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– Ce Motu proprio a‑t-il été, pour vous, une surprise ?
– Certes ! c’est une surprise. Car, lorsque nous en avions entendu parler, il était question d’étapes, de nombreux pas à effectuer, et seulement un à la fois. Aussi ce texte nous paraît-il très bon, parce qu’il permet de vivre intégralement la liturgie d’autrefois. Pas seulement la messe, mais un ensemble.
– Pensez-vous que cela va continuer ?
– Je n’en sais rien ! L’opposition contre le Pape est telle qu’il estime ses jours en danger ! Alors, jusqu’où pense-t-il pouvoir aller ? C’est pour cela que nous devons continuer à prier pour lui, pour qu’il reçoive la force dont a besoin le successeur de Pierre.
– Vous pensez donc qu’il peut aller plus loin…
– En ce qui concerne la discipline, la liturgie, certainement. Mais il n’en va pas de même pour ce qui est de la doctrine, et de la philosophie…
– Envisagez-vous désormais la possibilité d’un rapprochement avec les communautés Ecclesia Dei ?
– Je n’exclus rien ! Je veux le bien de l’Eglise, et tout le bien possible. Mais si l’on continue à nous traiter de schismatiques, contrairement à l’esprit du Motu proprio… Car la Fraternité est dans l’esprit du Motu proprio : en demeurant fidèles à la messe de toujours qui n’a jamais été abrogée, nous n’étions pas désobéissants. Nous sommes dans l’Eglise.
Si donc certains manifestent des signes positifs vis-à-vis de nous, pourquoi pas ? Et cela ne sera pas nouveau… Mais nous essayons d’éviter au maximum toute ambiguïté.
– C’est le point sur lequel, selon vous, il convient d’insister ?
– Je voudrais surtout souligner que le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui vient de sortir est impressionnant par la négation du principe de non-contradiction qu’il contient. Malheureusement, c’est la ligne que veut suivre le Pape !
Il faut bien voir que Benoît XVI entend affirmer la continuité entre Vatican II et le passé. Jusqu’ici, il était habituel de dire qu’il y avait un changement. Aujourd’hui, on nous dit qu’il y a continuité, tout en affirmant un certain changement quand même. Si bien que l’on ne sait plus trop quoi penser…
– Vous vous sentiriez donc presque plus proche de cette position antérieure ?
– Nous savons que la ligne actuelle est issue de la philosophie allemande, elle voudrait déboucher sur une synthèse au sens hégélien du terme. C’est la conclusion à laquelle aboutit le Pape actuel, une conclusion qui est franchement explosive pour l’intelligence.
Il est donc nécessaire de continuer à prier, tout en reconnaissant que nous allons dans le sens du bien de l’Eglise.
Propos recueillis par Olivier Figueras