Prêtre pour l’éternité, et pour donner l’éternité
Le prophète Samuel arrivait à Bethléem pour sacrer au nom de Dieu le nouveau roi d’Israël. Ayant passé en revue, l’un après l’autre, les fils d’Isaïe, il ne trouve pas parmi eux l’élu du Seigneur. Sûr de la divine promesse, le prophète ne se trouble pas. Le père ne s’était pas même soucié de faire connaître le plus jeune de ses fils, parce trop petit et inutile. « Va », dit Samuel, « amène-le ; nous ne prendrons pas de nourriture avant qu’il ne soit ici.»
Arrive timide et essoufflé le jeune David, confus de cet appel insolite. Que lui veut le prophète, lui qu’on juge à peine capable de conduire, tant bien que mal, un troupeau de brebis ? Mais Samuel, éclairé de l’Esprit qui scrute les reins et les cœurs (Apoc. II, 23), plonge son regard sur le petit berger. « Voilà », s’écrie- t‑il, « voilà l’homme selon le Cœur de Dieu ; voilà l’oint du Seigneur ! » « Lève toi, oins-le, car c’est lui » (I Sam. 15,12), lui murmure à l’oreille la voix de Celui qui ne trompe pas.
Fin juin auront lieu les ordinations sacerdotales dans nos trois séminaires de l’hémisphère nord. Une vingtaine de jeunes diacres seront ordonnés prêtres pour l’éternité. Comme dans l’épisode du prophète Samuel et le jeune David, ainsi l’évêque agit envers le jeune lévite : « Lève toi, oins-le, car c’est lui ! » Ces jeunes vont recevoir l’onction sacerdotale qui va faire d’eux des « alter Christus » – un autre Christ.
Le saint Curé d’Ars disait :
« Le prêtre est quelque chose de grand ! S’il se comprenait, il mourrait … Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie. Si nous n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Qui la préparera à paraître devant Dieu, en lavant cette âme une dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Et si cette âme vient à mourir (à cause du péché), qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Le prêtre, toujours le prêtre. Après Dieu, le prêtre c’est tout … le prêtre ne se comprendra que dans le ciel. »
« O bon Jésus, faites que je sois un prêtre selon votre Cœur », est une prière que nous trouvons dans le bréviaire. Notre Seigneur nous dit : « Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons : Je suis doux et humble de cœur » (Matt. 11, 29).
Que les prêtres soient donc les instruments dociles de Notre Seigneur, mais qu’ils aient aussi cette force d’âme de savoir que « dans le monde vous aurez de la tribulation ; mais ayez confiance : moi, j’ai vaincu le monde » (Jean XVI, 33).
Père Anthony ESPOSITO
Extrait du Saint Pie n° 185 de mai 2010