Communiqué de l’UNEC du 16 mars 2009


Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflé­tant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

Notre pape Benoît XVI vient de publier une lettre à tous les évêques catho­liques sur la terre, datée du 10 mars 2009, pour s’expliquer sur la récente levée d’excommunication (du 21 jan­vier) des 4 évêques de la FSSPX, consa­crées en 1988 par Mgr Lefèbvre. 

L’UNEC a beau­coup œuvré, avec ses pauvres moyens, pour cette levée d’excommunication, l’ayant ins­crite dans ces objec­tifs prin­ci­paux dès sa créa­tion en 1989. Pour cette rai­son, qu’il nous soit per­mis de don­ner quelques humbles commentaires.

  1. Nous saluons dans cette lettre du 10 mars, ain­si que dans la levée d’excommunication du 21 jan­vier, la recon­nais­sance impli­cite des immenses ser­vices que Mgr Lefebvre a ren­dus à l’Eglise et pour les­quels il a été remer­cié par le pape Jean-​Paul II par une bulle d’excommunication. Celle-​ci est main­te­nant oubliée, Dieu mer­ci ! Reste la béa­ti­fi­ca­tion et plus tard la cano­ni­sa­tion de +Mgr Lefebvre encore à obte­nir du Ciel, pour avoir si fer­me­ment et effi­ca­ce­ment contri­bué à la résis­tance contre la lèpre du moder­nisme dans l’Eglise.
  2. Dans cette lettre le pape uti­lise un style d’une fran­chise inouïe dans les docu­ments pon­ti­fi­caux. Il parle ouver­te­ment de la perte de la foi dans le monde voire dans l’Eglise, de la haine de cer­tains hommes d’Eglise contre le Siège de Pierre, de la radi­ca­li­té de l’Evangile à redé­cou­vrir. La fran­chise étant une des pré-​conditions de tout dia­logue effi­cace, on ne peut qu’applaudir.
  3. Par contre, un mal­en­ten­du énorme appa­raît entre les lignes. Si le pape voit dans la levée de l’excommunication des 4 évêques un signe de misé­ri­corde, comme la main ten­due du père vers le Fils Prodigue, la FSSPX voit les choses tout à fait dif­fé­rem­ment. Selon elle il n’y a rien à repro­cher à la FSSPX, au contraire. Elle est convain­cue que sa déso­béis­sance – la consé­cra­tion des 4 évêques sans l’accord préa­lable du pape Jean-​Paul II – fut légi­time dans l’état d’urgence dans lequel se trou­vait (et se trouve tou­jours) l’Eglise. Ce genre de déso­béis­sance n’est pas nou­veau dans l’Eglise, selon la doc­trine même de l’obéissance telle qu’elle nous a été expli­quée par St Thomas d’Aquin, son « com­men­ta­teur » Bonaventure, et sur­tout le car­di­nal Cajetan et plus tard St Ignace de Loyola. Selon ces grands hommes de l’Eglise, la déso­béis­sance – même vis-​à-​vis du pape (Cajetan) – peut être en cer­tain cas la forme ultime de l’obéissance, puisque l’obéissance est uni­que­ment du à Dieu, et aux hommes seule­ment dans la mesure où leurs ordres sont conformes à Sa Sainte Volonté. Naturellement c’est toute la dis­cus­sion sur la bonne for­ma­tion de la conscience et le dis­cer­ne­ment des esprits qui entre éga­le­ment en jeu.
  4. Le point d’achoppement devient de plus en plus le Concile Vatican II qui, selon le pape et une très grande par­tie des évêques du monde, est à accep­ter dans tous ses décrets et détails, et qui selon la FSSPX n’est – selon sa propre défi­ni­tion – qu’un concile « pas­to­ral » non dotée d’infaillibilité, et qui pou­vait donc se trom­per de mar­ke­ting pas­to­ral, voire man­quer de conti­nui­té avec la Tradition mil­lé­naire de l’Eglise. Mais on remarque que le pape ne pré­sente pas cette accep­ta­tion totale de Vatican II comme une pré-​condition pour l’ouverture des dis­cus­sions théo­lo­giques, mais qua­si­ment comme le résul­tat qu’il en espére. Il y a ici un grand sujet d’explications mutuelles qui s’imposent.
  5. Même si cette diver­gence de vue semble réelle entre Benoît XVI et la FSSPX, l’avenir paraît plein d’espérance, même si le che­min ne sera pas facile. Car le pape mani­feste dans sa lettre du 21 mars un tel désir de cha­ri­té, d’unité et de recherche de véri­té qu’une franche expli­ca­tion entre théo­lo­giens – fon­da­men­ta­le­ment entre Benoît XVI et Mgr Fellay – paraît pos­sible. Afin que ce dia­logue réus­sisse, le pape a déci­dé d’incorporer le dicas­tère en charge de ce futur dia­logue, le Conseil Pontifical ECCLESIA DEI, dans la Congrégation de la Foi qu’il a lui-​même pré­si­dée pen­dant 25 ans avant de deve­nir pape et avec laquelle il garde des liens étroits. Il semble vou­loir s’impliquer à fond dans cette dis­cus­sion théo­lo­gique à venir.Que le meilleur gagne ? Non, mais que le Saint Esprit règne, que la Vérité éclate, que l’Eglise soit sau­vée, « que Votre Règne arrive » ! 

, le 16 mars 2009