La plume et le panache

Le film Vaincre ou Mourir sur l’épopée ven­déenne déchaîne la haine des pro­fes­sion­nels sala­riés de la cri­tique ciné­ma­to­gra­phique, et sus­cite l’enthousiasme des spec­ta­teurs. Faut-​il s’en étonner ?

La plume serve grif­fonne rageu­se­ment contre le panache de Charette. L’Obs se gausse : « Très peu de ciné­ma, beau­coup de bruit et de fureur pro­sé­lyte, le tout sau­pou­dré d’un mes­sage chré­tien lour­de­ment assé­né » ; Le Monde iro­nise sur ces « molles batailles entre figu­rants dégui­sés en pay­sans ven­déens » ; Télérama ricane : « Si les guerres de Vendée m’étaient contées avec des lunettes de chouan et de gros sabots… A fuir au galop ! »

Comme à ses com­pa­gnons d’armes, il y a plus de deux cents ans, Charette rap­pelle fiè­re­ment aux spec­ta­teurs de Vaincre ou Mourir : « Notre Patrie à nous, c’est nos vil­lages, nos autels, nos tom­beaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre Patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi…

« Mais leur Patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le com­pre­nez, vous ? Ils veulent détruire les cou­tumes, l’ordre, la tra­di­tion… Alors, qu’est-ce que cette Patrie nar­guante du pas­sé, sans fidé­li­té, sans amour ? Cette Patrie de bille­baude et d’irréligion ? Beau dis­cours, n’est-ce pas ? Pour eux, la Patrie semble n’être qu’une idée ; pour nous, elle est une terre. »

Libération rétorque, comme s’il se sen­tait encore visé, après plus de deux siècles : « Le plus fas­ci­nant, dans un film mili­tant ayant trans­for­mé ses per­son­nages en ali­bi, devient la place pré­pon­dé­rante accor­dée aux concepts, à ces enti­tés sans tête et abs­traites, visi­ble­ment mal­fai­santes, contre les­quelles bataillent sans relâche Charette et ses amis.

« Elles ont pour nom répu­blique ou his­toire. […] Renverser l’histoire, une bonne défi­ni­tion de l’entreprise réactionnaire. »

Plus radi­cal et bien dans l’esprit des colonnes incen­diaires de Turreau, Ecran Large vou­drait voir le film, ses pro­duc­teurs et ses réa­li­sa­teurs, en enfer : « A la vue de Vaincre ou Mourir, on espé­re­rait presque que l’enfer existe réel­le­ment pour y voir ses res­pon­sables pro­sé­lytes et réac­tion­naires y brû­ler avec délectation. »

Charette leur avait déjà répon­du : « Il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nou­veau et qu’ils veulent fon­der dans l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les sup­pôts des vieilles super­sti­tions ; faut rire !

« Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeu­nesse, Messieurs ! Sommes la jeu­nesse de Dieu. La jeu­nesse de la fidé­li­té ! Et cette jeu­nesse veut pré­ser­ver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liber­té de l’homme intérieur… »

C’est cette jeu­nesse et son panache qui sont psy­chi­que­ment insup­por­tables pour des post-​soixante-​huitards déplu­més. Mais la cri­tique aboie, et le film passe… dans les salles. A la plus grande satis­fac­tion des spectateurs.

Source : FSSPX​.News