Exceptionnellement, notre entretien du mois prend la forme d’un récit écrit par monsieur l’abbé Franz Schmidberger, ancien supérieur général de la Fraternité de 1982 à 1994, actuellement Directeur du séminaire de Zaitzkofen.
« M. l’abbé Franz Schmidberger est né à Riedlingen, en Bade Würtemberg, le 19 octobre 1946. Diplômé de l’université de Munich en 1972, il entre la même année au séminaire d’Écône. Ordonné prêtre par S. E. Marcel Lefebvre le 8 décembre 1975, il est nommé professeur puis directeur du séminaire de Weissbad (Suisse), premier séminaire de langue allemande de la Fraternité. Il fonde ensuite le séminaire de Zaitzkofen (Allemagne) en 1978, puis exerce la charge de supérieur du district d’Allemagne à partir de 1979. Nommé Vicaire de Mgr Lefebvre en 1982, il le remplace à la tête de la Fraternité l’année suivante. En 1994, il est élu 1er Assistant général au côté de Mgr Fellay, nouveau supérieur général. Il est depuis avril 2003 directeur du séminaire de Zaitzkofen. Il parle l’allemand, le français, l’anglais et connaît l’espagnol. »
« Une vue d“ensemble du »
Histoire
Après la fondation de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, en 1970, Monseigneur Lefebvre entre assez tôt en contact avec des fidèles de langue allemande.
En 1972, trois séminaristes de langue allemande entrent au séminaire d’Écône : deux Allemands et un Suisse. Naît alors l’idée d’établir, dans un futur proche, un séminaire dans ces contrées.
Au cours d’une visite que fait Monseigneur Lefebvre à Monseigneur Graber dans son évêché de Ratistonne en 1974, celui-ci lui déclare :
« Monseigneur, nous devons faire un séminaire ensemble. » Et notre fondateur, discutant de sa visite avec ses proches : « Comment fonder un séminaire ensemble ? Avec quels professeurs ? Avec quelle liturgie ? Avec quelle discipline ? puisque Monseigneur Graber dit que chez lui aussi les séminaristes portent les cheveux longs et jouent de la guitare. » »Le 16 juillet 1975 ouvre à Weissbad dans le Canton d’Appenzell (Rhodes intérieures), près de Saint Gall, l’Institut Saint-Charles-Borromée. Une grande maison de cure a été louée pour commencer la formation des candidats au sacerdoce de langue allemande.
Le 4 octobre de la même année arrivent les cinq premiers séminaristes, plus quelques pré-séminaristes et quelques Frères postulants ; un jeune prêtre français, M. l’abbé Blin, est nommé directeur, à qui est adjoint comme collaborateur M. l’abbé Schmidberger : ordonné prêtre le 8 décembre de cette même année, il prendra la succession de l’abbé Blin en 1976 quand ce dernier sera nommé professeur à Écône. Or le nombre d’entrées augmente ainsi que les fidèles qui veulent assister aux offices ; il faut d’urgence restaurer la maison, construire une chapelle susceptible d’accueillir les fidèles – dont le nombre croît de 0 en 1975 à 200 en 1978. Malheureusement, les négociations pour l’achat échouent.
Au printemps 1977, Écône reçoit une lettre anonyme signée « amicus », qui signale une propriété à vendre près de Ratisbonne, parfaitement adaptée à l’établissement d’un séminaire, que l’on nous décrit comme appartenant aux pères de Marianhill et pratiquement laissée à l’abandon. Mais Ratisbonne, c’est presque la frontière Tchèque ! Il faut que nous restions dans la zone centrale des trois pays de langue allemande ! Cependant, en septembre, un ami de notre œuvre nous présente des photos et des plans de cette même propriété, le prix n’en serait pas exorbitant. C’est ainsi que nous nous décidons à l’achat ; la maison pourra au moins servir de refuge ou de pré-séminaire au cas où l’achat de la maison de Weissbad s’avèrerait définitivement impossible.
« Dans le château, la chapelle sainte-Anne qui va vite s’avérait trop petite et va nous obliger à construire une chapelle dans le parc »
Par le canal de cet ami laïc, M. Schlüter, nous achetons donc la maison de Zaitzkofen, située à 25 km au sud de Ratisbonne et la restauration de cet édifice, assez délabré, commence aussitôt. Monsieur Schlüter, ingénieur et architecte, dessine ses plans la nuit, le jour, il est sur le chantier ; la Providence nous a vraiment envoyé l’homme qu’il nous fallait pour une telle entreprise ! Le déménagement du séminaire a lieu au cours de l’été 1978 et le 1er octobre de la même année, Monseigneur Lefebvre bénit la maison au cours d’une grand’messe célébrée dans le magnifique parc. Il y a une autre bénédiction ! quatorze séminaristes et quatre Frères postulants entrent au séminaire cet automne-là. La population s’avère très accueillante.
A l’intérieur du château se trouve une magnifique petite chapelle vouée à sainte Anne, mais trop petite ! C’est ainsi que la construction d’une grande chapelle, dédiée à l’Immaculée Conception, commence immédiatement ; elle sera bénite par Monseigneur Lefebvre le 29 avril 1979.
Ainsi rénovée – réfection du toit, élargissement par l’édification d’un nouveau bâtiment contenant plus de 30 chambres supplémentaires, établissement d’une clôture pour les Sœurs et d’une menuiserie pour les Frères – la maison est comme enchâssée dans le parc, embelli d’une chapelle dédiée à Notre Dame de Fatima en l’année 2000 et qui prend l’aspect d’une cathédrale naturelle avec le chant des oiseaux, se prêtant parfaitement aux ordinations. Chaque année quelques milliers de fidèles viennent à Zaitzkofen s’unir au grand événement de voir monter de nouveaux prêtres à l’autel, chaque fois une vraie fête de famille. Si l’on veut comprendre ce qu’est notre œuvre de restauration de l’Église, il suffit de comparer l’état de la propriété de Zaitzkofen en 1976 et en 2004.
Progression du séminaire
epuis les premières ordinations, en 1981, le séminaire a vu, en 27 ordinations consécutives, sortir de ses rangs 96 nouveaux prêtres, auxquels il convient d’ajouter quelques-uns formés au séminaire mais qui furent ordonnés à Écône ou ailleurs. Ces jeunes confrères, formés à Zaitzkofen, exercent aujourd’hui, dans leur grande majorité, leur apostolat dans les pays de langue allemande : Allemagne, Suisse allemande, Autriche ; quelques-uns travaillent même Outre-mer : États-Unis, Chili, Afrique du Sud et Australie. Cette petite centaine d’ouvriers dans la vigne du Seigneur est un gain énorme pour le maintien de la Tradition bimillénaire dans ce secteur du monde.
Certains de nos anciens occupent aujourd’hui des postes importants dans la Fraternité : l’abbé Niklaus Pfluger est Supérieur du district d’Allemagne, l’abbé Weigl Supérieur d’Autriche, l’abbé Wegner Supérieur du Bénélux, l’abbé Stehlin Supérieur de Pologne et des Pays de l’Est – à partir de ce prieuré de Varsovie, les confrères ont fortement contribué à empêcher l’introduction de la communion dans la main en Pologne. L’abbé Weber dirige l’école Don Bosco à Diestedde, un internat pour les garçons.
On ne peut parler du rayonnement du séminaire sans mentionner M. l’abbé Laroche, professeur de droit canon et de théologie morale, qui se rend régulièrement à Lvov, en Ukraine, donner des cours au séminaire de nos amis de la Fraternité St. Josaphat. En outre, notre cher abbé foule chaque été le sol du Liban pour prêcher des retraites.
Le petit oratoire dédié lui aussi à
Notre-Dame de fatima dans le parc |
Le frére Josef-Maria,
cuisinier, en pleine action ! |
Cet emplacement de la maison vers l’Est s’avère aujourd’hui tout à fait providentiel : parmi nos 25 séminaristes, formés par 6 prêtres sur place, un certain nombre sont originaires des pays de l’Est, spécialement de Pologne et de Tchéquie. Notre Fraternité compte à ce jour un jeune prêtre polonais et un Tchèque ainsi que trois autres, originaires des trois pays baltes. Le plus international de nos séminaires compte également des lévites de Suède et de Hollande. Monseigneur Lefebvre disait un jour qu’il faudrait quelques témoins de la foi immuable dans chaque pays.
Depuis un an et demi, le séminaire édite quatre fois par année une Lettre à nos Amis prêtres en langue allemande, envoyée à un millier environ de confrères du clergé régulier et séculier pour les aider à maintenir leur sacerdoce, les encourager à nous rendre visite et les amener ainsi peu à peu à la sainte Tradition de l’Église.
Dans la région immédiate de Zaitzkofen, le séminaire a aussi un rayonnement spirituel : ici et là, les dévotions du mois de mai sont réintroduites dans les paroisses, ainsi que la procession du Saint-Sacrement. Pendant le Carême, l’exposition d’une copie grandeur nature du saint Suaire, durant deux jours et demi, a reçu la visite de plus de 600 personnes. Notre table de presse, bien fournie, est visitée régulièrement par les personnes de passage au séminaire.
S’ajoute à la formation des prêtres un noviciat de Frères qui travaillent au séminaire dans la menuiserie, dans la cuisine, dans la sacristie et dans l’entretien de la maison. Pendant les dernières vacances de Pâques, des meubles de sacristie sortis de nos ateliers, ont été installés à la sacristie de la nouvelle église d’Écône. Plus de 30 Frères ont fait à ce jour leur première profession à Zaitzkofen.
Le futur
otre futur, c’est notre passé disait un jour Monseigneur Lefebvre. C’est-à-dire qu’il faut appliquer à notre temps, de manière concrète, les principes éternels, à savoir l’Ordre de Dieu dans la Création et dans la Rédemption. Dieu a mis tout le salut entre les mains du prêtre catholique, et il en sera ainsi jusqu’à la fin des siècles ; en conséquence, la formation de bons prêtres est bien l’œuvre la plus importante sur terre. On pourrait d’ailleurs encore citer Monseigneur Lefebvre parlant de ce devoir face à la dégradation progressive de l’idéal sacerdotal :
« Transmettre dans toute sa pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire le sacerdoce catholique de Notre Seigneur Jésus-Christ tel qu’il l’a transmis à ses Apôtres, tel que l’Église Romaine l’a transmis jusqu’au milieu du XXe siècle(1). »
L’œuvre de la Rédemption a son aurore dans l’Immaculée Conception, accomplie dans le sein de sainte Anne. Or, la chapelle du château de Zaitzkofen héberge un petit sanctuaire dédié à celle qui lui a donné le jour, nous avons ensuite construit la chapelle de l’Immaculée Conception – développement homogène donc – dans laquelle se réunit chaque matin la communauté autour de l’autel, du tabernacle et d’une statue de l’Immaculée. Chaque matin est comme un pèlerinage, un nouveau lever pour vénérer la Mère du Souverain Prêtre et nous placer sous le manteau de Celle qui « à elle seule a écrasé toutes les hérésies dans le monde entier. »
Franz Schmidberger †
(1)Préface de « Itinéraire spirituel ».
Localisation du séminaire de Zaitzkofen
Priesterseminar Herz Jesus
84069 ZAITZKOFEN ALLEMAGNE |
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00 49 9 451 12 25 00 49 9 451 37 61 Le site du séminaire de Zaitzkofen |