Via romana édite « La blanche avec sa croix », de Fabienne MONCLAR

Une fois encore, Via roma­na sort un bon livre, « La blanche avec sa croix », de Fabienne MONCLAR. Il se lit d’une traite et ne peut qu’in­té­res­ser les esprits curieux de com­prendre et d’apprendre, étu­diants et plus.

Avec la bio­gra­phie de son père, le Général MAGRIN-​VERNEREY, « MONCLAR, Le Bayard du XX ème siècle », publiée en 2014, elle avait sor­ti de l’ou­bli la vie de cet excep­tion­nel sol­dat dans un cap­ti­vant récit en forme de bou­quet de ver­tus viriles : la fidé­li­té, la bra­voure, le panache, l’hon­neur, le gra­tuit, l’ab­so­lu, le beau…

Au fil des pages, elle en expri­mait avec talent les fra­grances tenaces et les sen­teurs oubliées : celles des véri­tés cachées, des crimes niés, des idées condam­nées. A preuve, le silence pesant du micro­cosme des media. Il s’a­gis­sait pour­tant d’un héros de 14–18. L’artisan aus­si de notre seule vic­toire de la guerre de 40, Narvik (celle qui déci­da … Churchill et Roosevelt à « uti­li­ser » l’homme du 18 juin). Surtout un Compagnon de la Libération unique : trente-​deux bles­sures et cita­tions ! C’est plus qu’à Montcornet.

Ici, rien de tel, on quitte la grande his­toire pour la vie de tous les jours et le vrai sens des mots. C’est une cau­se­rie, comme il s’en tenait au coin du feu…quand les enfants ne savaient pas tout, quand les parents ne renon­çaient pas à les ensei­gner. Sans se mettre en avant, l’au­teur raconte des anec­dotes tru­cu­lentes ou graves, émaillant son récit de rap­pels his­to­riques – pas tou­jours connus- ponc­tués de remarques sou­vent savou­reuses avec…la morale des fables d’an­tan. On voyage ain­si de par le monde et beau­coup en Afrique où son mari était en poste.

De là ce titre un peu étrange « La blanche avec sa croix » qui n’a rien d’une pro­vo­ca­tion, encore moins d’un clin d’œil à Benetton. Non, c’est du « vécu », un jour de mar­ché, l’amicale apos­trophe d’un homme de cou­leur, éba­hi qu’une femme ne cache « sa » croix en pays de dimi­tude. Le cri d’un chré­tien oppri­mé, bien avant « nos » lois sur le sujet et qui, de suite, a com­men­cé à rele­ver la tête.

C’est que, dans ces anciennes colo­nies, on ne visite que des ruines, celles de la civi­li­sa­tion chré­tienne, plan­tée là par nos mis­sion­naires. Elle avait fleu­ri bien vite. Elle avait coû­té bien des mar­tyrs. Elle fleu­ris­sait en balayant tout le putride : escla­va­gistes, anthro­po­phages, sor­ciers aus­si. Toutes ces créa­tures que la lumière de l’Evangile repous­sait dans l’ombre regagnent aujourd’­hui le ter­rain qu’ils avaient per­du, hier.

On prend conscience de ces « fruits consi­dé­rables » prê­tés au Concile depuis que l’Église se tait et se terre : la sor­cel­le­rie pavane, les sorts se jettent à foi­son, tous les escla­vages pros­pèrent avec les tra­fics humains. L’anthropophagie, les orgies, les transes… reviennent en péri­phé­rie de l’a­cul­tu­ra­tion. Le tout est mon­tré sans sim­plisme, sans parti-​pris. L’auteur ne se raconte pas : elle dit ce qu’elle a vu.

Avec un tel témoi­gnage on ne peut plus faire comme si on ne savait pas. Et on réa­lise l’am­pleur de l’œuvre réa­li­sée sur le conti­nent afri­cain par Mgr Lefebvre, lors­qu’il était, selon les propres paroles de Pie XII, « son meilleur délé­gué apos­to­lique » ; le pas­sage du ser­mon de Lille sur les bien­faits civi­li­sa­teurs de la Messe se com­prend mieux et détour­ne­rait de la fable du « rit ordi­naire » ceux qui l’au­raient crue vraie ; on se découvre hon­teux de vivre avec si peu de cette flamme, une foi si étio­lée, bien sou­vent. On mesure la puis­sance de la Croix, sans dis­cu­ter. On doit relire la par­tie mis­sion­naire de la bio­gra­phie de Mgr Tissier de Mallerais (Marcel Lefèbvre, Une Vie, p. 107 à 270, ).

Les 18 euros du livre iront à l’Association Missions dont le Bulletinest tenu par l’au­teur avec un panache, bon sang ne sau­rait men­tir, digne du che­va­lier de Bayard. C’est sa manière à elle de conti­nuer à faire du bien à ses amis.

On peut l’ai­der, on doit, l’ai­der qui devrait figu­rer dans toutes les bonnes biblio­thèques des familles catholiques.

Sources : Ch. O’Bryan /​Via Romana