De concessions en concessions
Il est bon de préciser le cadre dans lequel se situe cette procession.
Le culte à Notre Dame de Boulogne remonte au VIIème siècle. Il est le plus ancien de France après de celui du Puy-en-Velay. La quasi-totalité des rois de France s’est agenouillée en son sanctuaire. Mais il connut un regain de ferveur lors de la deuxième guerre mondiale. Quatre statues de la Vierge nautonière cheminèrent durant ces années noires de village en village et de ville en ville ? Les esprits en restèrent profondément marqués. Une magnifique reproduction en chêne avait été réalisée, il y a une vingtaine d’années par un sculpteur du nom de Lederman. Et la Providence nous permettait l’an dernier de l’accueillir en grand arroi dans la bonne ville de Boulogne-sur-mer. Magnifique procession qui se terminait à l’Église traditionnelle Saint-Louis au centre de la ville. La question simple était que tout ce monde ne pouvait achever ce court pèlerinage dans l’église, grande mais trop petite pour la circonstance.
Le souhait de chacun était que cette procession puisse se terminer dans la cathédrale. Sans office, mais simplement par le renouvellement de la Consécration de la France à la Vierge par le Vœu de Louis XIII. Il fallait demander l’autorisation au Doyen de la cathédrale. Il fut donc décidé d’abandonner le vocable de procession à la Vierge du Grand retour, puis celui de Vierge de Boulogne. Il faut même proposé de joindre le groupe de traditionalistes à la procession officielle qui avait lieu trois semaines plus tôt. La réponse du Doyen fut un non absolu. Il déclarera même en privé qu’il préfèrerait démissionner que de laisser ces fidèles entrer dans la cathédrale. Ce qui tient ni plus ni moins de la discrimination et de l’illégalité la plus complète ; ceci dans la mesure où la cathédrale est ouverte à tous en cette période touristique.
Le maire de la ville Frédéric Cuvillier – socialiste plus ou mois dissident car soutenant l’inénarrable Jack Lang député du coin – était bienveillant et proposait de terminer la procession en centre ville au jardin des Tintelleries créé par le Roi Soleil lui-même. Pourquoi pas ?
En ce 9 septembre, une partie de l’assistance était dehors faute de place lors de messe du matin.
L’abbé Olivier Bertaux, doyen de la Fraternité Saint-Pie X dans le Nord, officiait lors de la Grand Messe solennelle. Et, avec ses talents d’orateur, il expliqua tout ce que nous devions à Notre Saint Père le pape Benoît XVI pour le Motu proprio. Il présidait de même la procession. Le char de la Vierge richement orné, était tiré, comme il se doit, par des chevaux boulonnais. Merci de même à Pierre Vouters – par ailleurs délégué général de Laissez-les Vivre- qui était venu avec une remarquable voiture sonorisée. Les chants étant entraînés par un carillon des Flandres de 36 cloches.
Ce carillon mobile venu de Malines avec les Belges est une sorte de merveille. Sa présence était une grande première. Les élèves de Camblain devaient le tirer et même se mettre à vingt pour le pousser dans la Grand Rue qui monte du port vers la Haute Ville et la cathédrale. Service médical, voitures balais, tout y était. Et montèrent vers le ciel ces magnifiques cantiques traditionnels : Chez nous soyez Reine. Pas un coup de klaxon intempestif de quelque conducteur pressé. Pas un regard de cette haine à laquelle nous sommes tellement habitués et qui nous avait écrasé pendant quarante ans. Laquelle avait été évoquée paisiblement dans le sermon de la Grand Messe par l’abbé Bertaux. La Vierge passait comme elle était passée en 1943 devant les Allemands agenouillés qui avaient reçu l’ordre de la bloquer au pont de la ville de Tours.
Certes nous n’avions pas les voûtes de la cathédrale pour nous accueillir. Nous avions celles du ciel qui à l’instar de la cape de la Vierge était ce jour-là d’un bleu profond.
Le Grand Retour de la foi
Combien de personnes étaient-elles venues ce jour-là ? Le cortège s’étalait sur toute la longueur de l’avenue qui borde le port. Mais la vision la plus belle était celle de toute la foule qui envahissait toute la Grand-Rue. Différence avec l’année dernière ? Les pèlerins au lieu d’être disposés sur deux rangs formaient un groupe dense du haut en bas de la plus belle avenue de Boulogne. Il suffit de comparer les photos prises d’une année sur l’autre. La police avait estimé l’an dernier à près d’un milliers le nombre de participants…Cette année ? Dieu seul le sait.
Notre souhait ? Que l’an prochain, chaque délégation se retrouve derrière ses bannières, ses statues. Et nous entendrons à nouveau résonner le carillon des Flandres qui accompagnera nos chants. « Vierge notre espérance, étends sur nous ton bras ».
Une nouvelle page de l’histoire de Notre Dame de Boulogne est en train de s’écrire. Et l’an prochain, nous serons là, plus nombreux encore. Nul doute qu’Elle nous aidera à l’écrire.
Car il s’agit de Grand Retour de la Vierge mais aussi celui du retour de la foi en Dieu que nous appelons de nos vœux et de nos prières. Qui viendra avec la Vierge du Grand Retour, si nous avons le courage de Lui demander.
Jean-Pierre Dickès
Les vidéos de la procession [3′ 11’“] et [0′ 54””]
Le carillon ambulant des Flandres de 36 cloches
Merci à Catholille pour la réalisation de ces vidéos