hère Madame,
Eduquer un enfant c’est se sanctifier soi-même, car on doit régulièrement faire son propre examen,… et se corriger de ses mauvaises habitudes, pour l’amour de Dieu et de l’enfant.
Après m’être entretenue du comportement, je vais, maintenant, vous parler du langage.
Il y a, d’une part, le langage peu correct des adultes qui ne se maîtrisent pas ou peu et, d’autre part, le langage des films, même dans les dessins animés (avec bruitages de toutes sortes,…. que les enfants reproduisent, même en classe, et ceci parfois sans en avoir pleinement conscience). Des parents se plaignent que l’enfant revient de l’école avec de nouveaux « gros mots ». Pourtant, il suffit d’écouter les conversations au retour des sorties de fin de semaine ou de vacances, et les commentaires sur les films vus chez tel camarade ou à la maison. Surveillez-vous la forme d’éducation qu’offrent la télévision, les films et autres moyens audio-visuels, etc.,…… ? En lui permettant de voir trop facilement des films « parce qu’ainsi il est sage ! », vous donnez à l’enfant le goût nocif d’en voir davantage (et même derrière votre dos). Avec les moyens modernes qui évoluent à une allure folle, vous abîmez ainsi, par votre silence, l’âme et l’esprit de votre enfant. Ces moyens déforment l’intelligence de l’enfant en lui donnant la possibilité de « croire qu’il apprend » et ceci de manière passive sans faire marcher cette partie de l’âme qu’est l’intelligence et du cerveau qui est la réflexion. Autrement dit, sans peut-être en avoir pleinement conscience, vous apprenez à votre enfant la paresse de l’intelligence. Etre intelligent ne consiste pas à savoir beaucoup mais à être capable de réfléchir, de raisonner, de juger si c’est bien ou mal.
En règle générale, pour les petits, voir des films, même des vidéos, n’est pas utile. Pourquoi ? Parce que l’enfant (à partir de 3 ans environ) vit dans les images mobiles, et, n’ayant pas ou peu conscience du temps (n’ayant pas de recul comme l’adulte), il prend à tort pour réel ce qu’il voit et entend pour la première fois. Et pire, il mime le langage et les gestes qu’il enregistre très facilement. Or, il m’est arrivé de voir certains passages d’un film (dit pour enfants), comique il est vrai, mais dont le langage laissait à désirer. J’ai aussi remarqué combien de films à caractère religieux étaient dangereux pour des enfants. Il y a quelques années ces films ne pouvaient être vus qu’à partir de 12 ou 13 ans. Pourquoi ? Parce qu’un enfant ne peut pas porter de jugement sur l’objectivité d’un film. J’ai constaté par moi-même que ces films pouvaient comporter des erreurs et des omissions. L” enfant confond alors le réel et l’imaginaire et, facilement, se jouera des choses sérieuses et prendra pour réelles des imaginations. Réfléchissez‑y sérieusement, l’image s’impose à lui et sa petite capacité de réflexion l’empêche de faire le tri. Ainsi, l’enfant qui a vu « sait » et donc le catéchiste « se trompe » et aura tort s’il ne dit pas la même chose que dans le film et l’enfant ne se gênera pas pour le lui faire savoir. Il ira même jusqu’à discuter pour prouver qu’il a raison. Voyez vous-même, Chère Madame, en laissant la porte ouverte à la télévision ou aux vidéos, dans votre maison, vous acceptez que ce soit l’Etat non chrétien qui instruise votre enfant, et, de ce fait, « déforme » son intelligence. Croyez-moi, c’est très difficile de redresser cela après. Rappelez-vous que former est plus aisé que réformer !
Protégez votre enfant contre ces agressions, car il est vulnérable et fragile. Votre responsabilité est très grande. Comment y parvenir ? Notamment, en surveillant ses fréquentations ; il faut écarter de lui certains camarades qui l’entraînent à des jeux malsains, à regarder des films, à lire de mauvais livres, brochures, bandes dessinées, et à utiliser un langage peut-être grossier. D’où viennent les gros mots ? Il est permis de dire des films, mais aussi des plus grands et des adultes qui ne se contrôlent pas lors d’une colère. Je rappelle que les films et images sont plus dangereux que les paroles et les écrits, car le livre donne le choc parce que l’on sait que cela peut être imaginaire, tandis que l’image donne le choc parce que cela semble toujours la réalité. Donc, même la part irréelle du film passe comme « réelle » dans le cerveau de l’enfant. L’image est photographiée dans la mémoire tandis qu’un écrit et une parole s’enregistrent plus difficilement parce qu’ils demandent la réflexion. Faites vous-même ce test : êtes-vous, à la fin d’une messe, toujours capable de répéter exactement ce que le prêtre a prêché ou seulement de préciser « le thème » de la prédication ?
Que de pensées déformées suggérées aux jeunes ! Quel danger ! Ne laissez pas la foi de votre enfant se perdre ou tout au moins s’amoindrir par ces informations anti-chrétiennes.
Une maman m’a demandé pourquoi je parlais de l’importance de l’éducation du cœur en premier, avant celle de l’intelligence ? C’est mal connaître la psychologie du tout petit qui ne vit que par les sens et l’instinct. Donc, le seul moyen de communication avec « bébé » sera les sens ; aussi il faudra commencer par diriger ou former la sensibilité. Le bébé a autant soif et faim de l’amour maternel que du lait. A ce moment de la vie il ne demande pas de connaître mais il a faim d’amour ! Chère Madame, donnez tout votre amour à votre petit et ce sera pour lui une force équilibrante pour la vie. D’autre part, depuis le péché originel, notre âme étant blessée, nous devons faire « avec » une intelligence blessée (nous sommes tous des ignorants devant apprendre) et avec cette deuxième faculté qui est la volonté tout aussi blessée. Or, il ne s’agit pas de TOUT savoir, mais d’apprendre ce qui est nécessaire pour notre salut éternel, et en fonction de ce but à atteindre. Or, la formation du cœur est indispensable pour éduquer la volonté et, par la suite, sa conscience. L’enfant doit apprendre à vouloir le bien et à refuser le mal, en conséquence, à reconnaître ce qui est bien et non pas tout connaître. Cela évitera à votre enfant de chercher à tout savoir, même ce qui ne le regarde pas. Dans le cas contraire, vous encouragerez votre enfant à une curiosité inutile selon son âge, voire parfois malsaine.
C’est dans les premières années de son existence que l’enfant doit apprendre de sa maman à aimer le bien par amour pour Dieu qui est l’Amour et le Bien par excellence !
Cependant, en même temps que vous lui apprenez le langage, il est nécessaire d’éveiller son intelligence, non pas en lui donnant une trop grande quantité de connaissances, mais en lui donnant progressivement, au fur et à mesure qu’il grandit, la soif de savoir. Si vous l’assommez de connaissances inutiles pour son âge et qu’il ne demande pas, vous risquez de susciter une curiosité qu’il ne distingue pas. Il faut le laisser réfléchir et vous poser ces petites questions pleines de fraîcheur qui montrent cet éveil progressif. J’insiste : il ne s’agit pas pour l’enfant de tout connaître (contrairement à ce que font inconsciemment les parents qui profitent des facilités que procurent les techniques actuelles), mais d’amener l’enfant à faire fonctionner son cerveau par la réflexion simple selon son âge et ses capacités, puis à nourrir doucement cette faculté en l’habituant, non pas à recevoir des idées toutes faites de manière passive (comme c’est le cas par l’image) mais des connaissances approfondies par sa propre réflexion. Il faut éveiller cette intelligence à la maison, bien avant que l’enfant ne vienne à l’école. Car là, on lui demandera cette réflexion. S’il n’a reçu dans sa première enfance que des connaissances « passives », imaginez le mal qu’il aura à l’école. N’encouragez pas « la paresse intellectuelle du cerveau » entretenue par ces moyens modernes.
En résumé, toute connaissance n’est pas bonne : c’est à vous de distinguer, de choisir, d’être vigilante ; vous êtes la première gardienne de l’âme de votre petit enfant, ne l’oubliez pas !
Pour cela, apprenez-lui très tôt l’obéissance sans condition. Petit, l’enfant a naturellement confiance en sa maman. Profitez-en pour « exiger » une véritable obéissance dans le but de « faire plaisir à maman », puis progressivement pour Jésus. C’est à vous de sentir à quel moment il faut passer à l’étape suivante. Votre vigilance est indispensable. Il n’est pas nécessaire, avec votre enfant tout petit, de lui donner des explications ou des raisons sur le pourquoi de l’acte d’obéissance que vous lui demandez. Si vous le faites, vous lui apprendrez à « discuter » et donc à juger sur l’opportunité ou non d’obéir. Alors, il sera amené à choisir le plus facile : désobéir pour suivre « son » caprice. Que de mamans se plaignent des désobéissances de leurs enfants, y compris des très jeunes ! La raison en est certainement dans leur faiblesse et le manque de persévérance. Pourquoi la persévérance ? L’enfant se calque selon la réaction des parents : il calcule, il observe, il cherche la « faille » et il joue dessus. Que de parents ne résistent pas à la demande d’une permission réitérée de l’enfant. Un enfant est capable, après un refus, de réclamer plusieurs fois la même permission à sa maman, et cela, dans la même journée,… jusqu’à lasser maman qui, fatiguée, la lui accorde. Il faut tout de suite faire comprendre à l’enfant que vous ne revenez pas sur une décision prise posément. Par là, vous vous ferez respecter par l’enfant et mieux obéir. Cela doit se faire sans violence (attention au ton de la voix !) mais avec fermeté dans le langage. Saint François de Sales, connu pour avoir reçu de la nature un tempérament violent, employait la « douce fermeté » et obtenait la soumission des plus difficiles de son troupeau, et convertissait les hérétiques. La « douce fermeté » dans le langage, voilà un moyen d’apprendre à l’enfant comment soigner son langage. De cette manière, il vous sera possible d’exiger davantage de votre enfant car il vous respectera.
C’est ce que je vous souhaite de tout cœur avec la grâce de Notre-Seigneur et l’intercession de sa Sainte Mère.
(à suivre)
Une Religieuse.