Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
Editorial du n° 46 d’avril 2017 , abbé Dubroeucq
Cher frère, Chère sœur,
« Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux ! [Mt 5, 3.]
Le divin Sauveur, voulant établir le cœur de ses disciples dans la voie de la perfection, commence les béatitudes par celle de la pauvreté. Lui-même se donne en exemple : alors qu’un jour, un scribe l’abordait voulant le suivre, le Seigneur lui répondit : « Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel des nids, mais le Fils de l’Homme n’a pas où appuyer sa tête. » [Mt 8, 19–20]. Que veut dire cette réponse inattendue ? Elle veut apprendre à cet homme que, pour devenir un véritable disciple du Christ, il faut commencer par la pauvreté et le renoncement à toute chose. C’est là le fondement de la vie parfaite. Aussi, saint Ambroise déclare-t-il que la pauvreté en esprit est la mère et nourrice de toutes les vertus ; en effet, tandis que l’âme se détache de l’affection aux créatures, l’amour de Dieu grandit en elle et, avec la charité, toutes les autres vertus. D’où l’avertissement de saint Jean de la Croix :
« L’homme spirituel doit veiller de très près sur lui-même, parce que si son cœur et sa joie commençaient à s’attacher aux biens temporels, l’attachement pourrait croître peu à peu et devenir violent. » [Montée du Carmel, L. 3, ch. 20, 1, in Jean de la Croix. Œuvres complètes, Paris, Cerf, 2004, p. 834.]
Pour être heureux, il faut retrancher de son cœur tout attachement aux biens de la terre, aux richesses, aux honneurs. C’est le premier sommet, celui du détachement total qui libère, purifie, élève et dépose dans l’âme de l’homme des trésors divins. Nous trouvons Dieu là où nous quittons les créatures. C’est là l’esprit de pauvreté qui, nous dit saint Thomas, est le renoncement total et volontaire aux biens de ce monde — les honneurs et les richesses — comme l’a si souvent répété Notre-Seigneur. [Ia IIae, q. 69, a. 3.]. « Quiconque ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple. » [Lc 14,33.]. Ainsi le premier degré pour monter à Dieu est-il de se détacher entièrement des choses de la terre. La source en est la crainte de Dieu et le prix, le Royaume des cieux, la possession des biens célestes.
L’Église demande à Dieu dans la collecte du troisième dimanche après la Pentecôte que, sous sa direction et sa conduite, « nous passions à travers les biens du temps de manière à ne pas perdre ceux de l’éternité ». Si nous nous arrêtons aux créatures, elles se convertissent en obstacles à notre salut, et ne nous servent plus d’échelons vers le ciel, elles nous asservissent.
S’approcher de Dieu est la récompense que promet la première béatitude aux pauvres en esprit. La porte de ce Royaume est le renoncement à l’affection aux créatures. A peine les créatures ont-elles quitté notre cœur que Dieu le remplit en y venant habiter Lui-même.
Mais le renoncement, fruit des vertus, ne suffit pas. Il faut aussi le saint dépouillement, fruit des Dons du Saint Esprit. Les vertus nous enseignent à faire bon usage des créatures ; les Dons déracinent de notre cœur les richesses et les honneurs de manière si parfaite que nous n’en sommes pas plus chagrinés, ni contrariés, que si nous étions morts. Saint Thomas nous enseigne que la première Béatitude correspond au Don de crainte de Dieu et à la vertu d’Espérance. Tandis que cette vertu, en nous faisant voir les biens éternels, nous soustrait aux biens temporels, ce Don, en nous assujettissant parfaitement à Dieu, nous éloigne de tout ce qui serait une entrave à cette soumission. Cette crainte provient de la charité, c’est la crainte filiale d’être séparé de Dieu. Il faut nous dépouiller de tout pour trouver l’amour, le trésor sans fin du divin dépouillement de Jésus. « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux. »
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus affirmait qu’« il n’est pas de joie comparable à celle que goûte le véritable pauvre d’esprit. S’il demande avec détachement une chose nécessaire, et que non seulement cette chose lui soit refusée, mais encore qu’on essaye de prendre ce qu’il a, il suit le conseil de Jésus : abandonnez même votre manteau à celui qui veut plaider pour avoir votre robe… [Mt 5, 40–42.] Abandonner son manteau c’est, il me semble, renoncer à ses derniers droits, c’est se considérer comme la servante, l’esclave des autres. Lorsqu’on a quitté son manteau, c’est plus facile de marcher, de courir. » [Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Ms. C, 16 r°, in Thérèse de Lisieux. Œuvres complètes, Cerf-DDB, Paris, 2009, p. 256.].
Bien que n’ayant pas fait vœu de pauvreté, gardons cependant, chers tertiaires, l’esprit de cette vertu qui est à la base de la vie spirituelle de toute âme qui aspire à la perfection, et donc de tout tertiaire. Écoutons sainte Thérèse de Jésus qui déclarait : « La pauvreté d’esprit est un bien qui renferme en soi tous les biens de ce monde. » [Chemin de perfection, ch. 2, 4, in Thérèse d’Avila. Œuvres complètes, Paris, Cerf, 1995, p. 703.].
Regardons la très sainte Vierge et imitons-La.
†Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |