Enfants difficiles

A notre époque, éle­ver ses enfants semble ardu. Vraiment ?

Le des­tin de Caïn, qui jalou­sa son frère au point de le tuer, laisse son­geur tout comme l’acte de Cham dévoi­lant l’intimité de Noé son père, qui d’ailleurs le mau­dit, inter­roge (Gn. 9, 25). Enfin, le patriarche Jacob qui vit ses enfants se liguer contre le der­nier de la fra­trie, Joseph, illustre aus­si ces pro­blèmes. Le second livre de Samuel nous livre la rébel­lion d’Absalom, fils du roi David. Sa vio­lence étonne. 2 Sm 15, 14 : « Levez-​vous, fuyons (…) Hâtez-​vous de par­tir, de peur que, se hâtant, il ne nous sur­prenne, qu’il ne fasse tom­ber sur nous le mal­heur… » Son dénoue­ment inquiète. « Et Joab ayant pris en main trois jave­lots (…) il les enfon­ça dans le cœur d’Absalom, encore vivant au milieu du téré­binthe » (18, 14). Pour finir, les consé­quences psy­cho­lo­giques sont redou­tables comme le laisse per­ce­voir le récit sacré : « Le roi trem­blant d’émotion (…) Mon fils, Absalom ! Que ne suis-​je mort à ta place » (19, 1).

Les deux fils du grand prêtre Héli sou­lignent d’autres déboires édu­ca­tifs tout aus­si dou­lou­reux car au dire de la Bible : « Ils étaient des hommes de Bélial ». Ces gar­çons atti­raient le mépris sur les offrandes de Yahweh, lit-​on dans le livre de Samuel au ch. 4, leur sort sera ter­rible ! Ophni et Phinées périrent donc au cours d’une bataille. Quant à leur père, à l’annonce du désastre qui frap­pait autant sa famille que le peuple Israélite – puisque l’Arche d’Alliance fut sai­sie par l’ennemi – il tom­ba à la ren­verse de son siège et se rom­pit la nuque !

L’histoire que Jésus mit en scène ne faci­lite pas l’optimisme édu­ca­tif. Un homme avait deux fils (Lc 15, 11). « Donne-​moi la part de biens qui doit me reve­nir… » dit le plus jeune à son père avant de par­tir pour tou­jours, pensait-​il ! Les familles, celles d’hier comme celles d’aujourd’hui, portent le poids de la fatale faute ori­gi­nelle ! La suite ouvre heu­reu­se­ment des pers­pec­tives : « Comme il était encore loin, son père le vit ; et, tou­ché de com­pas­sion, il cou­rut, se jeta à son cou (…) Mon fils que voi­ci était mort, et il est reve­nu à la vie ; il était per­du, et il a été retrou­vé ». Depuis tou­jours, l’espoir et les bons exemples sont de puis­sants remèdes éducatifs.

Source : Apostol n°158