Que faire lorsque le discours romain semble s’aligner sur celui de l’ONU ? Que dire lorsque le pape déclare que « la voie vers le salut de l’humanité passe par la création d’un nouveau modèle de développement, qui se concentre incontestablement sur la coexistence entre les peuples en harmonie avec la Création » ? Voici une réponse d’espoir surnaturel à nos inquiétudes légitimes.
« Même si quelque pape venait à prendre des allures de faux messie, ce ne pourrait être que par intermittence, sans continuité, avec toutes sortes d’hésitations et de repentirs. (…) Il ne proclamerait jamais par exemple comme un point assuré du Magistère ordinaire, comme une interprétation authentique de vingt siècles de catholicisme, encore moins comme une définition ex cathedra, que la montée de l’humanité et sa réussite terrestre est maintenant la forme nouvelle de notre religion.
« Seulement il mélangerait à s’y méprendre deux messages qui s’opposent dans leur essence même : d’une part le message de domination prométhéenne du monde, conformément aux trois Tentations et sans tenir compte pratiquement de la souveraineté de Dieu ni du péché de l’homme, et d’autre part le message de la foi chrétienne qui annonce la Rédemption par la seule croix du Seigneur Jésus.
« Par l’effet de cette intrication contre-nature le scandale serait près d’atteindre sans doute ses limites ultimes ; il serait porté à un point de séduction, extraordinairement dangereux. Il ne serait pas assez fort, malgré tout, pour perdre les élus, ni abolir l’Eglise.
« D’abord parce que la promesse de Jésus à Pierre, ne passera pas. “J’ai prié, Pierre, pour que ta foi ne défaille point. Et toi quand tu seras converti, affermis tes frères.” (Lc 22, 32)
« Par ailleurs, nous tenons comme un principe certain et universel que l’ordre du bien et celui du mal ne s’opposent pas à égalité et ne sont pas symétriques.
« Ce qui signifie notamment que le fauteur du scandale ne sera jamais qu’une créature, alors que le défenseur contre le scandale est le Seigneur tout-puissant. Les insinuations, propagandes, pressions et persécutions du monde, quelque soutien qu’elles reçoivent de la part des hommes d’Eglise, n’ont rien de comparable à la grâce du Seigneur, soit comme force qui pénètre la liberté, soit comme douceur qui l’attire au parfait amour. La grâce est d’un autre ordre que tout le créé, infiniment plus forte.
« Enfin, l’intercession maternelle et royale de la Vierge Marie défendra toujours victorieusement l’Eglise contre les embûches des faux messianismes.
« Même si un pape en arrivait à prêter un concours plus ou moins éloigné à ceux qui se sont juré d’obtenir la transformation humanitaire de la religion de Jésus-Christ, cette vertigineuse complicité du successeur de Pierre, serait neutralisée d’avance, rendue inefficace par la supplication de la Vierge co-rédemptrice.
« Est-ce que sa prière pour la conversion de Pierre, ne s’élevait pas déjà, muette mais irrésistible, alors qu’elle se tenait debout au pied de la croix de son Fils avec le Disciple bien-aimé et quelques saintes femmes, pendant que les autres apôtres s’étaient enfuis honteusement, sans faire exception de Pierre ? »
Ces lignes sont du P. Calmel, elles ont été publiées dans la revue Itinéraires en 1971, sous le titre Brève apologie pour l’Eglise de toujours. Elles sont d’une actualité intacte, 50 ans après.
Sources : DICI n°407 /Fsspx.Actualités /Image Wikimedia Commons