dans l’Eucharistie, alors cet évêque défend les petits de l’Église, pas les puissants. »

Q : Alors vous ne vous en faîtes pas d’être impopulaire ?

MS : « Cela n’a pas d’importance d’être popu­laire ou impo­pu­laire. Pour tout membre du cler­gé, la pre­mière pré­oc­cu­pa­tion est d’être popu­laire aux yeux de Dieu et non aux yeux d’aujourd’hui ou des puis­sants. Jésus a lan­cé cet aver­tis­se­ment : »Malheur à vous quand les gens parlent en bien de vous ».

La popu­la­ri­té est fausse. Jésus et les apôtres reje­tèrent la popu­la­ri­té. Les grands saints de l’Église, ex. SS Thomas More et John Fisher, reje­tèrent la popu­la­ri­té et ils sont de grands héros. Et ceux qui aujourd’hui se pré­oc­cupent de la popu­la­ri­té des médias de masse et de l’opinion publique, per­sonne ne se rap­pel­le­ra d’eux dans l’histoire. On se sou­vien­dra d’eux comme des lâches et non comme des héros de la Foi. »

Q : Les médias ont de grandes attentes du pape François. 

MS : « Rendons grâces à Dieu, le pape François ne s’est pas expri­mé de la manière dont s’attendent les médias. Jusqu’à main­te­nant, il a expri­mé dans ses homé­lies offi­cielles une très belle doc­trine catho­lique (1). J’espère qu’il va conti­nuer à ensei­gner la doc­trine catho­lique de manière claire. »

Q : À pro­pos de par­ta­ger la Sainte Communion avec les angli­cans et les autres ?

MS : « Cela n’est pas pos­sible. Ils sont des fois dif­fé­rentes. La Sainte Communion n’est pas un moyen d’accomplir l’unité. C’est la der­nière étape, pas la pre­mière. Ce serait une pro­fa­na­tion du Très Saint. Bien sûr, nous devons être un. Toutefois, nous avons des dif­fé­rences de croyances, cer­taines assez sub­stan­tielles. L’Eucharistie est un signe de la plus pro­fonde uni­té. Ce serait un men­songe, ce serait contraire à toute logique que de par­ta­ger la Sainte Communion avec des non-catholiques.

L’œcuménisme est néces­saire pour être en contact avec nos frères sépa­rés, pour les aimer. Au sein du défi posé par le nou­veau paga­nisme, nous pou­vons et devons col­la­bo­rer avec des non-​catholiques sérieux pour défendre la véri­té divine révé­lée et la loi natu­relle crée par Dieu.

Il serait mieux de ne pas avoir une telle struc­ture quand l’État gou­verne la vie de l’Église comme par exemple pour la nomi­na­tion du cler­gé ou des évêques. Une telle pra­tique d’une église d’État serait dom­ma­geable pour l’Église elle-​même. En Angleterre, ex. l’État gou­verne l’Église d’Angleterre. Une telle influence de l’État peut cor­rompre l’église spi­ri­tuel­le­ment et théo­lo­gi­que­ment, alors il est mieux de ne pas être une église d’État. »

Q : Sur la ques­tion des femmes dans l’Église.

MS : « Les femmes sont appe­lées le sexe faible, car elles sont phy­si­que­ment plus faibles ; tou­te­fois, elles sont spi­ri­tuel­le­ment plus fortes et plus cou­ra­geuses que les hommes. C’est cou­ra­geux de don­ner nais­sance. Ainsi Dieu don­na à la femme un cou­rage que l’homme n’a pas.

Bien sûr, il y avait des hommes cou­ra­geux lors des per­sé­cu­tions. Cependant, Dieu adore choi­sir les plus faibles pour confondre les puis­sants. Par exemple, les femmes eucha­ris­tiques dont j’ai par­lé dans mon livre tra­vaillaient dans leurs familles et dési­raient aider les prêtres per­sé­cu­tés d’une manière toute excep­tion­nelle. Elles n’osèrent jamais tou­cher les Saintes Hosties avec leurs doigts. Elles refu­sèrent aus­si de lire une lec­ture pen­dant la Messe. Ma mère par exemple, qui vit en Allemagne et a 82 ans, quand elle alla en Occident fut cho­quée et scan­da­li­sée de voir des femmes dans le sanc­tuaire pen­dant la Sainte Messe. Le vrai pou­voir de la femme chré­tienne et catho­lique est le pou­voir d’être le cœur de la famille, de l’Église domes­tique et d’avoir le pri­vi­lège d’être la pre­mière à nour­rir son enfant et aus­si à être la pre­mière à nour­rir spi­ri­tuel­le­ment l’âme de son enfant, lui ensei­gner sa pre­mière prière et les pre­mières véri­tés de la foi catho­lique. La plus belle et pres­ti­gieuse pro­fes­sion d’une femme est d’être une mère et sur­tout une mère catholique. »

Sources : Latin Mass Society /​Traduction de Notions Romaines

Note de la rédaction de La Porte Latine

(1) Il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.