Chers amis, chers fidèles,
Vous dévoiler ce que sera la future église de Nantes est une véritable joie. En quelques pages et beaucoup d’images, voici donc le projet tel que déposé en mairie après plusieurs mois de travail, pour obtention du permis de construire. Par là même, c’est également une grande intention de prière que je vous confie : invoquez les anges gardiens de chacun des employés qui auront à se prononcer sur ce permis de construire, afin que nous l’obtenions sans difficultés supplémentaires. Réponse en juin…
Après mures réflexions et consultations, il a été décidé de mettre cette église sous le patronage de saint Emilien, évêque de Nantes : c’est à lui qu’elle sera consacrée. Au vu de sa vie, vous saurez en découvrir de nombreuses raisons.
Emilien fut choisi comme évêque de Nantes au moment où les Sarrasins franchissaient les Pyrénées pour étendre l’islam en nos contrées. Après avoir ravagé le sud de la France, ils s’avancèrent jusqu’en Bourgogne, où ils firent le siège de l’antique ville d’Autun. C’était sept ans avant la bataille de Poitiers. Ne pouvant rester indifférent aux maux que souffrait sa sainte mère l’Eglise, Emilien convoqua en sa cathédrale tous les hommes désireux de prendre les armes pour la défense de la foi et, après avoir pour eux célébré le saint sacrifice, partit à leur tête. Une première victoire libéra la ville menacée, puis deux nou-veaux succès militaires permirent de repousser les musulmans. Mais voici qu’un nouveau corps d’armée omeyyade fondit sur les hommes dont Emilien était l’âme et, en ce 22 août 725, tous bientôt périrent, notre saint évêque à leur tête. Transpercé de flèches et de lances, il fut finalement décapité avant d’être enseveli en ce lieu qui depuis porte son nom, le petit village de Saint Emiland.
Aussitôt vénéré en Bourgogne, notre saint fut méconnu de son diocèse d’origine jusqu’en ce 19ème siècle, où règne en France une belle pagaille liturgique, triste fruit du gallicanisme. L’évêque d’alors, Mgr Alexandre Jaquemet, marcha résolument à la suite de Dom Guéranger pour le rétablissement de l’antique liturgie romaine en son diocèse, et les recherches effectuées à cette occasion firent redécouvrir ce saint nantais, bientôt réintroduit dans la calendrier liturgique avec la bénédiction de Pie IX.
Restait à obtenir du diocèse d’Autun quelques reliques du saint, ce qui fut obtenu après deux ans de tractations en raison de l’attachement de la population de Saint-Emiland à son saint. La translation des reliques fut l’occasion d’une triomphale procession, le 6 novembre 1859. Au témoignage de beaucoup, cette procession fera naître chez nombre de nantais le désir de se dévouer à la cause de l’Eglise si bien que, quelques mois plus tard, beaucoup marcheront à la suite du général de Lamoricière pour s’engager au service de la papauté dans les zouaves pontificaux. Cela fit dire au Cardinal Richard, vicaire général de Nantes avant d’être archevêque de Paris, que « le dévouement pour la cause de l’Eglise est la grâce que Dieu a attachée au culte de ce saint ».
Bientôt pourtant une nouvelle tourmente, entre autres liturgique, s’abattit sur saint Emilien : en 1967, Mgr Michel Vial l’exclut du calendrier diocésain. Mais l’histoire a ses revanches.
Sous peu, notre saint aura l’église qu’il n’avait pas encore eu à Nantes, lui dont la fête était fixée au 3 septembre, jour où l’Eglise célèbre saint Pie X.
Abbé P. de LA ROCQUE
Source : L’Hermine n° 34 de mars 2012