Inquiétude et espoir en 2021… comme en 1971

President and Mrs. Nixon have an audience with his Holiness, Pope Paul VI in the Vatican

Que faire lorsque le dis­cours romain semble s’aligner sur celui de l’ONU ? Que dire lorsque le pape déclare que « la voie vers le salut de l’humanité passe par la créa­tion d’un nou­veau modèle de déve­lop­pe­ment, qui se concentre incon­tes­ta­ble­ment sur la coexis­tence entre les peuples en har­mo­nie avec la Création » ? Voici une réponse d’espoir sur­na­tu­rel à nos inquié­tudes légitimes.

« Même si quelque pape venait à prendre des allures de faux mes­sie, ce ne pour­rait être que par inter­mit­tence, sans conti­nui­té, avec toutes sortes d’hésitations et de repen­tirs. (…) Il ne pro­cla­me­rait jamais par exemple comme un point assu­ré du Magistère ordi­naire, comme une inter­pré­ta­tion authen­tique de vingt siècles de catho­li­cisme, encore moins comme une défi­ni­tion ex cathe­dra, que la mon­tée de l’humanité et sa réus­site ter­restre est main­te­nant la forme nou­velle de notre religion.

« Seulement il mélan­ge­rait à s’y méprendre deux mes­sages qui s’opposent dans leur essence même : d’une part le mes­sage de domi­na­tion pro­mé­théenne du monde, confor­mé­ment aux trois Tentations et sans tenir compte pra­ti­que­ment de la sou­ve­rai­ne­té de Dieu ni du péché de l’homme, et d’autre part le mes­sage de la foi chré­tienne qui annonce la Rédemption par la seule croix du Seigneur Jésus.

« Par l’effet de cette intri­ca­tion contre-​nature le scan­dale serait près d’atteindre sans doute ses limites ultimes ; il serait por­té à un point de séduc­tion, extra­or­di­nai­re­ment dan­ge­reux. Il ne serait pas assez fort, mal­gré tout, pour perdre les élus, ni abo­lir l’Eglise.

« D’abord parce que la pro­messe de Jésus à Pierre, ne pas­se­ra pas. “J’ai prié, Pierre, pour que ta foi ne défaille point. Et toi quand tu seras conver­ti, affer­mis tes frères.” (Lc 22, 32)

« Par ailleurs, nous tenons comme un prin­cipe cer­tain et uni­ver­sel que l’ordre du bien et celui du mal ne s’opposent pas à éga­li­té et ne sont pas symétriques.

« Ce qui signi­fie notam­ment que le fau­teur du scan­dale ne sera jamais qu’une créa­ture, alors que le défen­seur contre le scan­dale est le Seigneur tout-​puissant. Les insi­nua­tions, pro­pa­gandes, pres­sions et per­sé­cu­tions du monde, quelque sou­tien qu’elles reçoivent de la part des hommes d’Eglise, n’ont rien de com­pa­rable à la grâce du Seigneur, soit comme force qui pénètre la liber­té, soit comme dou­ceur qui l’attire au par­fait amour. La grâce est d’un autre ordre que tout le créé, infi­ni­ment plus forte. 

« Enfin, l’intercession mater­nelle et royale de la Vierge Marie défen­dra tou­jours vic­to­rieu­se­ment l’Eglise contre les embûches des faux messianismes.

« Même si un pape en arri­vait à prê­ter un concours plus ou moins éloi­gné à ceux qui se sont juré d’obtenir la trans­for­ma­tion huma­ni­taire de la reli­gion de Jésus-​Christ, cette ver­ti­gi­neuse com­pli­ci­té du suc­ces­seur de Pierre, serait neu­tra­li­sée d’avance, ren­due inef­fi­cace par la sup­pli­ca­tion de la Vierge co-rédemptrice.

« Est-​ce que sa prière pour la conver­sion de Pierre, ne s’élevait pas déjà, muette mais irré­sis­tible, alors qu’elle se tenait debout au pied de la croix de son Fils avec le Disciple bien-​aimé et quelques saintes femmes, pen­dant que les autres apôtres s’étaient enfuis hon­teu­se­ment, sans faire excep­tion de Pierre ? »

Ces lignes sont du P. Calmel, elles ont été publiées dans la revue Itinéraires en 1971, sous le titre Brève apo­lo­gie pour l’Eglise de tou­jours. Elles sont d’une actua­li­té intacte, 50 ans après.

Sources : DICI n°407 /​Fsspx.Actualités /​Image Wikimedia Commons