Le croissant au beurre s’est progressivement déformé.
Le 15 juillet 1683, les Ottomans, dirigés par Kara-Mustapha, lancèrent leur attaque contre la ville impériale de Vienne.
Très adroitement, le redouté roi de Pologne, Jean Sobieski, ayant fait courir le bruit par la voie diplomatique et la rumeur, que sa santé était au plus mal, le Turc crut que l’occasion de s’emparer de Rome était enfin venue. Or il fallait d’abord conquérir Vienne…
La ville impériale était dans une situation particulièrement grave.
Dans la nuit du 26 août, l’un des garçons boulangers qui veillaient dans la cave, tandis que les petits pains viennois cuisaient, vit quelques grains de blé s’agiter et danser sur eux-mêmes dans un tamis posé au sol. Des coups incessants faisait frémir la terre mais l’oreille n’en percevait pas le bruit.
Prévenu, le comte de Stahremberg, qui assurait la défense, appela son chef des mines lequel fit aussitôt creuser plus bas que là où les Turcs étaient à l’œuvre.
Le lendemain, la fougasse explosa, tuant les meilleurs artificiers ottomans. En récompense, les boulangers sollicitèrent la faveur et le privilège de faire désormais leurs petits pains en forme de croissant, puisqu’ils avaient déconfit l’Infidèle.[1]
Comme chacun a pu le constater, le croissant au beurre, le plus demandé, s’est progressivement déformé, devenu droit au prétexte, initialement, de le distinguer de celui à la margarine ou du moins sans beurre. Désormais, c’est pour gagner de la place sur la plaque de cuisson !
Alors que l’Ottoman repart à la conquête des pays de chrétienté, il faut exiger de redonner au croissant la forme voulue par ceux qui ont vaillamment défendu la Chrétienté à Vienne !
Source : Lettre Missions n°42
- Extrait de La fortune de Marysienska, Reine de Pologne, Ed. Emile Paul Frères[↩]