Editorial du n° 49 de janvier 2018, abbé Dubroeucq
La « petite voie » de sainte Thérèse
Cher frère, Chère sœur,
Quelle est cette « voie » que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus appelait « sa petite voie », « sa petite doctrine » ? Ce bulletin s’efforcera d’en donner un aperçu, en vue de vous aider à vous sanctifier pendant le prochain carême, en suivant la recommandation du pape Benoît XV qui déclarait dans son Discours du 14 août 1921 :
« Nous souhaitons que le secret de la sainteté de Sœur Thérèse de l’Enfant Jésus ne reste caché pour aucun de Nos fils. »
Cette voie est fondée sur l’Evangile qui nous révèle que Dieu est un Père pour nous et que, depuis le baptême, nous sommes ses enfants, « non seulement de nom, mais en réalité. » (1 Jn, 3,1) Et la condition pour plaire à Dieu et pour parvenir au royaume des cieux est de ressembler aux petits enfants. (Mt., 18, 3 ; Mc.,10, 14 ; Lc., 9, 48). « Le divin Maître, dit le pape Benoît XV, tient expressément à ce que ses disciples voient dans l’enfance spirituelle la condition nécessaire pour obtenir la vie éternelle. »
Le premier caractère de l’enfant, celui qui d’abord paraît : c’est sa petitesse. Dans l’ordre surnaturel, aussi, il nous faut d’abord être petit. C’est la disposition qui nous met à notre place vis-à-vis de Dieu. Etre petit spirituellement, c’est être humble. A une sœur qui lui demandait ce qu’elle entendait par rester petit enfant devant Dieu, sainte Thérèse répondit : « C’est reconnaitre son néant, attendre tout du bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son père ; c’est ne s’inquiéter de rien, ne point gagner de fortune.[….] Etre petit, c’est encore ne point s’attribuer à soi-même les vertus qu’on pratique.[…] Enfin, c’est de ne point se décourager de ses fautes, car les enfants tombent souvent, mais ils sont trop petits pour se faire beaucoup de mal. » (DE,6 août,8,p.1082, Cerf 2009)
Ste Thérèse donne l’humilité comme base à sa petite voie car, tout d’abord, elle nous situe à notre place, nous met dans la vérité de notre condition. « Il me semble que l’humilité, c’est la vérité. Je ne sais pas si je suis humble, mais je sais que je vois la vérité en toutes choses. » (CSG,19, Cerf 1973) De plus, le propre de l’amour divin étant de s’abaisser, plus on est petit, plus on est bas, plus on l’attire. Enfin sainte Thérèse pratiquait l’humilité par amour, pour prouver son amour. « Pour Te ravir, je veux rester petite. En m’oubliant, je charmerai ton Cœur. » (PN 31, 4, p.713, Cerf 2009) Cependant, pour elle, l’humilité ne doit pas consister à accepter cet état de dépendance et d’impuissance. Il faut aimer se voir tel qu’on est, se supporter avec les imperfections inhérentes à sa nature, être heureux de voir toujours plus clair dans sa misère et vouloir même être toujours plus petit. (LT 49, p.342, Cerf 2009) Découvrir ses déficiences n’est pas les créer ; elles étaient en nous mais nous ne les voyions pas. Leur découverte permet de mieux nous connaitre et de nous accepter tel que nous sommes ; alors nous sommes vrais et propres aux opérations de l’amour miséricordieux. Se faire petit, c’est avoir l’humilité de cœur, la seule véritable, qui consiste dans la vue aimée de son abjection. « Je ne me fais pas de peine en voyant que je suis la faiblesse même, au contraire c’est en elle que je me glorifie et je m’attends chaque jour à découvrir en moi de nouvelles imperfections. » (MsC.15r°, p.254 , Cerf 2009)
Sainte Thérèse mit son bonheur à se cacher, à être ignorée et comptée pour rien, sa joie à être méprisée. « Je veux me cacher sur la terre, Etre en tout la dernière Pour Toi, Jésus ! » (PN 31, 3, p.713, Cerf 2009) Elle voulait n’être « qu’un petit grain de sable, bien obscur », bien caché à tous les yeux, à qui personne ne pense, ignoré. « Oh ! comme il désire être réduit à rien, d’être inconnu de toutes les créatures, pauvre petit, il ne désire plus rien, rien que l’oubli…Oui je désire d’être oubliée, et non seulement des créatures mais aussi de moi-même, je voudrais être tellement réduite au néant que je n’aie plus aucun désir…La gloire de mon Jésus, voilà tout. » (LT 103, p.406, Cerf 2009)
Cependant ce n’est pas tout de reconnaitre qu’on est petit et impuissant, pauvre et misérable et même d’aimer à se voir tel. Encore faut-il qu’on puisse compter sur un secours qui supplée à notre insuffisance, nous soutienne et nous aide à marcher.
L’enfant, dans sa faiblesse et sa pauvreté recourt à ses parents pour qu’ils lui viennent en aide. Ainsi doit-il en être dans la vie spirituelle. Sachant qu’il a un Père dans les cieux, l’enfant de Dieu ira à lui avec confiance pour qu’Il l’aide à faire ce que, faible et impuissant, il ne peut faire par lui-même. Pour peu qu’il connaisse le Cœur de son Père céleste, sa confiance sera sans bornes. Sainte Thérèse a étudié dans l’Evangile le Cœur infiniment miséricordieux de son Père céleste qui s’est révélé en Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est à travers cet attribut de Dieu qu’elle contemplait et adorait les autres perfections divines. Sa confiance s’appuyait sur l’immense miséricorde de Dieu, sur les mérites de Jésus qui sont à nous et que nous pouvons présenter au Père comme nôtres, sur la justice même de Dieu qui reconnait les intentions droites et récompense la vertu.
Se faire petit, faible et pauvre devant le bon Dieu, aller à lui de toute son âme par une confiance sans bornes et se livrer à lui dans un total abandon ; puis, enfin et surtout, l’aimer, lui prodiguer tout l’amour dont on est capable, ne laisser échapper volontairement aucune occasion de lui témoigner qu’on l’aime. C’est la petite voie que nous trace sainte Thérèse de Lisieux. Les traits de l’enfance y ressortent : la petitesse et la faiblesse, la pauvreté et la simplicité auxquels s’ajoutent la confiance, l’amour et l’abandon.
Chers tertiaires, faites de votre carême un cantique de louange à Dieu. En suivant la petite voie, en ce temps de grâce, faites monter sans cesse vers la Trinité Sainte, par le Cœur immaculé de Marie, les actes d’amour qui répondront à son amour infiniment miséricordieux.
En la fête de saint François de Sales, 29 janvier 2018.
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |