La joie intime de Noël.
Tout prêt à accueillir la tendresse et la joie que la naissance du Rédempteur répandra encore une fois dans les cœurs des croyants. Nous désirons vous exprimer, chers fils et filles de la chrétienté, ainsi qu’à tous les hommes indistinctement, Nos vœux paternels, puisant le sujet de Notre discours comme les années passées, dans l’inépuisable mystère de lumière et de grâce qui durant la sainte Nuit de Bethléem fit resplendir autour de la crèche du divin Enfant une lumière dont l’éclat ne s’éteindra jamais, tant que résonneront sur la terre, les pas douloureux de ceux qui cherchent parmi les épines, le sentier de la vraie vie.
Combien Nous voudrions que tous les hommes, dispersés sur les continents, dans les villes, les bourgs, les vallées, les déserts, les steppes, les étendues glacées, sur les mers, sur le globe tout entier, écoutent de nouveau, comme adressée à chacun d’eux en particulier, la voix de l’Ange annonçant le mystère de la grandeur divine et de l’amour infini, qui mit le terme à un passé de ténèbres et de condamnation pour inaugurer le règne de la vérité et du salut ! « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui, dans la cité de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ Seigneur » (Luc, II, 10–11).
Nous voudrions que, à l’égal des simples bergers qui accueillirent, les premiers, dans une adoration silencieuse, le message de salut, les hommes d’aujourd’hui fussent subjugués et saisis du même étonnement qui étouffe toute parole humaine et incline l’esprit à la même adoration quand une majesté sublime se révèle à leurs yeux : celle de Dieu incarné.
I. Attitude de l’homme moderne en face de Noël
a) Les admirateurs de la puissance humaine extérieure.
On peut cependant se demander avec inquiétude si l’homme moderne est encore disposé à se laisser impressionner par une telle grandeur surnaturelle et pénétrer par la joie intime qui s’en dégage : cet homme, comme convaincu que sa puissance s’est accrue, enclin à mesurer sa propre stature d’après la force de ses instruments, de ses organisations, de ses armes, de la précision de ses calculs, du nombre de ses produits, de la distance à laquelle peuvent atteindre sa parole, son regard, son influence ; cet homme qui parle désormais avec orgueil d’un âge de bien-être facile, comme si cela était à portée de sa main ; qui ose tout, comme s’il était sûr de soi et de son avenir, poussé qu’il est par une hardiesse incoercible à arracher à la nature son dernier secret, à en plier les forces à sa volonté, désireux de pénétrer par sa présence physique elle-même jusque dans les espaces interplanétaires.
En vérité, l’homme moderne, précisément parce qu’il est en possession de tout ce que l’esprit et le travail humain ont produit dans le cours des temps, devrait reconnaître encore mieux la distance infinie qui sépare son œuvre immédiate de celle du Dieu sans limites.
Mais la réalité est bien différente, car les fausses ou étroites visions du monde et de la vie acceptées par les hommes modernes non seulement les empêchent de tirer des œuvres de Dieu, et en particulier de l’Incarnation du Verbe, un sentiment d’admiration et de joie, mais elles leur enlèvent encore la faculté d’en reconnaître l’indispensable fondement, celui qui donne consistance et harmonie aux œuvres humaines. Beaucoup en effet se laissent en quelque sorte éblouir par la splendeur limitée qui se dégage de celles-ci, sourds à l’appel secret qui invite à en chercher la source et le couronnement en dehors et au-dessus du monde de la science et de la technique.
A la ressemblance des constructeurs de la tour de Babel, ils rêvent d’une inconsistante « divinisation de l’homme », bonne et suffisante pour toute exigence de la vie physique et spirituelle. L’Incarnation de Dieu et son « habitation parmi nous » (Jean, I, 14,) ne suscitent en eux aucun intérêt profond, aucune féconde émotion.
Noël n’a pour eux d’autre contenu et d’autre langage que ceux qu’un berceau peut exprimer : sentiments plus ou moins vifs, mais seulement humains, quand du moins ils ne sont pas dominés par des coutumes mondaines et tapageuses qui profanent même la simple valeur esthétique et familiale que Noël fait rayonner comme un reflet lointain de la grandeur de son mystère.
b) Les chercheurs d’une fausse vie intérieure.
D’autres au contraire arrivent, par des voies opposées, à la mésestime des œuvres de Dieu, se fermant ainsi l’accès aux joies secrètes de Noël. Instruits par la dure expérience des deux dernières dizaines d’années, qui ont, comme ils disent, manifesté sous des apparences humaines la brutalité de la société actuelle, ils dénoncent âprement le lustre extérieur de sa façade, refusent tout crédit à l’homme et à ses œuvres, et ne cachent pas le profond dégoût que leur cause son exaltation sans limite. C’est pourquoi ils souhaitent que l’homme renonce à son fébrile dynamisme extérieur, surtout technique, qu’il se renferme en soi-même, où il trouvera la richesse d’une vie intérieure toute sienne, exclusivement humaine, capable de satisfaire toute exigence possible.
Cette intériorité tout humaine est cependant incapable de tenir la promesse qu’on lui attribue, à savoir de correspondre à l’exigence totale de l’homme. Elle est plutôt une solitude dédaigneuse, comme désespérée, suggérée par la crainte et par l’incapacité de se donner un ordre extérieur, et n’a rien de commun avec la véritable intériorité complète, dynamique et féconde.
En celle-ci, en effet, l’homme n’est pas seul, mais vit avec le Christ, en partage les pensées et l’action, se tenant près de Lui en ami, en disciple et pour ainsi dire en collaborateur ; il est poussé par Lui et soutenu dans l’affrontement du monde extérieur selon les normes divines, car c’est Lui « le pasteur et le gardien de nos âmes » (I, Pierre, II, 25).
c) Les indifférents et les insensibles.
Entre ces deux groupes que leur conception erronée de l’homme et de la vie soustrait à l’influence déterminante et salutaire du Dieu incarné, se trouve la foule de ceux qui n’éprouvent pas d’orgueil à la vue de la splendeur extérieure de l’humanité actuelle et qui n’entendent pas non plus se retirer en eux-mêmes pour vivre seulement de ce que peut fournir l’esprit. Ce sont ceux qui se disent satisfaits s’ils réussissent à vivre dans l’instant, ne voyant et ne désirant rien d’autre que l’assurance de la plus grande disponibilité possible des biens extérieurs et de n’avoir à redouter, dans l’instant suivant, aucune diminution de leur niveau de vie. Ni la grandeur de Dieu, ni la dignité de l’homme, merveilleusement et visiblement exaltées toutes deux dans le mystère de Noël, n’impressionnent ces esprits misérables, devenus insensibles et incapables de donner un sens à leur vie.
Ignorant ou ayant rejeté de la sorte la présence de Dieu incarné, l’homme moderne a construit un monde dans lequel les merveilles se confondent avec les misères, plein d’incohérences, comme une voie sans issue, ou comme une maison pourvue de tout, mais qui, faute de toit, ne peut donner la sécurité désirée à ses habitants. Dans certaines nations en effet, malgré l’énorme développement du progrès extérieur, et bien que l’entretien matériel soit assuré à toutes les classes sociales, circule et s’étend un sentiment d’indéfinissable malaise, une attente anxieuse de quelque chose qui doit arriver. Ici revient à l’esprit l’attente des simples bergers des campagnes de Bethléem, dont la sensibilité et la promptitude peuvent enseigner aux hommes orgueilleux du vingtième siècle où il faut chercher ce qui manque : « Allons à Bethléem, disent-ils, et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître » (Luc, II, 15). L’événement acquis à l’histoire depuis déjà deux mille ans, mais dont la vérité et l’influence doivent reprendre leur place dans les consciences, c’est la venue de Dieu dans sa maison et sa propriété (Jean, I, 11). Désormais l’humanité ne peut impunément repousser et oublier la venue et l’habitation de Dieu sur la terre, parce que, dans l’économie de la Providence, celle-ci est essentielle à l’établissement de l’ordre et de l’harmonie entre l’homme et ses biens, entre ceux-ci et Dieu. L’Apôtre saint Paul décrivit la totalité de cet ordre en une synthèse admirable : « Tout est à vous, et vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (I Cor., III, 23). Qui voudrait laisser tomber de cette ordonnance indestructible Dieu et le Christ, et ne retenir des paroles de l’Apôtre que le droit de l’homme sur les choses, provoquerait une brisure essentielle dans le dessein du Créateur.
Saint Paul lui-même insisterait et dirait : « Que personne ne se glorifie dans les hommes » (I Cor., III, 21). Qui ne voit combien cet avertissement est actuel pour les hommes de notre temps, si orgueilleux de leurs inventeurs et découvreurs, lesquels ne souffrent plus comme autrefois l’épreuve de l’isolement, mais occupent au contraire l’imagination des foules et même l’attention vigilante des hommes d’Etat ? Autre chose cependant est de leur accorder l’honneur qui leur est dû, autre chose d’attendre d’eux et de leurs découvertes la solution du problème fondamental de la vie. En conséquence, la richesse et les œuvres, les projets et les inventions, fierté et tourment de l’âge moderne, doivent être considérés par rapport à l’homme, image de Dieu.
Si donc ce que l’on appelle progrès n’est pas conciliable avec les lois divines présidant à l’ordre du monde, ce n’est certainement pas un bien, ni un progrès, mais un chemin qui conduit à la ruine. Ni l’art perfectionné de l’organisation, ni les méthodes les plus poussées du calcul ne préserveraient de la conclusion inéluctable, car ils ne sont pas capables de créer en l’homme une assurance intime, et encore moins d’en tenir lieu.
II. Le Christ dans la vie historique et sociale de l’humanité
Seul Jésus-Christ donne à l’homme cette assurance intime : « Quand vint la plénitude des temps » (Gal. IV, 4), le Verbe de Dieu descendit dans cette vie terrestre, prenant une vraie nature humaine, et entra de la sorte dans la vie historique et sociale de l’humanité, en cela aussi « devenu semblable aux hommes » (Phil., II, 7), bien qu’étant Dieu depuis l’éternité. Sa venue indique donc que le Christ voulut s’établir guide des hommes et leur soutien dans l’histoire et dans la société. Le fait que l’homme a acquis dans l’ère technique et industrielle que nous vivons un pouvoir admirable sur les éléments organiques et inorganiques du monde ne constitue pas un titre qui l’affranchisse du devoir de se soumettre au Christ, Roi de l’histoire, et ne diminue pas la nécessité qui s’impose à l’homme d’être soutenu par Lui. En fait, la recherche anxieuse de la sécurité est devenue toujours plus forte.
L’expérience actuelle démontre précisément que l’oubli ou la méconnaissance de la présence du Christ dans le monde a provoqué le sentiment d’égarement et le manque de sécurité et de stabilité propres à l’ère technique. L’oubli du Christ a conduit à méconnaître même la réalité de la nature humaine, établie par Dieu comme fondement de la vie en commun dans l’espace et dans le temps.
Les principes de la vraie nature humaine, fondement de la sécurité de l’homme.
En quelle direction faut-il alors chercher la sécurité et l’assurance intime d’une vie en commun, sinon dans un retour des esprits vers la conservation et le rappel des principes de la vraie nature humaine voulue par Dieu ? A savoir, qu’il y a un ordre naturel, même si ses formes changent avec les développements historiques et sociaux ; mais les lignes essentielles ont toujours été et demeurent les mêmes : la famille et la propriété, comme facteurs complémentaires de sécurité, les institutions locales et les unions professionnelles, et finalement l’Etat.
Jusqu’ici les hommes soutenus par le christianisme s’inspiraient de ces principes et de ces règles dans la théorie et dans la pratique, pour réaliser autant qu’ils le pouvaient l’ordre qui garantit la sécurité. Mais, à la différence des modernes, nos aînés savaient — même par les erreurs dont leurs applications concrètes ne furent pas exemptes — que les forces humaines, quand il s’agit d’établir la sécurité, sont intrinsèquement limitées, et ils recouraient en conséquence à la prière pour obtenir qu’un pouvoir bien plus élevé suppléât à leur insuffisance. Au contraire, l’abandon de la prière dans ce qu’on appelle l’ère industrielle est le symptôme le plus marquant de la prétendue autosuffisance dont se glorifie l’homme moderne. Trop nombreux sont ceux qui aujourd’hui ne prient plus pour la sécurité, estimant dépassée par la technique la demande que le Seigneur met sur les lèvres des hommes : « Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien » (Matth., VI, 11), ou bien ils la répètent du bout des lèvres, sans être intimement persuadés de sa perpétuelle nécessité.
Fausses applications à la sécurité des conquêtes scientifiques et techniques modernes.
Mais peut-on vraiment affirmer que l’homme ait conquis ou soit sur le point de conquérir la pleine autosuffisance ? Les conquêtes modernes, certainement admirables, du développement scientifique et technique pourront sans doute donner à l’homme une domination étendue sur les forces de la nature, sur les maladies et jusque sur le début et la fin de la vie humaine ; mais il est également certain qu’une telle maîtrise ne pourra pas transformer la terre en un paradis de jouissance assurée. Comment pourra-t-on donc raisonnablement attendre tout des forces de l’homme, si déjà le fait de nouveaux développements erronés, ainsi que de nouvelles infirmités démontrent le caractère unilatéral d’une pensée qui voudrait dominer la vie exclusivement sur la base de l’analyse et de la synthèse quantitatives ? Non seulement son application à la vie sociale est fausse mais elle est aussi une simplification pratiquement dangereuse de processus très compliqués. Dans de telles conditions même l’homme moderne a besoin de prier et, s’il est sensé, il est prêt aussi à prier pour la sécurité.
Cela ne signifie pas toutefois que l’homme doive renoncer à des formules nouvelles, c’est-à-dire à adapter aux conditions présentes, pour sa sécurité, l’ordre indiqué plus haut qui reflète la vraie nature humaine. Rien n’interdit que la sécurité s’établisse en utilisant également les résultats de la technique et de l’industrie ; il faut cependant résister à la tentation de faire reposer l’ordre et la sécurité sur la méthode purement quantitative signalée plus haut, qui ne tient aucun compte de l’ordre de la nature, comme le voudraient ceux qui confient tout le destin de l’homme à l’immense pouvoir industriel de l’époque présente. Ils croient baser toute sécurité sur la productivité toujours croissante et sur le cours ininterrompu de la production toujours plus grande et plus féconde de l’économie nationale. Celle-ci, disent-ils, grâce à un système automatique intégral et toujours plus parfait de production et appuyé sur les meilleures méthodes d’organisation et de calcul, assurera à tous les travailleurs un rendement de travail continu et progressif. Dans une phase ultérieure, celui-ci deviendra si grand que, grâce aux prestations de la communauté, il pourra assurer la sécurité de ceux qui ne sont pas encore ou qui ne sont plus aptes au travail, enfants, vieillards, malades. Pour établir la sécurité, concluent-ils, il ne sera donc plus nécessaire de recourir à la propriété, privée ou collective, en nature ou en capitaux.
Eh bien ! cette manière d’organiser la sécurité n’est pas une des formes d’adaptation des principes naturels aux développements nouveaux, mais comme un attentat à l’essence des rapports naturels de l’homme avec ses semblables, avec le travail, avec la société. Dans ce système trop artificiel la sécurité de vie de l’individu est dangereusement séparée des dispositions et des énergies destinées à l’organisation de la communauté, qui sont inhérentes à la nature humaine véritable, et qui seules rendent possible une union solidaire des hommes. En une certaine manière, bien qu’avec l’adaptation nécessaire au temps, la famille et la propriété doivent rester parmi les fondements du libre établissement personnel. D’une certaine manière, les communautés mineures et l’Etat doivent pouvoir intervenir comme facteurs complémentaires de sécurité.
En conséquence, il est vrai une fois de plus qu’une méthode quantitative, si perfectionnée soit-elle, ne peut ni ne doit dominer la réalité sociale et historique de la vie humaine. Le niveau de vie toujours plus élevé, la productivité technique sans cesse multipliée ne sont pas des critères qui autorisent par eux-mêmes à affirmer qu’il y a une véritable amélioration de la vie économique d’un peuple. Seule une vue unilatérale du présent, et peut-être même du futur le plus proche, peut se contenter d’un tel critère, mais sans plus. De là dérivent, parfois pour longtemps, une consommation irréfléchie des réserves et des trésors de la nature, et malheureusement même de l’énergie humaine disponible pour le travail et aussi, peu à peu, une disproportion toujours plus grande entre la nécessité de maintenir la colonisation du sol national avec une adaptation raisonnable à toutes ses possibilités productives et une concentration excessive des travailleurs. Qu’on y ajoute la décomposition de la société, et spécialement de la famille, en travailleurs et consommateurs séparés, le danger croissant de baser l’assurance de la vie sur le revenu de la propriété sous toutes ses formes, si exposée à toute dévaluation de la monnaie, et le risque qu’il y a à faire reposer cette sécurité uniquement sur le revenu courant du travail.
Quiconque, à cette époque industrielle, accuse à bon droit le communisme d’avoir privé de la liberté les peuples qu’il domine, ne devrait pas omettre de noter que même dans l’autre partie du monde la liberté sera une possession bien douteuse, si la sécurité de l’homme ne dérive plus de structures qui correspondent à sa vraie nature.
La croyance erronée qui fait reposer le salut dans un progrès toujours croissant de la production sociale est une superstition, peut-être l’unique de notre temps industriel rationaliste, mais c’est aussi la plus dangereuse, car elle semble estimer impossibles les crises économiques, qui comportent toujours le risque d’un retour à la dictature.
En outre, cette superstition n’est pas non plus capable de dresser un rempart solide contre le communisme, car elle est partagée par la partie communiste et même par un bon nombre des non-communistes. Les deux parties se rencontrent dans cette croyance erronée, et établissent de la sorte un accord tacite qui peut induire les prétendus réalistes de l’Ouest à rêver de la possibilité d’une véritable coexistence.
La pensée de l’Eglise sur le communisme.
Dans le radiomessage de Noël de l’an passé, Nous avons exposé la pensée de l’Eglise sur ce sujet, et Nous voulons la confirmer encore une fois. Nous rejetons le communisme comme système social en vertu de la doctrine chrétienne, et Nous devons affirmer en particulier les fondements du droit naturel. Pour la même raison, Nous rejetons aussi l’opinion selon laquelle le chrétien devrait aujourd’hui considérer le communisme comme un phénomène ou une étape dans le cours de l’histoire, comme un « moment » nécessaire de son évolution, et par conséquent l’accepter comme décrété par la Providence divine.
Avertissement aux chrétiens de l’âge industriel actuel.
Mais en même temps Nous avertissons à nouveau les chrétiens de l’âge industriel actuel — dans le même esprit que ceux qui Nous précédèrent immédiatement dans Notre charge pastorale et le magistère suprême — de ne pas se contenter d’un anticommunisme fondé sur le principe et sur la défense d’une liberté vide de contenu ; Nous les exhortons bien plutôt à édifier une société dans laquelle la sécurité de l’homme repose sur cet ordre moral dont Nous avons déjà plusieurs fois exposé la nécessité et les conséquences, et qui reflète la vraie nature humaine.
Or les chrétiens, auxquels Nous Nous adressons plus particulièrement ici, devraient savoir mieux que les autres que le Fils de Dieu fait homme est l’unique solide soutien de l’humanité, même dans la vie sociale et historique, et qu’en assumant la nature humaine, Il en a confirmé la dignité comme fondement et règle de cet ordre moral. C’est donc leur devoir principal de faire en sorte que la société moderne retourne dans ses structures aux sources consacrées par le Verbe de Dieu fait chair. Si jamais les chrétiens négligeaient ce devoir qui leur incombe, laissant inerte, en tant qu’il dépend d’eux, la force qu’est la foi pour ordonner la vie publique, ils commettraient une trahison envers l’Homme-Dieu apparu visiblement parmi nous dans le berceau de Bethléem. Et que cela serve à témoigner du sérieux et de la raison profonde de l’action chrétienne dans le monde, et en même temps à écarter tout soupçon de soi-disant prétentions à la puissance terrestre de la part de l’Eglise.
Si donc les chrétiens s’unissent dans un tel but en diverses institutions et organisations, ils ne se proposent pas d’autre fin que le service voulu par Dieu à l’avantage du monde. C’est pour ce motif, et non par faiblesse, que les chrétiens s’unissent. Mais ils demeurent — eux surtout — ouverts à toute saine entreprise et à tout véritable progrès, et ne se retirent pas dans un cercle fermé comme pour se préserver du monde. Appliqués à promouvoir le bien commun, ils ne méprisent pas les autres, lesquels, du reste, s’ils sont dociles à la lumière de la raison, pourraient et devraient accepter de la doctrine chrétienne au moins ce qui est fondé sur le droit naturel.
Gardez-vous de ceux qui méprisent ce service rendu par les chrétiens au monde et lui opposent un soi-disant christianisme « pur » et « spirituel ». Ils n’ont pas compris cette institution divine, à commencer par son fondement : le Christ, vrai Dieu, mais aussi vrai homme. L’Apôtre Paul nous fait connaître la volonté pleine et intégrale de l’Homme-Dieu, qui vise à ordonner ce monde terrestre aussi, en Lui attribuant, pour l’honorer, deux titres éloquents, celui de « médiateur », et celui d”« homme » (I Tim., II, 5). Oui, homme, comme chacun de ceux qu’Il a rachetés.
III. Nécessaire intégration et stabilité de toute vie dans le Christ
Jésus-Christ n’est pas seulement le solide soutien de l’humanité dans la vie sociale et historique. Il l’est aussi dans celle de chaque chrétien, et de même que « toutes choses furent faites par Lui et rien sans Lui » (Jean, I, 3), ainsi personne ne pourra jamais accomplir sans Lui d’œuvres dignes de la sagesse et de la gloire divines. L’idée de la nécessaire intégration et stabilité de toute vie dans le Christ fut inculquée aux fidèles dès les premiers temps de l’Eglise : par l’apôtre Pierre alors que sous le portique du temple de Jérusalem, il proclama le Christ « ἀρχηγὸν τῆς ζωῆς » (Actes III, 15), c’est-à-dire « l’auteur de la vie », et par l’Apôtre des Nations, qui indiquait souvent quel devait être le fondement de la nouvelle vie reçue au baptême ; il écrivait : Vous fondez votre existence non sur la chair, mais sur l’esprit, si vraiment l’Esprit de Dieu habite en vous. Qui n’a pas l’esprit du Christ, n’appartient pas à Dieu (Rom. VIII, 9). C’est pourquoi, comme tout homme racheté « renaît » dans le Christ, ainsi se trouve-t-il par Lui « en assurance dans la foi » (Jean III, 3 ; I Pierre, I, 5).
Limites du pouvoir humain.
Comment du reste serait-il possible à l’individu, même non chrétien, lorsqu’il est abandonné à lui-même, de se croire raisonnablement autonome, complet et solide, quand la réalité lui présente de tous côtés les limites dans lesquelles la nature le contraint, et qui pourront sans doute être élargies, mais non pas complètement supprimées ? La loi de la limitation est le propre de la vie sur la terre, et Jésus-Christ lui-même ne s’est pas soustrait à son empire : en tant qu’homme, son action avait des limites fixées par les desseins inscrutables de Dieu et selon la mystérieuse coopération de la grâce divine et de la liberté humaine. Toutefois, tandis que le Christ-Homme, limité dans sa demeure terrestre, nous réconforte et nous rassure dans notre limitation, le Christ-Dieu nous infuse une hardiesse supérieure, car II a la plénitude de la sagesse et de la puissance.
Sur le fondement de cette réalité, le chrétien qui s’apprête courageusement et avec tous les moyens naturels et surnaturels à édifier un monde selon l’ordre naturel et surnaturel voulu par Dieu élèvera constamment le regard vers le Christ et contiendra son action dans les limites fixées par Dieu. Méconnaître ceci serait vouloir un monde contre la disposition divine, et par conséquent pernicieux pour la vie sociale elle-même.
Nous venons d’indiquer les conséquences dommageables qui dérivent de la surestimation erronée du pouvoir humain et de la dépréciation de la réalité objective qui, par un ensemble de principes et de normes — religieuses, morales, économiques, sociales — établit les limites et montre la juste direction des actions humaines. Or les mêmes erreurs se répètent avec des conséquences semblables dans le domaine du travail humain, et plus précisément dans celui du travail et de la production économiques.
En face du développement étonnant de la technique, et plus souvent à cause de suggestions reçues, le travailleur se sent absolument patron et maître de son existence, simplement capable de poursuivre tous les buts, de réaliser tous ses rêves. Limitant à la nature tangible toute la réalité, il voit dans la vitalité de la production le moyen de devenir un homme toujours plus parfait. La société productrice qui se présente de façon durable au travailleur comme l’unique réalité vivante et comme la puissance qui soutient tous les hommes, donne la mesure à toute sa vie ; elle est par suite son seul appui solide pour le présent et pour l’avenir. C’est en elle qu’il vit, en elle qu’il se meut et qu’il existe ; elle devient à la fin pour lui un succédané de la religion. Ainsi, pense-t-on, surgira un nouveau type d’homme, celui qui entoure le travail de l’auréole de la plus haute valeur morale et qui vénère la société du travail avec une espèce de ferveur religieuse.
La haute valeur morale du travail.
Qu’on se demande maintenant si la force créatrice du travail constitue vraiment le solide soutien de l’homme indépendamment d’autres valeurs non purement techniques, et si par suite elle mérite d’être comme divinisée par les hommes modernes. Non, certainement ; pas plus d’ailleurs qu’aucun autre pouvoir ou activité de nature économique. Même à l’époque de la technique, la personne humaine créée par Dieu et rachetée par le Christ reste élevée dans son être et dans sa dignité, et par conséquent sa force créatrice et son travail ont une solidité bien supérieure. Ainsi consolidé, le travail humain lui aussi constitue une haute valeur morale, et l’humanité au travail une société qui non seulement produit des objets, mais glorifie Dieu. L’homme peut considérer son travail comme un véritable instrument de sa propre sanctification, car en travaillant il perfectionne en soi l’image de Dieu, satisfait au devoir et au droit de se procurer à soi-même et aux siens la subsistance nécessaire, et se rend utile à la société. La réalisation de cet ordre lui procurera la sécurité, en même temps que la « paix sur la terre » annoncée par les anges.
La question de la paix.
Et pourtant c’est précisément à lui, homme religieux, chrétien, que certains reprochent d’être un obstacle à la paix, de contrarier la vie commune pacifique des hommes, des peuples, des divers systèmes, parce qu’il ne garde pas silencieusement dans l’intime de sa conscience ses convictions religieuses, mais les met en valeur même dans des organisations traditionnelles et puissantes, dans toutes les activités de sa vie privée et publique. On affirme qu’un tel christianisme rend l’homme arrogant, partial, trop sûr et content de soi ; qu’il le conduit à défendre des positions qui n’ont plus aucun sens, au lieu d’être ouvert à tout et à tous et d’avoir confiance que dans une coexistence générale la vie intime de foi en tant qu”« esprit et amour », au moins dans la croix et dans le sacrifice, apporterait à la cause commune une contribution décisive. Dans cette conception erronée de la religion et du christianisme, n’avons-nous pas de nouveau en face de nous ce faux culte du sujet humain et de sa vitalité concrète, transporté dans la vie surnaturelle ? L’homme devant des opinions et des systèmes opposés à la vraie religion reste toujours tenu par les limites établies par Dieu dans l’ordre naturel et surnaturel. Conformément à ce principe Notre programme de paix ne peut approuver une coexistence inconditionnée avec tous et à tout prix — certainement pas au prix de la vérité et de la justice. Ces limites inamovibles exigent en effet d’être pleinement observées. Là où elles le sont, même aujourd’hui, la religion est protégée de manière sûre contre les abus de nature politique dans la question de la paix, tandis que là où elle est restreinte à la vie purement intérieure, la religion elle-même est plus exposée à ce péril.
Les armes nucléaires et le contrôle des armements.
Cette pensée Nous amène spontanément à la question toujours brûlante de la paix, qui constitue l’angoisse incessante de Notre cœur, et dont un problème partiel requiert actuellement une considération spéciale. Nous voulons parler d’une proposition récente qui vise à suspendre par le moyen d’une entente internationale l’expérimentation des armes nucléaires. On a parlé aussi d’arriver par des étapes ultérieures à des conventions en vertu desquelles on renoncerait à l’usage de ces armes et on soumettrait tous les Etats à un contrôle effectif des armements. Il s’agirait donc de trois mesures : renonciation aux expériences avec des armes nucléaires, renonciation à l’emploi de telles armes, contrôle général des armements.
La très grande importance de ces propositions apparaît dans une lumière tragique si l’on considère ce que la science croit pouvoir dire sur des événements aussi graves, et que Nous estimons utile de résumer ici brièvement.
Au sujet des expériences d’explosions atomiques, l’opinion de ceux qui appréhendent les conséquences possibles de leur multiplication semble admise chaque jour davantage. A la longue en effet cette multiplication pourrait provoquer dans l’atmosphère une densité de produits radioactifs dont la distribution dépend de causes qui échappent au pouvoir de l’homme, et engendrer ainsi des conditions très dangereuses pour la vie d’un grand nombre d’êtres.
Au sujet de l’usage, une explosion nucléaire libère en un temps extrêmement bref une énorme quantité d’énergie, égale à plusieurs milliards de kilowatts-heures ; elle est constituée de radiations de nature électromagnétique de densité très élevée, distribuées sur une large échelle de longueurs d’onde, jusqu’à des rayons les plus pénétrants et des corpuscules lancés à des vitesses voisines de celle de la lumière, provenant des processus de désintégration nucléaire. Cette énergie se transmet à l’atmosphère et dans l’espace de quelques millièmes de seconde, élève de centaines de degrés la température des masses d’air environnantes, provoquant en elles un déplacement violent qui se propage avec la vitesse du son. On constate à la surface de la terre, sur une étendue de nombreux kilomètres carrés, des phénomènes d’une violence inimaginable : volatilisation de matériaux et destructions totales dues au rayonnement direct, à la température, à l’action mécanique, tandis qu’une énorme quantité de matériaux radioactifs de vie moyenne variable complètent et continuent la ruine par leur activité.
Voici donc le spectacle qui s’offrirait au regard atterré comme conséquence d’un tel usage : des cités entières, même parmi les plus grandes et les plus riches en histoire et en art, anéanties ; un noir tapis de mort sur les matériaux pulvérisés qui couvrent d’innombrables victimes aux membres brûlés, tordus, dispersés, tandis que d’autres gémissent dans les spasmes de l’agonie. Et en même temps le spectre de la nuée radioactive empêche tout secours charitable aux survivants et s’avance inexorablement pour supprimer les vies qui restent. Il n’y aura aucun cri de victoire, mais seulement la douleur inconsolable de l’humanité, qui contemplera désolée la catastrophe due à sa propre folie.
En ce qui concerne le contrôle, certains ont suggéré les inspections avec des avions convenablement équipés en vue de surveiller de grands territoires par rapport aux explosions atomiques. D’autres pourraient peut-être penser à la possibilité d’un réseau mondial de centres d’observation, tenus chacun par des savants de nations différentes et garantis par de solennels engagements internationaux. De tels centres devraient être pourvus d’instruments délicats et précis d’observation météorologique, sismique, d’analyses chimiques, de spectrographie de masse et autres du même genre, et rendraient possible le contrôle réel sur un bon nombre, sinon malheureusement sur toutes les activités qui auraient été précédemment interdites dans le domaine des expériences conduites à l’aide d’explosions atomiques.
Nous n’hésiterons pas à affirmer, toujours dans le sens de Nos allocutions antérieures, que l’ensemble de ces trois mesures, comme objet d’une entente internationale, est un devoir de conscience des peuples et de leurs gouvernants. Nous avons dit : l’ensemble de ces mesures, parce que le motif de son obligation morale est aussi l’établissement d’une égale sécurité pour tous les peuples. Si au contraire le seul premier point était amené à exécution, on aurait un état de choses qui ne réaliserait pas ces conditions, d’autant plus qu’il y aurait une raison suffisante pour douter qu’on veuille réellement aboutir à la conclusion des deux autres conventions. Nous parlons aussi ouvertement parce que le danger de propositions insuffisantes dans la question de la paix dépend en grande partie des suspicions réciproques qui troublent souvent les rapports des puissances intéressées, qui s’accusent réciproquement, bien qu’à des degrés divers, de pure tactique, et même de manque de loyauté dans une cause fondamentale pour le sort de tout le genre humain.
La pacification préventive.
Du reste, les efforts pour la paix doivent consister non seulement en mesures visant à restreindre la possibilité de conduire une guerre, mais encore davantage à prévenir, éliminer ou mitiger à temps les oppositions entre les peuples, qui pourraient la provoquer.
Il est nécessaire que les hommes d’Etat se consacrent avec une vigilance évidente à cette espèce de pacification préventive, et qu’ils se pénètrent d’un esprit de justice impartiale et même de générosité, tout en restant dans les limites d’un sain réalisme. Dans le message de Noël de l’an dernier Nous avons déjà fait allusion aux foyers d’oppositions qui se remarquent dans les rapports entre les peuples européens et ceux qui hors d’Europe aspirent à la pleine indépendance politique. Pourrait-on laisser les conflits suivre, pour ainsi dire, leur cours, ce qui amènerait facilement à en augmenter la gravité, à creuser dans les esprits des sillons de haine et à créer ce qu’on appelle des inimitiés traditionnelles ? Est-ce qu’un tiers n’en tirerait peut-être pas avantage, un tiers que les deux autres groupes au fond ne veulent pas et ne peuvent pas vouloir ? De toute façon, qu’une liberté politique juste et progressive ne soit pas refusée à ces peuples, et qu’on n’y mette pas d’obstacles. Ceux-ci toutefois reconnaîtront à l’Europe le mérite de leur avancement ; sans l’influence de l’Europe, étendue à tous les domaines, ils pourraient être entraînés par un nationalisme aveugle à se jeter dans le chaos ou dans l’esclavage.
D’autre part, les peuples de l’Occident, spécialement de l’Europe, ne devraient pas, sur l’ensemble des questions dont il s’agit, demeurer passifs dans un regret stérile du passé ou s’adresser des reproches mutuels de colonialisme. Ils devraient au contraire se mettre à l’œuvre de façon constructive, pour étendre, là où cela n’aurait pas encore été fait, les vraies valeurs de l’Europe et de l’Occident, qui ont porté tant de bons fruits dans d’autres continents. Plus ils tendront à cela seulement, plus ils aideront les libertés des peuples jeunes, et plus ils demeureront eux-mêmes préservés des séductions du faux nationalisme. Celui-ci est en réalité leur véritable ennemi, qui les exciterait un jour les uns contre les autres, au profit d’un tiers. Cette prévision, qui n’est pas sans fondement, ne devrait pas être négligée ni oubliée de ceux qui traitent le problème de la paix dans des congrès où malheureusement brille la splendeur d’une unité extérieure et surtout négative. De telles considérations et une telle manière de procéder Nous semblent contenir une précieuse assurance de la paix, sous certains aspects encore plus importante qu’un empêchement immédiat de la guerre.
Conclusion.
Chers fils et filles ! Si aujourd’hui encore la naissance du Christ fait rayonner dans le monde des splendeurs de joie et suscite dans les cœurs de profondes émotions, c’est parce que dans l’humble berceau du Fils de Dieu incarné sont enfermées les immenses espérances des générations humaines. En Lui, avec Lui et par Lui se trouvent le salut, la sécurité, le destin temporel et éternel de l’humanité. La voie est ouverte à tous et à chacun pour accéder à ce berceau, pour puiser dans les enseignements, dans les exemples, dans la libéralité de l’Homme-Dieu leur part de grâces et de biens nécessaires à la vie présente et future. Si par indolence personnelle ou par la faute d’autrui cette démarche était négligée, il serait vain de la chercher ailleurs, parce que partout s’appesantit la nuit de l’erreur et de l’égoïsme, du vide et de la faute, de la désillusion et de l’incertitude. Les expériences malheureuses des peuples, des systèmes, des individus qui n’ont pas voulu demander au Christ la voie, la vérité et la vie devraient être sérieusement considérées et méditées par tous ceux qui croient pouvoir tout faire par eux-mêmes. L’humanité d’aujourd’hui, cultivée, puissante, dynamique, a peut-être un plus grand titre au bonheur terrestre dans la sécurité et dans la paix, mais elle ne réussira pas à le transformer en réalité tant que dans ses calculs, ses desseins et ses discussions elle n’introduira pas le facteur le plus élevé et le plus efficace : Dieu et son Christ. Que l’Homme-Dieu retourne parmi les hommes, Roi reconnu et obéi, comme II retourne spirituellement, chaque Noël, s’étendre dans le berceau pour s’offrir à tous. Voici le souhait que Nous exprimons aujourd’hui à la grande famille humaine, certain de lui indiquer le chemin de son salut et de son bonheur.
Que le Divin Enfant daigne accueillir Notre fervente prière, afin que sa présence soit pour ainsi dire perceptible aux sens dans le monde d’aujourd’hui, comme elle le fut aux jours de sa présence terrestre. Que vivant parmi les hommes II éclaire les esprits et fortifie les volontés de ceux qui dirigent les peuples, qu’Il assure à ceux-ci la justice et la paix, qu’Il encourage les apôtres volontaires de son message éternel, qu’Il soutienne les bons, qu’Il attire à Lui les fourvoyés, qu’Il réconforte ceux qui souffrent persécution pour son Nom et pour son Eglise, qu’Il secoure les pauvres et les opprimés, qu’Il adoucisse les peines des malades, des prisonniers, qu’Il donne à tous une étincelle de son amour divin, afin que triomphe en tout lieu sur la terre son règne pacifique.
Ainsi soit-il.
Source : Documents Pontificaux de S. S. Pie XII, année 1955, Édition Saint-Augustin Saint-Maurice. – D’après le texte français de l’Osservatore Romano du 30 décembre 1955.