Abbé Daniel Couture,
Supérieur du District d’Asie pour la FSSPX
Ce qui a été fait à General Santos, nom de la ville du sud de Mindanao la principale île des Philippines, menacée par le terrorisme, apparaît comme un événement sans pareil au sein de la Tradition.Mais aussi pour les Philippins eux-mêmes.
La mission médicale d’Acim Asia a fait l¹objet de deux reportages à la télévision nationale. Pourquoi ? elle a surpris par son ampleur dans un pays d¹une pauvreté extrême et où ce genre d¹opération est souvent très limité à quelques volontaires. En réalité, toute une partie de la ville s¹est mise au service de la Tradition au travers de Rosa Mystica. L’Armée philippine, la Chambre de Commerce, plusieurs écoles catholiques de formation des infirmières, la chaîne Jollibee (restauration rapide), les traiteurs de la ville, le Lion’s Club et de nombreux médecins qui sont venus une matinée, une journée, une semaine. La mission a impliqué des soignants venant de six pays différents : Corée du Sud, Singapore, Canada, Etats-Unis, France, Philippines.
Grâce au financement apporté par la vente en France des fameux petits catéchismes de Hong Kong dénichés par l’abbé Couture, Supérieur du District d’Asie pour la Fraternité Saint Pie X, Acim Asia a désormais une permanence installée dans des locaux convenables, très bien équipés.
Yolly Gamutan, qui est la secrétaire de l¹organisation est désormais embauchée à plein temps. Son rôle sera de diffuser la doctrine de l¹Eglise Catholique en matière de bioéthique au niveau du continent asiatique. Mais conjointement le site Internet s¹adressera aux médecins et soignants de tout le monde anglophone.
La mission médicale Rosa Mystica s¹est trouvée dirigée de facto par les Français. Responsabilité morale. Responsabilité professionnelle. En partie aussi impliquée dans l’organisation elle-même.
23 médecins sont venus aider directement la mission. 10 autres, exerçant dans la ville ont accepté de relayer la mission à titre gracieux dans un pays où la Sécurité Sociale n’existe pas.
En pratique, Acim Asia a assuré plus de 2 000 consultations. Les dentistes ont extrait des centaines de dents. Il faudrait mentionner la dizaine d¹organisations qui sont venues aider pour construire de véritables villages de soins.
Bien sûr tout n¹a pas été rose. Le jour même, la directrice de l’école d¹Infirmières N‑D. de Fatima, à 100 mètres à la fois de la permanence et de la chapelle, avait organisé des épreuves bénéficiant d’un bonus ; ceci afin de détourner les élèves infirmières. Mais la Municipalité ne s’y est pas laissée convaincre par ce rejet ; elle a reçu Rosa Mystica de manière officielle en mairie. Le maire, Don Pedro Archaron lui-même ayant fait une introduction au forum qui a regroupé en fin de mission près de 1 000 participants. Il a terminé en disant que nous devions faire la volonté de Dieu :
» Je prierai continuellement pour que l’association soit bénie par Dieu afin qu’elle croisse et prospère afin que plus de gens puissent être aidés. (I shall continually pray that the association will be divinely blessed in order for it to grow and prosper so that more poeple will be helped). »
Ainsi, entre les mains de Dieu, l’équipe française s¹est trouvée de facto à la direction de cette merveilleuse mission. Désormais un groupe de sept infirmières et un médecin, après le divin Sacrifice de la Messe se trouvent impliqués dans la Tradition. Et ceci avec nos amis de Tradition dont la machine à imprimerie tourne toute la journée pour s’opposer à la culture de mort.
Nous avons prêché la bonne parole à des milliers de personnes. Après tout, une âme en vaut une autre. La générosité de ce peuple, dans une détresse absolue est exemplaire. Et tous ces gens qui sont venus savent bien que nous avons travaillé pour leur survie, mais aussi pour la survie de leur âme. C’est un langage que ces pauvres gens qui ont beaucoup à nous apprendre par leur joie de vivre en Dieu comprennent encore.
Pour combien de temps ? Le succès de Rosa Mystica, par-delà les amitiés crées, par-delà nos difficiles conditions de vie dans ce pays, nous oblige à nous poser une simple question. Un café noir avenue de l’Opéra à Paris permet à un Philippin qui est dans la rue de survivre pendant un mois. Pensons‑y quand nous buvons notre verre de Beaujolais nouveau ? Mais ce peuple hospitalier, aimable toujours souriant n’attend que nous. Nous devons l’aider.
Nous nous sommes trouvés devant des situations effarantes de gens qui se mouraient faute d’argent pour se soigner. Nous avons été là pour donner la consolation des hommes. Et nos prêtres étaient là pour donner la consolation de Dieu.
Quelle merveilleuse symbiose en Jésus-Christ !
Dr Jean-Pierre Dickès, Président de l’ACIM,
Singapour, le 22 août 2008,
en la fête du Coeur Immaculé de Marie