Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

1er novembre 1939

Lettre encyclique Sertum Lætitiæ

Sur le 150e anniversaire de l'établissement d'un évêque aux États-Unis

Table des matières

La deuxième ency­clique de Pie XII est adres­sée aux évêques des Etats-​Unis, à l’occasion du 150e anni­ver­saire de l’établissement de la hiérar­chie catho­lique dans leur pays. Après avoir féli­ci­té les catho­liques des Etats-​Unis pour la vita­li­té de leur catho­li­cisme, le Pape recom­mande comme remèdes aux maux actuels la sain­te­té de la famille, l’unité et la jus­tice sociale. Voici la tra­duc­tion de cet impor­tant document :

A ses très chers fils arch­vêques, évêques et autres ordi­naires des lieux des États-​Unis d’Amérique en paix et com­mu­nion avec le Siège Apostolique

Vénérables frères,
Salut et béné­dic­tion apostolique

Désireux d’accroître encore une guir­lande de sainte joie, Nous fran­chis­sons, par la pen­sée, l’interminable éten­due de la mer, et Nous venons, en esprit, au milieu de vous, qui célé­brez avec tous vos fidèles l’heureux achè­ve­ment de ce siècle et demi qui Nous sépare du jour où la hié­rar­chie ecclé­sias­tique fut éta­blie aux Etats-​Unis. Et Nous le fai­sons très volon­tiers, parce que, en ce début de Notre sou­ve­rain pon­ti­fi­cat, ce Nous est une occa­sion solen­nelle — qui Nous est d’autant plus agréable — d’attester publi­que­ment quelle estime et quelle affec­tion Nous éprou­vons pour le peuple amé­ri­cain si illustre et débor­dant de jeunesse.

A ceux qui par­courent les annales de votre nation et qui recher­chent les causes pro­fondes des évé­ne­ments qui en sont la trame, il appa­raît avec évi­dence que le déve­lop­pe­ment triom­phal de la reli­gion divine n’a pas peu contri­bué à conduire votre patrie vers la gloire et la pros­pé­ri­té dont elle jouit. Il est bien vrai que, si cette reli­gion, née du ciel par ses ins­ti­tu­tions et ses lois, est des­ti­née à conduire les hommes à la féli­ci­té éter­nelle, elle n’en comble pas moins la vie d’ici-bas de tant de bien­faits qu’elle n’en pour­rait dis­tribuer davan­tage, dans l’hypothèse où sa prin­ci­pale rai­son d’être serait de rendre heu­reux les hommes durant leur courte exis­tence terrestre.

Le premier évêque des Etats-​Unis.1

Il Nous est agréable de rap­pe­ler des faits bien connus. Quand Pie VI don­na à vos com­pa­triotes leur pre­mier évêque dans la per­sonne d’un citoyen amé­ri­cain, John Carroll, en le nom­mant au siège de Baltimore, il y avait là un nombre de catho­liques si res­treint et de si petite impor­tance, et la situa­tion des Etats-​Unis était si pré­caire, que leur grou­pe­ment et leur uni­té poli­tique elle-​même étaient mena­cés d’une crise pro­fonde. En effet, à cause d’une longue guerre épui­sante, le Trésor était gra­ve­ment endet­té, les indus­tries lan­guis­saient, et la popu­la­tion, exas­pé­rée par les cala­mi­tés, s’était divi­sée en par­tis oppo­sés. Ce fut le très célèbre George Washington, homme au carac­tère ferme et à l’esprit sagace, qui redres­sa cette situa­tion dou­lou­reuse et même cri­tique. Il était lié d’une solide ami­tié avec le véné­ré évêque de Baltimore. Ainsi le père de la patrie et le pre­mier pas­teur de l’Eglise sur cette terre qui Nous est si chère, unis par des liens de bien­veillance réci­proque — exemple per­ma­nent pour la pos­té­ri­té et leçon pour tous les temps à venir — se tenant en quelque façon par la main, indi­quaient au peuple amé­ricain qu’il devait avoir pour règle sacrée de vie le res­pect de la foi chré­tienne, qui, ren­fer­mant les suprêmes prin­cipes de la morale et leur don­nant toute leur valeur, est la sau­ve­garde du bien public et contient la source du véri­table progrès.

Prospérité de l’Eglise catholique aux Etats-Unis.

Nombreuses furent les causes aux­quelles on doit attri­buer l’épa­nouissement de l’Eglise catho­lique dans votre pays. Nous vou­lons en rele­ver une, par­ti­cu­liè­re­ment digne d’attention. Des groupes de prêtres, chas­sés par la per­sé­cu­tion vers votre pays, vinrent appor­ter à votre pre­mier pas­teur une aide très dési­rée et répan­dirent, par leur col­la­bo­ra­tion active au minis­tère des âmes, une semence pré­cieuse, qui leva en une abon­dante mois­son de ver­tus. Quelques-​uns d’entre-eux devinrent ensuite évêques, et ain­si par­ti­ci­pèrent encore davan­tage aux pro­grès de la cause catho­lique. Il arri­va donc ce qui arrive tou­jours, comme l’histoire le démontre : les orages de la per­sé­cu­tion n’éteignent pas, mais étendent au contraire sur de plus vastes espaces la flamme apos­to­lique qui, ali­men­tée par une foi loyale et une cha­ri­té sin­cère, embrase les cœurs généreux.

Un siècle après cet évé­ne­ment qui vous rem­plit main­te­nant d’une joie si légi­time, le pape Léon XIII, d’heureuse mémoire, vou­lut, dans sa lettre Longinqua ocea­ni2, mesu­rer le che­min par­cou­ru là-​bas par l’Eglise depuis ses débuts et don­ner des recom­man­da­tions et des direc­tives où la bien­veillance le dis­pu­tait à la sagesse. Ce qui fut si bien écrit alors par Notre auguste pré­dé­ces­seur devra res­ter tou­jours digne d’attention. Dans ces cin­quante années écou­lées, les pro­grès de l’Eglise ne se sont pas arrê­tés là-​bas, mais ils ont pris une exten­sion plus vaste et une inten­si­té plus forte.

La vie, que la grâce du Saint-​Esprit entre­tient dans le sanc­tuaire de l’âme, est, en effet, là-​bas, flo­ris­sante ; bien four­nie, l’affluence dans les églises ; à la Table sainte, où l’on reçoit le Pain des anges, la nour­ri­ture des forts, les fidèles viennent nom­breux ; les retraites fer­mées sont sui­vies avec une sainte ardeur ; beau­coup d’âmes, dociles à la voix divine qui les appelle à un idéal de vie plus haute, reçoi­vent le sacer­doce ou embrassent l’état reli­gieux. Actuellement, il y a chez vous dix-​neuf pro­vinces ecclé­sias­tiques, cent quinze dio­cèses, près de deux cents sémi­naires, d’innombrables églises, écoles élémen­taires et supé­rieures, col­lèges, hôpi­taux, hos­pices, monas­tères. Non sans rai­son, l’étranger admire l’organisation et le fonc­tion­ne­ment de vos dif­fé­rentes caté­go­ries d’écoles, sou­te­nues par la géné­ro­si­té des fidèles, pro­té­gées par les soins assi­dus des auto­ri­tés ecclé­sias­tiques ; c’est d’elles, en effet, que sortent ces foules de citoyens bien for­més et édu­qués qui, res­pec­tueux des lois divines et humaines, sont consi­dérés à bon droit comme la force, la fleur et l’honneur de l’Eglise et de la patrie.

Vitalité des œuvres missionnaires…

Les œuvres mis­sion­naires, ensuite — notam­ment l’Œuvre pontifi­cale de la Propagation de la Foi — soli­de­ment éta­blies et d’une acti­vité exem­plaire, viennent aider par la prière, l’aumône et divers autres moyens, les hérauts de l’Evangile qui portent l’étendard de la croix sal­va­trice dans les terres infi­dèles. Nous éprou­vons le besoin, en cette cir­cons­tance, de louer publi­que­ment les œuvres mis­sion­naires par­ti­cu­lières de votre nation, qui tra­vaillent avec un zèle infa­ti­gable à l’expansion du catho­li­cisme. Elles sont connues sous les noms de Catholic Church Extension Society, socié­té entou­rée d’une auréole de gloire pour sa pieuse bien­fai­sance ; Catholic Near East Welfare Association, qui four­nit une aide pro­vi­den­tielle aux néces­si­tés du chris­tia­nisme en Orient, où il y a de si grands besoins ; Indian and Negroes Mission, œuvre approu­vée par le IIIe concile de Baltimore3, que Nous confir­mons et encou­ra­geons, parce qu’elle semble exi­gée par la remar­quable cha­ri­té envers vos conci­toyens. Nous vous avouons que Nous Nous sen­tons péné­tré d’un amour par­ti­cu­lier — ins­pi­ré cer­tai­ne­ment du ciel — pour les nègres habi­tant par­mi vous, parce que Nous savons que, dans le domaine de la reli­gion et de l’instruc­tion, ils ont besoin de soins spé­ciaux et de récon­fort qu’ils méritent bien d’ailleurs. Nous appe­lons donc d’abondantes béné­dic­tions divi­nes et Nous sou­hai­tons toutes sortes de suc­cès à ceux qui, mûs par un zèle géné­reux, se consacrent à l’assistance spi­ri­tuelle des Noirs.

En outre, vos com­pa­triotes rendent grâce à Dieu de façon très oppor­tune, pour le don ines­ti­mable d’une foi véri­table et com­plète ; rem­plis d’une sainte ardeur, ils envoient d’importants ren­forts à l’armée des mis­sion­naires qui, au prix de fatigues, par une patience inlas­sable et une éner­gie féconde en nobles ini­tia­tives pour promou­voir le règne du Christ, récoltent des mérites que la terre admire et qui seront cou­ron­nés au ciel par de justes récompenses.

…et des œuvres destinées aux fidèles du pays.

Et elles sont éga­le­ment flo­ris­santes les œuvres qui s’adressent aux membres de l’Eglise à l’intérieur de votre patrie : les offices diocé­sains de cha­ri­té dont l’organisation et le fonc­tion­ne­ment sage et pra­tique par l’intermédiaire des curés et le concours des familles reli­gieuses, portent aux pauvres, aux beso­gneux, aux malades, les dons de la cha­ri­té chré­tienne et sou­lagent les misères ; dans l’accom­plissement d’un minis­tère de si grande impor­tance, le chré­tien voit des yeux de la foi doux et per­çants le Christ lui-​même pré­sent dans les indi­gents et les affli­gés, qui sont les membres mys­tiques souf­frants du très aimé Rédempteur.

Parmi vos asso­cia­tions laïques — les énu­mé­rer toutes serait trop long — les lau­riers d’une gloire durable reviennent à l’Action catho­lique, aux congré­ga­tions mariales, à la Confraternité de la doc­trine chré­tienne, heu­reuses des fruits recueillis et assu­rées d’une mois­son encore plus belle dans l’avenir, sans oublier l’Association du Saint-​Nom, excellent guide pour pro­mou­voir le culte et la pié­té chré­tienne. A la tête de cette acti­vi­té mul­tiple des catho­liques, acti­vi­té qui s’exerce en diverses pro­vinces, sui­vant les exi­gences du moment, se trouve ce comi­té qui s’appelle la National Catholic Welfare Conference et qui pro­cure à votre minis­tère épis­co­pal des moyens adaptés.

Les prin­ci­pales de ces ins­ti­tu­tions, Nous avons pu les voir en par­tie, en octobre 1936, lorsqu’au cours de Notre voyage au-​delà de l’Océan, Nous avons eu la joie de vous connaître direc­te­ment, vous et votre champ d’activité. De tout ce que Nous avons alors admi­ré de Nos yeux, Nous gar­de­rons tou­jours dans Notre cœur l’inou­bliable et joyeux souvenir.

Il convient donc qu’avec des sen­ti­ments d’adoration, Nous ren­dions grâces à Dieu de tout cela, et que Nous fas­sions mon­ter vers lui l’hymne de la recon­nais­sance : « Rendez gloire au Dieu du ciel, parce que sa misé­ri­corde est éter­nelle »4. Le Seigneur dont la bon­té ne com­porte aucune limite, n’a pas seule­ment rem­pli votre terre de la libé­ra­li­té de ses dons, mais il a aus­si don­né à vos églises l’ardeur au tra­vail et a ren­du très fruc­tueux leur labeur inlas­sable. Mais une fois offert à Dieu le tri­but de recon­nais­sance qui est dû à Celui d’où pro­viennent tous les biens, recon­nais­sons, Nos très chers fils, que cette pros­pé­ri­té féconde que Nous admi­rons aujour­d’hui avec vous est le résul­tat de l’esprit d’initiative et de la cons­tante acti­vi­té des véné­rés pas­teurs et des fidèles qui forment cette por­tion du trou­peau du Christ ; recon­nais­sons qu’elle est due aus­si à votre cler­gé qui, por­té à une action éner­gique, exé­cute avec un zèle géné­reux vos déci­sions ; aux membres de tous les ordres et de toutes les congré­ga­tions qui, remar­quables par leurs ver­tus, riva­lisent de dévoue­ment en culti­vant le champ du Seigneur ; aux reli­gieuses innombra­bles qui, sou­vent silen­cieuses et igno­rées des hommes, pous­sées par une flamme inté­rieure de cha­ri­té, se consacrent avec un dévoue­ment exem­plaire à la cause de l’Evangile, véri­tables lis du jar­din du Christ et délices des saints.

Le chrétien est toujours apôtre.

Mais Nous vou­lons que Nos louanges aient des fruits salu­taires. La consi­dé­ra­tion du bien réa­li­sé ne doit pas ame­ner un relâ­che­ment qui condui­rait à la paresse ; elle ne doit pas engen­drer la vaine gloire qui cha­touille agréa­ble­ment l’esprit, mais, au contraire, agir comme un sti­mu­lant, pour que des éner­gies nou­velles s’efforcent d’empêcher les maux et pour qu’on voie croître, plus solides et puis­santes, les œuvres utiles, pru­dentes et dignes d’éloges. Le chré­tien qui fait hon­neur à son nom est tou­jours apôtre ; il ne convient pas au sol­dat du Christ d’abandonner le com­bat, car seule la mort met fin à son temps de service.

Vous savez bien où il faut faire preuve d’une vigi­lance toute spé­ciale et quel pro­gramme d’action il faut tra­cer aux prêtres et aux fidèles, pour que la reli­gion du Christ, ayant sur­mon­té les obs­tacles, soit le guide lumi­neux des esprits, la règle des mœurs et, pour que, cause unique de salut, elle pénètre tous les organes et artères de la socié­té humaine. Certes, l’accroissement des biens exté­rieurs et maté­riels, doit être gran­de­ment esti­mé pour les mul­tiples et oppor­tunes faci­li­tés qu’il apporte à l’existence, mais il ne suf­fit pas à l’homme qui est né pour de plus hauts et splen­dides des­tins. L’homme, en effet, créé à l’image et à la res­sem­blance de Dieu, cherche Dieu avec une incoer­cible aspi­ra­tion, et souffre, en pous­sant de secrètes plaintes, si, dans le choix de son amour, il repousse la sou­ve­raine Vérité et le Bien infini.

Source des maux présents : méconnaissance de la majesté de Dieu, oubli de la loi divine, inconstance de la volonté humaine.

Cependant, ce n’est pas en tra­ver­sant les espaces cor­po­rels qu’on accède à Dieu — à ce Dieu dont on sait que ceux qui s’écartent de lui sont condam­nés à mou­rir, ceux qui se conver­tissent à lui vivent, ceux qui s’arrêtent en lui s’éclairent — mais on accède à Dieu, sous la conduite du Christ, par la plé­ni­tude d’une foi sin­cère, par la conscience sans tache d’une volon­té droite, par la sain­te­té des œuvres, par l’acquisition et l’usage de cette authen­tique liber­té, dont les normes sacrées se trouvent pro­mul­guées dans l’Evangile. Si, au contraire, les divins com­man­de­ments sont mépri­sés, non seule­ment l’on ne peut atteindre la féli­ci­té éter­nelle pla­cée au-​delà du bref espace de temps assi­gné à l’existence ter­restre, mais la vraie civilisa­tion humaine elle-​même vacille sur ses bases, et l’on ne peut s’atten­dre qu’à des ruines, sur les­quelles il fau­dra ver­ser des larmes tar­dives, car ce qui conduit aux biens éter­nels est aus­si prin­cipe de force solide et sûr appui dans les choses d’ici-bas. Comment, en effet, pour­raient bien trou­ver une garan­tie de sta­bi­li­té le bien public et la gloire de la civi­li­sa­tion, lorsque les droits sont ren­ver­sés et que les ver­tus sont aban­don­nées et mépri­sées ? Mais, de même que Dieu est la source et le sou­tien du droit, il est aus­si l’inspirateur et la récom­pense de la ver­tu : per­sonne ne l’égale par­mi les légis­la­teurs5. Telle est, au témoi­gnage de tous les hommes de bon sens, la racine amère et pro­li­fique des maux du monde : la méconnais­sance de la divine Majesté, l’abandon des lois divines ou une détes­table incons­tance, qui fait balan­cer entre le licite et l’illicite, entre la jus­tice et l’iniquité. De là découlent l’égoïsme aveugle et effré­né, la soif de plai­sirs, l’alcoolisme, la mode impu­dique et dis­pen­dieuse, la cri­mi­na­li­té qui n’est pas rare même chez les mineurs, l’ambition d’arriver au pou­voir, l’incurie à l’égard des pauvres, les dési­rs d’ini­ques richesses, la déser­tion des cam­pagnes, la légè­re­té dans la con­clusion des mariages, les divorces, la désa­gré­ga­tion des familles, le refroi­dis­se­ment du mutuel amour entre parents et enfants, la limi­tation des nais­sances, l’affaiblissement de la race, la baisse du res­pect dû aux auto­ri­tés, ou le ser­vi­lisme, ou la rébel­lion, l’aban­don des devoirs envers la patrie et l’humanité. En outre, Nos plaintes se font plus vives encore, de ce que sou­vent dans tant d’écoles, on méprise ou on ignore le Christ, on ramène toute l’expli­cation de l’univers et du genre humain au domaine du natu­ra­lisme et du ratio­na­lisme, et de ce que l’on cherche à éta­blir de nou­veaux sys­tèmes d’éducation, qui dans la vie intel­lec­tuelle et morale de la nation ne pour­ront pas ne pas por­ter de tristes fruits.

La famille chrétienne. Les enfants, heureux gages d’amour.

Il en est ain­si de la vie domes­tique. De même que, dans l’obser­vation de la loi du Christ, elle s’épanouit en une vraie féli­ci­té, de même, en répu­diant l’Evangile, elle dépé­rit misé­ra­ble­ment, rava­gée par le vice : « Celui qui scrute la loi en est ras­sa­sié, mais pour l’hypocrite, elle est un scan­dale » (Eccli., xxxii, 15.) Que peut-​il y avoir sur la terre de plus agréable et de plus heu­reux que la famille chré­tienne ? Prenant son ori­gine devant l’autel du Sei­gneur, où l’amour a été pro­cla­mé un lien sacré indis­so­luble, elle se conso­lide et s’accroît dans ce même amour, qu’entretient la grâce d’en haut. Là « le mariage est hono­ré de tous et le lit conju­gal exempt de souillures » (Hebr., xiii, 4) ; les murs de ces foyers tran­quilles ne reten­tissent pas de que­relles ; ils ne sont pas témoins de secrets mar­tyres cau­sés par la révé­la­tion d’hypocrites manœuvres d’infidélité. Une solide confiance éloigne l’aiguillon du soup­çon ; dans un mutuel amour de bien­veillance s’apaisent les dou­leurs, s’accroissent les joies. Là, les enfants ne sont pas consi­dé­rés comme de pesants far­deaux, mais comme de doux objets de tendresse.

Là, ni de hon­teux motifs uti­li­taires ni la recherche de volup­tés sté­riles ne font que soit empê­ché le don de la vie et que ne tombent en désué­tude les doux noms de frères et sœurs. Avec quel zèle les parents ne mettent-​ils pas toute leur sol­li­ci­tude pour que leurs enfants ne gran­dissent pas seule­ment en vigueur phy­sique, mais qu’ils sui­vent aus­si les traces de leurs aïeux fré­quem­ment évo­qués, afin d’être auréo­lés de cette lumière que pro­curent la pro­fes­sion d’une foi très pure et l’honnêteté morale. Touchés de tant de bien­faits, les enfants regardent comme leur suprême devoir d’honorer leurs parents, de secon­der leurs dési­rs, de les sou­te­nir d’une aide fidèle dans leur âge avan­cé, de char­mer leur vieillesse par une affec­tion qui, survi­vant à la mort, sera ren­due encore plus glo­rieuse et plus com­plète dans le royaume du ciel. Les membres de la famille chré­tienne, sans mur­mure dans l’adversité, sans ingra­ti­tude dans la pros­pé­ri­té, sont tou­jours rem­plis de confiance en Dieu, ils obéissent à son auto­ri­té suprême, se reposent sur sa volon­té et n’attendent pas en vain son secours.

Indissolubilité du mariage. Maux causés par le divorce.

Pour consti­tuer et main­te­nir les familles confor­mé­ment aux sages ensei­gne­ments de l’Evangile, les fidèles doivent être sou­vent exhor­tés à cet égard par ceux qui, dans les églises, assument une charge d’en­seignement ou de direc­tion. Qu’ainsi leurs soins assi­dus s’ingénient à pré­pa­rer au Seigneur un peuple par­fait. Pour ce même motif, il est sou­ve­rai­ne­ment impor­tant de veiller à ce que le dogme de l’unité et de l’indissolubilité de droit divin du lien matri­mo­nial soit reli­gieu­se­ment consi­dé­ré et sain­te­ment sau­ve­gar­dé par ceux qui con­tractent mariage. Que ce point capi­tal de la doc­trine catho­lique ait une puis­sante effi­ca­ci­té pour une forte cohé­sion de la famille, pour le pro­grès et la pros­pé­ri­té de la socié­té civile, pour la vie saine du peuple, pour une civi­li­sa­tion dont la lumière ne soit pas fausse et vaine, de nom­breux esprits même éloi­gnés de notre foi le reconnais­sent, grâce à leur remar­quable sens poli­tique. Oh ! si votre patrie avait pu seule­ment connaître, par l’expérience des autres et non point par des exemples per­son­nels, la grande quan­ti­té de maux engen­drés par l’autorisation du divorce ! Que l’attachement à la reli­gion, l’amour pour le noble peuple amé­ri­cain, poussent à com­battre et à extir­per ce mal funeste et gran­dis­sant dont les consé­quences ont été décrites par le pape Léon XIII en des termes éner­giques et exacts : « Par le divorce, les enga­ge­ments du mariage deviennent révo­cables ; l’affection réci­proque est affai­blie ; l’infidélité reçoit de per­ni­cieux sti­mu­lants ; la pro­tec­tion et l’éducation des enfants sont com­pro­mises ; il donne occa­sion à la dis­so­lu­tion de la socié­té domesti­que ; il sème des germes de dis­corde entre les familles ; il amoin­drit et avi­lit la digni­té de la femme qui court le risque d’être aban­don­née après avoir ser­vi aux pas­sions de l’homme. Et comme rien ne contri­bue davan­tage à détruire les familles et à affai­blir les Etats que la cor­rup­tion des mœurs, il est facile de recon­naître que le divorce est extrê­me­ment nui­sible à la pros­pé­ri­té des familles et des peuples »6.

Nous ne dou­tons pas le moins du monde que l’on observe chez vous avec soin les pres­crip­tions du Code de Droit cano­nique quand il s’agit d’unir, par le mariage, des contrac­tants dont l’un n’est pas catho­lique ou n’a pas été bap­ti­sé. Ces mariages, vous l’avez vous-​même consta­té par de nom­breux exemples, apportent rare­ment un bon­heur de longue durée et causent d’ordinaire des pertes graves à l’Eglise catholique.

L’étude des sciences divines et humaines, moyen de lutter contre ces maux.

Un moyen très effi­cace de faire dis­pa­raître de si grand maux est d’enseigner à tous les catho­liques la véri­té divine dans sa pléni­tude et de mon­trer clai­re­ment aux peuples le che­min qui conduit au salut. C’est pour­quoi Nous exhor­tons ins­tam­ment les prêtres à faire en sorte que soit vaste leur science des choses divines et humaines ; qu’ils ne se contentent pas des connais­sances intel­lec­tuelles acquises dans leur jeu­nesse ; qu’ils méditent avec atten­tion la loi du Seigneur dont les oracles sont plus purs que l’argent ; que sans cesse ils se délectent, après les avoir goû­tées, des chastes délices de la Sainte Ecriture ; que tout le long de leur vie ils étu­dient plus profondé­ment l’histoire de l’Eglise, ses dogmes, ses sacre­ments, ses droits, ses pres­crip­tions, sa litur­gie, sa langue, de manière à ce que, chez eux, le pro­grès intel­lec­tuel, la façon de par­ler, aillent de pair avec le pro­grès moral. Qu’ils cultivent aus­si l’étude des lettres et des sciences pro­fanes, sur­tout de celles qui sont spé­cia­le­ment en connexion avec la reli­gion, afin qu’ils puissent expo­ser avec élo­quence et clar­té les véri­tés qui apportent le salut et impo­ser aux intel­li­gences savantes le far­deau léger et le joug du Christ. Ô com­bien heu­reuse l’Eglise qui ain­si « sera fon­dée sur des saphirs » ! (cf. Is., liv, 11).

En outre, les besoins des temps actuels requièrent que même les laïques, spé­cia­le­ment ceux qui col­la­borent avec la hié­rar­chie ecclé­siastique, se pro­curent un tré­sor de connais­sances reli­gieuses, non pas maigre et léger, mais riche et solide, au moyen des biblio­thèques, des dis­cus­sions, des cercles d’études. Ainsi, ils en reti­re­ront un grand pro­fit pour eux-​mêmes, ils pour­ront ensei­gner les igno­rants, réfu­ter les adver­saires obs­ti­nés et aider leurs bons coreligionnaires.

La presse, la radio, l’Université catholique de Washington.

Nous avons appris avec beau­coup de joie que votre presse défend avec intré­pi­di­té la cause catho­lique et que la radio mar­co­nienne, dont la voix se fait entendre ins­tan­ta­né­ment dans le monde entier (mer­veilleuse inven­tion, image de la foi apos­to­lique embras­sant tout le genre humain), est sou­vent uti­li­sée et avec avan­tage pour assu­rer la plus grande dif­fu­sion pos­sible à tout ce qui concerne l’Eglise.

Nous louons le bien ain­si accom­pli. Mais que ceux qui rem­plissent ces fonc­tions prennent garde, même lorsqu’ils exposent ou dévelop­pent ce qui a trait au pro­blème social, de suivre les direc­tives et organes du magis­tère ecclé­sias­tique ; qu’oublieux de leur avan­tage per­son­nel et non dési­reux de la glo­riole, ne sui­vant pas les fac­tions par­ti­sanes, ils parlent « comme au nom de Dieu, devant Dieu, en Jésus-​Christ » (ii Cor., ii, 17).

Dans Notre désir que la culture des arts et des sciences les meil­leurs s’affermisse de plus en plus chez vous, Nous dési­rons, pro­fi­tant de cette heu­reuse occa­sion, vous assu­rer de Notre très cor­dial inté­rêt pour l’Université catho­lique de Washington. Vous savez de quels sou­haits ardents le pape Léon XIII saluait cet illustre temple de la science, quand il sur­git, et de quels témoi­gnages répé­tés de particu­lière affec­tion le com­bla Notre pré­dé­ces­seur immé­diat. Ce der­nier était inti­me­ment per­sua­dé que si ce grand ins­ti­tut, ayant déjà récol­té d’abondants mérites, se for­ti­fiait encore davan­tage et obte­nait une renom­mée plus grande, cela contri­bue­rait non seule­ment aux dévelop­pements de l’Eglise, mais aus­si à la gloire et à la pros­pé­ri­té civile de vos com­pa­triotes. Partageant cette même espé­rance, Nous venons à vous pour vous recom­man­der très for­te­ment cette Université. N’épargnez aucun effort, afin que, pro­té­gée par votre bien­veillance, elle triomphe de ses dif­fi­cul­tés et que, par ses pro­grès tou­jours plus heu­reux, elle jus­ti­fie plei­ne­ment les grands espoirs fon­dés sur elle.

En outre, Nous approu­vons vive­ment votre désir de rendre plus spa­cieux et mieux adap­té le Collège pon­ti­fi­cal qui accueille à Rome, pour leur édu­ca­tion ecclé­sias­tique, les jeunes gens de l’Amérique du Nord. Si c’est chose avan­ta­geuse que des jeunes gens d’une intelli­gence remar­quable se rendent dans les pays loin­tains pour affi­ner leurs connais­sances, une longue et heu­reuse expé­rience prouve qu’il y a le plus grand avan­tage pour les aspi­rants au sacer­doce à faire leur édu­ca­tion clé­ri­cale ici près du Siège de Pierre où l’on peut boire à la source très pure de la foi, où tant de monu­ments de l’anti­quité chré­tienne et tant de ves­tiges de saints poussent les cœurs géné­reux aux grandes entreprises.

Pour une heureuse solution de la question sociale.

Nous abor­dons un autre sujet d’une très grande impor­tance, à savoir la ques­tion sociale. Non réso­lue, elle agite for­te­ment depuis long­temps les Etats et répand dans les diverses classes de citoyens des germes de haines et de lutte réci­proque. Point n’est besoin de vous par­ler lon­gue­ment de l’aspect qu’elle revêt chez vous ni des dif­fi­cul­tés et des agi­ta­tions qu’elle sus­cite ; vous les con­naissez. Son article fon­da­men­tal réclame que les biens créés par Dieu pour tous les hommes par­viennent à tous équi­ta­ble­ment, la jus­tice accom­pa­gnée de la cha­ri­té diri­geant cette répar­ti­tion. L’his­toire de tous les siècles atteste qu’il y a tou­jours eu des pauvres et des riches ; l’inflexible condi­tion des choses humaines fait pré­voir qu’il en sera tou­jours ain­si. Ils sont hono­rés les pauvres qui crai­gnent Dieu ; le royaume des cieux leur appar­tient et faci­le­ment ils ont en abon­dance les biens spi­ri­tuels. Quant aux riches, s’ils sont loyaux et hon­nêtes, ils sont les dis­pen­sa­teurs et les gérants des biens ter­restres de Dieu ; ministres de la Providence divine, ils aident les indi­gents, par les mains des­quels sou­vent ils reçoivent les faveurs spi­rituelles et sous leur conduite ils espèrent pou­voir atteindre la vie éter­nelle. Dieu, qui pour­voit à tout de la façon la meilleure, a éta­bli, en vue de faire pra­ti­quer les ver­tus et d’éprouver les mérites, qu’il y aurait en même temps dans le monde des riches et des pauvres ; mais il ne veut pas que les uns pos­sèdent les biens ter­restres à l’excès et que d’autres soient dans une pau­vre­té extrême à tel point qu’ils man­quent des choses néces­saires à la vie. C’est une bonne source de ver­tus qu’une hon­nête pau­vre­té qui vit du tra­vail de chaque jour, selon cette parole de l’Ecriture : « Ne me donne ni pau­vre­té ni richesse ; accorde-​moi seule­ment les choses néces­saires à l’existence » (Prov., xxx, 8).

Si les riches et ceux qui ont abon­dance de biens doivent, mûs par une misé­ri­corde natu­relle, agir avec libé­ra­li­té envers les misé­reux, a for­tio­ri doivent-​ils leur don­ner ce que la jus­tice exige. En consé­quence, que les salaires des ouvriers soient tels qu’ils suf­fisent à leur sub­sis­tance et à celle de leur famille. Importantes sont, à pro­pos de cette obli­ga­tion, les paroles de Notre pré­dé­ces­seur Pie XI : « On n’épargnera donc aucun effort en vue d’assurer aux pères de famille une rétri­bu­tion suf­fi­sam­ment abon­dante pour faire face aux charges nor­males du ménage. Si l’état pré­sent de la vie indus­trielle ne per­met pas tou­jours de satis­faire à cette exi­gence, la jus­tice sociale demande que l’on pro­cède le plus tôt pos­sible à des réformes qui garan­ti­ront à tout ouvrier adulte un salaire répon­dant à ces condi­tions. A cet égard, il convient de louer ici comme ils le méritent tous ceux qui, dans un très sage et très utile des­sein, ont ima­gi­né et expé­ri­men­té des for­mules diverses selon les­quelles la rému­né­ra­tion du tra­vail est pro­por­tion­née aux charges fami­liales de telle manière que l’accroisse­ment de celles-​ci s’accompagne d’un relè­ve­ment paral­lèle du salaire ; bien plus, il est pour­vu, le cas échéant, à des néces­si­tés extraordi­naires »7. En outre, il faut que celui qui a la force de tra­vailler pour se pro­cu­rer, ain­si qu’aux siens, la nour­ri­ture de chaque jour, trouve suf­fi­sam­ment de tra­vail. Nous plai­gnons vive­ment le sort et la situa­tion de ceux, très nom­breux chez vous, qui mal­gré leur san­té robuste et leur volon­té de tra­vailler, ne peuvent avoir les emplois qu’ils cherchent ; que la sagesse des gou­ver­ne­ments civils, la libé­ra­li­té pré­voyante des patrons, l’avènement rapide de temps plus tran­quilles, per­mettent de satis­faire de si justes dési­rs pour le pro­fit de tous !

Syndicats et corporations.

En outre, puisque natu­rel­le­ment les hommes sont por­tés à vivre en socié­té et qu’il est licite, en unis­sant ses forces, d’accroître ce qui est hon­nê­te­ment utile, on ne peut, sans injus­tice, refu­ser ou restrein­dre, pour les patrons comme pour les ouvriers et les pay­sans, la libre facul­té de for­mer des asso­cia­tions ou socié­tés, par les­quelles ils défen­dront leurs droits et obtien­dront, d’une façon plus com­plète, des avan­tages rela­tifs aux biens de l’âme et du corps et au confort légi­time de la vie. Aux cor­po­ra­tions de ce genre qui, dans les siècles pas­sés, ont pro­cu­ré à la chré­tien­té une gloire immor­telle et aux métiers un éclat mer­veilleux, on ne peut impo­ser par­tout la même dis­ci­pline, la même orga­ni­sa­tion ; elles sont sus­cep­tibles de varier selon le tem­pérament des peuples et les cir­cons­tances de temps et de faits. Pour­tant, il faut que ces socié­tés puisent tou­jours leur vita­li­té dans les prin­cipes de saine liber­té, qu’elles soient mode­lées d’après les grandes normes de la jus­tice et de l’honnêteté et que sous leur conduite et leurs aus­pices, tout en cher­chant à amé­lio­rer les inté­rêts de la classe, elles agissent de façon à ne léser per­sonne, à main­te­nir les efforts de concorde, à res­pec­ter le bien com­mun de la socié­té civile.

Il nous est agréable de savoir que le docu­ment du magis­tère pon­tifical men­tion­né plus haut comme aus­si la lettre-​encyclique du même genre, Rerum nova­rum, du pape Léon XIII où se trouve trai­tée la ques­tion sociale selon les pré­ceptes de l’Evangile et de la phi­lo­so­phie éter­nelle, sont chez vous l’objet d’un exa­men atten­tif et pro­lon­gé de la part de cer­tains esprits très dis­tin­gués qu’une volon­té géné­reuse pousse à réta­blir par­mi les hommes la cha­ri­té et l’union. Même quel­ques patrons ont vou­lu apla­nir, selon les pres­crip­tions de ces encycli­ques, en tenant compte de l’utilité com­mune et de la digni­té de la per­sonne humaine, les désac­cords sans cesse renais­sants avec les ouvriers.

Appel à l’union…

Quelle gloire pour la nation amé­ri­caine natu­rel­le­ment por­tée à la géné­ro­si­té de sen­ti­ments et à la libé­ra­li­té, si elle jette les bases d’une ère plus heu­reuse par la solu­tion adé­quate et com­plète de la vieille et rocailleuse ques­tion sociale selon les voies sûres éclai­rées par les rayons de l’Evangile. Pour que cela se réa­lise sous de favo­rables aus­pices, les forces ne doivent pas être bri­sées par la dis­per­sion, mais accrues le plus pos­sible par l’union. A cette salu­taire uni­té de pen­sées, à cet accord, géné­ra­teur de grandes actions, nous invi­tons aus­si, mû par la cha­ri­té, ceux que l’Eglise mater­nelle pleure de voir sépa­rés d’elle. La plu­part d’entre eux, lorsque Notre pré­dé­ces­seur s’endormit du som­meil des justes et que Nous-​même, peu de temps après sa mort, mon­tâmes par une dis­po­si­tion inson­dable de la bon­té divine sur le trône de saint Pierre — cela ne Nous a pas échap­pé — ont mani­fes­té de vive voix et dans leurs écrits des sen­ti­ments pleins de res­pect et de noblesse. C’est pour­quoi — Nous le disons ouver­te­ment — ces choses Nous ont fait conce­voir une espé­rance que le temps n’emporte pas, que l’âme qui pressent nour­rit, qui Nous console dans une situa­tion dif­fi­cile et pénible.

… et au service du règne du Christ.

La gran­deur des tra­vaux à entre­prendre avec saga­ci­té pour la gloire du très doux Rédempteur et pour pré­pa­rer le salut des âmes ne doit pas vous épou­van­ter, fils très chers, mais, munis du secours divin, vous sti­mu­ler ; à la véri­té, les œuvres ardues engendrent des ver­tus plus robustes, pro­duisent des mérites plus écla­tants. Que les efforts des enne­mis qui, en rang ser­rés, visent à détruire le règne du Christ, nous poussent à éta­blir, à affer­mir, à déve­lop­per ce même règne, en par­fait accord de volon­té ! Rien de plus heu­reux ne peut arri­ver aux indi­vi­dus, aux familles, aux nations que d’obéir à l’Auteur du salut, de se confor­mer à ses pré­ceptes, d’accepter son règne par lequel nous deve­nons libres et riches de bonnes œuvres : « règne de véri­té et de vie, règne de sain­te­té et de grâce, règne de jus­tice, d’amour et de paix »8. Souhaitant le plus pos­sible que vous et les bre­bis au bien des­quelles vous veillez en pas­teurs atten­tifs vous mar­chiez chaque jour vers des buts meilleurs et plus éle­vés et que vous recueilliez, des solen­ni­tés fixées, une abon­dante mois­son de ver­tus, Nous vous don­nons dans le Seigneur, en témoi­gnage de Notre bien­veillance, la Bénédiction apostolique.

Source : Documents Pontificaux de S. S. Pie XII, année 1939, Édition Saint-​Augustin Saint-​Maurice. – D’après le texte latin des A. A. S., XXXI, 1939, p. 635 ; cf. la tra­duc­tion fran­çaise de la Documentation Catholique, t. XLI, col. 111.

  1. Mgr John Carroll (1735–1815) prit pos­ses­sion du siège de Baltimore en 1789. []
  2. 6 jan­vier 1895. Cf. Actes des Papes, Lettres apos­to­liques de Léon XIII, t. IV. []
  3. Cf. chap. II des Actes de ce concile. []
  4. Ps 135, 26. []
  5. cf. Jb 36, 22. []
  6. Lettre ency­clique Arcanum. []
  7. Lettre ency­clique Quadragesimo anno. []
  8. Préface de la messe du Christ-​Roi. []
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