Le pieux et savant cardinal Franzelin disait : « Si je pouvais parcourir les campagnes, en prêchant la parole divine, le sujet favori de mes prédications serait la contrition parfaite ».
Qu’est-ce que la contrition parfaite ?
Pour faire comprendre la nature de la contrition parfaite, nous allons la comparer à la contrition imparfaite.
La contrition imparfaite est la douleur d’avoir offensé Dieu, douleur causée principalement par la honte du péché, la crainte de l’enfer ou du purgatoire. Elle nous fait regretter nos péchés, non pas parce que ces péchés, s’ils sont graves, nous séparent de Dieu, bonté infinie, ou parce que, s’ils sont légers, ils contristent son cœur, mais parce qu’ils nous privent de ses faveurs, et nous exposent à des châtiments. Le motif de cette contrition – qui s’appelle aussi attrition – c’est, non pas la bonté infinie de Dieu outragée par le péché, mais la crainte des châtiments. C’est un motif d’intérêt, motif imparfait par conséquent.
La contrition parfaite est la douleur d’avoir offensé Dieu parce qu’il est infiniment bon et infiniment aimable et que le péché lui déplaît. Elle découle de la charité parfaite. Le motif de cette contrition, c’est la bonté infinie de Dieu, son amabilité souveraine, sa bénignité, sa miséricorde, sa justice infiniment aimables, méprisées et outragées par le péché.
L’acte de contrition parfaite est facile
La formule que donne le catéchisme est un acte de contrition parfaite. « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon et infiniment aimable, et que le péché vous déplaît ». Trop souvent on s’imagine que l’acte de contrition parfaite est extrêmement difficile, presque inaccessible au commun des hommes. C’est une erreur. Tout chrétien, quel qu’il soit, qui récite cette formule en mettant son cœur d’accord avec ses lèvres, fait réellement un acte de contrition parfaite. Cet acte est accessible à tout le monde.
[Le père Kergoustin distingue ensuite les degrés dans la contrition parfaite] Nous avons le 3e degré de contrition parfaite lorsque non seulement nos fautes graves [1er degré] ou légères [2e degré], mais nos imperfections elles-mêmes, nous inspirent une douleur et une charité si intense que, afin de donner à Dieu toute satisfaction, et de lui rendre toute la gloire que nous lui avons ravie, nous désirons accepter avec amour tous les sacrifices et toutes les souffrances qu’il lui plaira de nous envoyer.
Reste que la contrition est parfaite au premier degré, car même à ce degré, elle considère, dans le péché, non pas le mal de l’homme, mais le mal de Dieu, et c’est comme tel, c’est-à-dire comme le plus grand de tous les maux, qu’elle le déteste. C’est bien de la sainteté du motif que la contrition tire sa perfection. Il n’est pas nécessaire que la sensibilité soit émue. Il n’est pas nécessaire que l’acte soit de longue durée : la rétractation du péché peut être aussi rapide que le consentement au mal, c’est-à-dire prompt comme l’éclair.
Les merveilleux effets de l’acte de contrition parfaite
Un acte de contrition parfaite , tout seul, même en dehors du sacrement de pénitence, justifie le pécheur qui le produit, c’est-à-dire efface dans son âme tout péché mortel, pourvu qu’il soit dans la disposition de se confesser, dès que l’Église lui en fera une obligation (c’est-à-dire un an après la dernière confession sacramentelle ou avant de recevoir la sainte communion). Ce point de doctrine a été défini par le Concile de Trente.
L’acte de contrition parfaite nous procure, dans certaines circonstances, le bien si précieux de la paix intérieure. Sans doute, les âmes retrouveront la paix complète aux pieds du prêtre, à la suite d’une bonne confession ; mais pour le moment, cette confession leur est impossible. Que faire ? recourir au moyen que le Bon Dieu a mis à leur disposition pour retrouver la paix ; ce moyen, c’est la contrition parfaite. Qu’elles fassent de leur mieux cet acte.
Les moyens d’obtenir la contrition parfaite
Pour obtenir de la divine bonté la grâce si précieuse de la contrition parfaite, il y a surtout deux moyens auxquels nous devons avoir recours : la prière et la réflexion.
Recourons d’abord à la prière. Gravons bien profondément dans notre esprit cette vérité, que la contrition parfaite est une grâce, qui ne peut nous venir que de la divine miséricorde.
Le second moyen, c’est la réflexion. Le regard fixé sur Jésus crucifié, pensant aux douleurs inouïes qu’il a endurées pour nous sur la croix, songeons que c’est l’amour infini de notre Dieu qui est ainsi venu à nous, à travers les plaies et le sang de notre Sauveur, et que, loin d’être reconnaissants d’un tel amour, nous l’avons méprisé en lui préférant la vanité. Considérons que, bien loin de nous garder rancune, cet amour infini, dans la personne de notre Sauveur crucifié, nous ouvre tout grands ses bras, et nous invite à son cœur par des appels d’une tendresse ineffable : « Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids de vos péchés, venez, je vous débarrasserai de ce fardeau et je vous soulagerai ».
Extraits de J.M. Kergoustin, Vers un ciel plus beau par la charité parfaite, Librairie Mariale, 1958.
Sources :La Porte Latine du 5 avril 2020