Pourquoi faire une retraite ?

Chers Amis du Combat de la Foi,

La retraite est l’action de se reti­rer. Se reti­rer d’où ? Vers où ? Pourquoi et comment ?

Fuir le prince de ce monde

Il s’agit tout d’abord de se reti­rer du monde pour fuir le démon puisque le démon « est le prince de ce monde » (Jn 12,31 14,30 16,11 Eph 2,2)

On dira que le monde n’est pas mau­vais. Oui et non. Il est dif­fi­cile de se rendre compte à quel point le démon règne sur le monde et cherche par lui à nous entraî­ner. Le seul moyen de se rendre compte com­bien nos rap­ports avec le monde sont un pro­blème grave, c’est de nous en retirer.

La méditation-​clef de saint Ignace, Les deux éten­dards, est très claire : le démon se sert, pour nous mani­pu­ler, de tout ce qu’il trouve dans le monde. Une confé­rence des retraites de vie chré­tienne au Moulin du Pin, sur le chré­tien et le monde, traite de ce même pro­blème d’une autre manière à par­tir de deux expo­sés de saint Thomas d’Aquin par­ti­cu­liè­re­ment éclai­rants. Et saint L. M. Grignion de Montfort qui four­nit la doc­trine des retraites « À Jésus par Marie » accorde plus d’un quart de la pré­pa­ra­tion à la consé­cra­tion à la Très Sainte Vierge à se vider du monde. Cela vous étonne, vous n’êtes pas convain­cus ? C’est bien pour­quoi il faut faire une retraite. Vous serez comme un homme asser­vi ou un pri­son­nier qui découvrent la liber­té. Et c’est l’intérêt des dif­fé­rentes retraites : com­prendre ce qu’est le monde à la lumière de saint Thomas ou de saint L. M. Grignion de Montfort éclaire les Deux éten­dards et réciproquement.

Se retrouver soi-même

La deuxième rai­son de se reti­rer est de se retrou­ver soi-​même. C’est la grande force de tous les ermites : cou­pés du monde, sous le regard de Dieu, ils se découvrent tels qu’ils sont. Ils connaissent l’homme d’une façon pro­fonde et c’est pour­quoi l’enseignement des char­treux ou des pères du désert, par exemple, est si éclai­rant pour nous.

Nous ne pou­vons, comme eux, nous reti­rer défi­ni­ti­ve­ment, seuls avec Dieu, faisons-​le au moins le temps de pro­fi­ter de l’enseignement des saints qui savent nous par­ler de nous. Se connaître soi-​même est la deuxième réa­li­té que saint L. M. Grignion de Montfort veut nous faire décou­vrir ; c’est aus­si l’objet de la pre­mière semaine des exer­cices de saint Ignace ; c’est l’enseignement de Mgr Lefebvre que nous don­nons dans les retraites de vie chré­tienne, car Mgr Lefebvre reve­nait sou­vent sur ce sujet.

Une bonne confes­sion, de bonnes réso­lu­tions, tels seront les fruits de la retraite, seul avec soi-​même devant Dieu.

Connaître Dieu pour mieux l’aimer

Ceci nous mène à décou­vrir Dieu, à mieux le connaître pour mieux l’aimer. Tel est évi­dem­ment le but des étapes pré­cé­dentes. Là encore, recon­nais­sons que Dieu ne se laisse décou­vrir que dans la retraite et le silence : il appelle Moïse à l’écart pour se révé­ler à lui. Notre Seigneur prend ses dis­ciples à l’écart, que ce soit sur le Thabor ou sur la col­line des béa­ti­tudes ; les foules l’ont bien com­pris qui le cherchent à l’écart dans le désert.

Méditer la vie de Notre Seigneur par laquelle il se révèle à nous, c’est l’objet d’une grande par­tie des retraites selon saint Ignace et des retraites de rosaire ou des retraites « Jésus notre modèle ».

dons. Là encore les dif­fé­rentes retraites s’éclairent et se ren­forcent l’une l’autre. Les retraites de vie chré­tienne ou « À Jésus par Marie » per­mettent de mieux pro­fi­ter des médi­ta­tions de saint Ignace, comme celles-​ci donnent de la consis­tance à notre tra­vail spirituel.

Quant à toutes les retraites qui nous parlent de la Très Sainte Vierge, elles nous font entrer dans cette voie si simple, sûre et facile pour aller à Jésus : Marie qui donne son Fils à tous ceux qui s’approchent d’elle avec foi et confiance.

Le Ciel sera la grande retraite défi­ni­tive où nous contem­ple­rons Jésus en com­pa­gnie de Marie, des saints et de nos amis. Cela ne s’improvise pas.

Les conditions d’une bonne retraite

Pour bien pro­fi­ter d’une retraite, il faut tout d’abord choi­sir une date et s’inscrire. C’est évident, mais com­bien ne le font pas ou retardent… N’attendez pas l’âge de la retraite pour faire une retraite ! Demandez à votre confes­seur des conseils sur la retraite qui vous convien­dra le mieux.

Ensuite il faut se péné­trer d’une grande confiance en Dieu, notre Père si bon, qui veut notre bien et qui nous attend pour nous com­bler de ses grâces, de ses dons et de ses bénédictions.

Enfin il faut y aller le cha­pe­let à la main pour que Marie soit avec nous avant et durant la retraite comme elle fut au milieu des apôtres au Cénacle pour la Pentecôte.

Quitter la retraite pour revenir dans le monde

N’oubliez pas que vous n’êtes pas seuls : votre conjoint, vos enfants, vos amis ont besoin des fruits de votre retraite pour en faire leur pro­fit. Car, bien enten­du, si le chré­tien que vous êtes doit fuir le monde, c’est pour mieux y reve­nir et exer­cer sur lui l’influence chrétienne.

Il y a évi­dem­ment une dif­fé­rence entre les char­treux qui quittent le monde pour n’y plus reve­nir et qui sont nos modèles comme les éclai­reurs en avant des troupes, et nous qui sommes dans le monde pour y com­battre. C’est la ques­tion des rap­ports entre la contem­pla­tion et l’action, ques­tion si dif­fi­cile à com­prendre pour nos esprits modernes et que la retraite vous fera résoudre pour la plus grande gloire de Dieu. La contem­pla­tion et l’action ne s’opposent pas, elles ne s’excluent pas. L’une guide l’autre, l’autre sert la pre­mière, le tout est d’apprendre com­ment. Là encore les retraites vous appor­te­ront les réponses théo­riques et pra­tiques : saint Ignace avec ses règles du dis­cer­ne­ment des esprits, la retraite de vie chré­tienne avec la confé­rence sur ce sujet, la retraite « À Jésus par Marie » ou celle du rosaire avec l’exemple de la sainte Vierge.

Ainsi, les yeux de la foi fixés sur l’idéal que, en retraite, nous aurons appris à contem­pler et à aimer, nous tra­vaille­rons à le faire aimer autour de nous, nous en mon­tre­rons la beau­té et, sur­tout, par le bon­heur de notre vie chré­tienne, nous mon­tre­rons au triste monde que ce bon­heur est aus­si pour lui s’il veut suivre Jésus-Christ.

La retraite nous fera com­prendre que, pour notre com­bat dans le monde, nos armes ne sont pas celles du monde, mais celles de Dieu. Ce sont la foi qui rayonne, l’amour de Dieu ou cha­ri­té qui attire, la pru­dence qui sauve, la misé­ri­corde qui par­donne, la joie dans la péni­tence, la beau­té de l’ascèse. Toutes ces choses pure­ment divines, c’est en retraite, seuls avec Dieu que nous pour­rons d’abord les recueillir. Cela ne retire rien à l’importance de l’oraison qui est comme une petite retraite quotidienne.

Alors, au jour du juge­ment, vous ren­drez au Seigneur les talents qu’il vous aura don­nés, aug­men­tés de ceux que vous aurez gagnés, et vous l’entendrez vous dire : « C’est bien, bon et fidèle ser­vi­teur, entre dans la joie de ton maître. » Vous aurez la joie d’entendre la même récom­pense accor­dée à ceux qui vous sui­vront et qui entre­ront au Ciel avec vous parce qu’ils auront été gui­dés par vous.

Bonne retraite, nous prions pour vous,

Abbé François PIVERT

Extrait du com­bat de la foi n° 162 – Pour vous abon­ner voir ci-dessous.

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