1re UDT de la FSSPX – 2006

Présentation des ateliers

  1. L’Eglise au risque de l’Histoire », par l’ab­bé David Aldalur et Olivier Germain
  2. « Confrontation musul­mans et catho­liques », par l’ab­bé Bernard de Lacoste et Léon-​Pierre Durin
  3. « Da Vinci Code et la véri­té », par l’abbé Jean de Lassus-​Saint Geniès et Raphaël Jodeau

Le Monde, l’Eglise, et l’Eglise dans le Monde connaissent une situa­tion à la fois gra­vis­sime et sans pré­cé­dent aucun.

Souvent, il est d’usage de com­pa­rer la crise actuelle avec ce qu’on a indû­ment appe­lé les « inva­sions bar­bares » et la « chute de l’empire romain ». Ce paral­lèle n’est abso­lu­ment pas per­ti­nent, ni quan­ti­ta­ti­ve­ment ni qualitativement.

Nous ne nous appe­san­ti­rons pas sur la « conver­gence des catas­trophes » qui se pro­file à l’échelle pla­né­taire, pas plus que sur la crise de l’Eglise, que nous connais­sons tous, pour nous attar­der, et tra­vailler, à tra­vers ces ate­liers, sur trois thèmes trans­ver­saux qui mettent par­ti­cu­liè­re­ment en lumière le nou­veau para­digme au sein duquel nous devons effec­tuer notre apostolat.

Celui-​ci nous met au défi, prin­ci­pa­le­ment en Occident et sin­gu­liè­re­ment en France, de com­prendre cette réa­li­té nou­velle, y com­pris d’un point de vue onto­lo­gique, afin de pou­voir non seule­ment répli­quer – ce qui, pour être néces­saire, n’est pas suf­fi­sant – mais sur­tout (re)convertir les hommes.

Des hommes dont, jus­te­ment, le regret­té et talen­tueux Philippe Muray, qui a si bien diag­nos­ti­qué le désastre actuel, disait dans Après l’Histoire (Belles Lettres) qu’ils « avaient déjà muté » !

L’Homo euro­pea­nus, en effet, a subi depuis plu­sieurs siècles les assauts de la moder­ni­té, reli­gieuse et intel­lec­tuelle d’abord, avec la Réforme et les « lumières », puis poli­tique, et enfin, dans ce pro­ces­sus révo­lu­tion­naire qui n’en finit pas de détruire les fon­de­ments mêmes de la Création, « socié­tale » et individuelle.

Et c’est donc à cet indi­vi­du, monade iso­lée et déstruc­tu­rée que nous devons nous adres­ser. Celui-​ci est aujourd’hui d’autant plus dif­fi­cile à tou­cher, convaincre et conver­tir, qu’il se retrouve esseu­lé, empri­son­né même, dans son propre ego, ain­si que para­doxa­le­ment dés­in­car­né ET tota­le­ment maté­ria­li­sé. « Malheur à celui qui est seul » Écclésiaste 4, 10.

C’est à dire que l’Homme actuel a subi une inver­sion qu’il ne faut pas avoir peur de qua­li­fier de pro­pre­ment dia­bo­lique ; inver­sion d’autant plus sata­nique que le Bon Dieu a vou­lu, au contraire, que sa créa­ture soit incar­née pour mieux tendre vers la sur­na­ture, en se déta­chant des biens de ce monde.

Sagesse 2, 21–24 : « Ainsi raisonnent-​ils, mais ils s’é­garent, car leur malice les aveugle. Ils ignorent les secrets de Dieu, ils n’es­pèrent pas de rému­né­ra­tion pour la sain­te­té, ils ne croient pas à la récom­pense des âmes pures. Oui, Dieu a créé l’homme pour l’in­cor­rup­ti­bi­li­té, il en a fait une image de sa propre nature ; c’est par l’en­vie du diable que la mort est entrée dans le monde : ils en font l’ex­pé­rience, ceux qui lui appartiennent ! »

Que devons-​nous dire, que pou­vons-nous dire, donc, à ces hommes mutés, ou plu­tôt per­mu­tés, inver­sés, inver­tis – au sens onto­lo­gique du terme, en cette ère de crise géné­rale, qui n’épargne pas même l’Eglise ? Telle est la dif­fi­cul­té que n’ont pas connue nos anciens, y com­pris dans les situa­tions les plus cri­tiques. Une ère de grand péril pour le salut les âmes, dont s’inquiète tant Notre-​Dame à cha­cune de ses appa­ri­tions récentes, qui annoncent à n’en pas dou­ter des temps eschatologiques.

Ce que nous devons dire aux hommes est ain­si le thème de nos tra­vaux… Nous pour­rions en débattre des heures durant, des jours ou des semaines, des mois, comme cer­tains de nos Pères, lors des grands conciles fon­da­teurs… Mais comme nous n’en avons pas le temps et que notre pro­pos est de nous don­ner des armes pra­tiques – j’insiste sur l’aspect pra­tique de ces ate­liers ! – nous tra­vaille­rons sur trois sujets actuels au cœur des enjeux qui sont les nôtres.

Il nous a sem­blé indis­pen­sable de répondre à trois défis qui nous sont oppo­sés en per­ma­nence et de plus en plus virulemment.

D’abord de révi­sion­nismes en exi­gence de repen­tance et de men­songes volon­taires en pro­cès rétro­ac­tifs, l’Eglise, en son his­toire, est accu­sée de tous les maux, dis­qua­li­fiée à l’aune d’une morale post-​moderne qui, ne s’embarrassant ni de la Vérité ni de la science, cloue au pilo­ri les fidèles du Christ, cou­pables en vrac de vio­lences inin­ter­rom­pues, de fana­tisme intrin­sèque ou encore de col­la­bo­ra­tion avec toute les tyran­nies (vraies ou fausses) de ces deux der­niers millénaires.

L’Histoire est, a tou­jours été et res­te­ra un enjeu de pou­voir. Georges Orwell, dans 1984, son indé­pas­sable roman pré­mo­ni­toire, écri­vait du reste « qui contrôle le pré­sent contrôle le pas­sé et qui contrôle le pas­sé contrôle l’avenir »… Tout est dit en ces quelques mots.

Nous n’aurons certes pas ici le temps de remettre, dans son ensemble, « l’Histoire à l’endroit », mais, à tra­vers trois de ses moments, qui sont aus­si des monu­ments de dés­in­for­ma­tion au ser­vice de la lutte contre le règne de Notre Seigneur, nous ver­rons que, d’une part, le dis­cours accu­sa­teur offi­ciel est tota­le­ment men­son­ger, et que, d’autre part, il est, sinon très facile, du moins par­fai­te­ment pos­sible – et avec les propres argu­ments de l’ennemi ! – de démon­ter le men­songe et démon­trer le contraire.

Et ceci est loin d’être ano­din puisqu’au moins depuis Jules Ferry, ces mani­pu­la­tions du pas­sé sont une des armes les plus redou­tables de la déchris­tia­ni­sa­tion de notre société.

Ensuite, et c’est une pré­oc­cu­pa­tion hélas de grande ampleur comme d’une urgence capi­tale, l’Occident et sur­tout l’Europe doivent faire face à une nou­velle offen­sive de l’Islam.

Nous avons par­lé plus haut de la fai­blesse de nos socié­tés et de nos contem­po­rains qui, vic­times de ce que l’on peut appe­ler un « sida men­tal » comme disait Pauwels et, pire, un « sida spi­ri­tuel », qui est, je crois, une expres­sion de Monseigneur lui-​même, sont ain­si atteints d’une immu­no­dé­fi­cience iden­ti­taire, intel­lec­tuelle et sur­tout reli­gieuse, laquelle les laisse com­plè­te­ment dépour­vus d’anticorps contre le virus isla­mique qui s’abat sur le monde chrétien.

Or, cette nou­velle ten­ta­tive de conquête isla­mique – point n’est besoin de par­ler d’« isla­misme », puisque, nous le ver­rons, les deux termes sont de fac­to abso­lu­ment syno­nymes – atteint des pro­por­tions que même les contem­po­rains de Charles Martel ou ceux de Jean Sobieski, n’ont jamais connu.

Le vieux rêve des Mahométans se réa­lise : conqué­rir l’Europe pour en faire un Dar al Islam, c’est à dire une « terre d’Islam ».

Pour cela, ils dis­posent de trois armes majeures qui sur­passent en effi­ca­ci­té toutes les bombes et toute la tech­no­lo­gie de l’Occident.

Premièrement, la démo­gra­phie. Deuxièmement, nous l’avons vu, notre propre fai­blesse. Troisièmement, leur foi, leurs cer­ti­tudes « reli­gieuses » (bien que l’islam ne soit pas réel­le­ment une religion).

Grâce à ces armes, l’islamisme conquiert aujourd’hui nos ter­ri­toires et les esprits de nos pauvres com­pa­triotes, les­quels se conver­tissent de plus en plus, à tel point qu’entre « les ventres de leurs femmes », comme disait le bol­chis­la­mique Boumediene, et la capi­tu­la­tion des âmes de nos frères, ils n’auront peut-​être même pas un coup de feu à tirer pour faire de notre vieille terre chré­tienne un conti­nent musulman.

C’est donc à une nou­velle recon­quis­ta qu’il faut nous préparer.

Et pen­dant ce temps… Malgré ce péril immense, nos « élites », poli­tiques ou « intel­lec­tuelles », toutes deve­nues ou presque, des « Musulmans de pro­fes­sion », comme on disait de ces Chrétiens qui, pour faci­li­ter leurs tra­fics avec les bar­ba­resques, se conver­tis­saient à la reli­gion du pro­phète, nos médias, nos édu­ca­teurs, nos « artistes », conti­nuent plus que jamais leur guerre contre Notre Seigneur et son Eglise.

Récemment, c’est notre troi­sième thème, le Da Vinci Code, est venu comme une cerise empoi­son­née sur le gâteau fre­la­té de ce monde en pleine capi­lo­tade. Ne nous leur­rons pas, n’écoutons pas les tièdes, ces médiocres qui sont si prompts à jus­ti­fier leur propre lâche­té ou, pire, leur tra­hi­son, en excu­sant l’inexcusable sous pré­texte d’« art » ou de « fiction ».

Ce livre, puis ce film, sou­te­nu par tous les pou­voirs, par ceux-​là même qui condam­naient avec véhé­mence au nom du « res­pect », les pauvres cari­ca­tures de Mahomet parues dans quelques feuilles euro­péennes, est l’exemple mal­heu­reu­se­ment évident de la mon­tée en puis­sance de la haine anti-​catholique, dénon­cée cepen­dant, et c’est heu­reux, par quelques voix iso­lées, comme notre ami lero­man­cier Maurice G. Dantec – qui nous envoie d’ailleurs ses ami­tiés et encou­ra­ge­ments pour cette UdT – et par, c’est plus éton­nant, quelqu’un comme Bernard Henri Lévy !

Le DVC n’est pas une pro­vo­ca­tion, voire un sacri­lège de plus. Le DVC est une pro­fa­na­tion. Pire, c’est une pro­fa­na­tion qui, par un autre ren­ver­se­ment dia­bo­lique, pré­tends dire « la véri­té », en usant de tous les arti­fices du men­songe et de toutes les fausses tra­di­tions gnos­tiques, y com­pris les plus répu­gnantes. 2 Corinthiens 11, 14–15 : « Satan lui-​même se déguise bien en ange de lumière. Rien donc de sur­pre­nant si ses ministres aus­si se déguisent en ministres de justice. »

C’est « la bête qui parle comme l’agneau », de l’apocalypse…

Trois sujets de réflexion et de tra­vail, donc, qui nous per­met­trons, je l’espère, de nous armer effi­ca­ce­ment pour répondre à trois défis du démon : la dif­fa­ma­tion de la Vraie reli­gion, la ten­ta­tive de conquête des fana­tiques d’une secte démo­niaque, et la sub­ver­sion des âmes par – Mammon aidant – leur empoi­son­ne­ment par le confu­sion­nisme per­vers du ren­ver­se­ment des valeurs évan­gé­liques au sein de cœurs abî­més.

L’équipe des ateliers