Entretien de M. l’abbé Sbicego donné au District d’Italie – Janvier 2011


Don Massimo Sbicego à Albano Laziale

Le site d’Italie nous a aima­ble­ment auto­ri­sé à tra­duire l’en­tre­tien que Don Massimo Scibego, curé de paroisse de 38 ans qui vient de rejoindre la FSSPX, vient de don­ner à Marco Bongi.

- Comment avez-​vous connu la FSSPX ? En aviez-​vous enten­du par­ler avant de la connaître directement ?
C’est en 1992 que j’ai trou­vé inté­res­sant un ancien numé­ro de la revue : « La Tradizione cat­to­li­ca » : « qui sait s’ils la publient encore cette revue » ; j’ai essayé de contac­ter la rédac­tion et je me suis abon­né. Entre temps j’ai fini le sémi­naire, j’ai été ordon­né en juin 2000, et j’ai com­men­cé mon minis­tère ; ce n’est qu’en mai 2007que je me suis ren­du au prieu­ré de Rimini et que j’ai ren­con­tré don Luigi.

- Lorsque vous étiez sémi­na­riste, vous avait-​on par­lé de Monseigneur Lefebvre et de la Sainte Messe ancienne ?
Non. La Tradition dans sa dimen­sion posi­tive est absente de l’enseignement moderne au Séminaire. Si l’on y cite la Messe « pré-​conciliaire », on le fait pour sou­li­gner com­bien cette litur­gie là et cette théologie-​là étaient inadap­tées. Même encore récem­ment, à l’occasion du « Motu Proprio », je sais que cer­tains « litur­gistes » ont uti­li­sé le DVD de la sainte Messe publié par la Fraternité pour se moquer avec les sémi­na­ristes du rite et des gestes.

- Qu’avez-vous éprou­vé la pre­mière fois que vous avez assis­té à la célé­bra­tion de la Sainte Messe de toujours ?
Le sen­ti­ment de me trou­ver en la Présence de « face à Lui » et Lui-​même était là.

Dans le rite copte, les rubriques pres­crivent que le prêtre doit entrer pieds nus dans le sanc­tuaire, du reste notre rituel Pontifical pres­crit des sou­liers spé­ciaux pour l’évêque ; la pre­mière fois que j’ai célé­bré la Sainte Messe, j’ai sou­dain sai­si le pour­quoi : Moïse devant le buis­son ardent.

Chaque fois que j’entre dans le Sanctuaire, c’est ain­si : le buis­son ardent brûle de Sa présence.

- Comment est la vie dans la FSSPX ?
C’est avant tout une vie simple et fra­ter­nelle. Monseigneur l’a pen­sée en s’appuyant sur son expé­rience en terre de mis­sion : il a com­pris l’importance non seule­ment de l’apostolat, mais aus­si d’un lieu au sein duquel « se rechar­ger » spi­ri­tuel­le­ment et intel­lec­tuel­le­ment, un lieu où vivre ensemble avec d’autres prêtres, fra­ter­nel­le­ment ; il a pen­sé à un lieu qui pro­tège les prêtres du monde ; ce lieu, c’est le prieuré.

Ce qui est beau, c’est qu’il y a tou­jours un bon mot, un trait d’esprit au lieu d’une dis­cus­sion doc­tri­nale, ou quelque chose à répa­rer, ou encore un invi­té qui arrive de loin, une prière dans la litur­gie unique même dans la diver­si­té des langues natio­nales de chacun.

Et puis il y a les sœurs, qui sont un exemple en toutes choses : exemple de prière, d’ardeur au tra­vail, d’attention, de modes­tie, de dis­cré­tion… et les frères, des consa­crés non prêtres, qui s’occupent avec géné­ro­si­té de nous tous : de la mai­son, des invi­tés, de nous prêtres.

– Les prieu­rés accueillent aus­si des per­sonnes extérieures.
Je dirais que le prieu­ré est ouvert à l’accueil de tous ceux qui res­pectent les rythmes et les fina­li­tés : il y a tou­jours un prêtre dis­po­nible pour don­ner un mot, un encou­ra­ge­ment, un moment de retraite ou de dis­cer­ne­ment. Et puis, il y a des ren­contres spé­ci­fiques qui sont orga­ni­sées pour les prêtres et les fidèles ; on y prêche plu­sieurs fois par an les Exercices Spirituels igna­tiens selon la méthode du Père Francesco da Paola Vallet et dif­fu­sée par le Père Ludovico Maria Barielle.

– Comment se déroule la jour­née, l’apostolat … ?
Il y a essen­tiel­le­ment deux rythmes de vie dif­fé­rents : lorsque nous sommes en mai­son (c’est à dire au prieu­ré, pen­dant la semaine ou la férie) et dans l’apostolat (en fin de semaine ou pour les fêtes).

Au prieu­ré, la vigile offi­cielle est à 6.00 du matin, mais de nom­breux prêtres se lèvent avant, pour réci­ter les Matines et les Laudes ; à 6.30 heures, il y a la réci­ta­tion com­mune de Prime, puis la médi­ta­tion et l’Angelus ; à 7.15 heures, la Sainte Messe et l’Action de Grâces ; à 8.10 heures, le petit déjeu­ner. Il y a ensuite du temps pour se consa­crer à l’étude, à la pré­pa­ra­tion de ren­contres, de caté­chèses, de réunions, aux articles ; pour dif­fé­rents tra­vaux manuels et tâches diverses, ou pour un autre moment de prière, pour le Bréviaire (Tierce et None), la Sainte Écriture, etc. À 12.15 heures, c’est la réci­ta­tion com­mune de Sexte et l’Angelus, puis le déjeu­ner à 12.30 heures. Dans l’après-midi il y a encore un temps pour l’étude, le tra­vail ou la prière (réci­ta­tion en pri­vé des Vêpres) jusqu’à 18.50 heures, avec la réci­ta­tion du Chapelet et de l’Angelus , le jeu­di il y a la Bénédiction Eucharistique. À 19.20 heures le dîner, et à 20.45 heures les Complies, sui­vies par le Grand Silence jusqu’à 8.00 le lendemain.

Dans l’Apostolat, la fin de semaine, les jours de fête, à d’autres occa­sions, outre les obli­ga­tions clé­ri­cales (Bréviaire et Sainte Messe) et celles de la Fraternité (Chapelet quo­ti­dien), les horaires sont flexibles en fonc­tion des dif­fé­rentes situa­tions et des nécessités.

Je ne suis pas encore insé­ré dans cette mis­sion impor­tante, mais je vois les confrères qui par­courent des cen­taines de kilo­mètres pour assis­ter et ren­con­trer les fidèles, pour leur célé­brer la Sainte Messe, résoudre d’innombrables pro­blèmes liés à l’emplacement des cha­pelles, la célé­bra­tion, le loge­ment, l’hostilité des curés et des évêques, en ce sens qu’ils ne sont pas très cha­ri­tables avec nous.

– Pensez-​vous que d’autres prêtres sui­vront votre exemple ?
Je pense sin­cè­re­ment que d’autres prêtres et sémi­na­ristes se posent la ques­tion. Pour cha­cun, comme consé­quence de son propre choix de consé­cra­tion au Seigneur, une remise en ques­tion s’avère pour lui néces­saire ; remise en ques­tion qui concerne les dimen­sions sacer­do­tales du « pres­by­té­rat » et les dimen­sions sacri­fi­cielles de la Sainte Messe.

La vague idéo­lo­gique post-​conciliaire est en train de s’épuiser en un sys­tème essen­tiel­le­ment agnos­tique ; chez les jeunes prêtres et chez les jeunes gens se réveille en revanche la recherche de l’authenticité de notre Foi : d’où leur rap­pro­che­ment vers la Tradition Catholique.

Le prêtre moderne, pre­mière vic­time de la nou­velle orien­ta­tion ecclé­siale, vit sou­vent une pro­fonde crise d’identité ; il ne peut sor­tir de cette crise qu’en se réap­pro­priant les moyens que lui four­nit la Tradition de l’Église : en pre­mier lieu, la Messe de tou­jours, puis le Bréviaire, une vie sacer­do­tale Fraternelle, donc l’Apostolat.

Merci beau­coup, don Massimo.
Merci à Vous.

En Jésus et Marie.

Propos recueillis Marco Bongi