MISE AU POINT SUR CERTAINS QUALIFICATIFS CALOMNIEUX OU INJURIEUX
Abbé Marc Vernoy, Prieur de Fabrègues et Perpignan
Schismatique
Le terme schismatique désigne un baptisé, ou un groupe de baptisés qui soit s’extrait de la communauté catholique, soit refuse l’obéissance ordinaire au Pape, en tant que Pape. Cette désobéissance doit être issue d’un mépris formel de l’autorité du Pape. Ce mépris formel révèle une négation pratique voire théorique du lien de communion avec l’Église visible.
Ce n’est pas le cas de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Elle reconnaît le Pape et les évêques comme autorités légitimes de l’Église. Elle se considère dans l’Église et pas ailleurs. Elle n’a pas constitué de hiérarchie dissidente et concurrente de la hiérarchie romaine. Elle ne s’arroge aucune juridiction ordinaire.
Certes, la Fraternité Saint-Pie X ne suit pas les inventions de la nouvelle théologie introduites au Concile Vatican II. Elle attend toujours que Rome lui permette d’exposer officiellement ses doutes et d’en recevoir des réponses argumentées sur les Écritures et la Tradition bimillénaire de l’Église.
Le Père Congar, artisan de ces innovations, avouait l’impossibilité d’étayer la « liberté religieuse », telle que présentée au concile, dans l’Écriture et la Tradition. Nous avons des différends théologiques sérieux.
Depuis 40 ans, nous attendons l’ouverture du débat sur les difficultés que nous soulevons. Jusqu’à présent, nous n’avons jamais reçu qu’une fin de non-recevoir. C’est une première dans l’histoire de l’Église. La Fraternité Saint-Pie X n’applique pas certaines directives liturgiques imposées de manière tyrannique et contestable.
Une grande partie des cardinaux reconnaît aujourd’hui le fait que la liturgie latine selon la tradition de Saint Pierre, que la Fraternité Saint-Pie X a continuée à pratiquer, n’a jamais été abolie, ni interdite. Ces attitudes n’ont rien de schismatiques parce qu’elles sont motivées par le souci du bien commun de l’Église et des fidèles, et non par la désobéissance. Pour tout le reste, la Fraternité est en pleine communion avec le Pape et les évêques.
Qualifier la Fraternité Saint-Pie X de schismatique est donc bien une calomnie. « On ne peut pas dire en termes corrects, exacts, précis qu’il y ait un schisme. » Cardinal Hoyos, président de la Commission Ecclesia Dei Afflicta, chargé directement par Benoît XVI des relations avec la Fraternité Saint-Pie X (13 novembre 2005).
Excommunié
L’excommunication est la peine la plus grave dans l’Église. Elle frappe une personne ou un groupe de personnes en l’excluant de la communion spirituelle et extérieure des fidèles. Elle doit être très sérieusement motivée.
Il existe des excommunications injustes, ou invalides. Saint Athanase, par exemple, a été excommunié cinq fois.
Dire que la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, ses prêtres et leurs fidèles sont excommuniés relève, là encore, de la calomnie. Ni la Fraternité Saint-Pie X, ni les prêtres, ni les fidèles n’ont jamais été excommuniés.
Le décret Ecclesia Dei Afflicta ne concerne que 4 évêques. Il est, depuis le début, contesté quant à sa validité. Mais aucun recours n’a été permis pour l’instant. Il prétend que les sacres d’évêques, réalisés par N.N.S.S. Marcel Lefebvre et Antonio de Castro-Mayer en 1988, sont fondés sur une intention schismatique. Non seulement cette intention n’a jamais été prouvée, mais les 18 dernières années ont établi le contraire. « Ils sont à l’intérieur de l’Église » affirme à notre sujet, le Cardinal Hoyos, président de la Commission Ecclesia Dei Afflicta, chargé directement par Benoît XVI des relations avec la Fraternité Saint-Pie X (13 novembre 2005).
Intégriste
Ce terme appartient aujourd’hui au domaine de l’injure. Il désigne une personne ou une doctrine violente. L’intégrisme verse rapidement dans les crimes de sang à raison d’une conception fanatique de sa religion. Cette religion est le plus souvent l’Islam et les intégristes sont aussi nommés islamistes. La religion catholique condamne ce genre de comportement.
La Fraternité Saint-Pie X et ses membres se veulent catholiques. Ils refusent la violence et le fanatisme. La position doctrinale et liturgique de la Fraternité Saint-Pie X n’a pas varié depuis sa fondation. En 1970, ses statuts de société de vie commune sans vou, ont été reconnus et loués par le Saint-Siège.
Est-ce fanatique que de souhaiter pratiquer sa religion comme toujours, en se protégeant de la rupture créée par le Concile Vatican II ? Cela, bien évidemment, n’interdit en rien quelques adaptations bienvenues en fonction des nécessités du temps. Ainsi pourrait-on dire que tous les catholiques avant 1965–1969 étaient des intégristes. La Fraternité Saint-Pie X refuse fermement cet amalgame pernicieux et injurieux.
Fondamentaliste
La Fraternité Saint-Pie X est catholique, fondamentaliste en aucun cas. Là encore, ce terme revêt une signification spécieuse et plonge le qualifié dans l’opprobre, sans qu’il soit besoin de prouver quoi que ce soit. La raison pour laquelle les changements, réalisés dans la liturgie et la théologie depuis 40 ans, ne sont pas pratiqués dans la Fraternité Saint-Pie X est qu’ils violentent la foi et la religion crue et priée depuis 2000 ans.
Le fondamentalisme, c’est plutôt prétendre revenir à la source, en pensant que ce qui s’est fait au cours du temps a altéré la parole de Dieu. C’est précisément ce qu’ont avancé des théologiens du mouvement de Vatican II.
Or continuer ce qui s’est toujours fait n’a rien de fondamentaliste. Le Robert applique ce terme à l’Islam ou au protestantisme. Ce n’est pas du tout un terme applicable à une mentalité catholique.
Malheureusement, certains prêtres et évêques français ont recours à la diabolisation à notre égard. Ils utilisent des mensonges et des moyens malhonnêtes pour évacuer le débat.
Ils n’ont qu’un refrain : obéissez, obéissez ! Pour obéir sur les points en litige, nous avons besoin au préalable de réponses sérieuses qui puissent évacuer nos doutes.
Heureusement, le clergé de nombreux pays dans le monde n’a pas cette attitude méprisante à notre égard.
Abbé Marc Vernoy †