Philippines : nouvelle mission Rosa Mystica, 5–12 mars 2023

Une semaine dans les mon­tagnes libé­rées de Sarangani et de Davao occidental.

La 16e mis­sion médi­cale Rosa Mystica orga­ni­sée par l’ACIM (Association catho­lique des infir­mières, méde­cins et per­son­nels de san­té), aura lieu du 5 au 12 mars 2023 dans six vil­lages des hautes terres d’Alabel et de Malapatan, de la pro­vince de Sarangani, et de celles de Malita de Davao occi­den­tal. Ces mon­tagnes se situent à l’est de la grande ville de General Santos où l’ACIM tient un dis­pen­saire à côté de l’église Rosa Mystica des­ser­vie par l’abbé Timothy Pfeiffer, aumô­nier de la mission.

La mis­sion Rosa Mystica a déjà eu lieu à plu­sieurs reprises dans cette grande cité et dans les villes et vil­lages envi­ron­nants. Jusqu’à l’été 2022, les régions mon­ta­gneuses alen­tours étaient cepen­dant inac­ces­sibles car elles étaient entre les mains des com­mu­nistes et des ter­ro­ristes isla­miques depuis des décen­nies. Le 21 sep­tembre 2022, un trai­té de paci­fi­ca­tion a été signé entre les rebelles, qui se sont ren­dus, et le gouvernement.

Yolly, infir­mière per­ma­nente de l’ACIM et fidèle che­ville ouvrière de la mis­sion depuis seize ans, était allée visi­ter l’un de ces vil­lages en 1998, en tant qu’infirmière sco­laire, afin de secou­rir un enfant qui, comme toute sa tri­bu, était en train de mou­rir de faim à cause d’une ter­rible séche­resse et sur­tout de l’isolement de ces zones que les rebelles tenaient en otage.

Elle n’avait jamais pu y retour­ner, mal­gré la pro­messe qu’elle s’était faite, en rai­son de l’insécurité qui y régnait. Yolly s’était aus­si ren­due à la même époque, à Datal Anggas, un autre vil­lage par­mi les six que la mis­sion Rosa Mystica ira visi­ter, pour éva­luer la situa­tion sani­taire dans les écoles des hauts pla­teaux les moins acces­sibles de la pro­vince de Sarangani.

Une longue marche de cinq jours par des sen­tiers périlleux car, il y a vingt-​cinq ans, il n’y avait ni route ni trans­port public pour péné­trer dans ces régions cou­pées du monde. Elle y avait décou­vert une popu­la­tion fémi­nine atteinte de goîtres énormes pro­ba­ble­ment liés à une carence en iode. C’est dans ce même vil­lage qu’elle avait assis­té, aba­sour­die, au limage des dents des femmes et des jeunes filles qui se les fai­saient ensuite recou­vrir d’or !

Le paie­ment de “l’opération” devait se faire sur la récolte à venir qui, à la vue des maigres par­celles, parais­sait à peine suf­fi­sante pour nour­rir la popu­la­tion… qui n’avait pas non plus de quoi s’acheter du sel pour lut­ter contre sa carence en iode. Yolly s’était enquise de savoir s’il y avait quelques catho­liques par­mi ces habi­tants : on lui avait répon­du que trois ou quatre familles l’étaient pro­ba­ble­ment. Parmi eux, un homme poly­game à qui elle essaya de faire com­prendre dif­fi­ci­le­ment que ce n’était pas com­pa­tible avec sa religion…

De retour à General Santos, après un tra­jet à haut risque sous des averses dilu­viennes qui pro­vo­quaient des glis­se­ments de ter­rains ouvrant des cra­tères béants dans la route, elle avait espé­ré pen­dant des années pou­voir retour­ner vers ces déshé­ri­tés afin de leur appor­ter les soins médi­caux qu’ils ne pou­vaient rece­voir, la lumière de la Foi et la beau­té de la morale catholique.

Mais lorsque les mis­sions médi­cales Rosa Mystica ont com­men­cé, en 2007, il était encore dan­ge­reux d’emmener des volon­taires étran­gers dans ces mon­tagnes truf­fées de ter­ro­ristes isla­miques et com­mu­nistes. Quelques mis­sions gou­ver­ne­men­tales ont pu être réa­li­sées auprès de ces tri­bus, à l’occasion d’une épi­dé­mie de cho­lé­ra par exemple. Des opé­ra­tions du goître ont été réa­li­sées gratuitement.

Mais cette “atten­tion” sani­taire scan­da­li­sa Yolly quand elle apprit que les hommes de ces tri­bus avaient été trans­por­tés par camions bon­dés jusqu’au centre de san­té muni­ci­pal où elle tra­vaillait, pour y subir une vasec­to­mie contre deux mille pesos (une tren­taine d’euros) ! Elle a essayé de leur faire com­prendre qu’ils œuvraient à l’extinction de leur tri­bu, mais ils n’ont rien vou­lu entendre. Le méde­cin chi­nois qui opé­rait et les infir­mières qui coopé­raient furent indif­fé­rents aux reproches que leur fit Yolly.

En 2009, Yolly appor­ta le sou­tien finan­cier de l’ACIM à un méde­cin catho­lique de General Santos qui par­tit seul dans les mon­tagnes de Datal Anggas avec trois coo­lies pour por­ter les bagages et un che­val pour les médi­ca­ments. Une mis­sion haras­sante : 200 patients par jour à qui ce pra­ti­cien a aus­si don­né des cha­pe­lets et appris à le réci­ter. En 2018, Yolly a pro­po­sé une for­ma­tion “pro-​vie” aux tra­vailleurs de san­té de ces zones de mon­tagnes, afin de les aider à com­prendre le carac­tère sacré de la vie…

L’accès à ces vil­lages est main­te­nant plus facile. Les groupes rebelles com­mu­nistes se sont fina­le­ment ren­dus et la sécu­ri­té des volon­taires médi­caux est assu­rée. Quelques infra­struc­tures médi­cales y ont été construites mais il y a encore beau­coup de gens très pauvres qui attendent une aide maté­rielle et spirituelle.

Lorsqu’en ce début de 2023, Yolly est allée revi­si­ter ces vil­lages afin de déter­mi­ner les lieux où se tien­drait la Mission Rosa Mystica, elle a été sur­prise par dif­fé­rentes ren­contres : une femme l’a recon­nue parce qu’elle avait fré­quen­té l’église Rosa Mystica de General Santos il y a quelques années ! Cette femme n’est pas encore mariée reli­gieu­se­ment et ses enfants ne sont pas encore baptisés.

Elle fut bou­le­ver­sée lorsqu’elle apprit qu’un prêtre allait venir jusqu’à elle, lors de la mis­sion de mars. En effet, l’éloignement et la pau­vre­té ne lui per­met­taient pas de faire le dépla­ce­ment jusqu’à General Santos pour aller à la messe et pra­ti­quer sa reli­gion (la plu­part des gens de son vil­lage sont protestants).

Yolly a aus­si revu une de ces tra­vailleuses de san­té qui était venue à la confé­rence pro-​vie : « Votre visage m’est fami­lier. N’est-ce pas vous qui nous avez appris pour­quoi la contra­cep­tion était mau­vaise et com­ment résis­ter aux pro­grammes de dépo­pu­la­tion ? », lui a‑t-​elle deman­dé. Et se tour­nant vers un membre de la tri­bu, elle a ajou­té : « Voyez cette femme, elle nous a ensei­gné tant de choses impor­tantes pour notre déve­lop­pe­ment maté­riel et moral… ».

Vingt-​cinq ans après ces expé­di­tions, la pro­messe que Yolly avait faite alors aux habi­tants de reve­nir avec des médi­ca­ments pour les soi­gner, va se réa­li­ser. Nous tâche­rons, avec la grâce de Dieu, durant cette 16e mis­sion Rosa Mystica, de répondre à leurs espé­rances et de leur appor­ter ces “choses impor­tantes” qu’ils attendent depuis si longtemps…

Nous remer­cions tous les amis et bien­fai­teurs de la Mission Rosa Mystica qui prient pour elle afin qu’elle porte de bons fruits, et qui per­mettent aux volon­taires étran­gers et phi­lip­pins de venir en aide à ces popu­la­tions long­temps cou­pées du monde, vivant sans soin et dans une extrême pau­vre­té à cause de la guerre qui y a sévi pen­dant de si nom­breuses années.

Vous pou­vez adres­ser vos dons par pay­pal sur le site : www​.rosa​mys​ti​ca​-mis​sion​.com ; par chèque ou vire­ment à : ACIM 2, route d’Equihen F‑62360 Saint-Etienne-au-Mont.

Source : FSSPX​.News