Editorial du n° 43 de juin 2016 – Aux Sources du Carmel – La beauté de l’âme juste

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise

Editorial du n° 43 de juin 2016, abbé Dubroeucq

Cher frère, Chère sœur,

Dieu est la Beauté infi­nie, à laquelle par­ti­cipent toutes les beau­tés créées. Le livre de la Sagesse l’affirme :« Combien le Seigneur est plus beau que ce qui est créé, car c’est l’Auteur même de la beau­té qui a fait toutes choses ! »[Sag. 13,3] et que : « Par la gran­deur et la beau­té de la créa­ture on peut connaître et voir le Créateur. » [Sag. 13,5] Mais c’est prin­ci­pa­le­ment le Verbe incar­né qui nous révèle cette beau­té incréée.

Saint Augustin, en com­men­tant le magni­fique psaume 44, où le cœur du Psalmiste s’échappe en un can­tique enthou­siaste, nous parle lui-​même avec ravis­se­ment de cette double beau­té fusion­née en une seule per­sonne, celle du Fils de Dieu : Jésus-​Christ appa­raît beau en toutes choses et dans tous ses états. « Il est beau comme Dieu, puisque le Verbe est en Dieu ; il est beau dans le sein de la Vierge où, il se revêt de la nature humaine sans se dépouiller de la nature divine ; il est beau dans sa nais­sance, ce Verbe enfant ; car cet Enfant à la mamelle, et dans les bras de sa mère, donne la parole aux cieux, fait chan­ter sa gloire par les anges ; une étoile amène à la crèche les Mages qui l’y adorent, lui qui est la nour­ri­ture des paci­fiques. Il est donc beau dans le ciel et beau sur la terre… Écoutez ce can­tique pour le com­prendre, et que l’infirmité de la chair ne détourne point vos yeux de la splen­deur et de la beau­té de cet Époux. » [St Augustin, dis­cours sur le ps.XLIV, t.12, p.355, Libr. Louis Vivès, Paris 1970, in Œuvres com­plètes]

Après Dieu, rien n’est plus beau comme la grâce sanc­ti­fiante, elle porte bien son nom ; la grâce rend l’âme gra­cieuse. De même qu’au ciel la vue de Dieu plonge les élus dans une extase d’admiration et les fixe sur lui, éper­dus d’amour, tant sa beau­té les ravit ; de même, toutes pro­por­tions gar­dées, s’il nous était don­né en ce monde de contem­pler une âme en état de grâce, nous vou­drions, dans notre enthou­siasme, l’étreindre pour tou­jours, et la vue seule de Dieu serait capable de nous en sépa­rer. Notre-​Seigneur fit à sainte Catherine de Sienne la grâce de voir une âme qui venait de quit­ter son corps et que Catherine avait sau­vée de l’enfer par ses prières. Quoiqu’elle ne fût pas encore revê­tue de la gloire de la vision béa­ti­fique, cette âme était d’une beau­té mer­veilleuse. Et le Seigneur lui dit : « Si je t’ai mon­tré cette âme, c’est pour que tu sois de plus en plus ardente à pro­cu­rer le salut du pro­chain, et que tu y portes les autres, selon la grâce que je t’ai don­née. »[R.P. Bernardot o.p., De l’Eucharistie à la Trinité, Cerf 1943, p. 178.]

Elle est si grande, cette invi­sible beau­té, que par­fois le corps en reçoit lui-​même un rayon­ne­ment, qui, on l’a remar­qué chez les saints, trans­forme les traits. C’est comme l’aurore de cette gloire qui, après la résur­rec­tion, doit rejaillir de l’âme sur la chair.

Les Pères et les saints ont chan­té avec ravis­se­ment cette beau­té de l’âme juste.« L’homme dans lequel (par la grâce) habite le Verbe, enseigne saint Clément d’Alexandrie [ Le Pédagogue, III,1 :, P.G. 8, col. 556 B], par­ti­cipe à la « forme » du Verbe, il res­semble à Dieu ; il est beau, non d’une beau­té feinte, mais d’une véri­table beau­té. »

« La beau­té que donne la grâce, dit saint Thomas [Q. 107, a. 7], vient du rayon­ne­ment de la splen­deur divine » ; et le Catéchisme du Concile de Trente enseigne que « la grâce… fait les âmes res­plen­dis­santes de beau­té ». Celle qui en est ornée est une véri­table mer­veille. « Ah ! Seigneur ! s’écriait sainte Thérèse de Jésus, si les pécheurs voyaient ce que je vois jamais, ce me semble, ils ne vou­draient perdre la splen­deur de la grâce que le péché leur enlève. »

Pour être inté­rieure, cette beau­té n’en est pas moins une sublime réa­li­té que contemplent avec amour et ravis­se­ment les élus, les anges et Dieu lui-​même. C’est une des joies secon­daires du ciel.

Si la Sainte Vierge est « toute belle, tota pul­chra », la plus belle des créa­tures, une des rai­sons en est dans la grâce qu’elle pos­sède au plus haut degré, Gratia ple­na ; dans ce vête­ment de jus­tice dont le Seigneur l’a revê­tue, ain­si que l’Eglise le lui fait dire dans l’Introït de la messe de l’Immaculée Conception : « Je suis ravie de joie… car Dieu m’a entou­rée d’un man­teau de jus­tice comme une épouse parée de ses bijoux. »

Daigne la Reine et Beauté du Carmel nous aider à appré­cier à sa juste valeur la beau­té des créa­tures et en par­ti­cu­lier le don de la grâce obte­nu au prix du Sang pré­cieux de son divin Fils et qu’ainsi nous soyons pré­pa­rés à contem­pler, un jour, dans la gloire, Celui qui en est la source. 

Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 

Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17