L’ACIM prépare la Mission Rosa Mystica 2022.
Même si nous n’avons pas pu faire de mission Rosa Mystica cette année, l’Acim continue à œuvrer là-bas, à soigner, à réconforter, et à ouvrir les âmes à Dieu. Le docteur de Geofroy, de son côté, met tout en œuvre pour que nous puissions retourner aux Philippines en 2022. Grâce à nos contacts sur place, nous avons pu renouer avec une tribu que monsieur l’abbé Couture avait visitée il y a plus de dix ans.
Voyez plutôt comme la Providence veille : en 2008, des médecins avaient demandé à l’Acim-Asia d’envoyer du personnel médical chez les Negritos, dans leur territoire en montagne. Ce sont les plus anciens habitants des Philippines, ils vivent de la chasse et des plantes tropicales, loin des habitants des plaines. Les infirmières envoyées là-bas n’ont trouvé que trois indigènes qui ont déclaré que le reste de la tribu avait traversé la rivière vers Surigao ; elles y sont donc allées, pour s’entendre dire par les services sociaux de là-bas que la tribu n’avait besoin de rien.
Il a fallu ensuite l’intervention de Sœur Eva Fidela, médecin chirurgien devenue religieuse et fondatrice de la Mission Notre-Dame de la Paix, pour qu’une équipe médicale se rende quand même jusqu’à eux : ce fut notre mission Rosa Mystica de 2009 à Zambales, et de 2010 à Leyte, où nous avons rencontré les tribus Aetas, Mamanwas et Kunkins. Nous avons alors pu faire un peu de catéchisme et dispenser quelques sacrements. Sœur Eva souhaitait que notre organisme prenne en charge les Negritos, mais nous avons dû refuser, car à l’époque, il y avait beaucoup moins de volontaires philippins, et déjà trop de travail d’évangélisation en cours dans la région de Sarangani ; monsieur l’abbé Couture oeuvrait par exemple pour « apprivoiser » un chef de tribu qui, au bout de six ans, est tombé en larmes dans ses bras, car il réalisait son dévouement et sa charité pour eux ; l’offrande d’un poulet et d’un coq fut sa façon de sceller un pacte définitif de confiance !
Les années ont passé, l’Acim a étendu ses actions, mais nous avons perdu contact avec Sœur Eva, et manqué de temps pour retourner vers les tribus.
Or, en décembre 2019, des indigènes à la peau sombre se glissent un soir dans l’église de Davao, probablement pour ne pas être pris en flagrant délit de mendicité, ce qui est interdit en ville. Ils arrivaient à pied de la montagne, à 380km de là ! Le père Tim les accueille, leur donne des médailles, et promet de leur envoyer des catéchistes. C’était des Negritos qui venaient chercher un peu d’argent à Davao.
Quand un groupe de l’Acim arrive dans leur tribu début 2020, une femme leur montre sa médaille, et deux autres brandissent un chapelet. La Sainte Vierge est dans la place, tous les miracles sont possibles, malgré les obstacles : le chef du village déclare que les cours de catéchisme sont interdits au nom de la préservation culturelle. Il s’entête dans ses principes, malgré la pression de quelques femmes qui demandent d’apprendre à réciter le chapelet. Une responsable du baranguay ose même alors sortir une petite Vierge qu’elle n’avait jamais montré avant, et qui, d’après elle, est depuis 200 ans dans sa famille ! Mais le chef est catégorique, la réglementation pour préserver l’authenticité des tribus est très stricte….
Le miracle intervient en pleine crise sanitaire, quand une des volontaires, infirmière, revient vers eux et se préoccupe de la santé des villageois, elle propose même de la nourriture et des médicaments. Le chef n’en revient pas : alors que la pandémie sévit et que la circulation est très compliquée, cet organisme de catholiques ne les abandonne pas, et pire que cela, leur propose de l’aide ! Il donne alors la permission. Et quand le père Tim lui-même vient les visiter, c’est avec une joie délirante qu’on accueille le « Père-qui-a-donné-des-médailles » !
Désormais, tout reste à faire. Ces Négritos sont des gens timides et mal considérés par le reste de la population. Yolly vient d’aller les visiter en avril. C’est en vivant avec eux qu’elle mesure l’ampleur du travail matériel, social, moral et religieux. Ils ont peu de règles d’hygiène, une eau très sale, quasiment pas d’école, et quelques rituels tribaux en guise de religion, pour apaiser à l’occasion les esprits maléfiques de la jungle.
Le lien est établi, et le projet de mission Rosa Mystica 2022 chez eux est lancé ! Mais il reste encore beaucoup d’obstacles à franchir. Merci de continuer à prier et nous aider, et Dieu donnera la victoire !
Jeanne de Vençay