Réhabilitons le croissant !

Crédit : wikimédia commons

Le crois­sant au beurre s’est pro­gres­si­ve­ment déformé.

Le 15 juillet 1683, les Ottomans, diri­gés par Kara-​Mustapha, lan­cèrent leur attaque contre la ville impé­riale de Vienne.

Très adroi­te­ment, le redou­té roi de Pologne, Jean Sobieski, ayant fait cou­rir le bruit par la voie diplo­ma­tique et la rumeur, que sa san­té était au plus mal, le Turc crut que l’occasion de s’emparer de Rome était enfin venue. Or il fal­lait d’abord conqué­rir Vienne…

La ville impé­riale était dans une situa­tion par­ti­cu­liè­re­ment grave.

Dans la nuit du 26 août, l’un des gar­çons bou­lan­gers qui veillaient dans la cave, tan­dis que les petits pains vien­nois cui­saient, vit quelques grains de blé s’agiter et dan­ser sur eux-​mêmes dans un tamis posé au sol. Des coups inces­sants fai­sait fré­mir la terre mais l’oreille n’en per­ce­vait pas le bruit.

Prévenu, le comte de Stahremberg, qui assu­rait la défense, appe­la son chef des mines lequel fit aus­si­tôt creu­ser plus bas que là où les Turcs étaient à l’œuvre.

Le len­de­main, la fou­gasse explo­sa, tuant les meilleurs arti­fi­ciers otto­mans. En récom­pense, les bou­lan­gers sol­li­ci­tèrent la faveur et le pri­vi­lège de faire désor­mais leurs petits pains en forme de crois­sant, puisqu’ils avaient décon­fit l’Infidèle.[1]

Comme cha­cun a pu le consta­ter, le crois­sant au beurre, le plus deman­dé, s’est pro­gres­si­ve­ment défor­mé, deve­nu droit au pré­texte, ini­tia­le­ment, de le dis­tin­guer de celui à la mar­ga­rine ou du moins sans beurre. Désormais, c’est pour gagner de la place sur la plaque de cuisson !

Alors que l’Ottoman repart à la conquête des pays de chré­tien­té, il faut exi­ger de redon­ner au crois­sant la forme vou­lue par ceux qui ont vaillam­ment défen­du la Chrétienté à Vienne !

Source : Lettre Missions n°42

Notes de bas de page

  1. Extrait de La for­tune de MarysienskaReine de Pologne, Ed. Emile Paul Frères[]