Le communiqué de la Conférence des évêques de France du 13 janvier 2015, comme les propos du cardinal Vingt-Trois, relève au moins de l’amnésie si ce n’est du masochisme…Faisant fi des blasphèmes, insultes, injures faites en haine du catholicisme par les militants de Charlie-Hebdo contre Notre Seigneur, contre Notre Dame, contre le Pape, contre l’Eglise [1], les successeurs des apôtres écrivent :
« Toutes les libertés sont intrinsèquement liées les unes aux autres. La liberté de la presse, quelle que soit cette presse, reste un des signes d’une société solide, ouverte au débat démocratique, capable de ménager une place digne à chaque personne dans le respect de ses origines, de sa religion, de ses différences. C’est cette France respectueuse de tous, symbole au-delà même de ses frontières, qui a été meurtrie ; c’est vers cette France qu’ont afflué du monde entier les très nombreux témoignages de sympathie et de compassion ; c’est cette France-là qui dimanche a redit son adhésion profonde aux valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. [2] »
Si l’on comprend aisément que le Grand Orient rend un hommage appuyé aux rédacteurs de Charlie Hebdo appartenant à la franc-maçonnerie [3], on reste stupéfait de constater que la revue jésuite Etudes publie un article intitulé « Nous sommes Charlie » dans lequel il publie quatre pages de dessins blasphématoire en indiquant :
« Nous avons fait le choix de mettre en ligne quelques caricatures de Charlie Hebdo qui se rapportent au catholicisme. »
Heureusement quelques voix catholiques s’élèvent au milieu de cet « aplaventrisme masochiste » de nos élites « catholiques » (Mais le sont-elles encore ?).
Citons d’abord Mgr Jesus Sanz Montes, archevêque d’Oviedo (Asturies, Espagne), qui a réagi aux erreurs que l’on entend en ce moment à propos de la liberté d’expression, à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo par un communiqué qui se distingue du consensualisme flasque qui a envahi toute l’Europe :
« Il n’est pas question de tolérance ou de libre pensée : l’insulte est une violence. Charlie est mort pour avoir minimisé les risques de l’islam radical. Il pensait qu’en vivant dans un pays chrétien il pourrait insulter en toute sécurité. Je ne suis pas Charlie, mais je suis un chrétien. Je n’ai pas pensé un instant qu’ils devaient mourir ou qu’ils avaient trouvé ce qu’ils méritaient. Paix à leurs âmes et que Dieu les accueille, s’ils le veulent, dans sa miséricorde. Mais je ne suis pas Charlie.
(…)Je suis seulement un chrétien. Pour cela, je condamne ce meurtre. J’ai lu avec plaisir ceux qui ont la lucidité de condamner les attentats odieux qui ont tué ces vies, et ont la liberté de dénoncer également la violence qu’implique toujours l’insulte, le mépris, la dérision, le ridicule, le blasphème, tout ce qui blesse injustement les sentiments et les croyances des gens.
Il y a des gens qui sont tués par ces fanatiques extrémistes pour avoir seulement un nom chrétien, une foi chrétienne, une vie chrétienne. En Syrie, en Afghanistan, au Nigeria, en Libye … ils tuent des chrétiens, séquestrent des fillettes chrétiennes, expulsent de leurs terres les chrétiens, volent leurs maisons et leurs églises, mais quasi personne en Occident ne le dénonce, pas de déclarations ou rassemblements intergouvernementaux, ni de grandes manifestations de rue, on ne pleure pas ceux qui sont innocents de toutes provocations et offenses, ils sont abattus simplement pour être différents, pour être chrétiens, sans être contre quiconque. »
Honneur ensuite à Mgr Dominique Rey, dans son homélie publiée sur le site du diocèse de Toulon, dénonce avec des mots justes l’obscénité de Charlie Hebdo et la folie meurtrière des terroristes :
« Il est symptomatique que les terroristes s’en soient pris à un journal satirique réputé pour ses outrages, ses sarcasmes, ses caricatures blasphématoires. « On doit pouvoir rire de tout » avouait fièrement un de ses responsables. Le rire s’est changé en larmes. L’assaut des kalachnikovs a répliqué à l’agression des mots et des images.
« Un dessin est un fusil à un coup » disait Cabu. Il vient d’en payer le prix. En même temps qu’on doit dénoncer le fanatisme religieux, notre société doit s’interroger sur l’enchaînement des violences qui la traversent. Car il est des violences verbales, morales, intellectuelles, artistiques… qui en appellent d’autres. Quand on représente Mahomet sous la forme d’une crotte enturbannée, Benoît XVI en train de sodomiser des enfants, la Vierge Marie les jambes écartées de façon suggestive ; quand on s’adonne à la provocation, à l’obscénité sur ce qui touche la conscience la plus intime, celle de la foi, du sacré, de la symbolique religieuse… Ce nouvel iconoclasme engendre inévitablement par ricochet, et bien sûr, sans jamais les justifier, la revanche, la vengeance, d’autres violences encore plus insoutenables dans un engrenage quasi mécanique, et dont l’actualité nous offre l’horrible spectacle. La sacralisation de la dérision et de l’injure ne peut produire en retour que de la haine.
A un journaliste qui m’interrogeait avant-hier « Monseigneur, êtes-vous Charlie ? », J’ai répondu : « laissez-moi d’abord être moi-même, c’est-à-dire chrétien ». Le chrétien n’a pas d’autre point de référence ultime, de ralliement possible, d’identification que Jésus lui-même. »
De façon tout à fait appropriée et juste, Mgr Rey pointe le relativisme envahissant qui, arrachant du cœur de l’homme la relation avec Dieu, le renvoie aux instincts de sa nature blessée :
» Le relativisme moral et religieux [4] envahit nos sociétés postmodernes où les grandes utopies politiques et idéologiques se sont effondrées, où la place du religieux a été effacée par la perte de transcendance et d’intériorité, où l’individu consumériste n’a plus d’autre horizon que lui-même, rivé à son ego. Un tel relativisme érigé en prêt-à-penser, fait inévitablement le lit du fondamentalisme. Lorsqu’une culture ne donne plus des raisons sublimes de vivre, parce qu’elle a oublié l’héritage ou perdu la mémoire, elle s’en fabrique à partir des instincts les plus bas ou les plus vils. Lorsqu’on ne parvient plus au sein des familles, dans le cadre des institutions éducatives à transmettre ce lent et patient tissage de raison, d’histoire, de culture qui ouvrait à une morale universelle et un vivre ensemble et lorsque la conscience religieuse s’évanouit ou se réduit à un résidu laïcisé…, alors cette société fait sauter, sans toujours s’en rendre compte, la barrière qui fermait la route à la brutalité de la nature, à l’exacerbation des passions, et aux revendications narcissiques. »
Le mot de la fin revient à M. l’abbé Patrick de La Rocque, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, qui a déclaré lors des annonces de la messe du dimanche 11 janvier 2015 à Saint-Nicolas-du-Chardonnet :
« Prions enfin pour notre pauvre pays. Le voici désormais en guerre, où la barbarie s’oppose à décadence. Notre douce France, pour avoir rejeté de sa loi les commandements de Dieu – mode d’emploi du bonheur humain – est devenue un champ de bataille, où les véritables extrémismes se révèlent. L’extrémisme laïcard et libertaire, si bien représenté par Charlie Hebdo, a appelé contre lui l’extrémisme de la violence, celle de l’islam. Que des hommes politiques identifient Charlie Hebdo à la civilisation est certes dramatique. Le plus grave cependant est de voir la hiérarchie catholique, de Rome à Mgr Vingt- Trois, se faire l’avocat d’un journal blasphématoire, dont le dernier Hors-Série n’était qu’insultes pour le Christ et sa Très Sainte Mère. Prions pour la France et pour l’Eglise. »
La Porte Latine
Sources : CEF/MPI/Diocèse de Fréjus/LPL
- Par égard à la décence nous nous refusons à publier ces dessins ignobles.[↩]
- Nous aurions tant apprécié que ces beaux « sentiments » soient aussi appliqués aux catholiques de Tradition…[↩]
- Charlie Hebdo : le Grand Orient salue les rédacteurs francs-maçons.[↩]
- Reste à identifier les causes d’un tel relativisme, et spécialement à l’intérieur de l’Eglise catholique, dont l’effondrement a livré les pays anciennement chrétiens au laïcisme et à l’Islam. Or un tel relativisme se trouve érigé en quasi-dogme dans le concile Vatican II, relativisme que l’on retrouve en matière de religion avec le mauvais exemple du pape, et en matière de mœurs avec le synode. Le premier remède commence donc, au niveau de l’Eglise catholique, à dénoncer ce concile qui répand justement ce relativisme parmi les catholiques. Dommage que Mgr Rey n’aille pas jusqu’au bout de cette démarche, mais qu’il soit tout de même remercié pour ses paroles qui vont à contre-courant de celles de ses confrères noyés dans la bien-pensance.[↩]