Cher frère, Chère sœur,
Toute l’histoire surnaturelle se résume en ce seul mot : l’union à Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le but de notre vie, c’est l’union avec le Bien infini, lequel est notre fin dernière, comme il est notre premier principe, selon les paroles du Psalmiste : « Mon bien, c’est de m’attacher à Dieu. » [ps. 72.].
Mais comment peut-on s’unir à Dieu ? Par l’intelligence et la volonté, c’est-à-dire par les pensées et les affections. Créée à l’image et à la ressemblance de Dieu qui est intelligence et amour, l’âme humaine est faite pour Le connaître et L’aimer. Pour effectuer, cependant, cette divine union, les pensées et les affections doivent être surnaturelles. Dieu vient en aide à notre incapacité native en nous donnant la grâce sanctifiante accompagnée de la foi, de l’espérance, de la divine charité et des autres vertus infuses. La foi et l’espérance nous attachent à Dieu comme au principe d’où nous arrive la vérité surnaturelle et d’où provient notre éternel bonheur. Cependant, privées de la divine charité, elles ne nous uniraient à Dieu que d’une manière insuffisante pour le salut éternel. Seule la charité nous unit pleinement à notre Dieu. « Celui-là demeure en Dieu, et Dieu demeure en Lui, qui demeure dans la charité. »[1 Jn IV, 16.].
Il y a cependant des degrés dans cette union. Le Docteur angélique nous signale trois échelons par lesquels l’âme déjà unie à Dieu par la grâce et la charité, s’élève aux sommets de l’union divine : « Ainsi, en premier lieu, sa préoccupation doit être de résister aux concupiscences qui le poussent en sens contraire de la charité. Et cela concerne les débutants, chez qui la charité doit être nourrie et entretenue de peur qu’elle ne se perde. Une deuxième et principale préoccupation vient ensuite, celle de tendre à avancer dans le bien : un tel souci est celui des progressants, qui visent surtout au renforcement et à l’augmentation de leur charité. Enfin, s’affirme une troisième sollicitude, par laquelle l’homme vise principalement à s’unir à Dieu et à jouir de Lui ; et cela s’applique aux parfaits qui « désirent mourir afin d’être avec le Christ. » [2a2ae q.24, a.9.].Il est des moments, cependant, où les trois voies se compénètrent , où l’âme imparfaite se trouve passagèrement de compagnie avec les plus élevées, où les plus élevées se sentent en proie aux misères qui affligent les débutants. Voilà pourquoi saint Thomas ajoute, aux signes distinctifs des trois voies, le mot principalement.
« Tous les exercices de notre journée tendent à cette union et on peut juger de leur valeur à l’effet qu’ils produisent : plus ils nous séparent des créatures, plus nous nous oublions nous-mêmes, plus ils sont ce qu’ils doivent être, des pas en avant vers le Bon Dieu. » [Robert de Langeac, Si quelqu’un M’aime nous viendrons chez lui…, Éd. du Carmel, Coll. Vives flammes, Toulouse, juin 2000, p. 25–26.].
« Comment, dans la pratique, poursuit ce même auteur, accentuer le mouvement de notre âme pour que se réalise cette union ? Nous avons trois grands moyens qui peuvent se combiner entre eux, qui peuvent être utilisés séparément par chacun de nous. Nous avons la prière, nous avons la soumission à la volonté de Dieu et nous avons le grand exercice de la présence de Dieu. » [op. cit., p. 26.]
En effet, « dans toute prière bien faite, nous avons le moyen de nous séparer des créatures, de nous oublier nous-mêmes, en nous occupant du Bon Dieu, en nous attachant à Lui. Plus on prie, moins on pense à soi, si bien que sainte Thérèse mettait au défi qui que ce soit de réciter le Pater comme il faut et de ne pas être contemplatif. » [R. de Langeac, op. cit., p.27.]
La soumission à la volonté de Dieu éloigne les obstacles à l’union et favorise celle-ci : « Une âme qui est fidèle à chercher la volonté de Dieu et la réalise de tout son pouvoir fait l’harmonie de sa volonté avec celle de Dieu, de sorte qu’il y a comme unité entre les deux volontés. […] Cette âme pourra […] ne pas sentir cette union. Ce n’est pas nécessaire. Mais la soumission à la volonté de Dieu est le signe certain de notre union avec Lui, signe donné par Notre-Seigneur Lui-même : « Celui qui m’aime garde mes commandements.… Et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure. » (Jn, 14,23) ». [R. de Langeac, op. cit., p.29.].
Le dernier moyen est l’exercice de la présence de Dieu. Si nous nous appliquons à cet exercice, « si nous aimons à Le chercher au fond de notre âme, nous finirons par nous rapprocher du Bon Dieu. Une âme qui s’est habituée à ce saint exercice, saura comment prier Dieu. Le regard fixé sur la Trinité Sainte, lui demandant son amour dans la prière, elle sera portée à réaliser toute la volonté de Dieu qui se présente. Combien elle aura de facilité et de courage pour mettre à mort tout ce qui pourrait faire obstacle à la vie divine en elle ! Elle vit d’une manière toute simple, mais c’est une transformation, quelque chose comme le commencement de la vie du Ciel. » [R. de Langeac, op. cit., p.31.].
Vie de prière contemplative, d’accomplissement de la volonté de Dieu, en sa sainte présence : n’est-ce pas ce qui a conduit la Mère de Dieu et notre Mère, à être fidèle à la plénitude de grâce initiale et à grandir chaque jour vers une union encore plus étroite avec la Très Sainte Trinité ? Confiants en la maternelle intercession de la « Reine et Beauté du Carmel », et attirés comme Elle par le Souverain Bien, avançons chaque jour, avec notre Mère et comme Elle, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, vers le terme de notre vie : l’union à Dieu dans la charité.
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Sorgues tél : 04 90 83 58 19 Renseignements : Prieuré St-Bénézet de Sorgues |