Cardinal R. Marx : « Amoris laetitia » est clairement favorable à la communion pour les divorcés mariés

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.


Cardinal Reinhard Marx

Le car­di­nal Reinhard Marx, proche conseiller du pape François pour la réforme de la Curie, vient de décla­rer à Edward Pentin du National Catholic Register que l’Exhortation apos­to­lique Amoris lae­ti­tia est « très clai­re­ment » favo­rable à la com­mu­nion pour les divorces mariés, et que c’était en outre l’intention du pape François qu’il en soit ain­si.

« Je crois qu’il y a une posi­tion claire et que la ligne du pape est très claire », a‑t-​il com­men­té le 6 février, alors que les évêques catho­liques d’Allemagne venaient de publier des direc­tives pour la mise en œuvre de l’Exhortation affir­mant que cer­tains catho­liques enga­gés dans des unions adul­tères peuvent rece­voir la sainte com­mu­nion.

On ne peut certes pas dire que le car­di­nal Reinhard Marx puisse se pré­va­loir d’être le porte-​parole incon­tes­table du pape François. Mais s’il invoque abu­si­ve­ment l’autorité de celui-​ci pour jus­ti­fier la déci­sion alle­mande, un démen­ti du Vatican, s’impose, par le pape lui-​même ou expli­ci­te­ment en son nom – et d’urgence. Inutile de dire que celui-​ci n’est pas inter­ve­nu à l’heure d’écrire, pas plus que le pape n’a répon­du aux « Dubia », les « doutes » des quatre car­di­naux deman­dant des éclair­cis­se­ments de doc­trine sur les points res­tés ambi­gus d’Amoris lae­ti­tia.

On reste dans la logique des choses : les car­di­naux alle­mands tels Marx et Walter Kasper sont à la pointe de cette inter­pré­ta­tion du docu­ment, et dès le départ de cette affaire, le pape François a pré­sen­té le car­di­nal Kasper et ses pro­po­si­tions expli­cites en ce sens comme l’homme à écou­ter, et même à suivre.

Amoris lae­ti­tia » exprime la posi­tion du pape favo­rable à la com­mu­nion pour cer­tains divor­cés mariés

De là à dire que la posi­tion est « très claire » dans le docu­ment final il y a un pas. A preuve la ter­rible confu­sion régnante… On se sou­vien­dra que le point le plus contro­ver­sé a été relé­gué dans une note en bas de page dont le pape François a pu pré­tendre qu’il ne s’en sou­ve­nait même pas, chose contre­dite par la suite à l’occasion d’autres décla­ra­tions ou prises de posi­tion de sa part favo­rables à une modi­fi­ca­tion radi­cale de ce qu’on appelle désor­mais à Rome la praxis de l’attribution des sacre­ments, comme si elle n’avait pas de réper­cus­sions doc­tri­nales. N’a‑t-il pas féli­ci­té les évêques du grand Buenos Aires qui sont favo­rables à cette modi­fi­ca­tion ? Quant à la prise de posi­tion encore plus nette des évêques de Malte, elle n’a pas non plus été remise en cause par voie d’autorité depuis Rome…

Pendant ce temps, le pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, le car­di­nal Gerhard Müller, main­te­nait au contraire qu’Amoris lae­ti­tia doit être inter­pré­té à la lumière de la tra­di­tion constante de l’Eglise et de sa « doc­trine inté­grale » comme il l’a décla­ré le mois der­nier à Il Timone, dénon­çant les évêques qu’il accuse d’interpréter à leur manière l’enseignement du pape. « L’adultère est tou­jours un péché mor­tel et les évêques qui créent de la confu­sion à ce pro­pos doivent étu­dier la doc­trine de l’Eglise. Nous devons aider le pécheur à vaincre le péché et à se conver­tir », disait-il.

Cardinal Reinhard Marx, « Amoris lae­ti­tia » doit être lu à la manière allemande

Pour ce qui est du car­di­nal Marx, il a décla­ré « ne pas com­prendre » pour­quoi il y a les inter­pré­ta­tions d’Amoris lae­ti­tia dif­fé­rentes de la sienne (celles, donc, conformes à la tra­di­tion constante de refus de l’absolution et de la com­mu­nion à ceux qui sont enga­gés dans une nou­velle union au mépris des liens qui les main­tiennent dans un mariage valide). Il a répé­té que le docu­ment ne fai­sait que reprendre les déci­sions des deux synodes sur la famille – affir­ma­tion qui est déjà dis­cu­table en soi, vu que les pro­po­si­tions Kasper n’ont jamais obte­nu le degré d’adhésion requis pour leur mise en œuvre.

Pour être com­plet, il faut rap­pe­ler que le car­di­nal Reinhard Marx fai­sait très récem­ment par­tie d’une réunion entre le pape François et le pré­sident du conseil de l’Eglise évan­gé­lique d’Allemagne, Heinrich Bedford-​Strohm, au cours de laquelle ce der­nier se fai­sait l’avocat de l’inter-communion entre les catho­liques et les luthériens.

Anne Dolhein

Sources : RéinformationTV