Avignon, le 16 avril 2011
I) L’enseignement du mépris
Nous voudrions d’abord saisir l’occasion de ce rassemblement pour dénoncer ce que l’on a justement appelé l’enseignement du mépris du christianisme et l’anti-christianisme qui se sont développés en France. Nous voudrions d’abord citer quelques autorités intellectuelles du monde contemporain extérieures au Catholicisme pour montrer que cet enseignement du mépris n’est pas la conséquence d’une sorte de paranoïa qui s’installerait dans les milieux catholiques mais qu’elle est bien un constat qui est fait par les spécialistes les plus réputés du monde religieux et français contemporain.
Voici par exemple comment s’exprime Marcel Gauchet : « La communauté catholique est la seule minorité persécutée, culturellement parlant dans la France contemporaine » .
René Rémond, quant à lui, est même allé jusqu’à écrire : « Jules Isaac a pu dénoncer à juste titre la responsabilité du catholicisme dans la pérennité de l’antisémitisme. Toutes proportions gardées, il y a aujourd’hui une culture du mépris à l’égard du catholicisme ».
Comment ne pas avoir été également frappé par le refus qu’a opposé la France de faire référence aux racines chrétiennes de l’Europe dans le préambule de la constitution européenne ?
La volonté de cet anti-christianisme cherche à marginaliser les catholiques en les présentant comme des attardés anachroniques d’un passé définitivement révolu, à discréditer le catholicisme, son histoire, sa morale, par un véritable lavage de cerveau, à disqualifier le pape et la hiérarchie de l’Eglise pour qu’ils cessent d’apparaître un recours possible aux âmes qui cherchent.
Sans doute, la lutte contre le catholicisme depuis L’essai sur les mœurs de Voltaire ou La vie de Jésus de Renan n’est pas chose nouvelle. Cependant, l’anti-christianisme progresse à grande vitesse et l’affaire de la photographie du Christ plongée dans l’urine et subventionnée par les pouvoirs publics est en train de devenir un signe particulièrement flagrant de l’existence de cet anti-christianisme accompagné de celle de deux autres signes : le premier esr la complicité des pouvoirs publics envers cet anti-christianisme et à ce enseignement du mépris démontrée par les subventions accordées à cette exposition sacrilège. Le second, comme le manifeste la pétition et la manifestation d’aujourd’hui, est un sentiment de malaise et de colère chez les catholiques et tous les chrétiens de devoir subir sans discontinuer cette culture du mépris.
Ce sentiment de malaise est encore accentué par le fait que le christianisme est la seule religion que les pouvoirs ne font pas respecter en France. Imaginez un seul instant que la personne dont l’image plongée dans l’urine soit Mahomet ou Anne Franck : quel tollé médiatique aurait été immédiatement soulevé. Et, comme vous l’avez entendu dire, dans le même temps où ce crucifix continue à être exposé dans l’urine de Monsieur Serrano, le tribunal de Strasbourg vient de requérir de la prison avec sursis et une amende contre un homme qui a récemment pissé sur le coran ! Ainsi donc, lorsqu’il s’agit du Christ ou des catholique, tout est permis, il n’y a plus de limites à respecter ! Ni arène ni lions sans doute mais le lynchage médiatique suffit !
Cependant les autorités de ce pays affichent une laïcité qui se veut respectueuse de toutes les religions et disent qu’ils garantissent les conditions pour qu’elles soient respectées.
Mais cette laïcité censée protéger le respect des personnes et de leur religion ne semble être en réalité qu’une duplicité. Où se trouve en réalité le respect de notre religion quand notre Dieu Lui-même peut être ainsi bafoué ? La laïcité donne aujourd’hui la main à l’anti-christianisme alors qu’elle installe à grands frais l’implantation de l’Islam en France On ferait mieux de nommer la laïcité, l’islamicité !
II ) Demande publique de retirer cette photographie
Nous saisissons donc cette occasion pour protester publiquement contre un sacrilège qui est représentatif de cet anti-christianisme : nous pensons que certains de nos arguments peuvent être reçus par tous les hommes de bonne volonté et que même les cyniques et les maîtres dans l’art de la dérision devraient eux-mêmes y réfléchir à deux fois.
Voilà donc un homme qui a eu l’idée de plonger dans son urine l’image d’un autre homme. Il a ensuite réalisé une photographie de l’image de cet homme qu’il a immergée dans le bain de son urine, et il a décidé de l’exposer dans le monde entier.
Je demande aux hommes : y a‑t-il un seul homme qui puisse accepter que l’on traite ainsi un autre homme, fût-il son pire ennemi ? Et dans toute l’histoire de l’humanité, y a‑t-il l’exemple d’un homme, si atroces qu’aient pu être ses crimes, dont l’image et la mémoire aient été ainsi condamnées ?
Nous pensons qu’aucun homme n’a jamais mérité ni ne méritera jamais que sa mémoire et son image soient traitées de la sorte. C’est pourquoi nous demandons à ceux qui ont la charge des cités des hommes et du respect de leur dignité que ne soit pas infligée un instant de plus à l’image de cet homme cette ignoble captivité. Une telle plongée, une telle immersion est abjecte et viole en pleine face le respect le plus élémentaire que l’on doit prendre de la mémoire des hommes.
Or il se trouve que cet homme, que l’on a plongé dans ce bain d’urine, est un homme de race juive, un descendant du roi David. C’est en Israël que ce juste est né, c’est en Israël qu’il a passé sa vie et c’est encore sur cette terre meurtrie qu’il est mort.
Et je demande aux hommes : mais pourquoi celui qui a osé tremper dans le bain de son urine l’image d’un autre homme a‑t-il choisi que cette image soit celle d’un homme juif ? Cette race n’a‑t-elle pas suffisamment souffert ? N’a‑t-elle pas été suffisamment brimée et humiliée ? Pourquoi s’en prendre encore à l’un de ses membres ? Et comment est-il possible que l’image de cet homme juif, plongée dans le bain d’urine où l’y a placée la main d’un autre homme, puisse être considérée comme un chef d’œuvre et faire le tour de la terre ?
Nous pensons qu’il est d’une insoutenable gravité que l’on ait osé représenter un homme juif baignant dans l’urine d’un autre homme et nous demandons réparation pour la mémoire de ce juif et de ce juste.
Mais cet homme juif que l’on a plongé dans un bain d’urine est regardé comme un modèle de pureté et de bonté par la majorité des hommes qui ont vécu et qui vivent sur cette terre. Il est celui que la plus grande majorité des hommes de tous les siècles ont considéré et considèrent encore aujourd’hui comme le plus saint de tous.
Et je demande aux hommes : c’est cet homme-là que l’on a choisi de plonger dans l’urine ? Et l’on croit que les centaines de millions de chrétiens qui l’adorent, et même que les centaines de millions de musulmans qui vénèrent l’idée qu’ils s’en font comme déjà celle du plus saint des prophètes, vont supporter ce spectacle ? A tout prendre, la mise en croix qu’Il a subie était encore plus noble que cette descente aux urines ! Il est déjà monté sur le Calvaire pour nos péchés : cela ne suffit-il pas encore ? Vous voulez plaire aux musulmans ? Croyez que vous n’obtiendrez que leur mépris si vous n’êtes pas capable de respecter ce qui est religieux.
Nous demandons que l’image de Jésus-Christ, qui est et qui demeure depuis vingt siècles l’homme le plus aimé sur la terre, soit retirée de ce bain d’urine par celui qui l’y a mis et par tous ceux qui se sont faits ses complices en exposant cette image ou en finançant l’exposition de celle-ci. Que sa mémoire cesse d’être outragée et que l’on cesse d’ulcérer ainsi nos cœurs en touchant à la personne que nous aimons le plus.
Mais cet homme dont on a plongé l’image dans un flacon d’urine a une mère qui se trouvait déjà auprès de Lui quand Il a subi sa Passion et qu’Il est mort sur la croix. Rien ne lui a été épargné du spectacle du supplice de son Fils.
Et je demande à toutes les mères des hommes : y en a‑t-il une seule, même si son enfant avait commis toutes les turpitudes de la terre, qui supporterait de voir sa mémoire et son image indéfiniment salies, jusqu’à être descendues dans un flacon d’urine ?
Nous demandons à toutes les mères des hommes, dont le cœur sait ce qui se trouve dans le cœur d’une mère, de libérer leurs sentiments et de faire entendre le cri d’horreur et de révolte qu’une mère éprouve quand on prend plaisir à salir l’image et la mémoire de son enfant.
Mais, pour terminer, cet homme qui s’appelle Jésus-Christ et dont l’image baigne aujourd’hui dans l’urine, nous croyons que cet homme est vraiment le Messie que l’on a attendu depuis des siècles, le Fils de Dieu Lui-même qui est venu sur terre pour sauver tous les hommes. C’est pour la rémission de nos péchés qu’Il a versé son sang pour nous.
Et je pose la question aux hommes : comment nous autres, pauvres petits hommes qui passons si vite sur la terre mais qui aurons bientôt à passer en jugement devant Dieu, osons-nous porter la main sur Celui qui est Dieu ? Que chacun s’interroge bien au fond de lui-même avant de porter la main sur Lui et de décider de se ranger dans le camp des blasphémateurs ! Que chacun songe à cet instant de sa mort où il aura à répondre de sa vie…
Je sais que ceux que j’ai cités ne partagent pas tous la Foi que j’exprime ici. Cette Foi qui est la nôtre et qui est celle de tous les chrétiens est bien la vérité. Et la haine et le mépris de ceux qui s’acharnent contre la mémoire et l’image de Jésus-Christ, jusqu’à avoir imaginé de la baigner et de la représenter dans l’urine, ne s’acharneraient pas de la sorte s’ils ne soupçonnaient en Lui ce Dieu qui les trouble dans l’assouvissement de leurs vices.
Si vous croyez en la divinité de Jésus-Christ, retirez son image de l’urine ! Si vous ne croyez pas en la divinité de Jésus-Christ mais que vous n’êtes pas insensible à la douleur de la très sainte Vierge Marie et à la douleur de toute mère, et que vous ne voulez pas atteindre au plus intime des cœurs de mères, retirez l’image de cet enfant de ce bain d’urine ! Si votre cœur reste de marbre en présence du cri de toutes les mères, mais que vous ne voulez tout de même pas offusquer ces hommes innombrables qui aiment la personne de Jésus-Christ jusqu’à être prêts à donner leur vie pour Elle, retirez cette image de ce bain d’urine ! Si vous ne voulez pas respecter les convictions les plus sacrées de la plupart de vos contemporains mais que vous ne voudriez pour rien au monde être soupçonné de mépris pour un homme de race juive, retirez cette image de ce bain d’urine ! Si vous voulez passer outre ce soupçon que l’on portera contre vous, mais que vous prétendez cependant être un expert en humanité et un philanthrope, retirez l’image de cet homme qui trempe dans un bain d’urine !
III) Refuser de continuer à nous laisser faire :
En cette occasion et pour finir, je voudrais remercier tous ceux qui sont venus à l’appel de cette manifestation organisée par l’institut Civitas. Nous encourageons tous ceux qui ont l’amour de Jésus-Christ dans leur cœur à ne pas se laisser faire, à ne pas rougir de Lui. Nous ne sommes nullement prêts à nous séparer de Lui et il est bien clair que des événements comme celui-là, loin de nous plonger dans l’abattement, nous fortifient dans notre résolution de ne plus admettre la banalisation de l’outrage à Jésus-Christ.
Nous voudrions également nous adresser à tous les autres qui estiment que ces réactions ne servent à rien et qu’il est plus raisonnable et plus prudent d’attendre ou parce que cela risque de faire de la publicité à nos adversaires. Nous les invitons à méditer sur cette anecdote tirée de Jean Anouilh. La femme de ce personnage vient de se faire traiter de putain. Elle demande à son mari de gifler son insulteur. Mais son mari lui répond : « Chère amie, j’attends qu’il exagère. »
Nous espérons que la mairie et le musée ne vont pas laisser pendant la semaine sainte l’exposition de cette photographie : il est clair que ce serait là une provocation intolérable contre notre Foi et notre religion que, au moment même de nos journées les plus saintes de l’année, la photo du Christ demeure exposée : c’est pourquoi nous exigeons tout de suite du maire d’Avignon et du responsable du musée que soit retirée cette œuvre abjecte absurdement appelée œuvre d’art.
On pourra nous dire : Mais le Christ ne vous a‑t-il pas appris à tendre la joue gauche quand on vous frappe sur la joue droite ? Ce à quoi je réponds que c’est une chose de s’en prendre à Jésus-Christ, à sa Mère, à tout ce qui fait notre religion et que c’en est une autre que de s’en prendre à nos personnes. Pour nous, nous sommes prêts avec la grâce de Dieu à ne pas répondre aux coups. Quand il s’agit du Christ qui se trouve mis en cause, nous nous trouvons alors avec les dispositions du Christ Lui-même qui n’hésita pas, dans le Temple, à chasser les marchands avec un fouet parce qu’ils déshonoraient son Père de leur présence !
C’est pourquoi nous demandons aux autorités politiques, avant que la Semaine Sainte n’ait commencé que cette photographie soit retirée du musée. Nous allons maintenant accompagner notre demande d’un chapelet de réparation.
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France de la FSSPX