Le Saint-​Suaire, témoin irrécusable de la Passion

Les preuves que le grand tis­su de lin a recueilli le corps du Christ après sa des­cente de croix ne font désor­mais l’objet d’aucun doute pour les spé­cia­listes qui l’ont étu­dié de près.

Le Suaire de Turin n’en finit pas de fas­ci­ner les esprits, tant son his­toire et les apports de la science sur l’image du Crucifié, avec les traces qui l’accompagnent, s’accumulent en faveur de son authen­ti­ci­té. Que les pro­pa­gan­distes enne­mis du Christ le veuillent ou non, les preuves que le grand tis­su de lin a recueilli le corps du Christ après sa des­cente de croix ne font désor­mais l’objet d’aucun doute pour les spé­cia­listes qui l’ont étu­dié de près. Seule demeure mys­té­rieuse l’origine de la for­ma­tion de l’image du corps fla­gel­lé et cou­ron­né d’épines. La Résurrection du Christ peut seule être une expli­ca­tion, sans pour autant que la science soit capable d’en expli­quer la genèse exacte, encore moins la reproduire.

L’historien Jean-​Christian Petitfils, spé­cia­liste de l’histoire moderne mais qui s’est aus­si fait connaître par une bio­gra­phie sur Jésus, a entre­pris une syn­thèse com­plète de l’histoire du Saint Suaire et des études scien­ti­fiques qui se sont suc­cé­dé depuis les pre­miers cli­chés pho­to­gra­phiques de 1898 qui avaient révé­lé que l’image du néga­tif était plus par­lante que l’image visible à l’œil nu. S’il existe quelques périodes durant les­quelles on ne peut savoir avec cer­ti­tude où se trou­vait le Suaire ou par qui il a été trans­por­té, une chro­no­lo­gie assez pré­cise du che­mi­ne­ment de la relique per­met de com­prendre com­ment elle est arri­vée en France puis en Savoie et enfin à Turin.

Saint Suaire-Petitfils
Tallandier 2022, 464 pages 26 €

Abordant ensuite les apports de la science, l’auteur expose la suc­ces­sion des études qui ont pré­cé­dé et sui­vi jusqu’à nos jours la fameuse data­tion au car­bone 14 de 1988, fixant autour du XIIIe siècle la date du Suaire. Cette péri­pé­tie lar­ge­ment média­ti­sée a en fait dis­cré­di­té aux yeux des per­sonnes aver­ties les labo­ra­toires qui se sont prê­tés à ce fias­co scien­ti­fique dont les résul­tats détaillés de l’expérience n’ont pas été publiés à l’époque, comme c’est le cas pour toute publi­ca­tion scien­ti­fique sérieuse. La remise en cause de cette pseu­do conclu­sion n’a pas empê­ché les oppo­sants au Saint Suaire de conti­nuer à déver­ser les mêmes men­songes sur le Suaire en répé­tant en boucle qu’il s’agit d’un faux du Moyen-​Age. On dis­cerne les enjeux reli­gieux de cette question.

Malgré des affir­ma­tions par­fois sur­pre­nantes et contes­tables (data­tion des quatre évan­giles dans les années 70, p. 29 – mort de Jésus à 39 ans ! – ténèbres du Vendredi Saint com­men­çant après la mort de Jésus et non pas dès la sixième heure (St Matthieu XXVII, 45) p. 401 et autres liber­tés prises sur la lettre de l’Évangile -, l’auteur offre une recons­ti­tu­tion claire des hypo­thèses concer­nant la loca­li­sa­tion du Suaire et une syn­thèse acces­sible des apports scien­ti­fiques les plus récents concer­nant tout ce qui a pu être obser­vé sur le Suaire de Turin. Tandis que l’étude rap­proche le Linceul du Suaire d’Oviedo et de la Tunique d’Argenteuil pour mon­trer les conver­gences scien­ti­fi­que­ment consta­tées des trois reliques, on s’étonne de la mise à l’écart du voile dit de Véronique, mal­gré le miracle sur­ve­nu devant de nom­breux témoins, lors de son osten­sion du 6 jan­vier 1849, authen­ti­fié par un bref de Léon XIII, le 1er octobre 1885).

Distinguant avec rai­son le carac­tère his­to­rique de la Résurrection et l’acte de foi qu’elle néces­site dans le che­min du salut, Jean-​Christian Petitfils signe un ouvrage qui répond aux ques­tions que croyants et incroyants hon­nêtes se posent au sujet d’un témoi­gnage irré­cu­sable de la Passion et de la Résurrection de Notre Seigneur.

Source : L’Écho des écoles n° 73 – novembre 2022