Depuis des mois, Mgr Viganò monte au créneau pour dénoncer avec clarté, fermeté, des désordres dans l’Église : les scandales du pape dans ses propos vis-à-vis de la Vierge Marie, des fausses religions, dans ses projets et actes « œcuméniques » (participer à la construction d’un « temple pour les religions » dans le jardin d’Abou Dabi, la Pachamama dans les jardins du Vatican) !
Peu à peu, Mgr Viganò — sacré évêque par le pape Jean-Paul II, le 26 avril 1992 — s’en prend aux conséquences de la nouvelle messe et loue même la messe traditionnelle :
« Offensé par la négligence et le manque de respect de ses prêtres, outragé par la profanation du Saint-Sacrement qui se produit chaque jour lorsqu’ils donnent la communion dans la main, et fatigué des chants stupides et des homélies hérétiques, Notre-Seigneur est encore — depuis son lieu de silence dans le tabernacle — satisfait par l’austère louange offerte par les nombreux prêtres qui disent encore la messe de tous les temps ; la messe qui remonte au temps des apôtres et qui a toujours été le cœur battant de l’Église à travers les siècles. »
29 mars 2020
« La voix sereine et pure de la liturgie a été remplacée par la clameur vulgaire et profane ; comment pouvons-nous espérer que notre prière sera agréable au ciel ! »
7 avril
Mgr Viganò n’hésite plus maintenant à dénoncer la racine de tous les maux dans l’Église : le concile Vatican II.
« Ceux qui ont lu le troisième secret de Fatima ont clairement déclaré que son contenu concerne l’apostasie des hommes d’Église, qui a commencé précisément au début des années soixante et qui a atteint un stade si évident aujourd’hui qu’il peut être reconnu par les observateurs laïcs. »
21 avril
L’ancien nonce des États-Unis serait d’avis d’oublier purement et simplement le Concile :
« Je pense que les personnalités éminentes qui ont montré les points problématiques du Concile, mieux que moi, ne manquent pas. Certains pensent qu’il serait moins compliqué et certainement plus intelligent de suivre la pratique de l’Église et des papes, telle qu’elle a été appliquée avec le « synode de Pistoie » en Toscane (1786). Même là il y avait quelque chose de bon, mais les erreurs qu’il affirmait étaient considérées comme suffisantes pour le laisser tomber dans l’oubli ».
Nous devons nous réjouir de telles interventions de la part d’un évêque, même s’il est à la retraite. Il lui reste encore un peu de chemin pour demander que les erreurs du Concile soient condamnées. C’est ce que fit en particulier le pape Pie VI dans la bulle « Auctorem Fidei » du 28 août 1794, à propos du synode de Pistoie.
Plusieurs fidèles, devant de telles déclarations de la part de ce prélat italien, ne craignent pas de dire : « Enfin un évêque qui se lève pour dénoncer avec clarté et fermeté les erreurs du Concile ! ».
C’est vrai qu’en soi on pourrait dire que Mgr Lefebvre a vu, à travers les nouveautés du Concile, les principes qui allaient ruiner le règne de Notre-Seigneur, faire perdre la foi aux fidèles… C’est pourquoi il les a toujours dénoncés. Mgr Viganò (ordonné prêtre en 1968), voit aujourd’hui les fruits amers, désastreux et scandaleux dans l’Église, et il a le courage de les rattacher au Concile. Des conséquences, il remonte aux causes et les dénonce.
Cependant, il y a deux choses qui m’intriguent en Mgr Viganò ; il ne faut pas vivre dans la suspicion, mais la prudence reste de mise quand on a connu toutes les attaques pour faire disparaître la Fraternité.
Tout d’abord, on ne comprend pas pourquoi Mgr Viganò ne cite jamais Mgr Lefebvre lors de son combat au Concile, et après, dans son œuvre de restauration pour maintenir la messe de toujours et la doctrine, la morale catholique indemne des erreurs du Concile ! C’est comme si on parlait du combat de l’arianisme sans parler de saint Athanase. Il est clair que plusieurs évêques ont réagi pendant le Concile, mais après le Concile, qui a mené le combat ? qui mène le combat depuis cinquante ans ?
Mgr Viganò ne peut pas ignorer cela. Pourquoi son silence ?
Il veut réveiller les consciences ; mais où les prêtres et fidèles en accord avec ses analyses doivent-ils aller ? Il n’a ni séminaire ni communauté…
Peut-être l’avenir nous montrera où mène cette lucidité étonnante.
D’autre part, on est encore surpris qu’après de telles analyses, Mgr Viganò ne s’en prenne qu’au pape régnant. Car enfin, tous depuis Paul VI jusqu’à Benoît XVI en passant par Jean-Paul II ont participé à la ruine de l’Église en appliquant le Concile. La situation actuelle dans l’Église est bien leur œuvre à tous et à chacun d’eux.
Bien sûr, il faut peut-être laisser le temps à Mgr Viganò de relever le venin du modernisme dans chacun de ces pontificats pour dénoncer et le Concile et les autorités qui l’ont mis en œuvre pour le plus grand malheur de l’Église.
Pour toutes ces raisons, il nous faut rester prudent.
N’oublions pas que dans cette crise de l’Église, c’est l’amour de Notre-Seigneur et de son règne qui a guidé Mgr Lefebvre !
Abbé Alain Delagneau (prieuré Notre-Dame du Pointet)
Sources : La Porte Latine du 1er juillet 2020