Le samedi 1er août, c’est un petit coup d’effervescence qui réveille le Juvénat du Sacré-Cœur. C’est, à 4:30 du matin, le départ en voiture des Pères Patrick Duverger et Arnold Trauner vers Yaoundé. Le Père Patrick, Supérieur de la Mission du Gabon, est aussi responsable pour l’apostolat dans ce pays – apostolat toujours naissant malgré des contacts de longue date : l’ampleur du travail est trop importante à Libreville pour la poignée de prêtres qui y œuvrent, pour leur laisser le temps pour de plus nombreuses randonnées apostoliques.
Mais ce jour-là, ça y est. On est partis… pour s’arrêter vers 7:00 à Four-Place où les deux Pères disent la Messe préparée par le Père Benoît Martin de Clausonne qui y séjourne, avec deux Sœurs de la Fraternité et une troupe de filles, en camp de vacances.
Sitôt repartis, c’est la longue route vers l’inconnu, aucun des deux prêtres n’ayant entrepris ce voyage par la route auparavant. On avale les kilomètres, jusqu’à échéance de 920 km avant d’arriver à Yaoundé, capitale du Cameroun, à 21:30.
L’accueil chaleureux de Mme Pauline M. qui nous loge dans son « prieuré », nous fait un bref instant oublier la fatigue de 14 heures de route. Puis c’est le sommeil qui nous appelle, vu que la journée du dimanche s’annonce bien pleine.
Une bonne quarantaine de personnes répond présent à l’appel de la Messe de toujours. La chapelle à côté de la maison, flambant neuve puisqu’inaugurée le 24 avril dernier, résonne du chant grégorien et des cantiques sous la houlette d’une chorale louée pour la circonstance. La présence du Seigneur Eucharistique dans le tabernacle pendant les quelques journées de notre présence, est un encouragement sans nom pour la battante qu’est Mme Pauline, qui du haut de ses presque huit décennies, a établi sur fonds propres cet avant-poste en une terre encore inexplorée par la Tradition.
Au cours de l’après-midi, nous visitons la ville. Nous avons pris notre véhicule, fait qui a failli s’avérer fatal dès les premiers instants, puisqu’il faut savoir s’adapter aux us et coutumes des automobilistes… Sur le mont Fébé, d’où le visiteur a une vue imprenable sur cette ville de deux millions d’habitants, nous poussons jusqu’au siège de la nonciature apostolique. Il nous est donné de rencontrer le Nonce qui après une causerie bien fraternelle, n’hésite pas à monter dans notre voiture pour nous faire visiter le monastère Cistercien fondé depuis peu à une courte distance de là. Depuis ce jour, le Père Arnold peut se vanter du titre de « chauffeur apostolique » !
De retour à la chapelle Notre-Dame de Fatima, c’est le chant des Vêpres et le Salut du Très Saint Sacrement, et puis on se couche de bonne heure.
Le lendemain nous continuons la visite en ville – cathédrale et procure, basilique de Mvolyé – puis les préparatifs pour le départ vers Douala prévu pour mardi. Dans l’après-midi nous nous rendons au village Akono, à une soixantaine de kilomètres de Yaoundé où une ancienne fidèle de Libreville nous accueille. C’est encore une bonne cinquantaine de personnes qui assistent à la Messe chantée. Pour certains d’entre eux, ce sont des « retrouvailles » avec la Tradition. Le désir de voir revenir ce trésor de grâces est brûlant et authentique chez tous. « Seigneur, donnez-nous des prêtres, beaucoup et beaucoup saints ! »
Mardi voit le Père Patrick continuer l’instruction catéchétique de quelques enfants du voisinage, puis vers midi c’est le départ pour Douala. Les 255 km sont parcourus en 3 ¼ heures (4 ½ heures au retour). Rendez-vous a été pris avec Mme Veuve Martine T. qui nous accueille dans sa demeure dans un quartier populaire. Une douzaine de personnes assistent à la Messe ce soir-là. C’est bien peu, car Mme Martine n’a fait la connaissance de la Tradition que depuis quelques courtes années. Son parcours pourra un jour figurer dans un « palmarès des hauts faits de la Crise » : Feu Monsieur T. avait depuis de longues années renoncé à ses fonctions de catéchiste dans l’église moderne. Il instruisait au mieux ses enfants de la doctrine traditionnelle, et puis il est décédé avant d’avoir pu nouer contact avec la Mission du Gabon. C’est Mme T. qui à deux reprises déjà s’est rendue à Libreville avec ses enfants pour leur permettre de recevoir les sacrements de la Confirmation et de l’Eucharistie dans le rite catholique immuable…
Le mercredi est employé à visiter la ville de Douala, et dès jeudi nous repartons vers Yaoundé où nous attend un parcours du combattant : les démarches administratives qui permettront d’asseoir définitivement la base légale pour une future installation de la Fraternité au Cameroun.
Après l’expérience faite à l’aller, nous décidons de répartir le retour au Gabon sur deux jours. Nous plions bagages le vendredi matin pour partir à 11:30. Arrivés à 17:30 à Oyem nous avons beaucoup de peine à nous y loger, et c’est finalement à l’hôtellerie de la cathédrale que nous trouvons le gîte. Le samedi nous partons de bonne heure pour arriver à Libreville à 17:55.
La moisson est immense, comme nous l’a confirmé un curé à Douala : dès qu’il « met un peu de latin » à la Messe, les fidèles sont contents ! Les âmes sont affamées du véritable pain de vie, beaucoup sont éloignées de l’Eglise par des scandales sans nom dans un clergé nombreux mais en déroute intellectuellement et spirituellement.
Prions le Seigneur de la moisson de nous envoyer les ouvriers qui font tant défaut ! Sans Lui, nous ne pouvons rien faire.
Extrait du Saint Pie n° 178 d’octobre 2009