La mort du fondateur est pour une famille religieuse un douloureux et déchirant événement. Cela vaut d’autant plus pour la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X que Mgr Lefebvre n’est pas seulement notre véritable père, mais qu’il avait reçu de Dieu une mission spéciale pour son Eglise entière sur terre.
Chers amis et bienfaiteurs,
La mort du fondateur est pour une famille religieuse un douloureux et déchirant événement. Cela vaut d’autant plus pour la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X que Mgr Lefebvre n’est pas seulement notre véritable père, mais qu’il avait reçu de Dieu une mission spéciale pour son Eglise entière sur terre. On ne peut mieux la décrire que ce jeune Ukrainien de 17 ans dont la lettre vient de nous parvenir :
(…) le 15 août 1991
(…) je suis catholique de rite latin-ukrainien, j’ai 17 ans et demi.
Je vous écris, Votre Eminence, pour vous exprimer mon admiration passionnée pour votre lutte héroïque pleine d’abnégation contre l’hérésie abominable qui a déjà pénétré dans les plus hautes couches de la hiérarchie ecclésiastique. Sauver la pureté et la sainteté de l’Eglise de saint Pierre, c’est le plus grand devoir des chrétiens qui se disent vraiment catholiques.
Comme j’appartiens à l’Eglise romaine, son présent et son avenir me préoccupent beaucoup. C’est toujours avec la plus grande inquiétude que je vois notre Sainte Eglise perdre son exclusivité. Elle périt ; Monseigneur, au nom du ciel je vous conjure, sauvez-la ! Quelle hérésie ! – le dialogue amical avec les autres religions ! Quel péché immonde ! Mon Dieu ! Saint Louis de France, saint Dominique, saint Ignace de Loyola organisaient des croisades, glorifiaient par leurs intrépides actions notre Eglise, extirpaient pour l’amour de son prochain sans merci les hérétiques !
Quels beaux modèles pour nous ! – les éminents contre-réformateurs Charles Borromée, Pie V de glorieuse mémoire. Ils pleurent, je crois, dans le paradis où Dieu les a placés, en voyant notre pape actuel faire de telles abominations. Quelle honte ! Votre Eminence, vous avez parfaitement raison : l’avenir de l’Eglise catholique se trouve dans son passé.
Il est nécessaire de restaurer la splendeur passée de notre Eglise, changer son attitude envers les religions hérétiques, renoncer à toute coopération avec elles, abolir les déplorables et néfastes résolutions du Concile Vatican II, combattre le communisme et l’athéisme. (…)
Permettez-moi de vous assurer, mon très Révérend Père, qu’il y a beaucoup de vos partisans en Russie qui vous supportent in petto. Je fais partie de leur nombre.
Je vous suis éternellement dévoué de corps et d’âme.
Ce n’est pas sans raison qu’un cardinal romain venu prier dernièrement sur la tombe de Monseigneur s’est écrié : « Merci, Monseigneur ! »
Redonner à l’Eglise son éclat d’antan, par un vigoureux renouvellement des institutions du salut dans le Sang de Jésus-Christ : voilà ce pour quoi nous prions et nous sacrifions, ce pour quoi nous travaillons et combattons, ce pour quoi nous luttons et nous souffrons. Quelles sont donc ces institutions du salut, indéfectibles car divines en leur essence ?
Tout d’abord le mariage catholique et la famille. L’intronisation du Sacré-Cœur n’est sans doute pas la seule voie, mais la plus courte et la plus sûre, pour refaire de la famille un asile de concorde et de paix, un jardin florissant et fécond, une source de grâce et de bénédictions. L’intronisation du Sacré-Cœur est plus qu’une simple consécration ; c’est de la part d’un foyer une profession publique de l’Evangile et de la loi du Christ, c’est la proclamation de l’empire sans limite auquel Notre Seigneur a droit sur son petit royaume. Le chef de famille, avec son épouse et les enfants, choisit le divin Maître comme conseiller et consolateur, comme ami et soutien, comme véritable chef et guide de cette toute première cellule de la société humaine. Par la suite, la famille va se réunir aussi autour de l’autel du Sacrifice, et par les grâces du saint Sacrifice de la Messe et des sacrements, elle façonnera la vie privée, professionnelle, civique et religieuse dans la crainte de Dieu, elle cultivera l’hospitalité ; empreinte d’esprit apostolique, une telle famille sera la bonne odeur du Christ et le fondement d’un peuple sain de corps et d’esprit.
A l’intronisation du Sacré-Cœur est étroitement liée la Croisade eucharistique des enfants, dont la devise « prie, communie, sacrifie-toi, sois apôtre » est un mot d’ordre qui devrait guider véritablement tout catholique à travers la vie. Peut-être sont-ce précisément la faiblesse et la pureté des âmes d’enfants qui touchent le plus le cœur de Dieu. En tout cas, la Croisade de ces petits est d’une grande importance pour le bien même de l’Eglise. Voici quelques témoignages écrits de leur main :
« Cher Monsieur l’Abbé, Après avoir reçu mon « Croisé », je me suis empressée de demander à maman si l’on pouvait introniser le Sacré-Cœur dans la maison. Evidemment maman a bien voulu et je vais en parler à papa. (…) vous pouvez compter une intronisation, car je ne vois pas pourquoi papa refuserait. Je vous assure de mes prières en Marie. Une croisée. »
« Cher Monsieur l’Abbé, Nous avons beaucoup admiré le zèle et les ingénieuses idées de nos frères d’armes de Saint-Brieuc. Suivant leur exemple, nous désirons beaucoup prier, communier, nous sacrifier et être apôtres à l’intention des séminaristes qui seront ordonnés le 29 juin. C’est pourquoi chacun d’entre nous – nous sommes 28 croisés et pages – aimerait avoir la charge spirituelle d’un de nos futurs prêtres. Est-ce possible ? Nous attendons votre réponse avec impatience. »
« Cher Monsieur l’Abbé, Je suis croisée à l’école (…). Là-bas tout va bien : il y a à peu près 4 conquérantes, et 40 croisées. (…) Il y a un an que je me suis engagée dans la Croisade. J’ai l’impression que cela m’aide énormément !
« J’ai beaucoup apprécié le « Croisé » de décembre ! Si ce qui y est écrit pouvait se réaliser ! Je prie pour cela de toutes mes forces. Je vous recommande à Notre Dame. Une croisée de 13 ans. »
« Très chère Croisade, Vous avez changé ma vie, ma maman me dit que je suis plus gentille, et c’est grâce à vous, très chère Croisade, Continuez ! Que le Seigneur vous protège. Une croisée. »
Dans une famille où Jésus-Christ exerce tous ses droits, où toutes ses grâces sont fructueuses, où sa charité enflamme les âmes, là on se préoccupe de l’éducation des enfants, qui, dans les écoles publiques et même religieuses, sont exposés à de grands dangers : l’indifférence en matière de foi, l’étiolement spirituel causé par le mépris des sciences de l’esprit, la falsification de l’histoire, les fausses méthodes d’éducation, l’éducation sexuelle, la drogue et autres pratiques immorales.
Parents, vous avez une grave responsabilité devant Dieu ; au dernier jour, Il vous demandera compte du salut éternel de vos enfants ! Unissez-vous pour fonder des écoles catholiques ; avec les prêtres chargés de vos âmes, discutez de la possibilité d’une éducation intégralement catholique ! Pères, vos enfants sont des temples du Saint-Esprit ! Soyez un Joseph, qui se lève en pleine nuit pour mettre en sûreté l’Enfant et sa Mère, même au prix de désavantages matériels et sociaux ! Aucun effort ne doit vous sembler trop grand, aucun sacrifice trop lourd pour protéger vos enfants du Mauvais et diriger leurs pas dans la voie de la vertu et de la sainteté – Mais nous avons bien lieu de rendre grâces ensemble au bon Dieu pour les 44 écoles déjà existantes au sein de la Fraternité, sans compter toutes les écoles dirigées par des communautés amies ou appelées à la vie par des groupes de parents.
Non moins importants sont les retraites et exercices spirituels, les récollections et les missions populaires. L’homme d’aujourd’hui, tracassé par le stress, l’agitation et l’affranchissement des passions, a un besoin urgent de repos et de recueillement, pour se poser une bonne fois les grandes questions sur sa vie : d’où viens-je ? où vais-je ? quel est le sens de mon existence ? Quelle est ma responsabilité devant Dieu ? Quelle est sa volonté sur ma vie ? Tout catholique devrait au moins tous les deux ou trois ans suivre une retraite, et vous savez que les Exercices spirituels de saint Ignace, recommandés avec insistance par tant de papes, tiennent la première place. Sans la conversion radicale des âmes, sans la recherche décidée de la perfection, sans la poursuite incessante de la sainteté en union au Seigneur crucifié et ressuscité, la contre-réforme du vingtième siècle est impossible.
Et quoi de plus naturel, pour un entrepreneur catholique, que de proclamer devant ses ouvriers, dans son usine ou son entreprise, les droits illimités de Notre Seigneur par l’intronisation du Sacré-Cœur ; de réunir chaque matin son personnel devant l’image vénérable du Sauveur pour appeler la bénédiction divine sur le travail de la journée ; également d’inviter de temps en temps le prêtre catholique pour instruire de la doctrine sociale de l’Eglise les cadres et employés ?
Enfin, il n’y a pas de véritable société chrétienne sans Etats catholiques. C’est seulement lorsque la législation entière se modèle sur la loi de Jésus-Christ, lorsque l’image du Crucifié est appliquée aux murs du parlement et des palais gouvernementaux que l’Eglise peut rayonner de tout son éclat sur la vie publique. Aussi est-ce avec une profonde émotion que nous avons appris la consécration de la Lituanie à la Très Sainte Vierge par le président Landsbergis et les autorités religieuses.
Or, toutes ces institutions ne pourront être rétablies sans le sacerdoce catholique et la vie religieuse de l’Eglise, qui forment tous deux le cœur de la chrétienté. Priez, bien chers frères, afin que le Seigneur envoie à son Eglise des hommes et des femmes comme Bernard, François, Dominique, comme Ignace et Thérèse d’Avila ; priez afin que s’accomplisse la mission de Monseigneur Lefebvre : « devant la dégradation progressive de l’idéal sacerdotal, transmettre dans toute sa pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire le sacerdoce catholique de Notre Seigneur Jésus-Christ, tel qu’il l’a transmis à ses apôtres et tel que l’Eglise romaine l’a transmis jusqu’au milieu du XXe siècle. » Les fondements primordiaux de ce programme sont établis : vingt communautés religieuses nous sont unies dans la foi et la charité ; dans six séminaires, les professeurs s’efforcent, par leur labeur et leur dévouement cachés, de former de futurs apôtres qui, avec Marie et comme Marie, donneront Jésus-Christ aux âmes et les âmes à Jésus-Christ.
Rickenbach, le 1er octobre 1991
Abbé Franz Schmidberger Supérieur général