3e Opération Rosa Mystica du 25 au 31 juillet 2009 – Jour 6


7ème partie du reportage – Le 1er août 2009 : jour 6
« Il passa en faisant le bien. » (Actes 10 :38)
« He went by doing good. » (Acts 10:38)

Ce mât de cocagne ne sera conquis que grâce à de véri­tables pyra­mides enfan­tines.
Only a solid pyra­mid can make them reach the sum­mit of this grea­sy poll !


Pendant que les der­niers patients attendent, l’ab­bé Ghela orga­nise
des jeux pour la joie des enfants . et des plus grands.
As the line of patients is rea­ching its end, Fr. Ghela orga­ni­zed games for the joy of all, chil­dren and adults.

Chaque soir il fal­lait refu­ser des malades. Chaque soir ceux-​là repar­taient vers leur incer­ti­tude, empor­tant avec eux la dou­leur qui les avait ame­nés. Chaque soir les volon­taires éprou­vaient cette frus­tra­tion devant l’impossible.
[Every night we had to refuse some sick people. Every night these unfor­tu­nate went back home, brin­ging back the sick­ness they had brought with them. And eve­ry night, the volun­teers felt frus­tra­ted in front of the impossible. ]

Ils ont alors déci­dé mal­gré la pluie, la boue du che­min et la fatigue, d’offrir une nou­velle jour­née de soin aux refou­lés de la veille. Et ce fut l’ultime pan­se­ment pour ce pouce rede­ve­nu sain. L’ancien malade sou­riant, gra­ti­fia Bernadette d’un « Salamat po ! » (mer­ci) recon­nais­sant.
[Then, they deci­ded, in spite of the rain, the mud of the road and their fatigue, to offer ano­ther day to those who had been refu­sed medi­cal assis­tance so far. And thus, it was an ulti­mate ban­dage for this new­ly hea­led thumb. The old patient smi­ling gave his nurse Bernadette a gra­te­ful « Salamat po ! » (Thanks!) ]


Jean Pierre Dickès : une fine lame pour opé­rer ce patient.
Dr. Jean Pierre Dickès, during one of his nume­rous sur­gi­cal interventions. 

Jean-​Pierre eut le temps d’extraire un kyste pro­fon­dé­ment enfon­cé dans un bras, pen­dant que piqûres et aus­cul­ta­tions se succédaient. 

Sr. Maria Concepcion, exem­plaire tra­duc­trice ayant dû repar­tir, la phar­ma­cie eut recours à Magali pour expli­quer les pres­crip­tions aux patients dans un taga­log dont elle avait appris les rudi­ments dès son arri­vée. Parfois, les expli­ca­tions, trop dif­fi­ciles, néces­si­taient l’aide et la bonne volon­té d’une jeune phi­lip­pine.
[Sr. Maria Concepcion, the phar­ma­cy’s exem­pla­ry trans­la­tor having left, she was repla­ced by Magali who explai­ned in a very basic Tagalog the various pres­crip­tions to the patients. Sometimes, though, a gene­rous young Filipina had to come to her help.]


Le maire de Tanay, venu en per­sonne, remer­cie l’é­quipe de la mis­sion, prêtres et volon­taires.
The mayor of Tanay insis­ted in visi­ting the mis­sion and than­king
in per­son the priests and the gene­rous team of volunteers.

Le maire de Tanay, dont dépend Sampaloc, vint remer­cier l’ensemble des volon­taires en leur offrant un diplôme per­son­na­li­sé en gage de recon­nais­sance.
[Tanay’s mayor, under whose juris­dic­tion is Sampaloc, came in per­son to thank the team of volun­teers and gave each, as a token of gra­ti­tude, a per­so­na­li­zed certificate.]

L’armée phi­lip­pine, tel­le­ment pré­sente lors de cette mis­sion catho­lique et huma­ni­taire se joi­gnit aux vœux de la muni­ci­pa­li­té pour que l’année pro­chaine la mis­sion tende de nou­veau ses tentes et ses bâches autour de cette même cha­pelle, dans ce même vil­lage.
[The Philippine army who played a great part in this tru­ly Catholic Medical Mission also expres­sed its wishes to see our Mission return next year with its tarps and tents around our lit­tle chapel.]


Jusqu’au der­nier jour, méde­cins et volon­taires ont tra­vaillé dans ces condi­tions.
Conditions of the medi­cal team until the very last day of the Mission.

Une déci­sion qui sera très dif­fi­cile à prendre pour les res­pon­sables de l’ACIM car la même demande a déjà été enre­gis­trée à mille kilo­mètres de là : à Sarangani, lieu de la pré­cé­dente mis­sion.
[This will be a dif­fi­cult deci­sion for the lea­ders of ACIM since the autho­ri­ties of Sarangani, 1000 km to the South and who recei­ved us last year, have also made the same request.]


La mis­sion touche sa fin, la nuit est tom­bée, et seule cette petite lampe
per­met à la phar­ma­cie de fonc­tion­ner jus­qu’au bout.
The last moments of the Mission at the phar­ma­cy in the ear­ly night with that single lit­tle lamp.

En cette fin de cette toute der­nière jour­née, les volon­taires étaient heu­reux car 3 130 phi­lip­pins furent soi­gnés en six jours.
[Finally, at the end of this very last day, the volun­teers were radiant when they heard the final num­ber of patients trea­ted in the short six days : 3,130.]

Record bat­tu.
[A new record!]

02 août 2009 – Photos de Philippe Gressier, de Boulogne-​sur-​Mer, textes bilingues du Distict d’Asie pour LPL 

Le fort et émouvant témoignage d’un participant…

La fin de la mis­sion : le temps des larmes

Samedi 1er août. Tant de monde encore à voir. Nous déci­dons de res­ter une jour­née de plus. Elle sera la plus éprou­vante. En effet une par­tie des volon­taires sont repar­tis. Les mili­taires ont rega­gné leur caserne. Il reste une den­tiste phi­lip­pine, les deux méde­cins fran­çais. Jean-​Pierre Dickès crè­ve­ra le pla­fond du nombre des consul­ta­tions en voyant 129 per­sonnes. Le déluge du ciel nous tombe sur la tête ce qui per­met de faire halte au feu après douze heures de tra­vail. Nous n’avons même plus faim. Nous patau­geons dans la boue. Trempés jusqu’aux os, nous nous déba­ras­sons de nos chaus­sures. Les méde­cins aux pieds nus. Les Philippins ne portent pas de chaus­sures. Seulement ces san­dales plas­tiques appe­lées tongues. Les chaus­sures dans l’eau et la boue sont bien inutiles. 

Les filles rejoignent la vil­la d’accueil : elles sont six dans une même chambre. Les volon­taires phil­li­pines sont entas­sées dans un trou à rat joux­tant l’ancienne chap­pelle à deux pas. Les gar­çons s’entassent et dorment à même le sol dans les combles de l’église en construc­tion. Le trai­teur comme tous les Philippins se repose le same­di. Menu du soir : caca­huètes. Quelques-​uns d’entre nous, les pri­vi­lé­giés sont dans un « resort » sorte de pavillons un peu dis­per­sés. On nous pré­vient que dans le bâti­ment cen­tral il y aura la fête, sorte de karao­ké. « Doc, vous n’auriez pas des fois un som­ni­fère ! » Doc a tout prévu. 

Le dimanche aprés la Messe, Il faut par­tir. Nous ver­rons alors une chose inouïe. Les gens de la ruelle sont sur le pas de leur porte pour nous dire adieu. Certains fondent en larmes. Et nous aus­si, les gorges se nouent. Les larmes montent aux yeux. La Grâce du don des larmes.

Il faut en venir au bilan. Nous avons effec­tué 3 130 actes médi­caux. Les méde­cins ont tra­vaillé de quatre à sept selon les jours. Les den­tistes de un à cinq. Ce sera l’aide prin­ci­pale de l’armée. Des liens d’amitiés se sont créés. Le nombre des volon­taires a oscil­lé entre 67 et 77. Rappelons que si nous avions pu effec­tuer la mis­sion au Capitole de Sarangani comme pré­vu nous aurions été le double. Et pour­tant nous avons bat­tu notre propre record de 2008 qui était de 2 780 patients mis en dos­siers à Géneral Santos, Mindanao. A Sanpaloc à l’Est de Manille, tout le monde est catho­lique. Donc pas de bap­têmes sinon que des pré­pa­ra­tions à ce sacre­ment et au mariage. Trois Extrême Onctions, béné­dic­tion de 120 mai­sons. 2000 cha­pe­lets seront dis­tri­bués. 500 sca­pu­laires impo­sés.

Lundi , c’est le retour à Manille. L’équipe com­mence à s’éffilocher.Le hasard nous fait nous noyer dans la foule qui rend un der­nier hom­mage à Corazon Aquino ; 250 000 per­sonnes pour admi­rer un per­son­nage libé­ral qui notam­ment en ne maî­tri­sant pas la cor­rup­tion avait réus­si l’exploit de faire pas­ser son pays de la deuxième posi­tion éco­no­mique de tous les Etats Asiatiques après le Japon, à la qua­trième dernière. 

Un ami de la Tradition nous reçoit dans une sorte de club de plon­gée. Le repos est de deux jours. Un peu de nata­tion. Dormir…Mais les coqs omni­pré­sents ne savent pas ce qu’est le som­meil des humains.

Un de nos objec­tifs était de nous occu­per des pyg­mées. Les atter­moi­ments du gou­ver­neur de l’île Leyte où ils sont nom­breux, nous avait obli­gés à y renon­cer. Mais une tête de pont avait été lan­cée par l’abbé Couture arri­vé avec deux tonnes de riz en fin d’année der­nière à 120 kilo­mètres au Nord Manille. Une sorte de petit reste épar­gné par la catas­trophe de l’éruption du Pinatubo en 1990. Péniblement une sainte reli­gieuse du nom d’Eva essayait dans le cadre de mul­tiples actoins de les aider. Nous sommes arri­vés très tard. En effet le che­min d’accès était trans­for­mé en ruis­seau de boue. Deux kilo­mètres à faire en gra­vis­sant la mon­tagne. Les cara­baos (buffles) tirant les médi­ca­ments et les 500 kilos de riz que nous appor­tions. Notre équipe ACIM France don­na les pre­miers soins d’urgence. Promettant à Sœur Eva que nous reviendrions.

Mais nous n’avions pas encore réa­li­sé que le pire nous atten­dait. Nous ne nous étions pas aper­çus que toute l’humilité de ces pauvres gens, l’aide que nous leur avions appor­tée dans des cir­cons­tances diff­fi­ciles avait créé une uni­té fan­tas­tique entre nous. Nous étions deve­nus un seul corps, une seule âme au contact de ces pauvres gens qui nous avaient don­né tant de sou­rires, de sala­mat (mer­ci !). Nous avions tous le même sen­ti­ment qu’avec nos prêtres, des liens qua­si sur­na­tu­rels nous réunis­saient en un seul corps. Rosa Mystica. Une fleur dont les pétales allaient se perdre, se dis­per­ser. Magali par­tait pour quatre mois à General Santos afin d’aider Yolly notre vaillante secré­taire à la per­ma­nence de ACIM Asia. Chacun d’entre nous la ser­ra dans ses bras en pleu­rant. Pleurer de notre sépa­ra­tion et pleu­rer de bon­heur. Tous sim­ple­ment parce que nous avions tous impli­ci­te­ment com­pris que notre vie après ce que nous avions vu ne sera plus jamais la même. Mais l’an pro­chain nous serons tous là et au même endroit.

Merci mon Dieu pour la pluie, le bain de boue et le bain de Grâces. 

A l’année prochaine !

Pour aider la Mission Acim Asia 2009

Les dons pour ACIM ASIA doivent être envoyés au : 

Dr Jean-​Pierre Dickès
2, route d’Equihen
62360 St-Etienne-du-Mont

Il est rap­pe­lé que la tota­li­té des dons est envoyé à la mis­sion sans pré­lè­ve­ment de quelque nature que ce soit. D’autant qu’ACIM France prend en charge inté­gra­le­ment le fonc­tion­ne­ment
de sa petite sœur d’Asie. Tous les volon­taires sont les bien­ve­nus tout au long de l’année.

ACIM-Asia / Rosa Mystica

Association d'aide médicale aux Philippines