A mesure que la foi décline dans les âmes et que les institutions chrétiennes disparaissent, l’esprit de Satan pénètre la société et la détruit.
Chers amis et bienfaiteurs,
A mesure que la foi décline dans les âmes et que les institutions chrétiennes disparaissent, l’esprit de Satan pénètre la société et la détruit ; quelques exemples suffisent à faire voir cela, statistiques en mains.
- Aux Etats-Unis, ont été fermées ces dernières années des milliers d’écoles catholiques ; en ce moment mille églises sont à vendre. Depuis le Concile, des milliers de prêtres, religieux et religieuses ont mis leur idéal au rancart ; le dernier déserteur est l’archevêque d’Atlanta lui-même. Est-ce par hasard si plus de 80% des écoliers et des jeunes Américains sont toucha par la drogue ? ou si les discothèques, lieux de perversion de la jeunesse, poussent comme des champignons ?
- La mort ou l’infidélité enlèvent à la France huit cents prêtres par an, contre cent nouveaux, tandis que les médias répandant partout le flux immonde du blasphème et de la pornographie : excès impensable hier, devenu aujourd’hui banalité quotidienne, avec l’approbation des hommes publics.
- En Valais (Suisse) il y avait trois grands séminaires avant le concile, ils sont tous trois fermés. A leur place s’est installée une chaîne de près de vingt discothèques.
- En Hollande, où la foi est anéantie, on discute activement l’introduction de l’euthanasie, mais elle est pratiquée sous le manteau depuis quinze ans et c’est une clinique catholique qui a commencé !
- A Aix-la-Chapelle (Allemagne), l’Islam projette un immense centre missionnaire, avec mosquée, télé-université, bibliothèques, magasins et piscine. Est-ce un pur hasard, que ce choix de la capitale de Charlemagne comme place-forte musulmane pour toute l’Europe du Nord ?
Où gît la racine du mal ? Dans l’Eglise ou plutôt en ses représentants, et dans le concile. Lentement mais sûrement croissent l’ivraie de l’indifférentisme religieux répandue par le décret sur l’œcuménisme et la mauvaise herbe de la sécularisation de la vie publique, préparée par la proclamation de ia liberté religieuse, sur le terrain empoisonné des fausses idéologies et de la négation pratique du péché originel contenue dans la constitution Gaudium et spes.
Quelques semaines avant sa mort, Paul VI fit cet aveu en présence de son ami Jean Guitton : « Ce qui me déconcerte dans le monde catholique d’aujourd’hui, c’est que parfois à l’intérieur même du catholicisme semble régner une mentalité qui n’est pas catholique. Il est tout à fait possible qu’à la fin cette tournure d’esprit devienne dominante. Pourtant, elle ne représentera jamais en aucune façon l’Eglise. Il demeurera immanquablement un petit troupeau, un petit reste, aussi réduit soit-il. »
Quel troupeau ? serait-ce celui des catholiques fidèles à la tradition, avec séminaires, couvents, maisons d’exercices spirituels, écoles et prieurés ? Sur quels critères juger ? Les critères, tout simplement, que Notre Seigneur donne aux envoyés de saint Jean Baptiste, qui lui fait demander : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »; c’est par ses œuvres que le Christ prouve sa messianité : « Allez, dit-il, et rapportez à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Mt 11,4–5).
Laissons parler les faits :
- Est-ce que des écailles ne tombent pas des yeux de beaucoup, quand ils assistent de nouveau pour la première fois à la messe traditionnelle ? La lumière du Seigneur ne se fait-elle alors autour d’eux, tandis que les ténèbres couvrent la terre, et l’obscurité les peuples ; les ténèbres de l’erreur et du mensonge, l’obscurité des idéologies séductrices ?
- Les fidèles ne reçoivent-ils pas dans nos chapelles une nouvelle force et un nouveau courage pour s’avancer dans le chemin de la vie chrétienne, après avoir été paralysés pendant des années par le libéralisme et le modernisme ? Combien, justement, ont été convertis par les exercices spirituels de saint Ignace et vivent désormais leur dignité baptismale d’enfants de Dieu et de temples du Saint-Esprit ?
- Des catholiques, qui ne s’étaient pas confessés depuis dix, vingt ans ou davantage, se jettent aux pieds du prêtre, sur eux coule le sang rédempteur du Christ et les voilà purifiés de la lèpre du péché et de l’esprit du siècle. Dans nos chapelles, Dieu merci, la confession est tenue en honneur, en particulier la confession fréquente des péchés même véniels, dont Pie XII dit qu’elle « augmente la vraie connaissance de soi, favorise l’humilité chrétienne, tend à déraciner les mauvaises habitudes, combat la négligence spirituelle et la tiédeur, purifie la conscience, fortifie la volonté, se prête à la direction spirituelle, et, par l’effet propre du sacrement, augmente la grâce » (Mystici Corporis). Rien de cela n’est opéré par les soi-disant cérémonies pénitentielles !
- Le péché originel et personnel, les artifices séducteurs du diable et du monde à son service ont gravement endommagé l’oreille intérieure du chrétien ; mais voilà ce qui réussit à l’ouvrir : le silence qui entoure l’autel du sacrifice, le repos des jours de récollection et la prédication de l’Evangile intégral. Les miraculés sont peu nombreux, mais il y en a de tous pays, continents, cultures et couches sociales, instruits et simples, jeunes et vieux, hommes et femmes.
- L’Europe chrétienne de jadis est morte. Mais à partir de petites cellules, elle renaît à une vie nouvelle. Des enfants (comme la fille de Jaïre), des jeunes gens (tel l’adolescent de Naïm), des adultes (tel Lazare) s’éveillent de la mort et de l’éloignement de Dieu à une nouvelle vie, vie de foi et d’agir chrétien. Tandis que les novateurs transforment les églises en entrepôts, nous aménageons le mieux possible des entrepôts en chapelles. Tandis que la mort enlève couvents et séminaires, de nouvelles communautés se lèvent, fidèles à la tradition.
- Les catholiques libéraux disent à la sagesse : « Tu es ma sœur ! » Et ils se tiennent debout pour la sainte Communion, et ils disposent à leur gré des paroles de Jésus-Christ, en un mot, ils sont majeurs. Nous autres, au contraire, savons la nécessité de la grâce du Christ et notre radicale dépendance vis-à-vis de Dieu. Nous sommes pauvres en esprit et voulons le demeurer. C’est pourquoi tant d’entre vous entreprennent de longs trajets pour prendre part au saint sacrifice de la Messe catholique ; et tant de familles éloignent de leur foyer la source empoisonnée de la télévision et installent à sa place le petit oratoire familial avec la prière en commun, spécialement le saint Rosaire, méditant les mystères de la vie, de la mort douloureuse et de la glorification du Christ, pour qu’ils portent du fruit dans leur vie.
Chers amis et bienfaiteurs, de toutes nos forces, rejetons le poison de l’hérésie et du schisme, les doctrines et pratiques séductrices des novateurs. Nous nous savons en communion avec tous les grands hommes d’Eglise du passé, en particulier avec les papes des deux cents dernières années. A la fin de son Encyclique Quanta cura, Pie IX rejette de son autorité apostolique toutes les opinions et doctrines perverses citées dans sa Lettre : naturalisme, fausse liberté de conscience et de culte, souveraineté populaire, subordination de l’Eglise à l’Etat : « Nous les réprouvons, proscrivons et condamnons (…) et Nous voulons et ordonnons que tous les fils de l’Eglise catholique les tiennent absolument pour réprouvées, proscrites et condamnées. » Et dans la quatre-vingtième proposition du Syllabus, il condamne l’opinion de ceux qui prétendent que « le Pontife Romain peut et doit se réconcilier et composer avec le progrès, avec le libéralisme et avec la civilisation moderne ».
Nous ne pouvons donc pas être d’accord avec le cardinal Ratzinger qui, présentant son document sur le rôle des théologiens dans l’Eglise, dit que les décisions de la commission biblique et la condamnation du modernisme ont été conditionnées par le temps et par les circonstances et qu’on peut par conséquent les laisser tomber aujourd’hui ; ni avec le Pape lorsqu’au cours de son voyage en Scandinavie, il répète avec insistance que tout son pontificat est consacré à l’œcuménisme. Ceux qui viendraient nous reprocher notre désaccord, nous les renvoyons à saint Thomas d’Aquin qui, dans sa Somme théologique (IIa IIae, q.33, art.4, ad 2), écrit précisément : « Il faut savoir que là où il y aurait un péril imminent pour la foi, les prélats devraient être repris même publiquement par leurs inférieurs. C’est ainsi que Paul, pourtant l’inférieur de Pierre, reprit publiquement celui-ci à cause du péril imminent d’un scandale dans la foi. »
Chers amis et bienfaiteurs, il est impossible de rapporter ici en détail les initiatives, les progrès, les succès et aussi les épreuves de l’œuvre, sous la bénédiction divine. Les publications de votre district vous renseignent sur beaucoup de choses, quant au reste, vous l’apprendrez au dernier jour, avant tout la prière immolatrice, la souffrance réparatrice, le dévouement héroïque de tant d’âmes dans le silence et le secret. Et tandis qu’en la fête de tous les saints, pour le vingtième anniversaire de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, nous entonnerons un solennel Te Deum, nous n’aurons garde d’oublier que dans les mérites de ses saints, Dieu glorifie sa propre grâce.
O Dieu, dont la miséricorde est sans bornes et dont la bonté est un trésor infini, nous rendons grâces à votre majesté très bienveillante pour les bienfaits que vous nous avez accordés et demandons toujours à votre clémence que, vous qui exaucez les demandes de ceux qui vous prient, vous ne les délaissiez pas, et que vous les prépariez aux récompenses éternelles. »
Ne nous oubliez pas dans vos prières et vos aumônes ; nous vivons du bon Dieu, dont nous sommes instruments. Je vous demeure très cordialement uni à tous en Notre Seigneur et Notre Dame.
Rickenbach, le 1er octobre 1990
Abbé Franz Schmidberger Supérieur général