Lorsque nous entendons les mots « missions », « missionnaires », nous pensons facilement à l’évangélisation de l’Amérique, de la Chine, de l’Inde, de l’Afrique. par les prêtres, religieux, religieuses, envoyés dans ces pays lointains de l’Europe, au temps où celles-ci était encore fière d’être civilisatrice. C’est en effet l’image la plus proche que nous avons et qu’illustre dans nos esprits la continuation par l’Eglise de « la plus grande et la plus sainte des missions qu’au moment de retourner à son Père Notre Seigneur Jésus-Christ confia à ses disciples, lorsqu’il leur dit :
« Allez par le monde entier prêcher l’Evangile à toute créature » (Benoît XV) (1).
Nous pourrions penser que l’Eglise, ayant ainsi achevé son expansion géographique dans le monde, elle s’apprêtait aussi à achever sa mission divine. Mais ce serait ignorer qu’en même temps que se terminait cette expansion, la révolution renversait les fondements de la civilisation chrétienne dans les pays missionnaires et y instaurait non pas un simple retour au paganisme, mais un véritable négationnisme de la foi et de l’ordre moral chrétien
Non seulement « il reste encore des foules innombrables à vivre dans les ténèbres et à l’ombre de la mort » (2), mais ces foules sont désormais tout autour de nous dans nos pays d’Europe et parmi eux notre France autrefois fière d’être née de l’Eglise et qui vient maintenant de fêter publiquement le centenaire de son apostasie.
La foi chrétienne, si familière autrefois dans les mours publiques et, il n’y a pas si longtemps, dans les mours privées, est désormais l’objet d’une négation soigneusement calculée dans les lois, la culture, les sciences, le commerce. et même maintenant dans l’agriculture et l’élevage où l’on cherche, même dans les rapports avec la nature, à donner à l’homme des comportements qui postulent qu’il est le seul maître souverain du monde et qu’il doit s’acharner à dominer par sa technique des forces aveugles et hostiles.
Pour tenir le flambeau de la foi et continuer l’ouvre de l’Eglise, dans ce monde où même le temporel veut bafouer l’ordre voulu par Dieu, il est encore plus nécessaire aux prêtres de voir les laïcs participer à l’ouvre missionnaire :
« Il est certain qu’à côté des prêtres il faut des Priscille et des Aquila, voyant ceux que le prêtre ne voit pas, pénétrant où il ne peut pénétrer, allant à ceux qui le fuient, évangélisant par un contact bienfaisant, une bonté débordante sur tous, une affection toujours prête à se donner, un bon exemple attirant ceux qui tournent le dos aux prêtres et lui sont hostiles de parti pris » (Bx Charles de Foucauld) (3).
Il ne s’agit plus seulement d’apprendre la foi à ceux qui l’ignorent, ou d’éduquer des peuples qui ne connaissent pas la société chrétienne ; il s’agit de restaurer la Vérité de la Foi Catholique, non pas seulement dans la parole reçue du catéchisme et de la prédication, mais dans tous les éléments de la vie humaine, individuelle et sociale où la négation de Dieu s’est installée.
La tâche est difficile mais elle est prometteuse de grâces en proportion de la difficulté pour ceux qui voudront bien prendre leur part au combat. Ces grâces nous attendent, sans aucun doute, au pied de Notre-Dame de Chartres, le 3 juin prochain et nous serons tous « MISSIONNAIRES ! »
Abbé Jean-Luc Radier †
(1) : texte 19 du dossier spirituel
(2) : idem
(3) : texte 40 du dossier spirituel
Le mot de Philippe de Blois, Directeur de la coordination
Le Sacré-Cœur et Saint Jacques
ette année n’est pas une année jubilaire pour le pèlerinage de Saint Jacques et la Fraternité a pourtant décidé de reconduire le pèlerinage de Saint Jacques en 2006. Mais pourquoi ? Ce pèlerinage ne fait-il pas de l’ombre à celui du Sacré-Cœur. J’ai déjà entendu ces réflexions et c’est pourquoi je veux y répondre.
Nous repartons à Saint Jacques parce que le premier pèlerinage, en 2004, a obtenu un grand succès et que tous les pèlerins en sont revenus enthousiastes. Bien sûr, chacun pourrait faire ce pèlerinage individuellement, mais où aurait-il une messe de temps en temps, ne serait-ce que le dimanche ? Et puis marcher pendant plusieurs semaines sans la présence de prêtres, est-ce aussi profitable ? N’est-ce pas cette présence qui a fait le succès du pèlerinage ? Faire de l’ombre au pèlerinage de Pentecôte ? Je ne crois pas que ce soit le cas parce que cette marche de Chartres au Sacré-Cœur, et puis l’arrivée triomphale dans Paris, c’est une grande manifestation de la Tradition.
Tous les isolés des petites chapelles de province perçoivent certainement la force de ce regroupement et chacun y sent la force de la Tradition, la force de la prière en groupe, en foule. Chacun y refait ses forces et repartira plus fort dans la lutte qui est notre lot quotidien. Alors que Saint Jacques, c’est un pèlerinage individuel, presque une récollection.
On marche bien ensemble sur le même chemin, mais on ne se retrouve vraiment en groupe que pour la messe, après une journée passée à prier et à méditer dans des paysages magnifiques qui incitent au recueillement. On y refait aussi ses forces, mais pas de la même façon.
Et puis beaucoup y vont avec une intention particulière : un parent malade physiquement ou moralement, une vocation qui hésite encore, des soucis de famille et d’autres … Et puis, pour redescendre sur terre, est-ce que les cent ou deux cent pèlerins qui vont venir à Saint Jacques vont vraiment dépeupler la foule du Sacré-Coeur ?
D’ailleurs, ils feront peut-être l’un et l’autre et j’en connais déjà quelques uns qui seront avec nous à Chartres, au Sacré-Cœur et à Saint Jacques.
Alors pourquoi ne marcheriez-vous pas, pour les deux pèlerinages ?
Philippe de Blois,
Directeur Coordination